Insee Flash Grand Est · Septembre 2025 · n° 109

En une décennie, des jeunes plus diplômés et plus souvent en emploi

En 2022, 966 000 jeunes âgés de 15 à 29 ans résident dans le Grand Est, soit 17,4 % de la population régionale. Entre 2011 et 2022, la part des jeunes en activité passe de 60,6 % à 59,0 %. La proportion d’étudiants s’accroît de 1 point, ce qui correspond à l’allongement de la durée moyenne des études, engendrant une arrivée plus tardive des jeunes sur le marché du travail.

Dans le Grand Est, en 2022, plus d’un jeune sur deux n’est plus dans le système scolaire, une part légèrement supérieure à la moyenne de province.

Le taux d’emploi de ces jeunes s’établit à 72,0 %. Il augmente avec le niveau de diplôme, passant de 56 % pour les jeunes non diplômés ou ayant obtenu un diplôme inférieur au bac, à 87 % pour ceux qui ont fini leurs études avec au minimum un bac+5.

Globalement, le taux d’emploi des jeunes progresse de 2,3 points entre 2011 et 2022, soit 0,6 point de plus que pour les jeunes de France de province. Cette croissance est néanmoins inférieure à celle de leurs aînés (+4,1 points). Mais depuis 11 ans, le taux d’emploi des 15-29 ans diminue pour les niveaux de diplôme inférieurs à bac+5, en faveur des inactifs (figure 1).

La hausse du taux d’emploi des jeunes peut s’expliquer en partie par un changement de structure : la part des bacheliers et des diplômés du supérieur, plus souvent en emploi, augmente (66 % en 2022, soit +12 points par rapport à 2011).

En 2022 dans le Grand Est, le taux de chômage est environ deux fois plus élevé pour les jeunes sortis du système scolaire que pour les 30-64 ans (20,1 % contre 9,5 %). Mais il recule de 3,5 points sur la période 2011-2022, un peu plus qu’au niveau national (‑3,2 points) et nettement plus que pour leurs aînés (‑0,2 point).

Le chômage diminue quand le niveau de diplôme progresse : dans la région, il concerne 32,4 % des jeunes actifs sans diplôme ou titulaires d’un diplôme inférieur au bac, contre 9,8 % de ceux qui détiennent un bac+5 ou plus.

Depuis 2011, le taux de chômage des 15-29 ans recule pour chaque catégorie de diplômés, hormis pour les titulaires d’un bac+2 à +4, pour lesquels le chômage est stable.

Enfin, plus le niveau de diplôme est élevé, plus l’écart de taux de chômage se resserre entre les jeunes et les 30-64 ans : 18,7 points de différence pour les détenteurs d’un diplôme inférieur au bac ou sans diplôme, contre 8,2 points pour les titulaires d’un bac ou plus.

Au sein du Grand Est, dans les zones d’emploi alsaciennes de Haguenau, Sélestat et Saint-Louis, ainsi que dans la zone frontalière de Thionville, le taux d’emploi des 15-29 ans est le plus élevé (supérieur à 75 %) et le taux de chômage le plus bas (inférieur à 18 %). À l’opposé, dans la zone d’emploi de Forbach, le taux d’emploi est le plus faible (60,4 %) et le taux de chômage le plus important de la région (28,2 %).

Dans le Grand Est, près de la moitié des jeunes sans emploi et sortis des études sans le bac résident dans les zones d’emploi des grandes villes (Strasbourg, Nancy, Mulhouse, Metz, Reims, Troyes) (figure 2). Leur proportion parmi les 15-29 ans ayant terminé leurs études est élevée dans les zones de Sedan, Forbach, Charleville-Mézières, Romilly-sur-Seine, Saint-Dié-des-Vosges et Vitry-le-François Saint-Dizier (entre 23 % et 20 %). Dans ces territoires, au moins un jeune sorti du système scolaire sur cinq, n’a ni baccalauréat, ni emploi, quand la moyenne régionale est inférieure à un sur six.

À l’inverse, cette part est particulièrement faible (inférieure à 13 %) dans les zones d’emploi de Saint-Louis, Haguenau, Thionville, Strasbourg et Sélestat.

À même niveau de diplôme, la proportion de jeunes ayant un emploi n’est pas la même suivant le territoire : au moins un jeune sur deux sans le bac n’a pas de travail dans les zones de Forbach, Charleville-Mézières, Sedan et Saint-Dié-des-Vosges (55 % à 50 %, contre 44 % à l’échelle du Grand Est). Cela concerne seulement un peu plus d’un jeune sur trois pour Haguenau et Sélestat (35 % et 37 %).

Ce taux est au-dessus de la moyenne régionale dans les zones d’emploi de Strasbourg, Reims, Metz et Nancy, qui bénéficient d’une forte proportion de diplômés, générant un effet de concurrence par rapport aux autres jeunes présents sur le marché du travail. Ainsi, le fait d’être non diplômé dans ces territoires est plus souvent corrélé avec l’absence d’emploi : dans la zone de Reims, si seulement 30 % des jeunes sortis des études n’ont pas de diplôme ou possèdent un diplôme inférieur au bac, 49 % d’entre eux n’ont pas d’emploi.

Bien qu’ils soient plus diplômés que leurs aînés (36 % ont un niveau supérieur au bac, soit 2 points de plus), les jeunes actifs en emploi de la région sont plus fréquemment employés ou ouvriers que les 30-64 ans (figure 3).

À l’inverse, ils occupent moins souvent des postes d’artisans et commerçants (2,8 % contre 6,4 %), d’agriculteurs exploitants, de cadres et professions intellectuelles supérieures.

Comparée à celle de France de province, la proportion d’employés et d’ouvriers parmi les 15-29 ans est plus forte, alors que celle de cadres et professions intellectuelles l’est moins.

Cependant, dans la région, la part des ouvriers et employés au sein de la population des 15-29 ans baisse entre 2011 et 2022 au bénéfice des cadres et professions intermédiaires. La part des jeunes ouvriers diminue ainsi de 3,3 points, tandis que celles des professions intermédiaires et des cadres progressent de respectivement 1,8 point et 2,4 points.

Dans le Grand Est en 2022, un quart des jeunes sortis des études et se déclarant actifs en emploi travaillent dans le secteur du commerce, des transports, de l’hébergement et de la restauration : 26 %, soit 5 points de plus que les 30-64 ans ; près de trois sur dix ont un emploi dans l’administration publique, l’enseignement, la santé ou l’action sociale (28,5 %, une proportion cette fois-ci inférieure de 4 points à celle de leurs aînés, mais supérieure de 2,3 points à la moyenne de France de province). L’industrie les attire également moins que les 30-64 ans, alors qu’ils sont plus présents dans les activités spécialisées.

Depuis 2011, la part des 15-29 ans exerçant des métiers de l’industrie et de la construction diminue (‑1,9 et ‑1,6 point), tandis qu’elle augmente dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques, ainsi que dans l’administration publique (+1,3 point).

En 2022 dans le Grand Est, le salaire moyen des jeunes s’élève à 11,2 euros net par heure, contre 15,9 euros pour leurs aînés (figure 3). Le salaire horaire des 15-29 ans a ainsi progressé de 16,5 % sur la décennie, de façon moins soutenue que celui des 30-64 ans (+18,5 %).

Les jeunes agriculteurs salariés perçoivent les rémunérations horaires les plus faibles (9,1 euros net), contrairement aux jeunes cadres et professions intellectuelles supérieures (14,3 euros).

Les écarts de salaires entre générations sont les plus importants au sein des métiers les mieux rémunérés. En 2022, les artisans, commerçants et chefs d’entreprise, ainsi que les cadres et professions intellectuelles supérieures âgés de 30 à 64 ans gagnent en moyenne près de 26 euros net de l’heure, soit au minimum 11 euros de plus que leurs homologues de moins de 30 ans.