Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté · Juillet 2025 · n° 219

Dans la Nièvre, le secteur tertiaire concentre 76 % de l’emploi

Ce département de 202 000 habitants, avec une population âgée importante, est en déprise démographique depuis cinquante ans. Avec le massif du Morvan à l’est et la plupart des villes à l’ouest, la Nièvre est en partie tournée vers la région Centre-Val de Loire.

En 2021, la Nièvre compte 74 300 emplois. Après une baisse entre 2002 et 2015, l’emploi se stabilise. Le recul de l’emploi salarié est compensé par la hausse de l’emploi non salarié, soutenu par le développement du régime fiscal des microentreprises.

L’agriculture nivernaise concentre 5,2 % des emplois, contre 3,6 % au niveau régional. L’élevage bovin-viande, très présent dans le département, connaît des difficultés : ainsi, entre 2017 et 2021, l’emploi non salarié agricole baisse de 8 %, tandis que l’emploi salarié stagne. Depuis 2022, l’emploi total repart à la baisse.

Le secteur tertiaire non marchand, pour l’essentiel de l’emploi public, concentre 41 % des effectifs salariés contre 35 % en moyenne en Bourgogne-Franche-Comté. Globalement, le secteur tertiaire occupe 76 % des actifs en emploi. Contrairement au Territoire de Belfort, où ce secteur est également surreprésenté, l’emploi diminue sensiblement dans la Nièvre.

Fin 2021, le secteur marchand privé non agricole emploie 37 100 personnes, en hausse de 1,5 % par rapport à 2017. Les quinze plus grands établissements emploient 14 % des effectifs, concentration supérieure à la moyenne régionale. Douze d’entre eux exercent dans le tertiaire, dont cinq dans le transport-entreposage. Avec 11 % des salariés, ce secteur se développe autour de grandes entreprises nationales à l’emploi potentiellement plus protégé. Six salariés du secteur sur dix travaillent pour la SNCF ou pour la Poste. Le plus important des établissements, à Varennes-Vauzelles, est le plus grand technicentre de France de la SNCF. Il assure également l’entretien des rames de la RATP (figure 1).

En 2021, les 4 600 établissements marchands nivernais ont généré 1,96 milliard d’euros de valeur ajoutée. Cela équivaut à 52 800 euros par salarié, soit 12 % en dessous de la moyenne régionale. La présence limitée de l’industrie dans le département explique pour partie cette productivité moyenne par salarié. En 2021, parmi les 92 établissements industriels de plus de 250 salariés de la région, seuls deux sont nivernais : le japonais U−Shin à Nevers et le luxembourgeois Aperam à Imphy. La productivité apparente du travail est cependant globalement inférieure aux autres départements de la région, quel que soit le secteur d’activité ou la taille des établissements. C’est aussi le cas pour les entreprises artisanales.

L’emploi dans l’industrie nivernaise est en recul, il ne représente plus que 21 % de l’emploi salarié marchand non agricole, contre 25 % dans la région. Des secteurs sont à la peine comme la métallurgie, où les entreprises U−Shin et Ugitech ont connu une baisse de leurs effectifs. Le recul de l’emploi dans la plasturgie est en revanche lié principalement à des réorientations d’activités d’entreprises toujours existantes, comme Soyez Frères qui fabrique désormais ses pailles en papier-carton. L’industrie du bois, historique dans la Nièvre, bénéficie d’une ressource abondante. Toutefois, cette ressource est concurrencée par la culture du sapin de Noël (figure 2).

À l’inverse, entre 2017 et 2021, la fabrication de matériels de transport se développe pour dépasser 900 emplois. En plus de la production de moteurs diesels pour camions par FTP Powertrain, le secteur compte plusieurs entreprises opérant notamment sur le marché de niche de la compétition automobile, comme Ligier, Mygale ou Oreca. Celles-ci se développent au sein du technopôle de Magny-Cours dont le circuit sert de laboratoire pour tester leurs innovations. Unique en France et implanté à Nevers, l’Institut supérieur de l’automobile et des transports (ISAT) forme des ingénieurs spécialisés dans ces deux domaines. Par ailleurs, cette haute technologie développée pour l’automobile a des applications dans d’autres domaines, tels que l’aéronautique ou le nucléaire.

Les effectifs salariés progressent aussi dans la construction. Si la construction neuve se replie, les besoins en rénovation sont importants, avec un quart de passoires énergétiques au sein des résidences principales. L’emploi est porté par le développement de microentreprises dans le second œuvre. Il en est de même dans l’hébergement-restauration  (figure 3). Dans ces deux secteurs, un emploi sur deux dépend d’une microentreprise.

Avec le recul de sa population active, la Nièvre fait face à un enjeu de recrutement dans un contexte où le chômage est déjà faible, 6,7 % fin 2024. Avec plus de départs d’actifs que d’arrivées, la déprise démographique du département questionne sur ses capacités à concilier développement économique et réponse aux besoins de la population. Des tensions s’observent déjà dans la santé où l’emploi se tasse malgré des besoins accrus liés à la hausse du nombre de personnes de plus de 60 ans. Elles concernent toutes les catégories de personnel, comme en témoignent les consultations faites au CHU de Nevers par des médecins de Dijon.

Le second enjeu porte sur la transition écologique et l’adaptation au changement climatique. La fin prévue de la commercialisation de véhicules à moteur thermique en Europe à l’horizon 2035 questionne, comme ailleurs, sur le devenir de la filière automobile. L’augmentation des températures et du nombre d’épisodes de sécheresse aura également un impact sur la filière bois.