Insee Flash Guadeloupe · Avril 2025 · n° 217

La natalité baisse tandis que la part des seniors augmente - Bilan démographique 2024 en Guadeloupe

Au 1^er janvier 2025, la population de la Guadeloupe est estimée à 380 400 habitants. Le recul démographique amorcé depuis 2011 se poursuit. En dix ans, l’île a perdu 0,5 % de sa population en moyenne par an soit une baisse totale de 17 600 habitants, l’équivalent des communes de Basse-Terre et de Petit-Canal réunies. En Martinique, la population diminue également (-0,7 % en moyenne par an). À l’inverse, elle continue d’augmenter en Guyane (+1,2 % en moyenne par an) et en France hexagonale (+0,3 %).

En 2024, 3 500 enfants sont nés en Guadeloupe, soit 13,8 % de moins que l’année précédente. Entre 2023 et 2024, le nombre de naissances diminue dans toutes les régions françaises. La baisse est cependant nettement plus forte dans les régions ultramarines que dans l’Hexagone (-1,7 %) (données complémentaires 2).

Le taux de natalité diminue en conséquence de 1,4 point pour atteindre 9,2 naissances pour mille habitants. Ce taux est légèrement inférieur à celui de la France hexagonale (9,5 ‰) (données complémentaires 1). Il est le plus faible des départements et régions d’outre-mer (Drom) après la Martinique (7,9 ‰).

Le nombre de naissances dépend, d’une part, du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants et, d’autre part, de leur fécondité. En Guadeloupe, les femmes âgées de 15 à 50 ans étaient au nombre de 97 200 en 2014, elles ne sont plus que 79 500 dix ans plus tard. Cette baisse s’est accompagnée d’une diminution de 30,1 % du nombre de naissances au cours de la même période. La baisse est plus marquée pour les femmes âgées de moins de 30 ans : -45,9 % pour celles de moins de 25 ans et -30,0 % pour celles âgées de 25 à 29 ans. Elles contribuent à hauteur de 56,9 % de la baisse globale des naissances sur la décennie. Pour les femmes plus âgées, la baisse est plus modérée : -20,4 % pour celles de 35 à 39 ans et -20,0 % pour les femmes de plus de 40 ans.

Sur la dernière décennie, le taux de fécondité des femmes a diminué en Guadeloupe : 5,1 naissances pour 100 femmes âgées de 15 à 50 ans en 2014 contre 4,4 en 2024. Toutefois, il évolue différemment selon l’âge, traduisant le recul de l’âge de la maternité. En effet, le taux de fécondité des femmes recule pour toutes les femmes âgées de moins de 40 ans et principalement pour les femmes âgées de 25-29 ans passant de 12,1 enfants pour 100 femmes en 2014 à 9,7 en 2024. Celui des femmes de plus de 40 ans est stable : 1,2 enfants pour 100 femmes en 2014, et 1,3 en 2024. Les femmes en Guadeloupe ont moins d’enfants qu’il y a dix ans. En effet, l’indice conjoncturel de fécondité est en baisse (figure 1). Il atteint 1,8 enfant par femme en 2024, alors qu’il était de 2,2 en 2014. Il reste cependant supérieur à celui de l’Hexagone (1,6). Au niveau régional, comme au niveau national, il s’éloigne néanmoins de plus en plus du seuil de renouvellement des générations, estimé à 2,1 enfants dans les pays développés.

L’âge conjoncturel moyen à l’accouchement des mères en Guadeloupe est de 30,6 ans en 2024. Les femmes accouchent plus tôt en Guyane (28,9 ans) et en Martinique (30,0 ans) et plus tard en Hexagone (31,2 ans). En 2024, 20 bébés sont nés de mères mineures en Guadeloupe, soit 0,7 % des naissances, comme en Martinique. Ce taux est plus élevé qu’en France hexagonale (0,2 %) mais inférieur à celui de la Guyane (4,0 %).

En 2024, 4 000 personnes sont décédées en Guadeloupe, soit 3,0 % de plus que l’année précédente. Le nombre de décès augmente sur les trois dernières décennies : sur 10 ans il s’élevait à 24 500 entre 1995 et 2004, 28 700 entre 2005 et 2014 et 36 200 entre 2015 et 2024. La hausse du nombre de décès s’explique par le vieillissement de la population avec l’arrivée à un âge de plus forte mortalité des générations du baby-boom.

Le taux de mortalité augmente de 0,4 point par rapport à 2023, et s’établit à 10,5 ‰ en 2024. Dans l’Hexagone le taux de mortalité augmente en 2024 (9,5 ‰) par rapport à 2023 (9,4 ‰).

La hausse du nombre de décès combinée à une forte diminution du nombre de naissances (figure 2). conduisent à un solde naturel négatif (-500), après deux années de solde naturel excédentaire (+180 en 2022 et +200 en 2023).

L’espérance de vie à la naissance diminue légèrement en Guadeloupe. En 2024, elle s’établit à 76,0 ans chez les hommes (-0,3 an par rapport à 2023) et 83,3 ans chez les femmes (-0,3 an). En France hexagonale, l’espérance de vie des hommes comme celle des femmes continue d’augmenter. Elle s’établit à 80,1 ans chez les hommes et 85,7 ans chez les femmes en 2024.

Par ailleurs, la mortalité infantile reste élevée : en 2024, 40 nourrissons sont décédés avant leur premier anniversaire en Guadeloupe soit 10,8 décès pour 1000 naissances vivantes. Ce taux est plus de trois fois supérieur à celui de la France hexagonale (3,4 ‰).

Les seniors sont de plus en plus nombreux en Guadeloupe (figure 3). Au 1^er janvier 2025, elle est la deuxième région française dont la part des plus de 60 ans (33 %) est la plus élevée, derrière la Martinique (35 %). Dix ans auparavant, ils représentaient 23 % de la population. Ainsi, la population vieillit, à un rythme plus marqué qu’en France hexagonale. L’indice de vieillissement guadeloupéen est passé de 0,60 (60 personnes âgées de 65 ans ou plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans) à 1,10 entre 2015 en 2025, tandis que l’indice hexagonal a évolué de 0,77 à 0,97 sur la même période.

Outre le solde naturel, la dynamique démographique d’une région est donnée par le solde migratoire, c’est-à-dire la différence entre le nombre d’arrivées et le nombre de départs du territoire. Il est estimé en 2024 à -1 100 habitants. Il reste donc déficitaire comme il l’est depuis les années 2000 en Guadeloupe. Le déficit migratoire en 2024 contribue à la diminution de la population de 0,3 % sur un an et pèse davantage que le déficit naturel (-0,1 %) en (données complémentaires 5).

Le nombre important de départs du territoire des jeunes adultes à la recherche d’un emploi ou pour poursuivre leurs études contribue au recul démographique de la région et à son vieillissement. En Guadeloupe, la proportion de jeunes dans la population continue de diminuer à un rythme plus rapide que la moyenne nationale. Au 1^er janvier 2025, les jeunes de moins de 25 ans représentent 27 % de la population, contre 32 % en 2015. En France hexagonale, la part des jeunes dans la population totale est passée de 30 % à 28 % au cours de la même décennie.

En Guadeloupe, 1 200 mariages ont été célébrés en 2024 (estimation réalisée fin novembre 2024), un nombre stable par rapport à 2023.

Le solde naturel est mesuré à partir des statistiques d’état civil sur les naissances et les décès produites par l’Insee et basées sur des informations transmises par les mairies. Les naissances et les décès sont comptabilisées au lieu de domicile respectivement de la mère et du défunt. Les données sont définitives jusqu’en 2023 et estimées pour 2024.

Le solde migratoire est mesuré indirectement par différence entre, d’une part, l’évolution du niveau de la population entre deux années successives et, d’autre part, le solde naturel et les éventuels ajustements statistiques. Les évolutions du solde migratoire peuvent donc refléter des fluctuations des entrées et des sorties du territoire mais également l’aléa du sondage du recensement. Le solde migratoire est ainsi mesuré jusqu’à l’année précédent le dernier recensement disponible (ici 2021). Au-delà, il est conventionnellement fixé à la moyenne des trois derniers soldes connus.

Par rapport au bilan démographique 2023, le niveau de population en 2022 est rendu définitif (révision de -0,52 %) et ceux de 2023 et 2024 sont révisés (respectivement de -0,95 % et de -1,22 %). Le nombre de naissances et de décès en 2023 est désormais définitif, de même que les indicateurs démographiques (ICF, espérance de vie, etc.) relatifs à l’année 2021.