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Insee Flash Grand Est · Janvier 2025 · n° 105
Insee Flash Grand EstDepuis 2010, de plus en plus d’étudiants vivent en cohabitation dans le Grand Est

Emmanuelle Crenner, Perrine Kauffman, Mélody Richard (Insee)

Dans le Grand Est, 81 000 personnes vivent à plusieurs dans un même logement et hors d’un noyau familial, soit 1,4 % de la population. Neuf fois sur dix, ces ménages sont composés de deux ou trois personnes. Les jeunes sont les plus concernés : près de la moitié des cohabitants ont entre 15 et 29 ans. Depuis 2010, ce mode de vie est en recul chaque année, alors que le nombre de ménages composés d’une personne seule augmente. En revanche, sur la même période, le nombre d’étudiants cohabitants progresse de 11 %. Les personnes vivant en cohabitation résident le plus souvent dans les pôles économiques et universitaires, en particulier ceux de Strasbourg et de Nancy.

Insee Flash Grand Est
No 105
Paru le :Paru le28/01/2025
Insee - de plus en plus d’étudiants vivent en cohabitation dans le Grand Est.
Publication rédigée par :Emmanuelle Crenner, Perrine Kauffman, Mélody Richard (Insee)

Dans le Grand Est, huit cohabitations sur dix sont composées de deux personnes

Dans le Grand Est, en 2021, 252 000 personnes vivent dans des appelés , car ils se distinguent des ménages plus « classiques » composés exclusivement soit d’une personne seule, soit d’une famille unique. Parmi eux, près d’un tiers vivent dans des ménages complexes sans aucun , nommés par la suite « des cohabitations ». Ces ménages peuvent par exemple être composés d’amis, de deux personnes qui n’avaient aucun lien avant de cohabiter, d’une fratrie ou encore d’une grand-mère et sa petite-fille.

En 2021, en France métropolitaine, un peu plus de 1,1 million de personnes cohabitent, dont 24 % en Île-de-France, 13 % en Auvergne-Rhône-Alpes, 11 % en Occitanie et 7 % dans le Grand Est. Dans la région, huit ménages en cohabitation sur dix sont composés de deux personnes. Un peu plus de neuf cohabitants sur dix vivent dans une cohabitation composée de deux ou trois personnes.

En une décennie, le nombre de personnes cohabitantes est passé de 125 200 en 2010 à 80 700 en 2021. Il recule de 35 %, une diminution proche de la moyenne métropolitaine (‑36 %). Cette baisse est constatée dans toutes les régions, mais plus fortement en Corse, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Bourgogne-Franche-Comté et dans les Hauts-de-France (recul de plus de 40 %). Elle est la moins prononcée dans les Pays de la Loire et en Bretagne (‑25 %).

Dans le Grand Est, le repli du nombre de cohabitants touche tous les départements. Il est plus marqué en Haute-Marne et dans les Ardennes (chute de plus de 50 %) et plus faible en Meurthe-et-Moselle et dans le Bas-Rhin (‑24 % et ‑25 %). Cette baisse participe au phénomène de décohabitation observé sur l’ensemble du territoire métropolitain au cours de cette période. Dans la région, la part des ménages composés d’une personne seule passe de 32,7 % en 2010 à 37,3 % en 2021, soit une augmentation de 4,6 points.

Des cohabitants moins nombreux dans le Grand Est

Dans le Grand Est, 1,4 % de la population cohabite, soit légèrement moins qu’en France métropolitaine (1,7 %) (figure 1). La proportion de personnes cohabitantes est la plus forte en Corse, en Île-de-France et en Occitanie (entre 2,5 % et 1,9 %). En Corse et en Île-de-France, les prix de l’immobilier sont très élevés et favorisent la cohabitation. Par ailleurs, les métropoles du sud et du sud-ouest du pays, comme l’Île-de-France, sont des territoires attractifs, notamment pour les étudiants.

Figure 1Part de personnes cohabitantes dans les régions de France métropolitaine en 2021

(en %)
Part de personnes cohabitantes dans les régions de France métropolitaine en 2021 ((en %)) - Lecture : En 2021, 2,5 % de la population de Corse vit en cohabitation.
Région Part de personnes en cohabitation
Corse 2,5
Île-de-France 2,2
Occitanie 1,9
Auvergne-Rhône-Alpes 1,8
France métropolitaine 1,7
Nouvelle-Aquitaine 1,6
Bretagne 1,6
Provence-Alpes-Côte d'Azur 1,5
Grand Est 1,4
Hauts-de-France 1,4
Pays de la Loire 1,4
Bourgogne-Franche-Comte 1,3
Normandie 1,3
Centre-Val de Loire 1,2
  • Lecture : En 2021, 2,5 % de la population de Corse vit en cohabitation.
  • Source : Insee, recensement de la population 2021, exploitation complémentaire des fichiers Individus et Logements.

Figure 1Part de personnes cohabitantes dans les régions de France métropolitaine en 2021

  • Lecture : En 2021, 2,5 % de la population de Corse vit en cohabitation.
  • Source : Insee, recensement de la population 2021, exploitation complémentaire des fichiers Individus et Logements.

Les cohabitations sont concentrées dans les grandes villes

Les cohabitants vivent le plus souvent dans des zones urbaines : 53 % résident dans une unité urbaine de plus de 100 000 habitants.

Le partage de son logement hors du noyau familial est une pratique que l’on rencontre plus fréquemment dans les grandes villes : la part des personnes qui vivent en cohabitation est la plus élevée dans les arrondissements de Strasbourg et de Nancy (respectivement 3,1 % et 2,8 %), puis de Reims et de Metz (1,9 % et 1,5 %) (figure 2). Il s’agit de villes où le marché du logement est cher, de pôles et de centres universitaires et économiques, où la proportion d’étudiants et de jeunes actifs est importante.

Figure 2Part des personnes en cohabitation dans les arrondissements du Grand Est en 2021

(en %)
Part des personnes en cohabitation dans les arrondissements du Grand Est en 2021 ((en %)) - Lecture : Dans l’arrondissement de Strasbourg, 3,12 % des habitants partagent leur logement en cohabitation.
Code géo Arrondissement Part de personnes en cohabitation
678 Strasbourg 3,12
543 Nancy 2,75
513 Reims 1,89
579 Metz 1,46
881 Épinal 1,33
103 Troyes 1,29
883 Saint-Dié-des-Vosges 1,24
521 Chaumont 1,19
081 Charleville-Mézières 1,17
542 Vitry-le-François 1,17
541 Val-de-Briey 1,16
523 Saint-Dizier 1,16
684 Mulhouse 1,15
675 Sélestat-Erstein 1,15
553 Verdun 1,14
577 Thionville 1,10
573 Forbach-Boulay-Moselle 1,10
575 Sarrebourg-Château-Salins 1,09
552 Commercy 1,08
551 Bar-le-Duc 1,05
882 Neufchâteau 1,04
673 Molsheim 1,04
084 Vouziers 0,96
682 Colmar-Ribeauvillé 0,95
101 Bar-sur-Aube 0,95
083 Sedan 0,94
672 Haguenau-Wissembourg 0,93
674 Saverne 0,92
511 Châlons-en-Champagne 0,91
512 Épernay 0,90
102 Nogent-sur-Seine 0,84
522 Langres 0,84
576 Sarreguemines 0,83
544 Toul 0,82
686 Thann-Guebwiller 0,82
681 Altkirch 0,75
082 Rethel 0,73
514 Vitry-le-François 0,66
  • Lecture : Dans l’arrondissement de Strasbourg, 3,12 % des habitants partagent leur logement en cohabitation.
  • Source : Insee, recensement de la population 2021, exploitation complémentaire des fichiers Individus et Logements.

Figure 2Part des personnes en cohabitation dans les arrondissements du Grand Est en 2021

  • Lecture : Dans l’arrondissement de Strasbourg, 3,12 % des habitants partagent leur logement en cohabitation.
  • Source : Insee, recensement de la population 2021, exploitation complémentaire des fichiers Individus et Logements.

Depuis 2010, de plus en plus d’étudiants partagent leur logement

Habiter avec des personnes qui ne font pas partie de son noyau familial semble être très lié au cycle de vie. Ce mode de résidence est plus fréquent après avoir quitté le logement de ses parents, mais surtout avant la mise en couple et l’arrivée des enfants. Il se développe à nouveau après le départ des enfants et à la retraite.

Les cohabitants sont en effet plutôt jeunes : 46 % d’entre eux ont entre 15 et 29 ans, alors qu’ils ne représentent que 17 % de la population du Grand Est. Les plus âgés sont également concernés puisque 24 % des cohabitants ont plus de 60 ans. La cohabitation hors d’un noyau familial est moins courante entre 30 et 59 ans, âges où la vie avec des enfants est fréquente.

Parmi les personnes qui partagent leur logement, les actifs en emploi sont les plus nombreux (34 %), suivis des étudiants et des retraités (23 % et 20 %) (figure 3). Pour autant, les étudiants sont les plus concernés par la cohabitation : 8,6 % d’entre eux cohabitent en 2021, loin devant les chômeurs, les actifs en emploi et les retraités (entre 1 % et 2 %). Les actifs cohabitants sont plutôt jeunes : plus de la moitié a entre 20 et 34 ans (55 %). Parmi les retraités, ce sont également les plus jeunes d’entre eux qui cohabitent le plus : 65 % ont entre 60 et 74 ans, mais cette tranche d’âge ne concerne « que » 60 % des retraités.

Entre 2010 et 2021, les étudiants constituent la seule catégorie de population où la cohabitation se développe, avec 1 900 étudiants concernés en plus. Les cohabitations étudiantes ont ainsi augmenté de 11 % sur la période, alors que dans l’ensemble de la région, la pratique baisse de 36 %.

Figure 3Personnes en cohabitation dans le Grand Est selon la situation d’activité en 2021 et 2010

Personnes en cohabitation dans le Grand Est selon la situation d’activité en 2021 et 2010 - Lecture : Entre 2010 et 2021, la part d’étudiants en cohabitation a progressé de 11 % dans le Grand Est.
Situation d’activité Cohabitants en 2010 Cohabitants en 2021 Variation entre 2010 et 2021 (en %)
Nombre Part (en %) Nombre Part (en %)
Actifs 59 850 48 33 360 41 -44
- Actifs en emploi 48 720 39 27 350 34 -44
- Chômeurs 11 140 9 6 000 7 -46
Retraités ou préretraités 25 690 21 16 190 20 -37
Étudiants 16 800 13 18 700 23 11
- Étudiants inactifs 12 320 10 13 260 16 8
- Étudiants et actifs 4 480 4 5 430 7 21
Élèves ou stagiaires non rémunérés de 14 ans ou plus 4 440 4 2 960 4 -33
Autres inactifs 18 420 15 9 510 12 -48
Ensemble 125 200 100 80 720 100 -36
  • Note 1 : En raison des arrondis, les sommes peuvent ne pas être égales au total affiché.
  • Note 2 : Étudiants de 16 à 29 ans ayant un diplôme au moins égal au baccalauréat, inscrits dans un établissement d’enseignement.
  • Lecture : Entre 2010 et 2021, la part d’étudiants en cohabitation a progressé de 11 % dans le Grand Est.
  • Source : Insee, recensement de la population 2021, exploitation complémentaire des fichiers Individus et Logements.

Encadré - Une majorité de ménages cohabitent en appartement

En 2021, dans le Grand Est, six personnes en cohabitation sur dix vivent dans un appartement, soit davantage que la moyenne des habitants (quatre personnes sur dix). La cohabitation est en effet un phénomène concentré dans les grandes villes, où le logement collectif domine. Dans les unités urbaines de moins de 20 000 habitants, la cohabitation est plus fréquente en maison (75 % des cohabitants). Ce mode de résidence est cependant plus répandu dans l’ensemble de la population (85 %).

Les personnes qui cohabitent bénéficient d’un nombre de pièces plus important dans leur logement : 88 % vivent dans plus de trois pièces, davantage que l’ensemble de la population (82 %). Toutefois, la surface habitable par personne est plus petite lorsque le logement est partagé : les cohabitants bénéficient en moyenne de 42 m2 par personne, contre 59 m2  par habitant du Grand Est. En ne tenant pas compte des personnes seules, la surface moyenne par habitant reste plus grande (49 m2  par personne). La surface habitable par cohabitant est plus élevée dans le Grand Est par rapport à la moyenne de province de 39 m2.

Les cohabitations ne se limitent pas à des colocations, mais les cohabitants sont moins souvent propriétaires de leur logement : dans un tiers des ménages en cohabitation, un des cohabitants est propriétaire du logement, alors que la propriété concerne près de six ménages sur dix dans le Grand Est. Les propriétaires cohabitants sont soit à la retraite, soit actifs en emploi, contrairement aux locataires cohabitants qui sont plus souvent étudiants ou jeunes actifs en emploi.

Publication rédigée par :Emmanuelle Crenner, Perrine Kauffman, Mélody Richard (Insee)
Publication rédigée par :Emmanuelle Crenner, Perrine Kauffman, Mélody Richard (Insee)

Sources

Cette étude mobilise les données du recensement de la population des fichiers Individus et Logements (exploitations complémentaires des millésimes 2010, 2015 et 2021). Depuis 2004, le recensement s’appuie sur des enquêtes annuelles qui couvrent tous les territoires communaux sur une période de cinq ans. Chaque recensement est issu du cumul de cinq enquêtes annuelles de recensement (EAR). Toutefois, l’évolution de la situation sanitaire a conduit à reporter en 2022 l’EAR prévue en 2021. En raison de ce report, les résultats du recensement de 2021 ont été produits à partir des EAR de 2018 à 2023.

Définitions

Un ménage désigne l’ensemble des occupants d’un même logement sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté (en cas de colocation, par exemple).

Un ménage complexe est un ménage qui n’est pas ordinaire, il n’est pas composé exclusivement d’une seule personne ou d’une seule famille (couple avec ou sans enfants, famille monoparentale). Un ménage complexe peut compter plusieurs familles, une combinaison de familles et des personnes isolées ou encore plusieurs personnes isolées partageant le même domicile.

Un ménage complexe sans noyau familial est un ménage dans lequel il n’y a ni couple, ni famille. Il est composé d’au moins deux personnes n’ayant pas de lien familial au sens du recensement, c’est-à-dire de lien direct du type parent-enfant.

Un ménage complexe avec noyau familial est un ménage constitué d’au moins une famille et d’au moins une autre personne.

Pour en savoir plus

(1) Moreau S., Neiter B., « Les ménages du Grand Est : de plus en plus de personnes seules et de couples sans enfant », Insee Flash Grand Est no 83, février 2024.

(2) Daguet F., Pora P., « Partager son logement au-delà du noyau familial : des disparités régionales qui persistent », Insee Première no 1980, janvier 2024.

(3) Ducharne T., Eichwald A., « Les jeunes du Grand Est : une multitude de profils et des conditions de logement hétérogènes selon les territoires », Insee Analyses Grand Est no 114, juillet 2020.