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Février 2024 · n° 83Les ménages du Grand Est : de plus en plus de personnes seules et de couples sans
enfant
Dans le Grand Est, alors que la population est stable, le nombre de ménages augmente de 0,6 % par an entre 2008 et 2018, porté par les changements de modes de cohabitation. Cette hausse est la plus forte dans les départements alsaciens et l’Aube, qui gagnent aussi des habitants. Dans les départements en déprise démographique, l’effet de la baisse de population s’accompagne d’un vieillissement qui contribue à de plus faibles variations du nombre de ménages, compensant l’effet lié à l’évolution des modes de cohabitation. Dans la région, les couples sans enfant sont désormais plus nombreux que ceux avec enfants, tandis qu'un tiers des ménages restent des personnes vivant seules.
- Un nombre de ménages en hausse malgré une population stable
- Une diminution de la taille des ménages principalement due aux changements des modes de cohabitation
- Les personnes seules : un profil de ménages dominant en 2018
- Une hausse plus marquée du nombre de ménages dans les départements alsaciens et dans l'Aube
Un nombre de ménages en hausse malgré une population stable
L'Insee réalise des projections de population et de ménages à partir des données du recensement de la population 2018. Cette étude propose une rétrospective de l'évolution des ménages sur la décennie précédente.
Dans le Grand Est, le nombre de ménages augmente au rythme de 0,6 % par an entre 2008 et 2018 (figure 1), soit 14 500 foyers supplémentaires chaque année. La population est quasiment stable au cours de cette décennie (+0,1 % par an en moyenne). Entre 1999 et 2008, la démographie était plus dynamique, avec un nombre d’habitants en hausse annuelle de 0,3 %. Cette augmentation s'accompagnait d'une progression encore plus forte du nombre de ménages (+1,1 % par an). L’écart entre l'évolution de la population et celle des ménages s'explique par une réduction continue de la taille des ménages : en 2018, chaque foyer comprend 2,2 personnes en moyenne dans la région, contre 2,3 en 2008 et 2,5 en 1999. Ce phénomène s'observe dans toutes les régions de France métropolitaine.
tableauFigure 1 – Évolution annuelle moyenne du nombre de ménages et contributions des différents effets
Évolution annuelle moyenne sur la période 2008-2018 | Grand Est | France métropolitaine | |
---|---|---|---|
En nombre | En % | En % | |
Évolution annuelle moyenne du nombre de ménages, dont : | 14 500 | 0,6 | 0,9 |
Effet de l’évolution démographique | 1 400 | 0,1 | 0,4 |
Effet de l’évolution de la structure de la pyramide des âges | 5 100 | 0,2 | 0,1 |
Effet des changements de mode de cohabitation | 8 000 | 0,3 | 0,3 |
- Note : Pour la France, la somme des contributions diffère de l’évolution du nombre de ménages du fait d’arrondis.
- Lecture : Entre 2008 et 2018, le nombre de ménages augmente au rythme de 0,6 % par an, soit 14 500 ménages de plus par an, dans le Grand Est.
- Source : Insee, RP 2008 et 2018, exploitations complémentaires.
Une diminution de la taille des ménages principalement due aux changements des modes de cohabitation
L’évolution des comportements de cohabitation contribue davantage à l'augmentation du nombre de ménages dans le Grand Est que les facteurs démographiques, qu'il s'agisse de l'évolution du nombre d’habitants ou de celle de leur répartition par sexe et âge. En ne tenant pas compte de l’évolution de la population et de sa structure, l’effet lié aux changements des modes de cohabitation est à l’origine de 8 000 nouveaux ménages chaque année dans la région, soit une hausse de 0,3 % par an entre 2008 et 2018. Cela reflète une plus grande fragilité des unions, des entrées en établissements pour personnes âgées et des mises en couple plus tardives.
L’effet lié à l'évolution de la structure par âge contribue à une hausse annuelle de 5 100 ménages, c’est-à-dire +0,2 % par an sur la période. Cela découle du vieillissement de la population, avec davantage de couples sans enfants ou de personnes vivant seules suite à une séparation ou à un veuvage. La taille des ménages diminue, ce qui contribue, à population supposée constante, à une hausse du nombre des ménages.
Enfin, l'effet lié à l’évolution démographique génère 1 400 nouveaux ménages en moyenne par an, soit un rythme annuel de +0,1 % sur la période. Il s’agit de la contribution la plus faible de France métropolitaine après celle de Bourgogne-Franche-Comté. Elle résulte d’un solde naturel de plus en plus réduit dans la région et d’un déficit migratoire persistant.
Les personnes seules : un profil de ménages dominant en 2018
La forte hausse du nombre de ménages sur la décennie traduit une évolution de leur composition familiale. En 2018, les foyers constitués d’une personne seule sont toujours les plus nombreux dans la région (figure 2). Ils représentent désormais plus d’un tiers des ménages (36 %), en hausse de 4 points en dix ans, soit une tendance voisine de celle de France métropolitaine. Cette hausse est principalement liée au maintien à domicile de personnes à des âges avancés, devenues seules suite au décès de leur conjoint. En 2008, davantage de personnes partaient en maisons de retraite aux mêmes âges et n'étaient plus comptabilisées parmi les ménages. L'augmentation du nombre de personnes seules provient également du fait que les jeunes se mettent en couple plus tard que ceux des générations précédentes.
Avec 27 % des ménages, les couples sans enfant sont désormais plus nombreux que les couples avec enfant(s) dans le Grand Est (25 %). Si leur proportion n’a pas changé en dix ans, celles des couples avec enfant(s) a perdu 4 points. Conséquence du recul général de la fécondité, cette tendance est similaire au niveau national.
Le nombre de familles monoparentales est quant à lui en hausse modérée. Après une progression d'un point en dix ans, leur part s’élève à 9 % des ménages en 2018. À l’inverse, le poids des ménages complexes baisse légèrement et passe de 5 % à 4 % des foyers entre 2008 et 2018.
tableauFigure 2 – Évolution de la structure familiale des ménages de 2008 à 2018
Territoire | Année | Personne vivant seule | Famille monoparentale | Couple sans enfant | Couple avec enfant(s) | Ménage complexe* |
---|---|---|---|---|---|---|
Grand Est | 2008 | 32 | 8 | 27 | 29 | 5 |
2018 | 36 | 9 | 27 | 25 | 4 | |
France métropolitaine | 2008 | 33 | 8 | 26 | 27 | 5 |
2018 | 37 | 9 | 26 | 24 | 4 |
- * Un ménage complexe est un ménage qui n’est pas composé exclusivement soit d’une seule personne, soit d’une seule famille (couple avec ou sans enfants, famille monoparentale).
- Note : La somme des résultats peut différer de 100 % en raison d’arrondis.
- Source : Insee, RP 2008 et 2018, exploitations complémentaires.
graphiqueFigure 2 – Évolution de la structure familiale des ménages de 2008 à 2018
Une hausse plus marquée du nombre de ménages dans les départements alsaciens et dans l'Aube
Au sein de la région, l'évolution du nombre de ménages diffère nettement d'un département à l'autre (figure 3), avec une plus forte hausse dans le Bas-Rhin (+0,9 % par an), tandis que le nombre de ménages stagne en Haute-Marne (-0,1 % par an). Les écarts s'expliquent par les effets démographiques, liés à l’évolution du nombre d’habitants ou à celle de la structure par sexe et âge, et non aux modifications des modes de cohabitation. La contribution de ce dernier facteur varie en effet très peu entre départements (entre +0,3 et +0,4 % par an) sauf dans les Ardennes où il est un peu plus faible (+0,2 % par an).
tableauFigure 3 – Contributions des évolutions démographique et de la structure de la population à l’évolution du nombre de ménages par départements du Grand Est entre 2008 et 2018
Département | Nombre de ménages en 2018 | Évolution annuelle du nombre de ménages entre 2008 et 2018 | Contributions à l’évolution annuelle moyenne (en %) | ||
---|---|---|---|---|---|
Catégories | En % | Effet lié à l’évolution démographique | Effet lié à l’évolution de la structure de population | ||
Haute-Marne | 81 300 | Moins de 0,0 | -0,1 | -0,7 | 0,3 |
Ardennes | 121 700 | De 0,0 à moins de 0,3 | 0,1 | -0,4 | 0,4 |
Meuse | 83 300 | De 0,0 à moins de 0,3 | 0,2 | -0,4 | 0,3 |
Vosges | 169 400 | De 0,3 à moins de 0,7 | 0,3 | -0,4 | 0,3 |
Marne | 260 500 | De 0,3 à moins de 0,7 | 0,5 | 0,0 | 0,1 |
Meurthe-et-Moselle | 335 300 | De 0,3 à moins de 0,7 | 0,6 | 0,1 | 0,1 |
Moselle | 460 400 | De 0,3 à moins de 0,7 | 0,6 | 0,0 | 0,3 |
Haut-Rhin | 333 600 | 0,7 ou plus | 0,8 | 0,2 | 0,2 |
Aube | 141 900 | 0,7 ou plus | 0,8 | 0,3 | 0,1 |
Bas-Rhin | 499 900 | 0,7 ou plus | 0,9 | 0,4 | 0,2 |
- Note : L’augmentation du nombre de ménages imputable à l’effet des changements de mode de cohabitation n’est pas représentée sur ce graphique, car cet effet varie très peu entre départements.
- Lecture : En 2018, le Bas-Rhin compte 500 000 ménages. Depuis 2008, ce nombre a progressé de 0,9 % en moyenne annuelle, dont 0,4 % imputable à la contribution de la croissance démographique et 0,2 % à l’évolution de la structure de la population.
- Source : Insee, RP 2008 et 2018, exploitations complémentaires.
graphiqueFigure 3 – Contributions des évolutions démographique et de la structure de la population à l’évolution du nombre de ménages par départements du Grand Est entre 2008 et 2018
La hausse du nombre de ménages est la plus marquée dans les départements alsaciens et dans l’Aube : entre +0,8 % et +0,9 % par an. Cela s'explique en partie par une croissance démographique plus dynamique que dans le reste de la région, avec une contribution comprise entre 0,2 % à 0,4 % par an. L'effet lié à la structure par âge est dans la moyenne régionale dans les départements alsaciens, un peu plus faible dans l'Aube (+0,1 % par an).
À l’opposé, l’évolution du nombre de ménages est modérée dans les quatre départements en déprise, à savoir la Haute-Marne, les Ardennes, la Meuse et les Vosges : le nombre de foyers varie annuellement entre -0,1 % et +0,3 %. Dans ces départements, l'effet imputable à l'évolution de la structure démographique est plus fort qu'en moyenne dans la région : de 0,3 % à 0,4 % par an. C'est une conséquence d’un vieillissement de la population plus accentué, avec davantage de personnes âgées vivant seules à domicile. À population constante, cela induit une hausse de la quantité de foyers.
Dans la Marne, la Meurthe-et-Moselle et la Moselle, le nombre de ménages augmente au rythme annuel de 0,5 % à 0,6 %. Les différentes contributions, démographiques ou celle liée aux changements de mode de cohabitation, sont elles aussi dans la moyenne régionale.
Pour comprendre
Trois facteurs contribuent, indépendamment les uns des autres, à l’évolution du nombre de ménages : la variation du nombre d’habitants (évolution démographique en volume), l’évolution de la pyramide des âges (évolution démographique en structure, par sexe et/ou par âge) et le changement des modes de cohabitation. La présente étude indique tour à tour les contributions de chacun de ces effets, lorsque les deux autres facteurs sont constants.
Sources
Cette étude propose une analyse rétrospective des caractéristiques des ménages et les individus les composant. Elle est issue des exploitations complémentaires du recensement de la population pour les années 1999, 2008 et 2018.
Définitions
Un ménage, au sens statistique du terme, désigne l'ensemble des occupants d'un même logement sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté (en cas de colocation, par exemple). Un ménage peut être composé d'une seule personne.
Ménage complexe : Un ménage complexe se définit par rapport aux autres types de ménages. Il s'agit d'un ménage qui n'est pas composé soit d’une seule personne, soit d’une seule famille (un couple sans enfant, un couple avec enfant(s) ou une famille monoparentale).
Pour en savoir plus
(1) Daguet F., Pora P., « Partager son logement au-delà du nouveau familial : des disparités régionales qui persistent », Insee Première no 1980, janvier 2024.
(2) Observatoire des territoires, « Ouvrir dans un nouvel ongletGéographie des ménages - Fiche d’analyse de l’Observatoire des territoires 2019 », Fiche d’analyse #8, octobre 2019.