Insee Focus ·
Décembre 2024 · n° 344Entre 2014 et 2022, une augmentation de 28 % du nombre d’établissements dans l’industrie
manufacturière, portée par les micro‑entrepreneurs
Au cours de l’année 2022, 310 000 établissements de l’industrie manufacturière sont économiquement actifs. Ces établissements peuvent être des usines, mais correspondent aussi pour beaucoup aux lieux d’activité d’entrepreneurs individuels sans salariés. Depuis 2014, le nombre d’établissements appartenant au secteur manufacturier s’accroît de près d’un tiers (28 %). De 2017 à 2021, les créations économiques d’établissements ont fortement augmenté, principalement en raison des nombreux micro-entrepreneurs immatriculés sur cette période. Le nombre d’établissements manufacturiers de 20 salariés ou plus augmente de 3 % de 2017 à 2022.
- Un nombre d’établissements industriels en hausse, grâce à de très nombreuses créations
- La hausse du nombre d’établissements industriels portée par le micro‑entreprenariat
- Entre 2017 et 2022, le nombre d’établissements manufacturiers employant 20 salariés ou plus s’accroît de 3 %
- Le nombre des établissements industriels de 20 salariés ou plus varie surtout selon les fluctuations autour du seuil des 20 salariés
Un nombre d’établissements industriels en hausse, grâce à de très nombreuses créations
En 2022, 310 000 établissements sont économiquement actifs dans l’industrie manufacturière ; ils étaient 240 000 en 2014, soit une hausse de 28 % sur la période (figure 1). Cette hausse est principalement liée à la forte augmentation des créations économiques (méthodes) d’établissements entre 2017 et 2021 (+18 % par an en moyenne) ; en 2021 et 2022, le nombre de créations dépasse 35 000. Sur la même période, le nombre de cessations économiques est resté proche de 17 500 par an jusqu’en 2020. Cependant, ces dernières se sont accrues en 2021, principalement en raison d’une augmentation des cessations économiques d’établissements de micro-entrepreneurs.
tableauFigure 1 – Nombre, créations et cessations économiques d'établissements de l'industrie manufacturière de 2014 à 2022
Année | Créations économiques | Cessations économiques | Nombre |
---|---|---|---|
2014 | nd | 17,8 | 241,8 |
2015 | 19,2 (e) | 18,8 | 244,0 |
2016 | 18,5 | 17,3 | 244,6 |
2017 | 19,3 | 16,0 | 246,5 |
2018 | 22,5 | 17,3 | 253,6 |
2019 | 27,2 | 17,7 | 263,6 |
2020 | 30,1 | 17,8 | 274,9 |
2021 | 36,9 | 22,6 (e)(p) | 297,5 |
2022 | 35,4 | nd | 310,1 |
- e : données estimées.
- p : données provisoires.
- nd : données non disponibles.
- Note : Le nombre de créations économiques en 2015 est estimé ; le nombre de cessations économiques en 2021 est estimé et provisoire. Les créations de 2014 ne sont pas connues : afin de déterminer s'il y a création, il faut connaître l'état des établissements sur l'année précédente, ce qui n'est pas le cas sur cette première année. Il en est de même pour les cessations de 2022 : il faudrait connaître la population d'établissements de 2023.
- Lecture : En 2020, 274 900 établissements de l’industrie manufacturière sont économiquement actifs au moins un jour dans l’année. Parmi eux, 17 800 ne sont plus actifs en 2021 et 2022 : ils forment les « cessations économiques » de l’année 2020. En 2021, il y a eu 36 900 « créations économiques », menant à un stock de 297 500 établissements manufacturiers.
- Champ : France, établissements de l’industrie manufacturière économiquement actifs.
- Source : Insee, SIDE.
graphiqueFigure 1 – Nombre, créations et cessations économiques d'établissements de l'industrie manufacturière de 2014 à 2022
Tout établissement devenant économiquement actif ou cessant de l’être ne correspond pas à une création économique ou à une cessation économique. En particulier, chaque année, entre 8 000 et 11 000 fermetures et ouvertures d’établissements manufacturiers s’expliquent par le transfert d’une activité d’un établissement existant, qui sera ensuite souvent fermé, vers un nouvel établissement. La reprise par une autre entreprise concerne quant à elle un peu moins de 3 000 établissements par an. Il s’agit par exemple de boulangeries qui, gérées sous forme d’entreprises individuelles, changent de propriétaire. Le solde des transferts et des reprises est généralement faible, inférieur à 2 000 établissements chaque année.
La hausse du nombre d’établissements industriels portée par le micro‑entreprenariat
Entre 2014 et 2022, le nombre d’établissements manufacturiers des micro-entrepreneurs est multiplié par 2,6, ce qui explique en grande partie la hausse du nombre d’établissements dans l’ensemble de l’industrie manufacturière (figure 2). En effet, les créations économiques sous la forme du micro-entrepreneuriat sont en forte croissance : d’environ 10 000 en 2016, elles sont plus de 25 000 en 2021 et 2022. Les cessations économiques augmentent aussi avec la taille de la population, mais à un rythme nettement plus lent que celui des créations économiques.
tableauFigure 2 – Nombre d'établissements de l'industrie manufacturière de 2014 à 2022, selon leur type d'unité légale
Année | SARL1 | SAS2 | Autres formes sociétaires | Entreprises individuelles classiques | Micro-entrepreneurs |
---|---|---|---|---|---|
2014 | 94 000 | 40 500 | 10 600 | 49 100 | 47 500 |
2015 | 91 700 | 44 600 | 9 900 | 46 100 | 51 800 |
2016 | 88 800 | 49 100 | 9 200 | 42 700 | 54 700 |
2017 | 86 200 | 53 600 | 8 400 | 39 600 | 58 500 |
2018 | 83 500 | 57 700 | 7 800 | 36 400 | 68 200 |
2019 | 81 100 | 62 000 | 7 300 | 34 000 | 79 200 |
2020 | 78 500 | 66 200 | 6 800 | 31 600 | 91 800 |
2021 | 77 100 | 71 700 | 6 400 | 29 900 | 112 300 |
2022 | 76 000 | 77 000 | 6 100 | 28 500 | 122 500 |
- 1. SARL : société à responsabilité limitée.
- 2. SAS : société par actions simplifiée.
- Lecture : En 2022, il y a 310 100 établissements de l'industrie manufacturière en France. Parmi ceux-ci, 122 500 sont des établissements de micro-entrepreneurs, et 77 000 des sociétés de type SAS.
- Champ : France, établissements de l’industrie manufacturière économiquement actifs.
- Source : Insee, SIDE.
graphiqueFigure 2 – Nombre d'établissements de l'industrie manufacturière de 2014 à 2022, selon leur type d'unité légale
Cette hausse est particulièrement marquée dans les « autres industries manufacturières » : le nombre d’établissements de micro-entrepreneurs y passe de 10 500 en 2014 à 27 700 en 2022, avec un essor marqué dans la fabrication d’articles de bijouterie fantaisie et d’articles similaires ; ou dans l’industrie de l’habillement (+11 900 établissements).
Au cours de la même période, le nombre d’établissements d’entrepreneurs individuels classiques chute de 42 %. Suivant les secteurs, ce recul semble découler soit d’un choix plus fréquent pour le régime du micro‑entrepreneur – par exemple, dans la fabrication de meubles – soit d’un recours plus fréquent à la forme sociétaire, comme dans les boulangeries.
Le nombre d’établissements dépendant de sociétés augmente de 10 % entre 2014 et 2022 dans le secteur manufacturier. Les sociétés par actions simplifiées (SAS) ont supplanté les sociétés à responsabilité limitée (SARL) : le nombre d’établissements de SAS progresse ainsi de 90 % sur la période, alors que les établissements de SARL reculent de 19 %.
Entre 2017 et 2022, le nombre d’établissements manufacturiers employant 20 salariés ou plus s’accroît de 3 %
En 2022, l’industrie manufacturière compte 126 200 établissements employant au moins un salarié au 31 décembre, soit 2 100 (+1,6 %) de plus qu’en 2017. Cette hausse est due à celle des établissements employant au moins 10 salariés en fin d’année, hors intérimaires. Elle est nettement plus marquée pour les établissements de 10 à 19 salariés (+8 %) que pour ceux de 20 salariés ou plus (+3 %). Les établissements ayant entre 1 et 9 salariés sont largement majoritaires, avec un nombre quasi stable entre 2017 et 2022 (83 500 établissements en 2022 ; -0,2 % par rapport à 2017).
En 2022, l’industrie manufacturière compte au total 22 800 établissements employant 20 salariés ou plus, soit 700 de plus qu’en 2017 (figure 3). Cette hausse est principalement portée (à hauteur de 2,6 points de contribution) par l’industrie alimentaire, avec une hausse de 580 établissements (+15 %), en particulier dans les activités de boulangerie-pâtisserie.
tableauFigure 3a – Évolution du nombre d'établissements employant 20 salariés ou plus de 2017 à 2022, par secteur de l'industrie manufacturière
Secteur de l'industrie manufacturière | Évolution 2022/2017 | |
---|---|---|
Industries alimentaires | 584 | |
Réparation et install. de machines | 99 | |
Travail du bois | 86 | |
Autres industries manufacturières | 54 | |
Fabrication de boissons | 53 | |
Industrie du cuir et de la chaussure | 48 | |
Fabrication de produits informatiques | 30 | |
Industrie chimique | 28 | |
Fabrication d'autres matériels de transport | 15 | |
Cokéfaction et raffinage | -3 | |
Métallurgie | -13 | |
Industrie de l'habillement | -27 | |
Industrie automobile | -30 | |
Industrie pharmaceutique | -55 | |
Fabrication de produits en caoutchouc et plastique | -64 | |
Imprimerie et reproduction d'enregistrements | -110 | |
Ensemble | 699 |
- Lecture : En 2022, dans le secteur des industries alimentaires, il y a 584 établissements supplémentaires employant 20 salariés ou plus par rapport à 2017.
- Champ : France, établissements de l'industrie manufacturière économiquement actifs de 20 salariés ou plus.
- Source : Insee SIDE, Florès.
graphiqueFigure 3a – Évolution du nombre d'établissements employant 20 salariés ou plus de 2017 à 2022, par secteur de l'industrie manufacturière
Hors industrie alimentaire, le nombre d’établissements manufacturiers de 20 salariés ou plus a peu évolué (+0,6 % entre 2017 et 2022). L’industrie du cuir et de la chaussure est le secteur où le nombre d’établissements employant 20 salariés augmente le plus fortement entre 2017 et 2022 (+19 %). Cet accroissement représente une cinquantaine d’établissements au total. Il est suivi par le secteur de la fabrication de boissons (+14 %). À l’inverse, le nombre d’établissements de 20 salariés et plus diminue fortement dans l’imprimerie et la reproduction d’enregistrements, avec une centaine d’établissements en moins (-17 %). Le nombre d’établissements de 20 salariés ou plus baisse également dans la fabrication de produits en caoutchouc et en plastique et dans l’industrie pharmaceutique.
Le nombre des établissements industriels de 20 salariés ou plus varie surtout selon les fluctuations autour du seuil des 20 salariés
Chaque année, de 150 à 200 établissements industriels se créent en employant au moins 20 salariés dès la première année d’activité, tandis que le nombre de cessations économiques est compris entre 30 et 50 en moyenne par an sur la période 2017-2022 (figure 4).
Les franchissements, à la hausse ou à la baisse, du seuil de 20 salariés sont beaucoup plus nombreux . Entre 2019 et 2020, probablement en lien avec la crise sanitaire, 1 700 établissements sont passés sous le seuil des 20 salariés, en comptant aussi le solde des transferts ou reprises, et seulement 1 200 sont passés au-dessus de ce seuil. À l’inverse, en 2019 et 2021, les franchissements à la hausse du seuil des 20 salariés sont plus nombreux que ceux à la baisse : ainsi, entre 2020 et 2021, ils étaient 1 700 à passer au-dessus de cette limite et 1 300 à passer au-dessous.
tableauFigure 4 – Décomposition des variations du nombre d'établissements de plus de 20 salariés dans l'industrie manufacturière de 2019 à 2022
Année | Création économique | Passage au-dessus du seuil des 20 salariés | Transfert-reprise | Cessation économique | Passage au-dessous du seuil des 20 salariés | Variation du stock |
---|---|---|---|---|---|---|
2019 | 174 | 1448 | -398 | -56 | -875 | 293 |
2020 | 166 | 1172 | -433 | -46 | -1230 | -371 |
2021 | 210 | 1687 | -399 | -32 | -887 | 579 |
2022 | 216 | 1290 | -263 | -36 | -1078 | 129 |
- Note : Méthodes.
- Lecture : Entre 2018 et 2019, le nombre d’établissements de 20 salariés ou plus dans l’industrie manufacturière augmente de 293. Cela s’explique par des créations économiques et des entrées de champs (+1 622) plus nombreuses que la somme des cessations économiques, des sorties de champs et du solde des reprises et transferts (-1 329).
- Champ : France, établissements de l'industrie manufacturière économiquement actifs de 20 salariés ou plus.
- Source : Insee SIDE, Florès.
graphiqueFigure 4 – Décomposition des variations du nombre d'établissements de plus de 20 salariés dans l'industrie manufacturière de 2019 à 2022
En particulier, dans le secteur des boulangeries-pâtisseries, entre 2017 et 2022, le nombre d’établissements de plus de 20 salariés augmente de 500, essentiellement par le dépassement du seuil des 20 salariés. Le nombre d’établissements de 10 à 19 salariés est également en très forte progression (+1 400). Il y a peu de créations d’établissements employant d’emblée 20 salariés ou plus, mais surtout des établissements qui deviennent de plus en plus gros. En revanche, le nombre d’établissements de 1 à 10 salariés diminue fortement (-1 700), et dans l’ensemble le nombre d’établissements du secteur augmente faiblement.
Sources
Les statistiques sur la démographie des entreprises proviennent du système d’information sur la démographie d’entreprises (SIDE), qui a remplacé le répertoire des entreprises et des établissements (REE). Ce système d’information est lui-même alimenté à partir de données issues de Sirene et enrichi d’éléments provenant du répertoire statistique Sirus et de diverses autres sources.
Méthodes
Ces résultats sont issus de travaux nouveaux, centrés autour de la notion d’un caractère « économiquement actif ». Un établissement est ici considéré comme économiquement actif s’il est le siège d’une unité légale économiquement active, ou s’il a employé des salariés au cours de l’année. Une unité légale est ici considérée comme économiquement active si au cours de l’année, elle a déclaré un chiffre d’affaires, employé des salariés, effectué une déclaration fiscale ou si elle détient une autre unité légale.
La cessation économique précise la notion de cessation d’entreprise, afin de déterminer exactement dans quels cas on peut parler de cessation ou non.
Ainsi, il y a cessation économique quand une entreprise a eu une activité économique
sur une année, mais pas sur les deux années suivantes. Cette notion diffère fortement
de celle de défaillance : la défaillance n’aboutit pas nécessairement sur une cessation,
et la majorité des cessations économiques se font sans défaillance (fin volontaire
de l’activité, par exemple suite à un départ en retraite).
Symétriquement, il y a création économique si une entreprise a une activité donnée sur une année, après deux années sans activité.
La création économique se distingue de la création d’entreprises, par la nécessité d’observer une activité économique : une nouvelle immatriculation
au répertoire Sirene sera toujours comptabilisée comme une création d’entreprise,
même si l’activité ne démarre jamais, alors que dans ce cas on ne considère pas qu’il
y a création économique.
Dans cette étude, les créations économiques des établissements de l’industrie manufacturière de l’année 2015 sont estimées. L’estimation porte sur le partage entre créations économiques et réactivations, dont l’ensemble est connu mais pas le détail, faute d’indication sur le caractère économiquement actif des unités en 2013. De même, les cessations économiques de l’année 2021 sont estimées. L’estimation porte sur le partage entre créations économiques et désactivations, qui sera déterminé lorsque les données nécessaires seront disponibles, en 2025.
Le taux de création annuel sur une année donnée est égal au ratio entre le nombre de créations économiques sur cette année et le stock d’établissements sur l’année précédente. Le taux de cessation annuel est égal au ratio entre les cessations économiques et le stock d’établissements sur cette année.
L’étude porte sur les activités marchandes, dans le secteur de l’industrie manufacturière, plus précisément sur les établissements du secteur de l’industrie manufacturière, quel que soit le secteur d’activité principale de l’unité légale à laquelle ils appartiennent.
Définitions
L’établissement est une unité de production géographiquement individualisée, mais juridiquement dépendante de l’unité légale. Il produit des biens ou des services : ce peut être une usine, une boulangerie, un magasin de vêtements, un des hôtels d’une chaîne hôtelière, la « boutique » d’un réparateur de matériel informatique, etc.
L’unité légale est une entité juridique de droit public ou privé. Cette entité juridique peut être : une personne morale, dont l’existence est reconnue par la loi indépendamment des personnes ou des institutions qui la possèdent ou qui en sont membres ; une personne physique, qui, en tant qu’indépendant, peut exercer une activité économique.
La cessation d’entreprise est l’arrêt total de l’activité économique de l'entreprise. Il ne faut pas confondre la notion de défaillance avec la notion plus large de cessation. Les liquidations qui font suite à une défaillance ne représentent qu’une partie, variable avec le temps et le secteur d’activité, de l’ensemble des cessations.
Une création d’entreprise correspond à la mise en œuvre d’une nouvelle combinaison de facteurs de production avec pour restriction qu’aucune autre entreprise ne soit impliquée dans cet évènement.
Les industries manufacturières sont des industries de transformation des biens. Elles concernent aussi la réparation et l’installation d’équipements industriels. Cette activité correspond à la section C de la NAF rév. 2. Les boulangeries se trouvent dans ce champ tant qu’elles font au moins une de ces activités : fabrication ou cuisson de produits de boulangerie. Seul un établissement faisant uniquement de la revente serait classé en commerce.
La reprise se produit quand une unité légale reprend, totalement ou partiellement, l'activité d'un ou plusieurs établissements économiques d'une autre unité légale.
Une société par actions simplifiée (SAS) groupe des associés dont la responsabilité est limitée à leur apport personnel et qui ont la possibilité de disposer de prérogatives indépendantes de leur part de capital. La SAS est une société de capitaux, ce qui la rapproche de la société anonyme (SA).
Une société à responsabilité limitée (SARL) groupe des associés dont la responsabilité est limitée à leur apport personnel et dont les pouvoirs (droits de vote, droits sur les bénéfices, etc.) sont proportionnels à la part du capital détenue.
Pour en savoir plus
C. Plouhinec, E. Morello, « Démographie structurelle des entreprises et des établissements », Document de travail no 2024-25, décembre 2024.