Insee Première ·
Octobre 2024 · n° 2019Entre 2019 et 2022, une évolution des salaires moins favorable pour les métiers de
la « deuxième ligne »
Lors de la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19, les salariés de la « deuxième ligne » (caissiers, ouvriers des industries agroalimentaires, agents d’entretiens, etc.) ont continué à travailler sur site pour apporter les services indispensables à la vie quotidienne. En 2022, 6,8 millions de personnes exercent ces métiers, soit 29 % des salariés du secteur privé. Les salariés de la deuxième ligne travaillent moins fréquemment à temps complet, mais en la matière l’écart avec les autres salariés s’est réduit depuis 2019. Ils ont aussi moins souvent un contrat à durée indéterminée.
En 2022, ces salariés de la deuxième ligne perçoivent en moyenne 1 830 euros nets mensuels pour un équivalent temps plein (EQTP), soit légèrement moins que les autres employés et ouvriers du privé. Ils ont davantage bénéficié de primes exceptionnelles en 2020, année de la crise sanitaire, mais moins les années suivantes. Entre 2019 et 2022, leur salaire moyen a davantage baissé (-0,7 % en euros constants) que celui des autres employés et ouvriers (-0,2 %), dans un contexte de forte inflation (+8,6 % sur la période). Parmi les salariés de deuxième ligne présents en 2019, 65 % continuent d’exercer le même métier en 2022. Pour ces salariés restés en place, le salaire a été revalorisé de 2,5 % en euros constants.
- En 2022, 29 % des salariés du privé exercent un métier de la « deuxième ligne »
- Les salariés de la deuxième ligne travaillent moins souvent à temps complet et en CDI
- Entre 2019 et 2022, des évolutions de salaire en moyenne moins favorables que pour les autres salariés du privé
- Plus de primes exceptionnelles en 2020, mais moins par la suite
- Les deux tiers des salariés de la deuxième ligne de 2019 continuent d’exercer la même profession en 2022
En 2022, 29 % des salariés du privé exercent un métier de la « deuxième ligne »
Lors du premier confinement de 2020, certaines professions ont été particulièrement exposées à un risque de contamination par le Covid-19. Parmi celles-ci se distinguent des métiers dits de « première ligne », relevant du domaine de la santé, et des travailleurs dits de « deuxième ligne ». La définition retenue pour repérer ces derniers mobilise deux critères principaux : d’une part, un emploi impossible ou difficile à exercer en télétravail, et d’autre part, une activité indispensable à la continuité économique et sociale du pays. Ces travailleurs ont donc majoritairement travaillé sur site durant le premier confinement en 2020 et ont été particulièrement exposés au risque épidémique sur cette période [Ouvrir dans un nouvel ongletAmosse et al., 2021].
En 2022, cette « deuxième ligne » concerne 6,8 millions de salariés, soit 29 % du secteur privé (figure1). Ce sont des ouvriers, qualifiés ou non, du bâtiment, des industries agro-alimentaires ou de la manutention, et des employés, comme des agents d’entretien, des salariés agricoles, des aides à domiciles et aides ménagères, des salariés du commerce ou du transport et des agents de gardiennage et de sécurité.
tableauFigure 1a – Caractéristiques démographiques des salariés de la deuxième ligne en 2022
Profession | Nombre de salariés1
(en milliers) |
Part des effectifs salariés (en %) |
Âge moyen (en années) |
Part de femmes (en %) |
Salaire mensuel net moyen en EQTP (en euros) |
---|---|---|---|---|---|
Ensemble métiers deuxième ligne | 6 807 | 29,4 | 40,0 | 34,3 | 1 830 |
Agents d’entretien | 866 | 3,7 | 43,6 | 65,0 | 1 651 |
Agents de gardiennage et de sécurité | 262 | 1,1 | 44,7 | 21,9 | 1 815 |
Aides à domicile et aides ménagères | 396 | 1,7 | 45,8 | 93,2 | 1 576 |
Caissiers, employés de libre-service | 818 | 3,5 | 33,7 | 63,4 | 1 679 |
Conducteurs de véhicules | 1 075 | 4,6 | 43,4 | 13,2 | 1 983 |
Ouvriers peu qualifiés de la manutention | 525 | 2,3 | 35,5 | 30,3 | 1 764 |
Ouvriers peu qualifiés des industries agro-alimentaires | 134 | 0,6 | 37,3 | 45,2 | 1 822 |
Ouvriers peu qualifiés du bâtiment | 343 | 1,5 | 35,7 | 2,1 | 1 700 |
Ouvriers qualifiés de la manutention | 510 | 2,2 | 40,5 | 16,5 | 2 084 |
Ouvriers qualifiés du bâtiment | 894 | 3,9 | 40,7 | 1,5 | 2 015 |
Salariés agricoles | 509 | 2,2 | 39,4 | 25,6 | 1 687 |
Salariés des boucheries, charcuteries, boulangeries | 194 | 0,8 | 38,2 | 19,0 | 1 879 |
Vendeurs en produits alimentaires | 274 | 1,2 | 36,1 | 71,0 | 1 652 |
Ensemble hors métiers deuxième ligne | 16 374 | 70,6 | 40,7 | 49,5 | 2 810 |
Cadres et professions intermédiaires | 8 578 | 37,0 | 42,1 | 43,3 | 3 587 |
Employés et ouvriers | 7 796 | 33,6 | 39,2 | 56,3 | 1 858 |
Ensemble privé | 23 182 | 100,0 | 40,5 | 45,1 | 2 549 |
- 1. Personnes physiques dont l’activité salariée principale dans l’année était un emploi sur un métier de la deuxième ligne. Le poste principal est celui comptant le plus d’heures rémunérées parmi les postes atteignant au moins 90 % du salaire du poste le plus rémunérateur.
- Lecture : En 2022, les salariés de la deuxième ligne représentent 29,4 % des salariés. Ils sont âgés en moyenne de 40,0 ans et 34,3 % sont des femmes.
- Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris les salariés agricoles et des particuliers employeurs, hors apprentis et stagiaires.
- Source : Insee, Bases Tous salariés.
Deux salariés sur trois de cette deuxième ligne sont des hommes : ces derniers sont notamment davantage surreprésentés parmi les ouvriers du bâtiment (98 % d’hommes) et, dans une moindre mesure, parmi les conducteurs ou les agents de sécurité. À l’inverse, les femmes sont majoritaires parmi les caissiers (63 %), les agents d’entretiens (65 %) ou les aides à domiciles (93 %).
En moyenne, les salariés de la deuxième ligne sont à peine plus jeunes que l’ensemble des salariés du privé (40,0 ans contre 40,5), avec de grandes disparités en fonction des métiers : les caissiers, les vendeurs en produits alimentaires, les ouvriers peu qualifiés du bâtiment et de la manutention sont nettement plus jeunes (4 à 7 ans de moins que la moyenne). À l’inverse, les agents d’entretien, aides à domicile, conducteurs ou agents de sécurité sont 3 à 5 ans plus âgés que la moyenne.
Les salariés de la deuxième ligne travaillent moins souvent à temps complet et en CDI
En 2022, 75 % des salariés de la deuxième ligne occupent un emploi à temps complet, soit 3,3 points de moins que dans le secteur privé. Depuis 2019, cet écart s’est toutefois réduit, de 0,6 point. Au sein de la deuxième ligne, les aides à domicile se distinguent par un exercice à temps complet peu fréquent (17 %). Parmi les autres métiers, de fortes disparités existent : de 52 % de temps complet parmi les agents d’entretien à 96 % parmi les ouvriers qualifiés du bâtiment. À l’exception des ouvriers peu qualifiés des industries agroalimentaires, la part de salariés à temps complet a augmenté entre 2019 et 2022 pour tous les métiers, cette hausse atteignant 4,2 points pour les caissiers.
Parmi les salariés de la deuxième ligne, 70 % bénéficient d’un contrat à durée indéterminée (CDI), contre 78 % de l’ensemble des salariés du privé. Les ouvriers peu qualifiés et les salariés agricoles sont les moins concernés par un CDI, ces salariés travaillant dans des secteurs où le recours à des contrats courts ou saisonniers peut être fréquent. À l’inverse, les salariés de la deuxième ligne bénéficiant le plus souvent d’un CDI sont les agents de sécurité (86 %) et les aides à domicile (89 %). La part des salariés de la deuxième ligne en CDI a augmenté de 1,2 point par rapport à 2019. Cette hausse est identique à celle de l’ensemble des salariés du privé, mais légèrement inférieure à celle des autres employés et ouvriers du secteur privé (+1,4 point).
Entre 2019 et 2022, des évolutions de salaire en moyenne moins favorables que pour les autres salariés du privé
En 2022, les salariés des métiers de deuxième ligne gagnent 1 830 euros nets par mois en équivalent temps plein (EQTP), soit légèrement moins que les autres employés et ouvriers du secteur privé (1 858 euros en moyenne). Les aides à domicile (1 576 euros), les agents d’entretien (1 651 euros) et les vendeurs en produits alimentaires (1 652 euros) sont les salariés les moins bien rémunérés en moyenne, à l’opposé des ouvriers qualifiés de la manutention (2 084 euros).
Dans un contexte de forte inflation, +8,6 % entre 2019 et 2022, les salaires moyens des salariés de la deuxième ligne ont baissé de 0,7 % en euros constants, alors que ceux des autres employés et ouvriers ont baissé plus modérément (-0,2 %) et qu’ils ont augmenté de 0,9 % pour l’ensemble des salariés du privé (figure 2). Cette hausse d’ensemble traduit surtout une modification de la structure des emplois, notamment de la part de cadres, qui a progressé de 1,6 point entre 2019 et 2022. Parmi les métiers de deuxième ligne, le pouvoir d’achat des salaires n’a nettement augmenté que pour les aides à domicile (+2,9 %) et les agents d’entretien (+1,7 %), dont les salaires étaient moins élevés en 2019. Sur ces trois ans, ils ont davantage baissé pour les ouvriers du bâtiment. De façon générale, des négociations ont été entamées dès la fin d’année 2020 dans les différentes branches professionnelles des métiers de deuxième ligne [Ouvrir dans un nouvel ongletEhrel et Moreau-Follenfant, 2021] conduisant à des revalorisations, compensées toutefois par la forte inflation de 2022.
tableauFigure 2 – Évolution en pourcentage du salaire net moyen en EQTP en euros constants entre 2019 et 2022
Profession | Évolution |
---|---|
Aides à domicile et aides ménagères | 2,9 |
Agents d’entretien | 1,7 |
Ensemble privé | 0,9 |
Ouvriers peu qualifiés des industries agro-alimentaires | 0,3 |
Ouvriers peu qualifiés de la manutention | 0,3 |
Caissiers, employés de libre-service | 0,0 |
Employés et ouvriers hors deuxième ligne | -0,2 |
Ouvriers qualifiés de la manutention | -0,6 |
Salariés des boucheries, charcuteries, boulangeries | -0,6 |
Ensemble salariés deuxième ligne | -0,7 |
Salariés agricoles | -0,7 |
Vendeurs en produits alimentaires | -0,8 |
Agents de gardiennage et de sécurité | -0,8 |
Conducteurs de véhicules | -1,3 |
Ouvriers qualifiés du bâtiment | -1,6 |
Ouvriers peu qualifiés du bâtiment | -1,9 |
- Lecture : Entre 2019 et 2022, le salaire net moyen en EQTP des salariés de la deuxième ligne baisse de 0,7 % en euros constants.
- Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris les salariés agricoles et des particuliers employeurs, hors apprentis et stagiaires.
- Source : Insee, Bases Tous salariés.
graphiqueFigure 2 – Évolution en pourcentage du salaire net moyen en EQTP en euros constants entre 2019 et 2022
Plus de primes exceptionnelles en 2020, mais moins par la suite
En 2020, un quart des salariés de la deuxième ligne a perçu des primes exceptionnelles (Covid ou Pepa), pour un montant de 584 euros par bénéficiaire en moyenne (figure 3). C’est davantage que pour les autres employés et ouvriers du secteur privé (19 % de bénéficiaires, pour 576 euros en moyenne). Dans l’ensemble du secteur privé, la part de bénéficiaires de primes exceptionnelles est aussi plus faible (21 % de bénéficiaires), mais avec un montant moyen légèrement supérieur (603 euros), des cadres et professions intermédiaires étant également concernés et percevant des montants plus élevés. Néanmoins, en 2020, ces primes exceptionnelles représentent une plus grande part du salaire perçu pour les salariés de la deuxième ligne que pour l’ensemble du privé (3,2 %, contre 2,7 %).
tableauFigure 3 – Parts de salariés ayant reçu des primes exceptionnelles de 2019 à 2022
Profession | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
---|---|---|---|---|
Ensemble métiers deuxième ligne | 18,2 | 24,7 | 14,2 | 21,4 |
Employés et ouvriers hors métiers deuxième ligne | 18,1 | 18,9 | 13,2 | 23,6 |
Ensemble privé | 19,2 | 21,2 | 13,5 | 25,6 |
- Lecture : En 2022, 21,4 % des salariés de la deuxième ligne ont perçu une prime.
- Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris les salariés agricoles et des particuliers employeurs, hors apprentis et stagiaires.
- Source : Insee, Bases Tous salariés.
graphiqueFigure 3 – Parts de salariés ayant reçu des primes exceptionnelles de 2019 à 2022
Au sein de la deuxième ligne, les caissiers (40 %), les ouvriers qualifiés de la manutention (31 %) et les salariés des artisans des bouchers et boulangers (32 %) ont été nombreux à bénéficier des primes exceptionnelles en 2020, le pouvoir moyen d’achat de leurs salaires atteignant ainsi un maximum (figure 4).
tableauFigure 4 – Évolution du salaire net en équivalent temps plein entre 2017 et 2022 en euros constants – Base 100 en 2019
Profession | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 |
---|---|---|---|---|---|---|
Agents de gardiennage et de sécurité | 98,6 | 98,7 | 100 | 100,7 | 99,9 | 99,2 |
Aides à domicile et aides ménagères | 97,3 | 97,1 | 100 | 103,9 | 101,9 | 102,9 |
Caissiers, employés de libre-service | 97,1 | 97,3 | 100 | 103,1 | 100,6 | 100,0 |
Ensemble des métiers de deuxième ligne | 97,4 | 97,7 | 100 | 101,2 | 100,3 | 99,3 |
Employés et ouvriers, hors métiers deuxième ligne | 97,6 | 98,0 | 100 | 101,1 | 100,5 | 99,8 |
Ensemble du secteur privé | 98,0 | 98,6 | 100 | 103,1 | 101,8 | 100,9 |
- Lecture : Entre 2019 et 2022, les salaires nets en EQTP des salariés du privé ont augmenté de 0,9 % (indice 100,9, indice base 100 en 2019).
- Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris les salariés agricoles et des particuliers employeurs, hors apprentis et stagiaires.
- Source : Insee, Bases Tous salariés.
graphiqueFigure 4 – Évolution du salaire net en équivalent temps plein entre 2017 et 2022 en euros constants – Base 100 en 2019
Dès 2021, la part de salaire versé via des primes exceptionnelles pour les salariés de la deuxième ligne n’est plus significativement différente de celle de l’ensemble du privé. En 2022, la part des bénéficiaires de ces primes est même plus faible au sein de la deuxième ligne (21 %) que parmi les autres employés et ouvriers (24 %) ou parmi l’ensemble du privé (26 %), contribuant à une évolution salariale d’ensemble qui leur a été moins favorable.
Les deux tiers des salariés de la deuxième ligne de 2019 continuent d’exercer la même profession en 2022
Parmi les salariés de la deuxième ligne présents en 2019, 65 % exercent le même métier en 2022, 21 % ont changé de profession, et 14 % sont sortis du salariat privé (figure 5). Les conducteurs et les agents de sécurité sont ceux qui ont le moins changé de métier (77 % des salariés de 2019 continuent d’exercer leur métier en 2022).
tableauFigure 5 – Part des présents/présents et évolution de salaire entre 2019 et 2022
Profession | Part de ceux qui occupent le même métier en 2019 et en 2022 | Part de ceux qui ont changé de métier entre 2019 et 2022 | Part de ceux qui sont sortis du salariat privé | Évolution des salaires de ceux restés dans la même profession en euros constants |
---|---|---|---|---|
Ensemble métiers deuxième ligne | 65,2 | 21,2 | 13,7 | 2,5 |
Agents d’entretien | 69,4 | 16,6 | 14,0 | 3,4 |
Agents de gardiennage et de sécurité | 76,9 | 11,7 | 11,4 | 2,1 |
Aides à domicile et aides ménagères | 65,2 | 17,8 | 17,1 | 5,9 |
Caissiers, employés de libre-service | 60,3 | 26,8 | 12,9 | 3,2 |
Conducteurs de véhicules | 77,0 | 11,2 | 11,7 | 1,5 |
Ouvriers peu qualifiés de la manutention | 44,4 | 42,2 | 13,4 | 2,9 |
Ouvriers peu qualifiés des industries agro-alimentaires | 48,5 | 38,4 | 13,0 | 3,8 |
Ouvriers peu qualifiés du bâtiment | 41,6 | 40,1 | 18,3 | 2,5 |
Ouvriers qualifiés de la manutention | 64,0 | 25,7 | 10,2 | 3,4 |
Ouvriers qualifiés du bâtiment | 67,5 | 17,6 | 14,9 | 1,7 |
Salariés agricoles | 64,2 | 17,5 | 18,2 | 2,4 |
Salariés des boucheries, charcuteries, boulangeries | 69,8 | 18,5 | 11,6 | 3,1 |
Vendeurs en produits alimentaires | 58,5 | 26,6 | 14,9 | 2,9 |
Ensemble hors métiers deuxième ligne | 62,4 | 25,4 | 12,1 | 5,7 |
Cadres et professions intermédiaires | 64,7 | 23,9 | 11,4 | 6,7 |
Employés et ouvriers | 59,9 | 27,2 | 12,9 | 3,2 |
Ensemble privé | 63,1 | 24,3 | 12,5 | 5,0 |
- Lecture : Parmi les salariés des métiers de deuxième ligne présents en 2019, 65,2 % sont restés dans la même famille professionnelle en 2022. Les salariés de la deuxième ligne exerçant le même métier en 2022 qu’en 2019 ont bénéficié de gains de pouvoir d’achat de leurs salaires de 2,5 %.
- Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris les salariés agricoles et des particuliers employeurs, hors apprentis et stagiaires.
- Source : Insee, Bases Tous salariés.
À l’inverse, parmi les ouvriers peu qualifiés, les changements vers d’autres métiers salariés sont particulièrement nombreux (38 % à 42 % des salariés de 2019). Ces taux élevés sont à nuancer, d’abord parce que ces ouvriers sont majoritairement en contrat d’intérim : 48 % des ouvriers peu qualifiés ayant changé de métier avaient un contrat d’intérim en 2019, ce taux atteignant 75 % pour les ouvriers peu qualifiés de la manutention. En outre, ces changements se font souvent vers d’autres métiers de la deuxième ligne : parmi les ouvriers peu qualifiés du bâtiment ayant changé de métier entre 2019 et 2022, 29 % sont désormais des ouvriers qualifiés du bâtiment et 16 % des ouvriers de la manutention ou des industries agro-alimentaires. Le constat est le même pour les ouvriers peu qualifiés de la manutention : 16 % se dirigent vers d’autres métiers d’ouvrier et 10 % deviennent caissiers ou vendeurs.
Le turn-over est également élevé parmi les vendeurs et caissiers (27 % ont changé de métier). Ces emplois représentent alors souvent un travail d’appoint pendant les études : parmi les caissiers ayant changé de métier, 55 % ont moins de 25 ans, ils sont 43 % parmi les vendeurs.
La proportion de salariés ayant quitté le salariat entre 2019 et 2022 est un peu plus élevée dans les métiers de deuxième ligne (14 %) que pour les autres ouvriers et employés et pour l’ensemble du secteur privé (13 %). En particulier, 18 % des salariés agricoles en 2019 n’occupent plus un emploi salarié en 2022 : 61 % d’entre eux avaient un contrat saisonnier en 2019. Les aides à domicile et aides ménagères sont également plus nombreux à quitter le salariat privé, du fait de leur âge moyen plus élevé et donc de départs plus fréquents en retraite.
Les salariés de la deuxième ligne sont plus stables dans leur profession (65 %) que les autres employés et ouvriers (60 %), ou, dans une moindre mesure, que l’ensemble des salariés du secteur privé (63 %). Néanmoins, pour ces salariés restés en place, le gain de pouvoir d’achat de leurs salaires (+2,5 % entre 2019 et 2022) est nettement inférieur à celui des autres employés et ouvriers (+3,2 %) ou de l’ensemble du secteur privé (+5,0 %).
Sources et méthodes
La base Tous salariés est une base statistique annuelle sur l’ensemble des salariés, produite à partir des déclarations administratives de leurs employeurs. Sur le champ privé, les salaires annuels et les effectifs sont principalement issus des déclarations sociales nominatives (DSN) que les entreprises adressent à l’administration et que l’Insee traite ensuite.
Dans cette étude, le secteur privé exclut les agents du secteur public, les apprentis et les stagiaires. Les particuliers employeurs, les agriculteurs et les bénéficiaires de contrats aidés et de professionnalisation sont en revanche inclus.
Un poste salarié correspond à un individu dans un établissement une année donnée (un individu présent dans deux établissements est donc comptabilisé dans deux postes distincts). Pour cette étude, les caractéristiques d’emploi des salariés sont établies à partir de leur poste le plus rémunérateur, en ne retenant que les individus dont le cumul des postes salariés est significatif (une rémunération supérieure à trois fois le Smic mensuel, ou un volume d’emploi dépassant 30 jours et 120 heures, avec un rapport nombre d’heures sur durée étant supérieur à 1,5). Dans d’autres études, les effectifs ou caractéristiques d’emplois sont dénombrées selon d’autres méthodes, comme le nombre de salariés présents en fin d’année. Par exemple, retenir uniquement les postes présents au 31 décembre, dont l’activité salariée est significative, au sens des critères ci-dessus, et exclure les salariés des particuliers employeurs, diminue les effectifs de la deuxième ligne d’environ 2 millions de salariés notamment pour les secteurs où le recours à des contrats courts est plus répandu. Si certaines caractéristiques des professions étudiées se trouvent modifiées, en particulier la part de CDI (84,8 %, contre 70,3 % dans l’étude), les principaux messages restent identiques.
La détermination des salariés n’ayant pas changé de métier entre 2019 et 2022 (présents/présents) repose sur les familles de métiers exercés par les salariés, en 2019 d’une part, et en 2022 d’autre part. Les professions exercées en 2020 ou 2021 ne sont pas prises en compte, ni les changements d’entreprise ou de PCS à un niveau fin, tant que la famille de métier exercé reste identique.
Dans cette étude, les métiers de deuxième ligne sont sélectionnés selon la méthode de Erhel C. et Moreau-Follenfant S. [Ouvrir dans un nouvel onglet2021], en utilisant la nomenclature des PCS à son niveau le plus fin (professions ou PCS à 4 caractères). L’étude est centrée sur les seuls salariés du secteur privé, alors que ces critères peuvent conduire à identifier comme métiers de deuxième ligne des salariés du public ou des indépendants. Les métiers ont ensuite été regroupés par grandes familles professionnelles.
Définitions
Le salaire net (de prélèvements sociaux) est le salaire que perçoit effectivement le salarié avant prélèvement de l’impôt sur le revenu.
Le salaire en équivalent temps plein (EQTP) est un salaire converti à un temps plein pendant toute l’année, quel que soit le volume de travail effectif.
Les évolutions en euros constants sont calculées en référence aux évolutions de l’indice des prix à la consommation (y compris tabac) de l’ensemble des ménages.
Les primes exceptionnelles correspondent d’une part à la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa), initialement mis en œuvre début 2019, et reconduite jusqu’en mars 2022, pour les salariés ayant une rémunération annuelle inférieure à trois fois le Smic. La Pepa a été plafonnée à 1 000 euros par salarié et par an (et même jusqu’à 2 000 euros au sein des entreprises ayant un accord d’intéressement). D’autre part, à partir de juillet 2022, la prime de partage de la valeur (PPV) succède à la prime Pepa en en reprenant les principes, les plafonds de versement étant relevés à 3 000 euros par année civile et par salarié dans le cas général, 6 000 euros en cas d’accord d’intéressement.
Pour en savoir plus
Godet F., Sanchez Gonzalez J., « Les salaires dans le secteur privé en 2022 : une nette baisse du pouvoir d’achat, hormis au niveau du SMIC », Insee Première no 1971, novembre 2023.
Erhel C., Moreau-Follenfant S., « Ouvrir dans un nouvel ongletRapport de la mission d’accompagnement des partenaires sociaux dans la démarche de la reconnaissance des travailleurs de la deuxième ligne », décembre 2021.
Amosse T., Beatriz M., Erhel C., Koubi M., Mauroux A. (2021), « Ouvrir dans un nouvel ongletQuelles sont les conditions de travail des métiers de la « deuxième ligne » de la crise Covid ? », Document de travail CEET DARES, mai 2021.