Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes ·
Septembre 2024 · n° 181Jeunes inactifs ou au chômage : cinq profils, une forte influence des conditions familiales
En 2020, 206 400 jeunes âgés de 16 à 29 ans sortis du système scolaire sont sans emploi, chômeurs ou inactifs dans la région, soit 16 % de la classe d’âge dans son ensemble et 24 % de ceux ayant achevé leurs études. La part de ces jeunes est plus faible en Auvergne‑Rhône‑Alpes que dans la plupart des autres régions. Depuis 2009, le nombre de ces jeunes chômeurs ou inactifs a sensiblement augmenté (+7,7 %). Les femmes restent surreprésentées parmi cette population (53 %), moins cependant qu’en 2009 (57 %), principalement du fait de la forte hausse du nombre d’hommes inactifs. La population immigrée y est proportionnellement deux fois plus présente. La situation de ces jeunes présente une grande diversité et fait apparaître cinq profils, reflétant des difficultés d’insertion professionnelle différentes liées à plusieurs facteurs tels que le niveau de diplôme ou les conditions de vie familiale.
- 206 400 jeunes inactifs ou au chômage en Auvergne-Rhône-Alpes
- Moins d’inactifs et de chômeurs parmi les jeunes de la région
- En dix ans, la part des JIC a légèrement progressé chez les 16-29 ans, nettement plus chez les hommes
- Sept JIC sur dix recherchent un emploi
- Un niveau de diplôme qui augmente mais qui reste peu élevé
- Une situation personnelle complexe
- Cinq profils de JIC en Auvergne‑Rhône‑Alpes
- Encadré 1 – Les inscriptions à France Travail sur la période 2009-2020 : les jeunes moins touchés par la hausse
- Encadré 2 – Mot des partenaires
206 400 jeunes inactifs ou au chômage en Auvergne-Rhône-Alpes
Pour les jeunes, la période comprise entre 16 et 29 ans est marquée par l’entrée sur le marché du travail après des études plus ou moins longues, l’accès à un logement autonome, le début d’une vie en couple et la parentalité pour une partie d’entre eux. Pour tous, l’insertion professionnelle est une étape-clé.
Elle peut être rendue difficile par un décrochage scolaire, l’existence de freins à la mobilité, un soutien familial limité ou défaillant, voire un problème de santé ou des discriminations à l’embauche. Le recensement de la population, source disponible au niveau régional, ne permet pas de rendre compte de tous ces facteurs de fragilité, mais il met en évidence, parmi les publics éloignés de l’emploi, certains profils marqués notamment par l’âge, le sexe, le diplôme et l’environnement familial.
En 2020, parmi les 1,27 million d’habitants d’Auvergne‑Rhône‑Alpes âgés de 16 à 29 ans, plus de la moitié sont en emploi et près d’un tiers poursuivent des études. Les autres, soit 206 400 jeunes, sont inactifs ou au chômage. Ils représentent 16 % de l’ensemble de la classe d’âge et 24 % de ceux ayant achevé leurs études. À titre de comparaison, 18 % des 30 ans et plus (hors étudiants et retraités) sont inactifs ou au chômage.
Ces jeunes constituent le public cible des politiques publiques en faveur de l’insertion professionnelle. Parmi les dispositifs récents, l’accompagnement des plus éloignés de l’emploi constitue, par exemple, un axe du plan « 1 jeune 1 solution » mis en place en 2020, et concrétisé par le Contrat d’Engagement Jeune (CEJ).
Moins d’inactifs et de chômeurs parmi les jeunes de la région
La proportion de jeunes inactifs ou au chômage (JIC) est plus faible en Auvergne‑Rhône‑Alpes que dans la plupart des autres régions, la classant au troisième rang derrière les Pays de la Loire et la Bretagne (figure 1). En outre, on compte dans la région moins de chômeurs qui déclarent chercher un emploi depuis un an ou plus. Ces meilleurs résultats régionaux peuvent s’expliquer par un bon niveau de formation (23 % des jeunes sont diplômés de l’enseignement supérieur, troisième région après l’Île-de-France et la Bretagne), et par une dynamique de l’emploi plus soutenue (croissance plus élevée qu’en France métropolitaine).
tableauFigure 1 – Répartition de la population âgée de 16 à 29 ans, selon la situation principale, par région
Régions | Chômeurs depuis moins d’un an | Chômeurs depuis un an ou plus | Personnes au foyer | Inactifs | Actifs en emploi |
---|---|---|---|---|---|
Pays de la Loire | 12,5 | 4,0 | 1,2 | 4,7 | 77,6 |
Bretagne | 13,2 | 4,1 | 1,2 | 5,4 | 76,1 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 12,6 | 4,0 | 2,0 | 5,3 | 76,1 |
Île-de-France | 12,1 | 4,6 | 2,1 | 6,5 | 74,8 |
Bourgogne-Franche-Comté | 12,7 | 4,8 | 2,2 | 5,7 | 74,6 |
Nouvelle-Aquitaine | 13,8 | 5,2 | 1,7 | 6,1 | 73,2 |
Centre-Val de Loire | 13,9 | 5,4 | 2,0 | 5,8 | 72,9 |
Normandie | 13,6 | 6,3 | 2,0 | 5,9 | 72,3 |
Grand Est | 13,4 | 5,9 | 2,6 | 5,8 | 72,2 |
Occitanie | 15,1 | 6,1 | 2,5 | 7,5 | 68,9 |
Corse | 13,1 | 4,4 | 3,6 | 10,2 | 68,7 |
Provence-Alpes-Côte d’Azur | 14,6 | 5,7 | 2,9 | 8,6 | 68,3 |
Hauts-de-France | 15,3 | 8,3 | 3,4 | 6,5 | 66,4 |
France métropolitaine | 13,4 | 5,3 | 2,2 | 6,3 | 72,8 |
- Lecture : En Auvergne-Rhône-Alpes, 13 % des résidents du champ de l’étude, âgés de 16 à 29 ans sont chômeurs depuis moins d’un an, 4 % sont chômeurs depuis un an ou plus, 2 % sont au foyer, 5 % sont inactifs et 76 % sont en emploi.
- Champ : Population des ménages, ayant achevé ses études.
- Source : Insee, Recensement de la population 2020, exploitation complémentaire.
graphiqueFigure 1 – Répartition de la population âgée de 16 à 29 ans, selon la situation principale, par région
En dix ans, la part des JIC a légèrement progressé chez les 16-29 ans, nettement plus chez les hommes
Entre 2009 et 2020, la part des JIC dans la population totale de 16-29 ans a progressé d’un point, et de deux points parmi les jeunes ayant achevé leurs études.
Sur la période, le nombre de JIC de 16 à 29 ans a sensiblement augmenté (+7,7 %). L’évolution est un peu plus importante que pour les jeunes de la même tranche d’âge encore élèves ou étudiants (+5,4 %). Le nombre de jeunes en emploi a, quant à lui, diminué (-2,5 %).
Cette hausse du nombre de JIC est principalement le fait des hommes (+16,8 %) alors que la croissance est de seulement 0,7 % pour les femmes. Malgré cela, celles-ci restent encore majoritaires, 53 % en 2020 contre 57 % en 2009. Les immigrés sont nettement surreprésentés dans la population des JIC : 16 % contre 9 % pour l’ensemble des jeunes ayant achevé leurs études.
Sept JIC sur dix recherchent un emploi
Les personnes déclarant chercher un emploi représentent toujours la grande majorité des JIC. Elles sont sept sur dix dans cette situation. Entre les deux périodes, leur poids parmi les JIC est plutôt stable, passant de 71 % à 70 %. Malgré leur jeune âge, l’éloignement de l’emploi peut être durable, 17 % étant à la recherche d’un emploi depuis an ou plus, une part qui n’a pas évolué depuis 2009.
Les personnes qui ne recherchent pas d’emploi, les inactifs, regroupent deux situations. D’une part, celles qui se déclarent « au foyer », très majoritairement des femmes, pouvant endosser ainsi des impératifs familiaux, avec, par exemple, l’arrivée d’un enfant. Cette catégorie représente 9 % des JIC, en forte baisse depuis 2009 (13 % en 2009).
D’autre part, la seconde situation d’inactivité, qui regroupe 22 % des JIC, est composée de jeunes qui ne sont ni chômeurs, ni au foyer. Ils ne recherchent pas d’emploi. Il peut s’agir par exemple de jeunes déscolarisés en attente d’une réorientation ou d’une formation.
L’augmentation globale du nombre de JIC provient presque exclusivement de cette seconde catégorie d’inactifs. La hausse est marquée pour les plus jeunes, +56 % pour les 16-20 ans alors qu’elle est de +33 % pour la tranche 26-29 ans. Cette évolution concerne davantage les hommes (+60 %).
Le lien avec l’enseignement ou l’emploi semble s’être le plus dégradé pour les plus jeunes. Depuis 2009, le nombre de JIC de 16 à 20 ans a fortement augmenté (+16 %), une évolution plus marquée que pour leurs aînés, +3 % pour les 21-25 ans et +8 % pour les 26‑29 ans. Ce constat reste vrai même en prenant en compte les différences d’évolution démographique des tranches d’âges. Pour autant, les populations de ces deux dernières tranches d’âge restent surreprésentées : les 21‑25 ans représentent 41 % des JIC et les 26-29 ans 34 %, contre 25 % pour les 16-20 ans.
Un niveau de diplôme qui augmente mais qui reste peu élevé
Auvergne‑Rhône‑Alpes se caractérise par un niveau de diplôme plus élevé que dans le reste du pays, une situation qui favorise l’insertion professionnelle sur le marché du travail. Les JIC y sont également plus diplômés qu’au niveau national. Leur niveau de formation s’est d’ailleurs accru, comme pour l’ensemble de la population des 16-29 ans. De 2009 à 2020, le nombre de JIC titulaires du baccalauréat a augmenté de 45 % et celui d’un diplôme de niveau bac+3 de 88 %. Par conséquent, la proportion de bacheliers ou plus parmi les JIC, encore minoritaire en 2009 (39 %), atteint 52 % en 2020. À l’inverse, le nombre de JIC sans diplôme ou avec le diplôme national du brevet a diminué de 15 % et celui des titulaires d’un CAP/BEP de 13 %. Malgré ces évolutions, le niveau de diplôme reste moins élevé pour les JIC. La part de non-diplômés est deux fois plus élevée parmi eux (28 % contre 14 %).
Une situation personnelle complexe
Comparées à celles de l’ensemble des résidents d’Auvergne‑Rhône‑Alpes âgés de 16 à 29 ans et sortis du système scolaire, les conditions de vie des jeunes inactifs ou chômeurs sont moins favorables, les contraignant souvent à moins d’autonomie. Près de la moitié d’entre eux partage le domicile de leurs parents, contre 35 % pour l’ensemble de ceux ayant achevé leur étude (figure 2).
Ils vivent aussi plus souvent dans une famille comptant au moins deux chômeurs (15 % contre 4 %). Les JIC sont également plus souvent des enfants d’une famille monoparentale (18 % contre 11 %). Cette situation est plutôt nouvelle et provient d’une forte évolution depuis 2009, +43 % pour les JIC enfants d’une famille monoparentale contre 31 % pour les jeunes ayant achevé leurs études. Les JIC vivant seuls sont moins nombreux (12 % contre 19 %) mais connaissent une forte augmentation : +42 % contre +19 %.
tableauFigure 2 – Caractéristiques de la population âgée de 16 à 29 ans, ayant achevé ses études et résidant en Auvergne-Rhône-Alpes
Caractéristique | Ensemble des jeunes inactifs ou au chômage en 2020 | Groupe 1 | Groupe 2 | Groupe 3 | Groupe 4 | Groupe 5 | Ensemble des jeunes ayant achevé leurs études – 2020 | Comparaison à 2009 | ||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Jeunes, majoritaire-ment des hommes, vivant chez leurs parents | Majoritairement en couple, souvent diplômés du supérieur | Célibataires vivant seuls ou en colocation, dans l’urbain | Personnes au foyer | Adultes d’une famille monoparentale, peu diplômés | Structure en 2009 | Évolution 2009-2020 | ||||
Unité | Effectif | % | % | % | % | % | % | % | % | % |
Poids des groupes | 100 | 43 | 22 | 17 | 15 | 4 | ||||
Type d’activité | ||||||||||
Chômeur depuis moins d’un an | 108 520 | 53 | 54 | 63 | 61 | 26 | 40 | 13 | 54 | +5,3 |
Chômeur depuis un an ou plus | 34 770 | 17 | 19 | 17 | 15 | 12 | 21 | 4 | 17 | +5,4 |
Personne au foyer | 17 590 | 9 | 0 | 3 | 1 | 46 | 24 | 2 | 13 | -29,0 |
Inactif | 45 520 | 22 | 27 | 17 | 23 | 16 | 15 | 5 | 16 | +46,6 |
Ensemble | 206 400 | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 | 100 | 24 | 100 | +7,7 |
Caractéristiques individuelles | ||||||||||
Femme | 109 440 | 53 | 37 | 62 | 46 | 83 | 95 | 48 | 57 | +0,7 |
Homme | 96 960 | 47 | 63 | 38 | 54 | 17 | 5 | 52 | 43 | +16,8 |
16-20 ans | 52 480 | 25 | 45 | 8 | 21 | 5 | 7 | 17 | 24 | +15,6 |
21-25 ans | 84 690 | 41 | 41 | 46 | 44 | 34 | 37 | 41 | 43 | +3,3 |
26-29 ans | 69 230 | 34 | 15 | 46 | 35 | 61 | 57 | 41 | 34 | +7,7 |
Sans diplôme ou diplôme national du brevet | 57 740 | 28 | 34 | 15 | 20 | 35 | 40 | 14 | 36 | -15,4 |
CAP-BEP | 41 500 | 20 | 21 | 18 | 17 | 21 | 31 | 18 | 25 | -13,1 |
Bac | 58 830 | 29 | 32 | 20 | 35 | 26 | 20 | 29 | 21 | +44,6 |
Diplôme de l’enseignement supérieur | 48 330 | 23 | 12 | 48 | 28 | 18 | 10 | 39 | 18 | +38,1 |
Immigré | 33 700 | 16 | 9 | 11 | 18 | 44 | 21 | 9 | 15 | +14,6 |
Environnement familial / logement | ||||||||||
Vit chez ses parents | 97 180 | 47 | 100 | 17 | 2 | 4 | 0 | 35 | 41 | +23,7 |
Vit seul ou en colocation | 37 300 | 18 | 0 | 6 | 98 | 2 | 0 | 25 | 17 | +13,1 |
Vit en couple | 63 400 | 31 | 0 | 78 | 0 | 94 | 0 | 38 | 37 | -11,0 |
Parent isolé | 8 520 | 4 | 0 | 0 | 0 | 0 | 100 | 2 | 5 | +0,0 |
- Note : Dans ce tableau, les données sont arrondies au plus près de leurs valeurs réelles. La somme de ces données, quand elle est présente, peut être de fait légèrement différente du total attendu (100).
- Lecture : En Auvergne-Rhône-Alpes, 108 520 jeunes inactifs ou au chômage sont chômeurs depuis moins d’un an, soit 53 %. Ils sont 13 % dans l’ensemble des résidents d’âgés de 16 à 29 ans du champ de l’étude.
- Champ : Population des ménages, ayant achevé ses études.
- Source : Insee, Recensement de la population 2020, exploitation complémentaire.
Cinq profils de JIC en Auvergne‑Rhône‑Alpes
Les situations de ces jeunes sont liées à la fois à des facteurs individuels, tels que l’âge ou le niveau de diplôme, et à des caractéristiques familiales : les conditions de logement (notamment le fait de vivre chez ses parents), la présence d’un conjoint ou d’enfants ou le fait d’être parent isolé, ou encore le nombre de voitures dans le foyer, élément favorisant la mobilité.
En 2020, l’ensemble des conditions observées fait apparaître cinq groupes d’individus, reflétant des difficultés d’insertion professionnelle différentes (figure 3), qu’elles soient liées au décrochage scolaire, à la mobilité ou à des conditions de vie précaires.
Le premier profil, « jeunes, majoritairement des hommes, vivant chez leurs parents » est le plus représenté et concentre 43 % des JIC de la région. Le principal obstacle à leur insertion professionnelle semble être lié à leur décrochage du système scolaire. Comparés à l’ensemble des JIC, ils ont en effet plus souvent quitté le système scolaire avec le diplôme national du brevet comme seul diplôme, sont plus fréquemment inactifs et plus rarement diplômés de l’enseignement supérieur. Ce profil est également plus masculin et plus jeune qu’en moyenne. Tous sont célibataires et partagent le domicile de leurs parents. Ils vivent plus souvent au sein d’une famille monoparentale ou dans une famille plus grande qu’en moyenne et comptant deux chômeurs au moins. Près des trois quarts d’entre eux habitent dans l’espace urbain où les transports en commun facilitent la mobilité. Plus de la moitié vivent dans une famille possédant au moins deux voitures, situation corrélée au fait d’habiter chez les parents. Leur famille est plus souvent propriétaire de son logement, plus fréquemment une maison qu’un appartement.
tableauFigure 3 – Répartition des jeunes inactifs ou au chômage selon leur situation principale, en Auvergne-Rhône-Alpes
Groupe | Chômeurs depuis moins d’un an | Chômeurs depuis un an ou plus | Personnes au foyer | Inactifs |
---|---|---|---|---|
Groupe 1 – Jeunes, majoritairement des hommes, vivant chez leurs parents | 47 673 | 16 549 | 0 | 23 681 |
Groupe 2 – Majoritairement en couple, souvent diplômés du supérieur | 28 459 | 7 648 | 1 517 | 7 586 |
Groupe 3 – Célibataires vivant seuls ou en colocation, dans l’urbain | 21 033 | 5 243 | 255 | 8 108 |
Groupe 4 – Personnes au foyer | 7 940 | 3 531 | 13 820 | 4 892 |
Groupe 5 – Adultes d’une famille monoparentale, peu diplômés | 3 416 | 1 801 | 1 995 | 1 254 |
- Lecture : Le premier groupe (« Jeunes, majoritairement des hommes, vivant chez leurs parents ») compte 87 900 personnes ; parmi elles, près de 47 700 sont chômeurs depuis un an ou plus, 16 500 sont chômeurs depuis plus an et 23 700 sont inactifs.
- Champ : Population des ménages, ayant achevé ses études.
- Source : Insee, Recensement de la population 2020, exploitation complémentaire.
graphiqueFigure 3 – Répartition des jeunes inactifs ou au chômage selon leur situation principale, en Auvergne-Rhône-Alpes
Le second profil, « majoritairement en couple, souvent diplômés du supérieur », plus souvent féminin, concentre 22 % des JIC. Leur niveau de diplôme et leurs conditions de vie favorisent une insertion professionnelle rapide ; ils sont, pour la plupart, en recherche d’emploi depuis moins d’un an. Près de la moitié d’entre eux sont diplômés de l’enseignement supérieur. Dans ce groupe, la part des titulaires du seul diplôme national du brevet est la plus faible.
Ces jeunes ont le plus souvent quitté le domicile parental pour s’installer majoritairement en couple (78 %) ou seuls (figure 4). Autonomes, ils apparaissent également moins exposés aux difficultés liées à la mobilité ou à la précarité : 46 % vivent dans une famille disposant d’au moins deux voitures, 26 % sont propriétaires de leur logement, 32 % habitent une maison.
tableauFigure 4 – Répartition des jeunes inactifs ou au chômage selon leur situation familiale, en Auvergne-Rhône-Alpes
Groupe | Enfants d’un couple | Enfants d’une famille monoparentale | Adultes en couple avec enfant(s) | Adultes en couple sans enfants | Adultes d’une famille monoparentale | Adultes vivant seuls | Adultes vivant en colocation |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Ensemble des 16-29 ans ayant achevé leurs études | 2 | 19 | 14 | 11 | 24 | 24 | 6 |
Ensemble des jeunes inactifs ou en recherche d’emploi | 29 | 18 | 17 | 13 | 4 | 12 | 6 |
Groupe 1 – Jeunes, majoritairement des hommes, vivant chez leurs parents | 62 | 38 | 0 | 0 | 0 | 0 | 0 |
Groupe 2 – Majoritairement en couple, souvent diplômés du supérieur | 12 | 5 | 34 | 44 | 0 | 6 | 0 |
Groupe 3 – Célibataires vivant seuls ou en colocation, dans l’urbain | 1 | 1 | 0 | 0 | 0 | 64 | 34 |
Groupe 4 – Personnes au foyer | 2 | 1 | 68 | 26 | 0 | 2 | 0 |
Groupe 5 – Adultes d’une famille monoparentale, peu diplômés | 0 | 0 | 0 | 0 | 100 | 0 | 0 |
- Lecture : Le premier groupe (« Jeunes, majoritairement des hommes, vivant chez leurs parents ») est composé de 61 % d’enfants vivant avec le couple parental et de 39 % d’enfants d’une famille monoparentale.
- Champ : Population des ménages, ayant achevé ses études.
- Source : Insee, Recensement de la population 2020, exploitation complémentaire.
graphiqueFigure 4 – Répartition des jeunes inactifs ou au chômage selon leur situation familiale, en Auvergne-Rhône-Alpes
Le troisième profil, « célibataires vivant seuls ou en colocation dans l’urbain » rassemble 17 % des JIC. Ce groupe compte une majorité de jeunes urbains, hommes ou femmes qui apparaissent en situation transitoire avant une insertion professionnelle. Moins souvent sans diplôme que l’ensemble des JIC, ces jeunes célibataires possèdent le plus souvent un bac (35 %) ou un diplôme de l’enseignement supérieur (28 %). Ils sont majoritairement chômeurs depuis moins d’un an ou inactifs, et résident plus fréquemment dans l’espace urbain, dans une location meublée pour 21 % d’entre eux.
Le quatrième profil, « personnes au foyer », majoritairement composé de femmes, concerne 15 % des JIC. Les personnes de ce groupe sont peu diplômées. Résidant plus fréquemment qu’en moyenne dans l’espace urbain, elles sont également plus souvent locataires d’un logement social. Enfin, dans ce groupe, la part de la population immigrée est plus élevée que dans l’ensemble des JIC (44 % contre 16 % dans l’ensemble).
Le cinquième profil, « adultes d’une famille monoparentale, peu diplômés », concentre 4 % des JIC. Il est composé à 95 % de femmes, cumulant les difficultés. Assumant seules la charge des enfants, leurs conditions de vie limitent leur disponibilité et les possibilités de déplacement pour chercher puis occuper un emploi. 40 % d’entre elles n’ont pas de diplôme ou le seul diplôme national du brevet, elles sont, plus souvent qu’en moyenne, au chômage depuis un an ou plus. Résidant plus fréquemment dans l’espace urbain, elles sont également pour plus de la moitié locataires d’un logement social (55 %) et possèdent moins souvent une voiture.
Encadré 1 – Les inscriptions à France Travail sur la période 2009-2020 : les jeunes moins touchés par la hausse
Depuis la crise de 2008-2009, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à France Travail (ex ‑ Pôle emploi) en catégories A, B ou C (tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi) a plus que doublé. Entre fin décembre 2009 et fin décembre 2019 plus spécifiquement, l’augmentation atteint 46 %, le volume d’inscrits passant de 434 000 à 632 000. Sur cette période, le nombre des demandeurs d’emploi de moins de 30 ans s’accroît de 13 %, allant de 152 000 à 172 000. Plus finement, cette évolution résulte d’une hausse bien plus prononcée chez les 26 à 29 ans (+26 %, soit deux fois plus que la moyenne des moins de 30 ans), d’une croissance légèrement moindre chez les 21 à 25 ans (+9 %) et d’une baisse pour les plus jeunes (-4 % pour les 16 à 20 ans).
Avec cette évolution bien moins importante que pour l’ensemble des demandeurs d’emploi, le poids des moins de 30 ans, de 35 % en 2009, diminue pour atteindre 27 % en 2019. Sur cette même décennie, la part des femmes inscrites suit une tendance à la hausse ; c’est également le cas chez les jeunes où elles deviennent majoritaires, en passant de 47 % à 51 %.
En termes d’activité, depuis 2009, les jeunes recherchent majoritairement un emploi dans le domaine du commerce, de la vente et de la grande distribution, cette caractéristique étant plus forte encore chez les plus jeunes. Entre 2009 et 2019, leur intérêt se porte moins vers les métiers de l’industrie ou de la construction et du BTP, mais plus vers ceux de l’hôtellerie‑restauration, du tourisme, des loisirs et de l’animation.
Encadré 2 – Mot des partenaires
Avec un nombre d’inscrits en tant que demandeurs d’emploi qui augmente sur le 1er semestre 2024, les jeunes sont plus exposés aux fluctuations du marché de l’emploi. Sept jeunes inactifs ou au chômage sur dix recherchent un emploi. Et malgré leur jeune âge, l’éloignement de l’emploi peut être durable. Les conclusions de cette étude nous permettent de mieux comprendre les obstacles spécifiques que rencontrent les jeunes ni en emploi, ni en formation.
Sur la base de ces faits, il s’agit de mettre en commun nos savoir-faire pour renforcer nos actions et accompagner les jeunes vers une insertion professionnelle réussie.
Isabelle Notter – Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités Frédéric Toubeau – Direction régionale de France Travail Auvergne-Rhône-Alpes
Pour comprendre
La typologie a été élaborée par une analyse en composantes multiples suivie d’une classification ascendante hiérarchique sur les critères suivants : le fait de rechercher ou non un emploi et l’ancienneté de cette recherche, le sexe, l’âge, le niveau de diplôme, le mode de cohabitation, le statut conjugal, être immigré ou non, résider dans une commune urbaine ou rurale.
L’encadré porte sur les demandeurs d’emploi en fin de mois (DEFM) définis comme les personnes inscrites à France Travail et ayant une demande en cours au dernier jour du mois. Cette population n’est pas comparable avec celle des JIC : les statistiques de France Travail ne couvrent pas, par définition, le champ des jeunes qui ne sont pas en recherche active d’emploi.
Sources
Les résultats présentés proviennent essentiellement du recensement de la population, millésimes 2009 et 2020. L’étude porte sur la population des ménages âgée de 16 à 29 ans, ayant achevé sa formation initiale, résidant en Auvergne‑Rhône‑Alpes et déclarant comme situation principale être en recherche d’emploi ou inactive. Cet ensemble est appelé ici « jeunes inactifs ou au chômage » (JIC). Au recensement, les personnes inactives peuvent se déclarer « homme ou femme au foyer », les autres étant classés dans la modalité « autres inactifs ». Dans cette étude, par commodité de langage, la catégorie des « autres inactifs » est nommée « inactifs » et correspond aux inactifs qui ne se déclarent pas « au foyer ».
Pour en savoir plus
(1) Gauthey G., Privas C., « Une insertion professionnelle des 16-29 ans très hétérogène, mais toujours fortement liée au diplôme », Insee Analyses Auvergne‑Rhône‑Alpes no 157, décembre 2022.
(2) Bianco E., Martin M., « L’inactivité et le chômage des jeunes sont un peu moins fréquents dans la région », Insee Analyses Auvergne‑Rhône‑Alpes no 92, janvier 2020.
(3) Kaiser O., « Jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation : moins présents dans la région », Insee Analyses Pays de la Loire no 98, décembre 2021.
(4) Graff D., « Ouvrir dans un nouvel ongletChômage, emploi et niveau de vie des personnes de 20 à 29 ans, en Auvergne‑Rhône‑Alpes », Dreets Auvergne‑Rhône‑Alpes, décembre 2022.