Insee Analyses Pays de la Loire · Décembre 2021 · n° 98

Jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation : moins présents dans la région

Entre 15 et 29 ans, les jeunes quittent le système scolaire et font leurs premiers pas dans la vie adulte avec l’entrée dans la vie active pour une très grande majorité d’entre eux. Une partie des jeunes n’y entre pas ou pas durablement, pour des raisons très diverses. Les jeunes inactifs ou au chômage et non inscrits en formation sont désignés par le terme NEET, acronyme anglais de neither in employment nor in education or training . Ils représentent une des populations cible des politiques d’accompagnement vers l’emploi telles que le plan national « 1 jeune, 1 solution » ou la Garantie jeunes. Derrière le terme NEET, les questions de sortie précoce du système éducatif et de risque d’abandon de recherche d’emploi pour les jeunes pas ou peu diplômés sont sous-jacentes, mais pas uniquement : les choix des rôles familiaux des femmes et des hommes sont aussi déterminants dans ces classes d’âge.

En 2019, 10,8 % des jeunes âgés de 15 à 29 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation dans les Pays de la Loire, soit environ 70 000 jeunes NEET, selon la définition d’Eurostat.

Cette part est inférieure à celle du niveau national (12,9 % en France, hors Mayotte) (figure 1), aussi bien pour les femmes que pour les hommes.

De fait, les jeunes ligériens sortent moins fréquemment du système scolaire sans diplôme, ils font en moyenne des études plus courtes et s’insèrent plus tôt et plus facilement qu’ailleurs sur le marché du travail. Cette insertion précoce est notamment liée à la forte tradition de l’apprentissage dans la région.

Les 15-29 ans sont aussi plus souvent en emploi, en raison d’un taux de chômage inférieur à celui du niveau national (pour en savoir plus). Comme au niveau national, les femmes sont plus souvent NEET que les hommes : 11,6 % des Ligériennes contre 10,1 % des Ligériens.

Si les filles font des études plus longues que les garçons, les femmes sont moins présentes sur le marché du travail que les hommes après la naissance des enfants.

Au niveau national, les jeunes NEET se répartissent en trois catégories en fonction de leur position sur le marché du travail : 47 % sont au chômage, 33 % sont inactifs et ne souhaitent pas travailler, et enfin 20 % sont inactifs et souhaitent travailler (soit les personnes situées dans le halo autour du chômage).

Les Pays de la Loire comptent proportionnellement moins d’inactifs ne souhaitant pas travailler, et davantage de chômeurs ou personnes dans le halo autour du chômage.

La part de NEET augmente avec l’âge. Chez les 15-19 ans, un jeune sur vingt est NEET. Cette part est identique dans la région et au niveau national et reste assez marginale : la scolarité est obligatoire jusqu’à 16 ans et la proportion de bacheliers dans une génération est de 80 % en 2019 en France.

Chez les 20-29 ans, un Ligérien sur sept est NEET. Les NEET sont moins représentés dans cette tranche d’âge dans les Pays de la Loire : la part y est inférieure de 2 points à la moyenne nationale.

La situation des NEET est très variée : sexe et situation familiale, niveau de diplôme et origine sociale sont quelques-uns des facteurs déterminant le choix et les possibilités des jeunes à aller vers le marché du travail. Certaines situations semblent a priori plutôt subies tandis que d’autres pourraient sembler plutôt choisies, comme une interruption du travail pour s’occuper de ses enfants.

Les choix individuels résultent d’un arbitrage complexe notamment en période de crise économique, et alors que les jeunes sont davantage confrontés au chômage que les autres actifs.

De plus, même si un jeune souhaite intégrer le marché du travail, le parcours d’insertion professionnelle peut présenter des épisodes d’alternance entre emploi et chômage. Ainsi, un jeune peut être NEET de façon temporaire, régulière (entre deux emplois successifs) ou durable. Cette dernière situation présente davantage de risques socioéconomiques (pour en savoir plus). La caractérisation des NEET au niveau régional nécessite d’avoir une approche plus large et inclut des situations non comprises dans la définition d’Eurostat (sources). Quatre profils de NEET se distinguent (figure 2).

Parmi les NEET, ceux dont la situation est la plus fragile sont principalement « Sans diplôme éloignés de l’emploi ». Ils représentent un NEET sur six (16 %). Ce profil compte 63 % d’hommes et les 15-19 ans y sont surreprésentés. Trois jeunes sur quatre n’ont pas de diplôme ou seulement le brevet des collèges et sont donc sortis précocement du système éducatif (figure 3). Or, le diplôme est décisif : 57 % des NEET sans diplôme recherchent un emploi, soit 20 points de moins que les NEET titulaires d’un CAP ou BEP. De fait, 70 % des NEET de ce profil se déclarent inactifs, certains se trouvant dans le halo autour du chômage.

Les NEET de nationalité étrangère sont deux fois plus nombreux dans ce profil qu’en moyenne sur l’ensemble des NEET (20 % de nationalité étrangère contre 9 % pour l’ensemble des NEET).

Si 36 % des NEET « Sans diplôme éloignés de l’emploi » vivent encore chez leurs parents, une majorité vit hors du cadre familial traditionnel : ils vivent en colocation (avec des parents ou des amis), en établissement de soin, en habitation mobile voire sans abri, ou plus minoritairement encore, en prison. Ainsi, parmi les NEET, figurent des jeunes ayant des problèmes de santé ou des parcours de vie marginaux impliquant des difficultés d’insertion sociale.

Parmi les NEET, le profil qui recueille la part de NEET la plus élevée est celui qui comprend une majorité de « Jeunes en difficulté d’insertion professionnelle ». Il représente un NEET sur trois. Ces jeunes peinent parfois à gagner leur autonomie, puisqu’ils sont plus que les autres profils, en recherche d’emploi depuis plus d’un an (31 % des cas contre 19 % de l’ensemble des NEET) (figure 4).

Ce profil compte 69 % d’hommes et la part des très jeunes est élevée (la moitié a moins de 21 ans).

Le niveau de diplôme s’en ressent avec une surreprésentation des niveaux CAP, BEP et Bac professionnel. Neuf jeunes sur dix se déclarent chômeurs et vivent encore chez leurs parents. Ces jeunes attendent en effet d’avoir une situation stable pour quitter le foyer parental.

Le profil des « Mères isolées ou en couple » représente 29 % des NEET. En grande majorité, ce sont des personnes en recherche d’emploi (70 %).

Ce profil a un âge médian de 26 ans. Deux sous profils se distinguent : les mères isolées (5 % du total des NEET) et les mères en couple (24 %). Les mères isolées ont des niveaux de diplôme plus faibles que les mères en couple : 40 % d’entre elles sont sans diplôme tandis que les mères en couple ont un niveau de diplôme proche de celui de l’ensemble des NEET (figure 5).

Les jeunes mères isolées sans emploi et sans diplôme cumulent les risques de pauvreté et de difficultés d’insertion professionnelle qui les fragilisent sur le plan socioéconomique.

Le profil dans lequel les « Chômeurs diplômés du supérieur » sont majoritaires, représente un NEET sur cinq. Les jeunes ayant ce profil sont probablement NEET de façon temporaire, l’augmentation du niveau de diplôme facilitant l’insertion professionnelle. Dans ce profil, 69 % des jeunes ont un diplôme d’études supérieures et huit sur dix sont en recherche d’emploi depuis moins d’un an (figure 6). Une majorité a quitté le domicile parental pour s’installer seul (43 %), voire en couple (16 %) tandis que 36 % vivent encore chez leurs parents.

Ce profil est le plus mixte de tous avec une quasi-égalité entre hommes et femmes et une répartition équitable entre les tranches d’âges 20-24 ans et 25-29 ans.