Insee Première · Avril 2024 · n° 1994

Un recours plus fréquent à la formation en 2022 pour les personnes en emploi et les plus diplômées

En 2022, en France, 47 % des personnes âgées de 18 à 69 ans ayant terminé leur formation initiale déclarent avoir suivi au moins une formation au cours des douze derniers mois (figure 1), soit 18 millions de personnes.

Les formations peuvent être de natures diverses. Certaines permettent d’obtenir un diplôme ou un titre reconnu (formations formelles), d’autres (formations non formelles) n’octroient aucun diplôme, mais peuvent donner lieu à une certification (certificat de qualification professionnelle, permis, etc.). Hors formation initiale, très peu de personnes (1 %) suivent des formations formelles. Il s’agit essentiellement de jeunes adultes reprenant des études après une interruption de plus d’un an.

La quasi-totalité des personnes formées en 2022 suivent au moins une formation non formelle. Les formations non formelles peuvent être suivies dans un but professionnel, que ce soit dans le cadre d’un emploi ou d’une recherche d’emploi, ou dans un but personnel. Le taux d’accès à celles à but professionnel s’élève à 36 %, contre 20 % pour celles à but personnel.

Toutes formations confondues, les personnes en emploi se forment plus souvent (57 %) que celles se déclarant au chômage (43 %) ou inactives (21 %). Ces différences s’expliquent principalement par les formations non formelles à but professionnel : 49 % des personnes en emploi en ont suivi au moins une, contre 28 % des chômeurs et 5 % des personnes inactives.

Le statut d’activité est celui observé au moment de l’enquête, quelle que soit la situation au moment de l’entrée en formation. Le changement de situation entre l’entrée en formation et la date de l’enquête est plus fréquent pour les personnes se déclarant au chômage à la date de l’enquête. Ainsi, 38 % des formations à but professionnel suivies par des chômeurs au moment de l’enquête ont débuté alors que ceux-ci étaient encore en emploi. Le taux d’accès à la formation des chômeurs au moment de l’entrée en formation est ainsi plus faible : 23 % (sources et méthodes).

Sur un champ commun aux éditions 2016 et 2022 de l’enquête, celui des personnes de 18 à 64 ans résidant en France métropolitaine et sorties de formation initiale, le taux d’accès à la formation s’est maintenu en six ans, à 51 %. Cette stabilité s’observe quel que soit le type de formation pris en compte.

Cependant, depuis 2016, certaines catégories de population se forment davantage. Le taux d’accès à la formation non formelle à but professionnel augmente de 4 points pour les chômeurs et de 3 points pour les inactifs (figure 2). Inversement, il est stable pour les personnes en emploi, qui représentent la grande majorité des personnes âgées de 18 à 64 ans.

Les progressions observées pour les chômeurs et les inactifs interviennent dans un contexte où différentes mesures sont mises en place depuis 2018 en faveur de la formation de ces populations, dont trois en particulier : le plan d'investissement dans les compétences (PIC) visant à favoriser l’accès à la formation professionnelle des publics vulnérables sur le marché du travail ; le programme « 1 jeune 1 solution », qui, depuis 2020, a pour objectif de faciliter l’insertion sur le marché du travail des jeunes notamment par le biais d’accompagnements, par les missions locales et France Travail (ex Pôle emploi), et de formations ; la réforme en 2019 du compte personnel de formation (CPF), qui permet de financer des formations sans intermédiaire.

L’accès à la formation est stable entre 18 et 44 ans (57 %), puis se réduit progressivement jusqu’à 20 % pour les 65-69 ans (figure 1). S’agissant de la seule formation non formelle à but professionnel, son accès augmente graduellement jusqu’au milieu de carrière et se réduit ensuite, reculant particulièrement à partir de 55 ans. Ainsi, seuls 24 % des 55-64 ans ont suivi une formation non formelle professionnelle, du fait de transitions plus fréquentes vers l’inactivité et d’un moindre accès des seniors à la formation dans le cadre professionnel [Ouvrir dans un nouvel ongletDubois et al., 2023]. Pour les personnes de 55-64 ans en emploi, le taux d’accès à la formation non formelle à but professionnel s’élève à 39 %, contre 54 % des 35-44 ans. Quant au recours à la formation non formelle à but personnel, plus fréquent chez les jeunes, il se réduit au fur et à mesure que l’âge augmente.

Entre 2016 et 2022, le taux d’accès à la formation non formelle professionnelle augmente significativement pour les plus jeunes, une classe d’âge ciblée par plusieurs dispositifs de politique publique (+6 points), ainsi que pour les personnes entre 45 et 54 ans (+4 points), classe d’âge au sein de laquelle les personnes diplômées du supérieur long sont plus nombreuses en 2022 qu’en 2016 (figure 2). Les taux d’accès des autres tranches d’âge stagnent ou s’accroissent de manière moins marquée. Pour l’ensemble des 18-64 ans, le taux d’accès reste stable en moyenne entre 2016 et 2022 par un effet de structure : les personnes plus âgées, moins susceptibles de se former professionnellement, sont plus nombreuses en 2022 qu’en 2016.

En 2022, comme par le passé, le recours à la formation est équivalent entre les hommes et les femmes tous types de formation confondus. Toutefois, le taux d’accès à la formation non formelle à but professionnel des hommes est légèrement supérieur à celui des femmes (38 % contre 35 %), ces dernières étant plus souvent inactives [Bernard et al., 2018]. En revanche, elles sont davantage à suivre des formations non formelles à but personnel : 24 %, contre 16 % des hommes.

L’accès à la formation varie fortement selon le niveau de diplôme. Tous types de formation confondus, parmi les personnes âgées de 18 à 69 ans en France, 72 % des diplômés du supérieur long (au-delà de bac+2) ont suivi au moins une formation au cours des douze derniers mois, contre 27 % des personnes ayant un diplôme inférieur au baccalauréat. Ce lien entre taux d’accès et niveau de diplôme reste valable qu’il s’agisse d'une formation non formelle à but professionnel ou à but personnel, mais de façon moins marquée pour cette dernière.

Ce résultat est également vrai à statut d’activité donné. Parmi les personnes en emploi, 66 % des diplômés du supérieur long ont suivi au moins une formation non formelle à but professionnel au cours des douze derniers mois, contre 28 % des personnes ayant un diplôme inférieur au baccalauréat. Le taux d’accès à la formation non formelle à but professionnel des personnes en emploi diffère ainsi nettement selon la catégorie socioprofessionnelle : 68 % pour les cadres et 60 % pour les professions intermédiaires, contre 39 % pour les employés et 33 % pour les ouvriers (figure 3). Des écarts comparables avaient été constatés lors des enquêtes de 2016 et 2012 [Gossiaux, Pommier, 2013].

Les résidents des départements d’outre-mer (DOM) se forment moins (29 %) que ceux de France métropolitaine (48 %). Dans les DOM, à caractéristiques individuelles données (sexe, tranche d’âge, etc.), la participation à la formation reste moins fréquente que dans l’Hexagone.

Les habitants des quartiers relevant de la politique de la ville (QPV) se forment moins (31 %) que les habitants des autres quartiers (48 %), notamment du fait de la surreprésentation des chômeurs et des personnes peu diplômées, ces derniers ayant moins accès à la formation que le reste de la population.

Parmi les personnes en emploi, des disparités d’accès à la formation non formelle à but professionnel existent. Les salariés du secteur public y ont davantage recours (60 %) que ceux du secteur privé (47 %) ou que les travailleurs indépendants (40 %).

Dans le secteur privé, la participation à la formation varie selon l’activité de l’employeur. Deux tiers des salariés relevant du secteur des services financiers ont suivi une formation non formelle à but professionnel en 2022, et plus de la moitié dans l’industrie, l’information-communication, les services aux entreprises et dans le secteur de l’enseignement, la santé humaine et l’action sociale privés. À l’opposé, seul un salarié sur trois de l’agriculture et de la construction, et quatre sur dix des secteurs du commerce, des transports et de l’hébergement-restauration ont suivi une telle formation.

La composition des secteurs selon la qualification des emplois et la taille des établissements explique en grande partie ces écarts. Ainsi, les secteurs où les personnes se forment le plus sont ceux où les cadres et les professions intermédiaires sont les plus présents. Ce sont aussi ceux où les établissements de grande taille sont relativement plus nombreux. En effet, les salariés des établissements privés de 250 personnes ou plus se forment presque deux fois plus souvent que ceux des petites structures (62 %, contre 32 % pour les établissements de moins de 10 salariés).

Par ailleurs, le recours à la formation des salariés du privé reste très variable selon le type de contrat. Dans le secteur privé, près de la moitié des personnes en contrat à durée indéterminée (CDI) ont suivi au moins une formation à but professionnel en 2022, contre seulement un tiers de celles en contrat à durée déterminée (CDD) ou intérim, un constat qui reste comparable à ceux des précédentes enquêtes.

70 % des formations non formelles suivies par les personnes en emploi comme au chômage ont un objectif professionnel, une proportion stable par rapport à 2016. Cependant, les caractéristiques des formations à but professionnel suivies diffèrent pour ces deux groupes.

Les formations non formelles à but professionnel suivies par les personnes se déclarant au chômage à l’entrée en formation sont beaucoup plus longues : en 2022, 42 % ont duré plus de 60 heures, contre seulement 6 % pour celles suivies par les personnes en emploi [Forment, Lombardo, 2018] (figure 4). Les deux tiers des formations suivies par les chômeurs le sont à l’initiative de leur bénéficiaire et un quart à l’initiative du service public de l’emploi. Les formations suivies par les personnes se déclarant au chômage sont motivées par l’obtention d’un nouvel emploi, avec pour objectif de les aider à trouver du travail et/ou à changer de métier (39 % des formations suivies), à améliorer les perspectives de carrière (18 %) ou à créer une entreprise (18 %).

Les formations suivies par les personnes en emploi visent plus fréquemment à améliorer les connaissances ou compétences sur un sujet qui intéresse leur bénéficiaire (28 %) ou à mieux faire son travail (24 %). Ces formations répondent également souvent à des obligations à la demande de l’employeur ou à la suite d'obligations réglementaires (18 %) ou à des changements d’organisation de l’entreprise (14 %). Deux tiers d’entre elles sont à l’initiative de l’employeur.

Seules 3 % des formations non formelles à but professionnel sont financées par le compte personnel de formation (CPF), dispositif qui s’adresse à tous les actifs. Cette part est cependant plus élevée pour les chômeurs (13 %).

Pour les personnes en emploi comme pour les chômeurs, en 2022, près d’un tiers des formations non formelles à but professionnel sont dispensées à distance ou dans un format mixte (sur site et à distance). La formation à distance s’est fortement développée ces dernières années, alors qu’elle était marginale en 2016. Toutefois, les formations non formelles à but professionnel restent dispensées majoritairement sur site (69 %).