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Insee Analyses Ile-de-France · Mars 2024 · n° 184
Insee Analyses Ile-de-FranceL’Île-de-France, première région d’implantation des établissements de la filière spatiale

Augustin Moreau, Élisabeth Prévost (Insee), Florence Rey, Julien Theisse (conseil régional d’Île-de-France), Matéo Bonnassieux (Centre national d'études spatiales), Sébastien Courrech (ASTech)

En Île-de-France, la filière spatiale regroupe 576 établissements et 8 550 salariés dédiés à l’activité spatiale en 2020. Avec un quart des effectifs nationaux, la région capitale est la deuxième région employeuse derrière l’Occitanie, mais la première s’agissant de l’implantation des établissements. La filière spatiale francilienne se caractérise par une concentration géographique dans les Yvelines et les Hauts-de-Seine.

Du fait de la présence de fonctions de commandement et de conception, à haute valeur ajoutée, le secteur tertiaire y est prédominant et regroupe la moitié des emplois franciliens dédiés à l’activité spatiale.

Insee Analyses Ile-de-France
No 184
Paru le :Paru le11/03/2024

La filière spatiale, un secteur d'excellence de l'industrie

La filière spatiale regroupe les entreprises dont l’activité concourt in fine à la construction d’astronefs ou de leurs moteurs, que ce soit pour un usage civil ou militaire. Elle recouvre les activités d’études, de conception, de fabrication, de commercialisation ou de certification de pièces, de sous-ensembles, d’équipements, de systèmes embarqués, d’outils et de logiciels spécifiques à la construction spatiale. Elle représente un secteur d’excellence de l’industrie hautement stratégique (encadré). Elle fait face à une forte concurrence, notamment émanant de nouveaux acteurs internationaux (Chine, Japon, SpaceX aux États-Unis…), et à l’accélération de l’innovation technique et technologique. Elle bénéficie cependant d’une solide et ancienne expertise dans ce domaine depuis le lancement du premier satellite français, Astérix, en 1965. En coopération avec d’autres pays européens, la filière a mis en place des programmes de référence au niveau mondial tels que la série de lanceurs Ariane, le système d’observation de la Terre Copernicus ou encore l’infrastructure de navigation par satellite Galileo. Cette étude vise à analyser les caractéristiques de la filière spatiale en Île-de-France au regard de l’écosystème spatial français, dont elle constitue avec le sud-ouest l’un des deux pôles principaux. Il s’agit de la première étude spécialisée sur ce domaine et centrée sur la région francilienne.

8 550 salariés dédiés au spatial en Île-de-France

En 2020, la mobilise 540 entreprises sur le territoire francilien et 576 établissements. Ceux-ci emploient 72 600 salariés, dont 8 550 sont uniquement à l’activité spatiale, soit 12 % de l’effectif de ces établissements. Les deux tiers des établissements relevant de la filière régionale sont des petites et moyennes entreprises (PME) alors que 23 % dépendent d’établissements de taille intermédiaire (ETI) et 10 %, de grandes entreprises. Toutefois, en nombre d’emplois salariés dédiés, la répartition par diffère. Ainsi, seuls 12 % des effectifs dédiés travaillent dans une PME et 24 % dans une ETI, l’emploi se concentrant à 64 % dans les grandes entreprises (figure 1). Cette concentration de l’emploi dans de grandes structures est une caractéristique de la filière. En effet, dans l’ensemble de l’économie régionale, ces dernières regroupent 35 % des emplois salariés.

La filière est dominée par quelques grands groupes comme ArianeGroup ou Airbus Defence and Space, qui sont les seuls en France à avoir les moyens d’assurer la maîtrise d’ouvrage des produits finaux. Ces groupes font ensuite appel à un réseau de sous-traitants, qui ne sont pas nécessairement spécialisés dans le secteur spatial et qui dépendent, pour le processus de fabrication, des spécifications fournies par leurs clients.

Figure 1Répartition des établissements et des salariés dédiés de la filière spatiale par catégorie d’entreprise en Île-de-France et en France

(en %)
Répartition des établissements et des salariés dédiés de la filière spatiale par catégorie d’entreprise en Île-de-France et en France ((en %)) - Lecture : en 2020, les petites et moyennes entreprises représentent 67 % des établissements et 12 % des salariés dédiés de la filière spatiale régionale.
Catégorie d’entreprise Établissements en Île-de-France Établissements en France Salariés dédiés en Île-de-France Salariés dédiés en France
Petites et moyennes entreprises 67 68 12 14
Entreprises de taille intermédiaire 23 24 24 26
Grandes entreprises 10 8 64 60
  • Lecture : en 2020, les petites et moyennes entreprises représentent 67 % des établissements et 12 % des salariés dédiés de la filière spatiale régionale.
  • Champ : établissements de la filière spatiale en France hors Guyane et Mayotte.
  • Source : Insee, enquête Filière aéronautique et spatiale 2020.

Figure 1Répartition des établissements et des salariés dédiés de la filière spatiale par catégorie d’entreprise en Île-de-France et en France

  • Lecture : en 2020, les petites et moyennes entreprises représentent 67 % des établissements et 12 % des salariés dédiés de la filière spatiale régionale.
  • Champ : établissements de la filière spatiale en France hors Guyane et Mayotte.
  • Source : Insee, enquête Filière aéronautique et spatiale 2020.

Plus des trois quarts des salariés franciliens dédiés dans les Yvelines et les Hauts-de-Seine

La quasi-totalité des établissements de cette filière sont des établissements marchands (571 sur 576). Ces derniers emploient en Île-de-France 8 056 salariés dédiés, répartis inégalement sur le territoire régional. Les principaux pôles sont situés sur Les Mureaux (ArianeGroup), Saint-Quentin-en-Yvelines (Airbus Defence and Space), Gennevilliers (Thales) et dans le prolongement du sud-ouest de Paris (Boulogne-Billancourt, Issy-les-Moulineaux, Vélizy-Villacoublay). Au total, deux départements dans l’ouest de la région concentrent les trois quarts de l’emploi salarié régional : les Yvelines avec 3 730 salariés (soit 46 % de l’emploi régional) et les Hauts-de-Seine avec 2 420 salariés (30 %) (figure 2).

Dans ces territoires, les entreprises peuvent trouver l’espace nécessaire à leurs infrastructures industrielles tout en bénéficiant de la proximité d’un bassin de main-d’œuvre hautement qualifiée et d’un environnement de formation et de recherche internationalement reconnu. Ainsi, avec un de 6,33, les Yvelines sont le département où le poids de la filière spatiale dans l’emploi est plus de six fois plus élevé que dans le reste de la région. Les Hauts-de-Seine et l’Essonne présentent également une spécialisation, quoique bien moindre : la part de leurs emplois est respectivement 1,5 et 1,3 fois plus élevée que dans le reste de l’Île-de-France.

Figure 2Emplois salariés dédiés dans les établissements marchands et indice de spécificité sectorielle, par département francilien

Emplois salariés dédiés dans les établissements marchands et indice de spécificité sectorielle, par département francilien - Lecture : en 2020, 3 725 salariés dédiés à l’activité spatiale travaillent dans les Yvelines. Leur part dans l’emploi salarié marchand y est 6,33 fois plus grande que dans le reste de l’Île-de-France.
Code Département Salariés dédiés au spatial Indice de spécificité sectorielle
75 Paris 216 0,10
92 Hauts-de-Seine 2 417 1,53
93 Seine-Saint-Denis 222 0,26
94 Val-de-Marne 210 0,32
77 Seine-et-Marne 165 0,26
78 Yvelines 3 725 6,33
91 Essonne 779 1,33
95 Val-d’Oise 322 0,61
Île-de-France 8 056 1,00
  • Lecture : en 2020, 3 725 salariés dédiés à l’activité spatiale travaillent dans les Yvelines. Leur part dans l’emploi salarié marchand y est 6,33 fois plus grande que dans le reste de l’Île-de-France.
  • Champ : emplois salariés du secteur marchand non agricole, hors particuliers employeurs.
  • Sources : Insee, enquête Filière aéronautique et spatiale 2020, Flores 2020.

Figure 2Emplois salariés dédiés dans les établissements marchands et indice de spécificité sectorielle, par département francilien

  • Lecture : en 2020, 3 725 salariés dédiés à l’activité spatiale travaillent dans les Yvelines. Leur part dans l’emploi salarié marchand y est 6,33 fois plus grande que dans le reste de l’Île-de-France.
  • Champ : emplois salariés du secteur marchand non agricole, hors particuliers employeurs.
  • Sources : Insee, enquête Filière aéronautique et spatiale 2020, Flores 2020.

L’Île-de-France, première région métropolitaine en nombre d’établissements

Au regard du nombre d’établissements marchands, l’Île-de-France est la première région d’implantation en France métropolitaine devant l’Occitanie (313) et Auvergne-Rhône-Alpes (290). Cette position diffère en matière d’emplois salariés : avec 28 % des effectifs salariés nationaux dédiés, elle occupe la deuxième place derrière l’Occitanie (37 %).

La région francilienne se caractérise notamment par la présence de nombreux sièges sociaux. Ainsi, 33 % des entreprises françaises de la filière spatiale ont leur siège social implanté en Île-de-France, contre 13 % pour l’Occitanie. La région s’impose donc comme le principal centre de décision et de conception, alors que l’Occitanie est davantage orientée vers des activités de production. La contribution de la filière spatiale régionale dans l’ensemble national peut également s’apprécier par la par les établissements marchands franciliens. Elle s’élève à 2,7 milliards d’euros pour les établissements marchands franciliens, ce qui en fait la première région française devant l’Occitanie (2,5 milliards d’euros) et la Nouvelle-Aquitaine (600 millions d’euros) (figure 3). Ainsi, avec moins de salariés, la filière spatiale de l’Île-de-France génère une richesse supérieure à celle de l’Occitanie, signe d’une concentration d’activités à plus forte valeur ajoutée dans la région capitale.

Figure 3Nombre d’établissements, richesse locale dégagée et effectifs salariés dédiés de la filière spatiale par région en France en 2020

Nombre d’établissements, richesse locale dégagée et effectifs salariés dédiés de la filière spatiale par région en France en 2020 - Lecture : en 2020, 571 établissements marchands dans la filière spatiale d’Île-de-France génèrent 2 724 millions d’euros de richesse locale dégagée et emploient 8 056 salariés dédiés.
Territoire Nombre d’établissements Richesse locale dégagée (en millions d’euros) Effectifs salariés dédiés au spatial
Île-de-France 571 2 724 8 056
Occitanie 313 2 553 10 810
Auvergne-Rhône-Alpes 290 294 1 285
Nouvelle-Aquitaine 216 596 2 755
Pays de la Loire 113 162 913
Provence-Alpes-Côte d’Azur 100 ss 2 360
Hauts-de-France 90 48 306
Normandie 78 209 815
Grand Est 76 150 705
Centre-Val de Loire 75 48 260
Bretagne 51 131 458
Bourgogne-Franche-Comté 49 16 123
Corse ss ss ss
Antilles – La Réunion ss ss ss
  • ss : secret statistique.
  • Lecture : en 2020, 571 établissements marchands dans la filière spatiale d’Île-de-France génèrent 2 724 millions d’euros de richesse locale dégagée et emploient 8 056 salariés dédiés.
  • Champ : établissements marchands de la filière spatiale en France hors Guyane et Mayotte.
  • Source : Insee, enquête Filière aéronautique et spatiale 2020.

Une filière spatiale francilienne plus tertiarisée au regard des autres régions

En Île-de-France, les activités tertiaires des établissements de la filière spatiale sont davantage présentes que dans les autres régions : 50 % des salariés dédiés de la filière spatiale régionale travaillent dans un établissement dont l’activité principale relève du secteur tertiaire, contre 39 % au niveau national. Plus précisément, 20 % des salariés dédiés au spatial dans la région travaillent dans des établissements effectuant des activités informatiques (13 % au niveau national) et 7 % dans le commerce, logistique et soutien (3 % au niveau national). À l’inverse, les activités de production sont moindres en Île-de-France : 31 % des salariés dédiés de la filière en Île-de-France sont employés dans des établissements de construction spatiale contre 41 % en France (figure 4).

Cette prédominance du secteur tertiaire et notamment du commerce, de la logistique et de l’informatique se traduit par celle des exercées au sein de la filière spatiale en Île-de-France. Ainsi, 85 % des salariés des établissements de la filière spatiale régionale occupent un poste relevant d’une de ces fonctions contre 65 % à l’échelle nationale (figure 5). En particulier, ils sont 46 % à exercer une fonction de conception et de recherche, 17 % une fonction de prestation intellectuelle et 16 % une fonction de gestion, contre respectivement 37 %, 13 % et 10 % à l’échelle nationale. À l’inverse, 9 % des salariés des établissements occupent un poste relevant de la fonction de fabrication, tandis qu’ils sont 25 % dans la filière nationale.

Figure 4Répartition des établissements et des salariés dédiés de la filière spatiale par secteur d’activité en Île-de-France en 2020

Répartition des établissements et des salariés dédiés de la filière spatiale par secteur d’activité en Île-de-France en 2020 - Lecture : au sein de la filière spatiale d’Île-de-France, 50 % des salariés dédiés travaillent dans un établissement dont l’activité principale au sein de la filière spatiale relève du secteur tertiaire.
Secteur Nombre d’établissements Nombre de salariés dédiés Répartition des salariés dédiés (en %)
Industrie 266 4 270 50,0
Fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques et machines 76 1 371 16,0
Construction aéronautique et spatiale 17 2 683 31,4
Métallurgie 132 124 1,5
Réparation et installation 24 22 0,3
Fabrication d’autres produits industriels 17 70 0,8
Tertiaire 310 4 283 50,0
Commerce, logistique et soutien 96 600 7,0
Activités informatiques 99 1 714 20,0
Ingénierie et autres activités spécialisées, scientifiques et techniques 115 1 969 23,0
‍Ensemble 576 8 553 100,0
  • Lecture : au sein de la filière spatiale d’Île-de-France, 50 % des salariés dédiés travaillent dans un établissement dont l’activité principale au sein de la filière spatiale relève du secteur tertiaire.
  • Champ : tous établissements (marchands et non marchands) de la filière spatiale en Île-de-France.
  • Source : Insee, enquête Filière aéronautique et spatiale 2020.

Figure 5Répartition des salariés de la filière spatiale par type de fonction en 2020

(en %)
Répartition des salariés de la filière spatiale par type de fonction en 2020 ((en %)) - Lecture : en 2020, 85,5 % des salariés de la filière spatiale en Île-de-France exercent des fonctions métropolitaines contre 65,5 % en France.
Fonctions Part de salariés de la filière spatiale
Île-de-France France
Fonctions métropolitaines 85,5 65,5
dont commerce inter-entreprises 7,0 5,6
dont conception, recherche 45,7 36,6
dont gestion 15,5 10,2
dont prestations intellectuelles 17,3 13,1
Entretien, réparation 1,6 4,3
Fabrication 9,1 25,0
Transports, logistique 3,0 4,1
Autres fonctions 0,8 1,1
Ensemble des fonctions 100,0 100,0
  • Lecture : en 2020, 85,5 % des salariés de la filière spatiale en Île-de-France exercent des fonctions métropolitaines contre 65,5 % en France.
  • Champ : emplois salariés du secteur marchand non agricole, hors particuliers employeurs.
  • Sources : Insee, enquête Filière aéronautique et spatiale 2020, base Tous salariés 2020.

Le rôle important joué par l’innovation

Les activités spatiales ont recours à des technologies de pointe en constante évolution du fait de l’innovation. Sur les 540 entreprises implantées en Île-de-France, 176 ont réalisé des travaux de recherche et développement dans le spatial ou l’aéronautique. Pour la plupart d’entre elles (166), la recherche est menée en interne. Les autres modalités (en partenariat avec un organisme de recherche public ou avec une autre entreprise et pour le compte d’une autre entreprise) sont moins courantes. La recherche et l’innovation sont ainsi au cœur des activités exercées par les entreprises de la filière spatiale francilienne : 29 % ont pour fonction principale l’ingénierie, la conception et la recherche et développement, tandis que c’est le cas de 23 % d’entre elles dans la filière nationale.

Encadré - Le spatial, une filière d’importance pour l’Île-de-France

La filière spatiale proprement dite s’insère dans un écosystème bien plus large que le périmètre de l’enquête à la base de cette étude. En effet, d’autres entreprises situées en aval valorisent économiquement les données spatiales enregistrées par les satellites. Elles fournissent des services variés tels que l’aide à l’exploitation des ressources naturelles, la gestion des émissions de gaz à effet de serre, la préservation de l’environnement ou encore des services liés à l’intelligence numérique. Ainsi, en 2022, selon le Centre national d'études spatiales (CNES), l’aval de la filière représente 173 entreprises et 9 400 emplois en Île-de-France.

Cette extension toujours plus importante des domaines d’application de la filière spatiale est due à la fois à l’amélioration des capacités de traitement des données et à la spectaculaire baisse des coûts, notamment avec l’apparition de nouveaux lanceurs réutilisables. Ce nouveau modèle économique qui propose d’utiliser tout le potentiel du spatial est appelé New Space. En 2022, l’observatoire d’économie spatiale du CNES recense 55 entreprises du New Space en Île-de-France, dont 25 en aval de la filière, ce qui représente 788 emplois.

La filière spatiale francilienne peut s’appuyer sur un environnement institutionnel très riche et varié. En effet, Paris abrite les sièges de l’agence spatiale nationale (CNES) qui élabore la politique spatiale de la France et de l’Europe et de l’agence spatiale européenne (ESA) qui coordonne les projets nationaux de 22 pays européens. De plus, de nombreuses écoles et parcours de formation sont spécialisés dans le spatial, permettant de former les cadres de demain et de soutenir l’innovation : l’école supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile (ESTACA) à Saint-Quentin-en-Yvelines, l’EPF (anciennement École polytechnique féminine) à Cachan, Sorbonne-Université, Paris-Saclay…

En outre, les acteurs administratifs comme l’État et la Région s’investissent fortement auprès des entreprises afin d’accompagner la dynamique du spatial autour de l’innovation. En effet, la capacité de recherche & innovation de la filière spatiale est centrale pour maintenir son niveau de compétitivité dans un contexte de concurrence internationale forte. Les politiques publiques régionales visent donc à aider les entreprises développant des techniques fortement novatrices (deeptech) et à conserver en Île-de-France le niveau élevé d’expertise atteint, notamment dans l’intelligence artificielle, la fabrication additive et le quantique. La Région soutient également quelques start-up du New Space dans leur projet d’innovation et d’industrialisation telles que Sirius Space Services qui développe de petits lanceurs spatiaux durables ou encore Exotrail qui va produire des systèmes de propulseurs électriques.

En Île-de-France, ce soutien public à l’innovation et à l’industrialisation se manifeste aussi au travers du pôle de compétitivité ASTech et de l’incubateur d’entreprise Starburst Accelerator. Le programme national France 2030 qui vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir comprend ainsi un volet destiné au spatial. Des entreprises telles que Oledcomm et Astrolab ont remporté des appels d’offres pour fournir des services en orbite, tandis que CS Group et Thales SN ont été sélectionnés pour fournir des services dans le domaine de l’hydrologie et Bertin Technologies dans celui de l’observation des constellations.

Publication rédigée par :Augustin Moreau, Élisabeth Prévost (Insee), Florence Rey, Julien Theisse (conseil régional d’Île-de-France), Matéo Bonnassieux (Centre national d'études spatiales), Sébastien Courrech (ASTech)

Sources

L’enquête sur la Filière aéronautique et spatiale 2020 (FAS) a été menée par l’Insee de mars à juillet 2021 auprès de 13 800 unités légales dont l’activité est liée à ces filières. Elle couvre la France métropolitaine et les départements d’outre-mer, à l’exception de la Guyane, où une enquête spécifique sur la filière spatiale est réalisée. Elle permet de délimiter précisément le périmètre de la filière spatiale régionale et de collecter l’information statistique nécessaire à la mesure du poids économique de la filière dans l’économie régionale et à la description de son fonctionnement.

La base Tous salariés permet d’effectuer l’analyse des emplois et des salaires selon la nature de l’emploi (durée, condition d’emploi, qualification, rémunération…), les caractéristiques du salarié (sexe, âge, département de résidence) et de l’établissement employeur (secteur d’activité, lieu d’implantation, taille…).

Le Fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié (Flores) est un ensemble de fichiers de micro-données qui décrivent l’emploi salarié et les rémunérations au niveau des établissements d’un territoire donné jusqu’au niveau de la commune.

Définitions

Les entreprises de la filière spatiale régionale sont les unités légales qui ont au moins 1 % de leur activité destinée au marché spatial avec au moins un établissement localisé dans la région, qui a lui-même au moins 1 % de son activité destinée au marché spatial. Les établissements de la filière spatiale régionale sont les établissements des entreprises de la filière spatiale régionale localisés dans la région et qui ont au moins 1 % de leur activité destinée au marché spatial.

L’effectif salarié dédié à l’activité spatiale est estimé en appliquant à l’effectif salarié total de l’établissement la part de l’activité de l’établissement destinée au marché spatial.

Quatre catégories d’entreprises sont définies dans le décret d’application de la loi de modernisation de l’économie (décret no 2008-1354) pour les besoins de l’analyse statistique et économique :

  • les petites et moyennes entreprises (PME), dont les microentreprises, sont celles qui, d’une part, occupent moins de 250 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 50 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 43 millions d’euros ;
  • les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont des entreprises qui n’appartiennent pas à la catégorie des PME et qui, d’une part, occupent moins de 5 000 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1 500 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 2 000 millions d’euros ;
  • les grandes entreprises (GE) sont des entreprises non classées dans les catégories précédentes.

L’indice de spécificité sectorielle peut être utilisé pour mesurer la spécialisation d’un département francilien dans un secteur d’activité ou une filière par rapport à la région Île-de-France. Il est égal au poids de ce secteur dans l’emploi du département rapporté au poids de ce même secteur dans l’emploi de la région hormis le département étudié.

La richesse locale dégagée est un concept visant à évaluer la contribution d’un territoire dans l’activité nationale. Dans cette étude, elle est appréciée par la richesse dégagée par tous les établissements de la filière spatiale localisés en Île-de-France. Cette dernière est mesurée en assignant à chaque établissement francilien une part du chiffre d’affaires réalisé dans le spatial par l’entreprise marchande auquel il appartient. Cette part correspond à la part des salariés dédiés au spatial dans un établissement dans l’ensemble des salariés de cette entreprise. Pour un établissement, il s’agit donc d’une proratisation du chiffre d’affaires national réalisée en fonction des effectifs salariés.

L’Insee classe les professions en quinze fonctions intervenant dans les différentes étapes de production. La répartition spatiale des fonctions n’est pas homogène sur le territoire. Cinq fonctions sont plus spécifiquement localisées dans les grandes aires urbaines, ce sont les fonctions métropolitaines : conception-recherche, prestations intellectuelles, commerce inter-entreprises, gestion et culture-loisirs.

Pour en savoir plus

(1) Bonnassieux M., Lafaye M., Morénillas N., « Dans la filière spatiale en France, 1 650 sociétés diversifiées et une soixantaine de pure-players », Insee Première no 1919, septembre 2022.

(2) Biju-Duval S., Martin J.-Ph., « L’aéronautique et le spatial en Île-de-France : la crise a fragilisé une filière qui regroupe près de 70 000 emplois », Insee Analyses Île-de-France no 147, décembre 2021.

(3) Corolleur F., Kobrosli E., Roman M., « Ouvrir dans un nouvel ongletL’industrie aéronautique et spatiale dans les Yvelines et les Hauts-de-Seine : établissements et emplois », CCI Versailles-Yvelines, avril 2021.

(4) Petit T., Rouhaud C., « Ouvrir dans un nouvel ongletL’industrie aéronautique, spatiale et de défense en Île-de-France », L’institut Paris Region, février 2018.