En 2023, en Corse, avec 10 millions de nuitées, la fréquentation dans les hôtels, campings et autres hébergements collectifs de tourisme (AHCT) régresse de 7 % par rapport à 2022. Elle progresse pourtant de 2 % en France métropolitaine (figure 1). En Corse, elle est essentiellement pénalisée par le repli de la clientèle venant de France (résidente), dans l’ensemble des hébergements, et ce malgré la présence accrue de la clientèle en provenance de l’étranger (les non-résidents). En 2023, les nuitées non-résidentes augmentent de 3 % par rapport à 2022 sur l’île, et la hausse est encore plus nette au niveau de la France métropolitaine (+10 %).

Le contexte inflationniste et la pleine réouverture des frontières pèse sur l’arbitrage de touristes provenant de France. Ils expliquent en partie la perte de cette clientèle, pourtant très présente pendant la crise sanitaire, pour laquelle les destinations internationales redeviennent une possibilité.

Entre avril et septembre, le nombre de nuitées passées dans les campings de Corse, régresse de 11 % par rapport à 2022 pour s’établir à 3,9 millions (figure 2). En 2023, la Corse est ainsi la seule région métropolitaine dont le niveau de fréquentation dans les campings recule, comptabilisant une baisse de 482 000 nuitées. En France métropolitaine, le nombre de nuitées dans l’hébergement de plein air progresse pourtant de 4 %. Les campings d’Île-de-France, Centre-val-de-Loire et Grand-Est enregistrent un regain d’attractivité très net avec une hausse de fréquentation qui se situe entre 13 % et 16 % en un an. Les températures plus clémentes de ces régions, et un arbitrage budgétaire plus contraint, orientent probablement le choix des campeurs métropolitains.

Par rapport à 2022, au cours des mois d’avril à juin, le niveau de fréquentation dans les campings de Corse recule de 10 % quelle que soit la provenance des touristes. Le déficit se creuse davantage au cours de la haute-saison, et atteint -12 % entre juillet et août par rapport à l’année précédente (figure 3). Il s’atténue au mois de septembre mais la fréquentation demeure 7 % en deçà de son niveau de 2022.

Contrairement à l’hôtellerie insulaire, l’hébergement de plein air, en déficit d’une clientèle résidente (-17 %) ne bénéficie pas du retour des campeurs en provenance de l’étranger (-1 %). En particulier, les campings classés 3, 4 et 5 étoiles perdent 11 % de nuitées par rapport à 2022.

De janvier à décembre 2023, en Corse, la fréquentation atteint 3,2 millions de nuitées dans les autres hébergements collectifs de tourisme (AHCT – surtout des résidences de tourisme et des villages de vacances), soit 5 % de moins qu’en 2022. Ce mode d’hébergement représente près d’un tiers des nuitées touristiques, il est plus prisé que les hôtels contrairement au niveau national.

Les nuitées sont en hausse de 18 % par rapport à 2022 entre janvier et mars, et de 10 % entre septembre et décembre. En revanche, elles se replient de 6,3 % entre avril et août, or cette période concentre les trois quarts des nuitées (figure 4). La clientèle résidente fait d’autant plus défaut (-8 % sur ces cinq mois) qu’elle représente huit nuitées sur dix dans ce type d’hébergement. Toutefois, depuis 2022, les AHCT retrouvent une clientèle non-résidente dont le nombre de nuitées progresse de 2,7 % en 2023.

En 2023, les hôtels de Corse enregistrent 3 millions de nuitées. Le repli de fréquentation atteint 4 % par rapport à son niveau de 2022, soit 135 800 nuitées de moins (figure 5). La Corse est ainsi la seule région de France métropolitaine à afficher un tel recul, loin derrière la Normandie (-1 %). Au niveau national, le nombre de nuitées progresse dans les hôtels de 3 %.

Malgré la présence accrue des touristes en provenance de l’étranger (+13 % de nuitées par rapport à 2022), la désaffection de la clientèle résidente (-9 %) pèse sur la fréquentation hôtelière globale. Les hôteliers sont de surcroît confrontés à des difficultés de recrutement dès le début de saison.

Dans les hôtels classés 3 étoiles, qui concentrent plus de la moitié de nuitées passées dans le parc hôtelier insulaire, la fréquentation décroît de 4 %. Seuls les établissements haut de gamme (4 et 5 étoiles) tirent leur épingle du jeu, avec un niveau de fréquentation supérieur à celui de 2022.

Alors que le mois d’avril laisse présager une saison bien orientée avec un nombre de nuitées supérieur à 2022, les perspectives s’assombrissent dès le mois de mai (figure 6). Entre juin et septembre, la Corse est la région la plus déficitaire avec une fréquentation hôtelière de 8 % inférieure à celle de l’année précédente. Or, cette période concentre 85 % des nuitées hôtelières. En arrière-saison, la fréquentation fluctue sans apporter de réelle embellie.

In fine, en 2023, le taux d’occupation des chambres de l’hôtellerie insulaire est de 59 %, de 2 points inférieur à celui de 2022.