Insee Analyses Centre-Val de Loire · Novembre 2023 · n° 103

En recul sur la dernière décennie, la fécondité du Centre-Val de Loire reste supérieure à la moyenne française Bilan démographique 2022 du Centre-Val de Loire

Selon les estimations annuelles de population (sources), 2 572 280 personnes résident en Centre-Val de Loire au 1^er janvier 2023. Après une hausse régulière entre 1999 et 2014, moins soutenue qu’en France métropolitaine (+0,4 % en moyenne par an, contre +0,6 %), la population régionale se stabilise à partir de 2014 alors que la population de la France métropolitaine continue d’augmenter (+0,3 % par an) (figure 1). Cette tendance est similaire dans les Hauts-de-France, en Normandie, en Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand Est.

L’évolution de la population entre les départements de la région est contrastée. Dans l’Indre-et-Loire et le Loiret, l’augmentation de la population est proche de celle de la France métropolitaine. Le Loir-et-Cher et l’Eure-et-Loir ont une évolution similaire à celle de la région, marquant toutefois une légère décroissance depuis 2015. Tandis que l’Indre et le Cher voient leur population diminuer régulièrement depuis le début des années 2010 (-0,5 % par an entre 2015 et 2023).

Le solde naturel de la région, largement excédentaire pendant des décennies, est devenu déficitaire en 2017 et ne cesse de se creuser depuis. Dans le même temps, le solde migratoire, négatif de 2014 à 2017, est redevenu excédentaire à compter de 2018, atteignant plus de 3 000 personnes en 2022, sans toutefois compenser tout à fait le déficit naturel (figure 2).

Ce déficit résulte d’une tendance de fond amorcée depuis une dizaine d’années, combinant une baisse des naissances et une hausse des décès (figure 3). De 450 personnes en 2017 à 1 250 en 2019, le déficit naturel a explosé à 3 270 en 2020, amplifié par la crise sanitaire qui a entraîné une forte hausse des décès. Il continue de se creuser légèrement en 2022, atteignant 3 380 personnes, malgré une légère baisse des décès (-0,6 %) contrebalancée par une baisse des naissances un peu plus marquée (-0,9 %).

Comme le Centre-Val de Loire, la majorité des régions métropolitaines font face ces dernières années à un déficit naturel qui tend à se creuser, à l’exception de l’Île-de-France, d’Auvergne-Rhône-Alpes, des Hauts-de-France et des Pays-de-la-Loire, où l’excédent naturel diminue toutefois sensiblement. À l’inverse, toutes les régions bénéficient d’un excédent migratoire, hormis l’Île-de-France et les Hauts-de-France.

Le solde naturel diminue dans tous les départements de la région, mais à des niveaux différents. En 2022, le Loiret et plus modérément l’Eure-et-Loir sont les seuls départements de la région où le nombre de naissances dépasse encore celui des décès, leur solde naturel s’établissant ainsi respectivement à +950 et +140 habitants. Dans l’Indre-et-Loire, le solde naturel est devenu négatif assez récemment, en 2020, et reste modéré (-310 personnes). Cette bascule s’est opérée en 2015 dans le Loir-et-Cher, avec un déficit de 1 220 habitants en 2022. Le déficit naturel est au contraire structurel dans l’Indre et le Cher et s’accentue progressivement. Il a plus que doublé en dix ans, faisant perdre 1 270 habitants au Cher et 1 670 à l’Indre en 2022. En revanche, le solde migratoire est positif dans tous les départements de la région en 2022, à l’exception de l’Eure-et-Loir. Il apparaît particulièrement élevé en Indre-et-Loire, faisant augmenter la population de 2 220 personnes.

En 2022, 25 380 enfants sont nés en Centre-Val de Loire, soit 230 de moins qu’en 2021. Le nombre de naissances diminue d’année en année depuis 10 ans, hormis un léger rebond en 2021 (+1,1 %) dans un contexte marqué par les confinements et déconfinements liés à la crise sanitaire. Il recommence à diminuer en 2022 (-0,9 %), toutefois nettement moins qu’au niveau métropolitain (-2,2 %), où le nombre de naissances atteint un point bas historique [Papon, 2023 ; pour en savoir plus (1)]. Après le rebond de 2021 assez généralisé en France métropolitaine, le nombre de naissances diminue dans presque toutes les autres régions en 2022, de -3,5 % en Île-de-France à -1,3 % en Normandie. Hormis en Corse où il a légèrement augmenté, le Centre-Val de Loire est ainsi la région où le nombre de naissances a le moins diminué.

Au sein de la région, le nombre de naissances évolue de façon contrastée. Il augmente sensiblement dans le Loiret en 2022 (+1,9 %), seul département de la région où il avait diminué en 2021. Le nombre de naissances continue de croître en Eure-et-Loir, amplifiant le rebond de 2021 (+1,7 %). Dans le Loir-et-Cher et le Cher, la hausse du nombre de naissances se prolonge également, mais plus faiblement qu’en 2021. À l’inverse, le nombre des naissances diminue fortement dans l’Indre-et-Loire (-5,4 %) et plus encore dans l’Indre (-7,3 %).

En Centre-Val de Loire, la baisse des naissances observée ces dix dernières années est imputable à part quasi équivalente à la diminution du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants et à une moindre fécondité de ces dernières.

La population féminine en âge de procréer diminue en effet régulièrement ces dernières décennies (figure 4). Cette tendance est liée au vieillissement de la population, mais aussi aux départs de la région de jeunes adultes pour étudier ou travailler. En particulier, la population féminine de 20 à 40 ans, âges où les femmes sont les plus fécondes, est passée de 360 000 en 1995 à 290 000 en 2022, soit une diminution moyenne de 0,8 % par an, deux fois plus importante qu’en métropole. Cette baisse s’atténue toutefois depuis 2018 (-0,2 % par an sur les cinq dernières années). Malgré un recul global de la fécondité depuis 2010, les femmes du Centre-Val de Loire continuent de donner naissance à plus d’enfants que la moyenne des Françaises : 1,87 enfant par femme en 2022, contre 1,76 en France métropolitaine. Le Centre-Val de Loire est ainsi la 2^e région la plus féconde derrière la Provence-Alpes-Côte d’Azur. Cette fécondité relativement élevée se retrouve notamment aux jeunes âges (encadré).

La baisse du nombre de femmes de 20 à 40 ans est beaucoup plus marquée dans le Cher et l’Indre (-1,5 % par an entre 1995 et 2022), départements particulièrement vieillissants, tandis que dans le Loiret et l’Indre-et-Loire, départements plus jeunes, cette baisse n’est que de 0,4 %. L’Eure-et-Loir, avec 2,07 enfants par femme, est le seul département de la région à atteindre le seuil de renouvellement des générations, ce qui en fait le 4^e département métropolitain le plus fécond. Les femmes du Cher, du Loir-et-Cher et du Loiret ont en moyenne entre 1,9 et 2 enfants, et celles de l’Indre autant qu’en métropole. En revanche, ce nombre est inférieur à la moyenne dans l’Indre-et-Loire, avec seulement 1,63 enfant par femme.

En 2022, 28 750 habitants du Centre-Val de Loire sont décédés, soit une diminution de 0,6 % marquant une rupture après les fortes hausses enregistrées en 2020 et 2021, années marquées par la pandémie de Covid-19. Au sein de la région, les disparités sont nettes entre le Loir-et-Cher et l’Indre qui enregistrent une forte hausse du nombre de décès (respectivement +4,8 % et +3,9 %), et les autres départements qui voient ce nombre diminuer, notamment le Cher (-5,2 %). En France métropolitaine, le nombre de décès augmente de 0,8 %, en raison d’événements conjoncturels défavorables (épisodes de canicule et poursuite de la pandémie de Covid-19) s’ajoutant à l’effet structurel dû au vieillissement de la population. Toutefois, la baisse du nombre de décès observée dans le Centre-Val de Loire – où il n’y a globalement pas eu d’excès de décès pendant les épisodes de canicule en 2022 [Santé publique France, 2022 ; pour en savoir plus (4)] – se retrouve également en Île-de-France, dans les Hauts-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Malgré la légère baisse observée en 2022, l’évolution du nombre de décès dans le Centre-Val de Loire s’inscrit dans une tendance de fond à la hausse, due au vieillissement de la population et à l’arrivée progressive des générations nombreuses du baby-boom à des âges de plus forte mortalité. Avec un taux de mortalité de 11,2 décès pour 1 000 habitants, la région se situe au-dessus de la moyenne métropolitaine (9,9 ‰). Dans les départements du sud de la région, plus ruraux et plus âgés, la mortalité est accrue (15,5 ‰ dans l’Indre). À l’inverse, les départements du nord proches des franges franciliennes et l’Indre-et-Loire, plus jeunes, présentent des taux similaires à la moyenne nationale.

Au 1^er janvier 2023, le Centre-Val de Loire compte légèrement plus de personnes de 65 ans ou plus (« seniors ») que de moins de 20 ans (« jeunes ») (figure 5). Avec 103 seniors pour 100 jeunes, la population de la région est plus âgée que celle de France métropolitaine (92 seniors pour 100 jeunes), notamment du fait d’une part de seniors supérieure de 2,3 points à la moyenne métropolitaine. Ce ratio est plus élevé dans les départements du Berry (133 seniors pour 100 jeunes dans le Cher, 153 dans l’Indre), qui font partie des départements métropolitains où le déséquilibre entre les générations est le plus marqué [Fégar et al., 2023 ; pour en savoir plus (2)]. Au contraire, les départements du nord, plus jeunes (un habitant sur quatre a moins de 20 ans), ont une structure par âge équivalente au niveau national.

Entre 2013 et 2023, tous les départements de la région ont connu une augmentation de la part des seniors (entre +3,6 points dans le Loiret et +5,2 points dans l’Indre). Ce vieillissement résulte de l’arrivée dans ces tranches d’âges des générations nombreuses nées après la seconde guerre mondiale et d’une espérance de vie à la naissance qui a progressé en dix ans de 0,3 an pour les femmes et de 0,5 an pour les hommes, atteignant respectivement 85,2 ans et 79 ans en 2022. En parallèle, la proportion de jeunes a diminué dans tous les départements, mais de façon plus marquée dans les territoires ruraux (-1,4 point dans l’Indre), et moins à proximité de l’Île-de-France (-0,5 point dans le Loiret et -0,8 point en Eure-et-Loir).