Insee Analyses Martinique · Juillet 2023 · n° 63

En Martinique, les produits alimentaires sont 40 % plus chers qu’en France métropolitaine

En 2022, la Martinique et la Guyane affichent un écart de prix similaire avec la France métropolitaine (figure 1) : +14 %. L’écart est plus élevé en Guadeloupe (+16 %) et plus faible à La Réunion (+9 %) et à Mayotte (+10 %, sur un champ de consommation plus restreint excluant notamment les loyers). Chaque écart est une mesure synthétique des différences de prix entre la France métropolitaine et un Drom. Il tient compte des habitudes de consommation des ménages des deux territoires comparés (indice de Fisher, pour comprendre). D’une part, un ménage métropolitain, s’il garde ses habitudes de consommation en Martinique, augmente son budget de consommation de 17 %. D’autre part, un ménage martiniquais paie son panier de consommation 11 % plus cher que s’il le consommait en France métropolitaine.

Entre 2010 et 2022, les écarts de prix par rapport à la France métropolitaine s’accroissent en Martinique (figure 2). L’augmentation est de même ampleur entre 2015 et 2022 qu’entre 2010 et 2015 (+2 points). L’accroissement des écarts avec le temps résultent en partie de l’évolution des prix mais également de l’évolution des structures de consommation des ménages, métropolitains et martiniquais.

Des enquêtes similaires avaient été conduites en 2010 et en 2015, sur un champ comparable de biens et services et une méthodologie proche. Il est donc possible, dans une certaine mesure, d’observer l’évolution des écarts de prix au cours du temps (pour comprendre).

L’alimentation contribue le plus à l’écart de prix entre la Martinique et la France métropolitaine. Le niveau de prix de l’alimentaire est supérieur de 40 % en Martinique par rapport à la France métropolitaine (figure 3). De plus, c’est l’un des principaux postes de dépenses des ménages martiniquais (14 %) comme métropolitains (15 %) (figure 4). En prenant comme référence le panier martiniquais, les prix alimentaires sont en moyenne 31 % plus chers que ceux de la France métropolitaine. A contrario, du point de vue du panier métropolitain, les prix de l’alimentation sont 50 % supérieurs à ceux de la France métropolitaine.

Les produits laitiers, la viande, les fruits et les boissons non alcoolisées contribuent le plus aux écarts observés dans l’alimentation entre les deux territoires. Parmi les produits agroalimentaires, la viande représente 17 % de la dépense de consommation des ménages martiniquais et seulement 17 % de la consommation est issue de la production locale en 2019. Cette famille de produits figurent parmi les plus taxées à l’import en Martinique. En effet, le droit d’entrée comprenant droit de douane et octroi de mer représente 12 % du coût d’importation en 2019 pour de la viande et la préparation de produits à base de viande. Les boissons non alcoolisées représentent 10 % de la dépense de consommation des ménages martiniquais en produits alimentaires et la production locale de ces produits représente 28 % de la consommation en Martinique en 2019. Le droit d’entrée des boissons non alcoolisées est de 15 % du coût d’importation en 2019. Pour les produits laitiers, le poids de la dépense de consommation est plus faible (8 %). En 2019, 64 % des produits laitiers consommés sur le territoire proviennent de la production locale. Par ailleurs, en 2019, le montant des droits d’entrée sur les produits laitiers représente 7 % de leur coût d’importation. Les écarts de prix des produits alimentaires proviennent également d’autres coûts comme ceux liés aux importations. Par ailleurs, le système de taxation des importations est lui-même différent de la France métropolitaine.

L’écart de prix avec la France métropolitaine continue à se creuser dans l’alimentation. En effet, il était de 38 % en 2015. Les produits laitiers, la viande et les fruits contribuent majoritairement à cette évolution.

Les boissons alcoolisées et le tabac affichent de forts écarts de prix avec la France métropolitaine (+23 %) mais ce poste ne représente que 1 % du budget de consommation des ménages martiniquais.

Les prix des services de communication (téléphonie, internet par exemple) sont plus élevés de 37 % qu’en France métropolitaine. La part budgétaire consacrée aux dépenses de communication par les ménages martiniquais est plus limitée que pour l’alimentation (5 %) mais plus importante que pour les ménages métropolitains (3 %). En prenant comme référence le panier martiniquais, les prix des communications sont en moyenne 40 % plus élevés que ceux de la France métropolitaine. À l’inverse, avec un panier métropolitain, les prix de la communication sont 35 % supérieurs à ceux de la France métropolitaine.

Les écarts de prix observés pour ce poste proviennent essentiellement des services de téléphonie mobile et de l’accès à internet.

Les dépenses liées aux loisirs et à la culture sont légèrement plus accentuées en France métropolitaine qu’en Martinique (8 % du budget contre 6 %). Les écarts de prix pour ces dépenses s’élèvent à +14 % en Martinique par rapport à la France métropolitaine sans réel écart que ce soit pour le panier martiniquais (+14 %) ou métropolitain (+15 %). Ce sont principalement les fournitures bureautiques, les appareils numériques ainsi que les ouvrages littéraires et journaux qui expliquent ces écarts. Les produits d’édition (livres, journaux papiers, jeux vidéos et logiciels non dématérialisés) sont peu importés (1 % des importations martiniquaises en 2021), les droits d’entrée, comprenant l’octroi de mer et les droits de douane, représentent 5 % de leur montant total importé. En 2019, les produits d’édition importés représentent 3 % des produits d’édition consommés en Martinique. Les écarts de prix découlent également d’autres coûts comme ceux liés à l’importation. Le système de taxation des importations est lui-même différent par rapport à la France métropolitaine.

Les prix de l’habillement sont 9 % plus élevés en Martinique qu’en France métropolitaine. Les dépenses liées à l’habillement représentent 4 % du budget de consommation des ménages dans les deux territoires. Un ménage moyen martiniquais paye 6 % plus cher pour son panier vestimentaire que s’il était acheté en France métropolitaine. En revanche, du point de vue du ménage métropolitain, son panier d’habillement coûte 11 % plus cher en Martinique qu’en France métropolitaine. Les produits textiles, de l’habillement, du cuir et de la chaussure représentent 4 % du total des produits importés en Martinique en 2021. Pour cette famille de produits, les droits d'entrée, comprenant l'octroi de mer et les droits de douane, représentent 13 % du montant total importé.

Les dépenses des ménages martiniquais et métropolitains en hôtellerie et restauration représentent respectivement 5 % et 7 % de leur budget de consommation. En Martinique, les prix pour ce poste sont supérieurs de 8 % par rapport à la France métropolitaine. En prenant comme référence le panier martiniquais, les prix de l’hôtellerie et restauration sont en moyenne 2 % plus chers que ceux de la France métropolitaine. A contrario, du point de vue du panier métropolitain, les prix de l’hôtellerie et restauration sont 14 % supérieurs à ceux de la France métropolitaine.

La part des dépenses de santé dans le budget des ménages martiniquais s’élève à 12 %. L'écart de prix pour les dépenses de santé est de +13 %, principalement dû à des prix plus élevés pour les biens tels que les médicaments, les appareils et le matériel thérapeutique, comparativement aux services de santé. Il s’agit ici de prix bruts avant remboursement par la sécurité sociale et les complémentaires santé. Ces familles de produits figurent aussi parmi les plus importées en Martinique en 2021 (6 % des importations). Le montant des droits d’entrée, qui englobe l’octroi de mer et les droits de douane, représente 9 % du montant total des produits importés.

L’écart de prix entre la Martinique et la France métropolitaine pour les dépenses de santé a diminué légèrement par rapport à 2015 (-2 points). Ceci est en partie attribuable à la réduction des prix des produits pharmaceutiques et du tarif des auxiliaires médicaux.

Les dépenses liées au logement (loyers, charges, entretien, eau, électricité principalement), représentant 14 % du budget de consommation des ménages martiniquais, contribuent également aux écarts de prix avec la France métropolitaine. Les prix des dépenses liées aux logements sont 7 % supérieurs à ceux pratiqués en France métropolitaine. L’alimentation en eau ainsi que l’entretien et la réparation des logements coûtent plus cher en Martinique alors que l’électricité et le gaz sont moins onéreux. Les logements du secteur social ont des écarts de prix de loyers moins importants par rapport à ceux du secteur libre, que ce soit pour les logements individuels ou collectifs. Une fois prise en compte le poids de ces deux secteurs dans les dépenses des loyers, les écarts entre la Martinique et la France métropolitaine s’élèvent à +3 %.

En prenant comme référence le panier martiniquais, les prix de l’ensemble des dépenses liées au logement sont en moyenne 7 % plus élevés que ceux de la France métropolitaine. A contrario, du point de vue du panier métropolitain, les prix de ces dépenses sont 7 % supérieurs à ceux de la France métropolitaine.

Bien que les transports (aériens, routiers, entretien et réparation des véhicules) représentent 18 % du budget de consommation des ménages martiniquais, les prix de ce poste sont inférieurs de 5 % en Martinique par rapport à la France métropolitaine. En France métropolitaine, la part du budget consacrée au transport est de 14 %.