Insee Analyses Guyane · Juillet 2023 · n° 63

En Guyane, les produits alimentaires sont 39 % plus chers qu’en France métropolitaine

En 2022, la Guyane et la Martinique affichent un écart de prix similaire avec la France métropolitaine (figure 1) : +14 %. L’écart est plus élevé en Guadeloupe (+16 %) et plus faible à La Réunion (+9 %) et à Mayotte (+10 %, sur un champ de consommation plus restreint excluant notamment les loyers). Chaque écart est une mesure synthétique des différences de prix entre la France métropolitaine et un Drom. Il tient compte des habitudes de consommation des ménages des deux territoires comparés (indice de Fisher, pour comprendre). D’une part, un ménage métropolitain, s’il garde ses habitudes de consommation en Guyane, augmente son budget de consommation de 18 %. D’autre part, un ménage guyanais paie son panier de consommation 10 % plus cher que s’il le consommait en France métropolitaine.

Entre 2010 et 2022, les écarts de prix par rapport à la France métropolitaine s’accroissent en Guyane (figure 2). Ils s’amoindrissent dans un premier temps entre 2010 et 2015 (-1 point) puis augmentent entre 2015 et 2022 (+2 points). L’accroissement des écarts avec le temps résultent en partie de l’évolution des prix mais également de l’évolution des structures de consommation des ménages, métropolitains et guyanais.

Des enquêtes similaires avaient été conduites en 2010 et en 2015, sur un champ comparable de biens et services et une méthodologie proche. Il est donc possible, dans une certaine mesure, d’observer l’évolution des écarts de prix au cours du temps (sources et méthode).

L’alimentation contribue le plus à l’écart de prix entre la Guyane et la France métropolitaine. Le niveau de prix de l’alimentaire est supérieur de 39 % en Guyane par rapport à la France métropolitaine (figure 3). C’est l’un des principaux postes de dépenses des ménages guyanais (14 %) comme métropolitains (15 %) (figure 4). En prenant comme référence le panier guyanais, les prix alimentaires sont en moyenne 29 % plus chers que ceux de la France métropolitaine. A contrario, du point de vue du panier métropolitain, les prix de l’alimentation sont 51 % supérieurs à ceux de la France métropolitaine.

Les produits laitiers, les fruits et légumes et les boissons non alcoolisées contribuent le plus aux écarts observés dans l’alimentation entre les deux territoires.

Parmi les produits agroalimentaires, les fruits et légumes représentent 18 % de la dépense de consommation des ménages guyanais et la production locale de ces produits représente 26 % de la consommation en Guyane en 2019. Le droit d’entrée comprenant droit de douane et octroi de mer est de 4 % du coût d’importation en 2019 pour les fruits et légumes. Les boissons non alcoolisées représentent 12 % de la dépense de consommation des ménages guyanais en produits alimentaires et seulement 13 % de la consommation est issue de la production locale en 2019. Cette famille de produits figure parmi les plus taxées à l’import en Guyane. En effet, le droit d’entrée des boissons non alcoolisées atteint 11 % du coût d’importation en 2019. Pour les produits laitiers, le poids de la dépense de consommation est plus faible (7 %). Près d’un tiers des produits laitiers consommés sur le territoire provient de la production locale (30 %) en 2019. Par ailleurs, en 2019, le montant des droits d’entrée sur les produits laitiers représente 4 % de leur coût d’importation. Les écarts de prix des produits alimentaires proviennent également d’autres coûts comme ceux liés aux importations. Par ailleurs, le système de taxation des importations est lui-même différent de la France métropolitaine.

L’écart de prix avec la France métropolitaine continue à se creuser dans l’alimentation. En 2015, cet écart atteignait +34 % pour ce poste. Les produits laitiers, le café et certains fruits contribuent majoritairement à cette évolution.

Les boissons alcoolisées et le tabac affichent cependant des écarts de prix moins élevés par rapport à la France métropolitaine (-2 %). Ce poste représente 2 % du budget de consommation des ménages guyanais.

Les prix des services de communication (téléphonie, internet par exemple) sont plus élevés de 35 % qu’en France métropolitaine. La part budgétaire consacrée aux dépenses de communication par les ménages guyanais est plus limitée que pour l’alimentation (5 %) mais plus importante que pour les ménages métropolitains (3 %). En prenant comme référence le panier guyanais, les prix des communications sont en moyenne 36,2 % plus élevés que ceux de la France métropolitaine. À l’inverse, avec un panier métropolitain, les prix de la communication sont 35 % supérieurs à ceux de la France métropolitaine.

Les écarts de prix observés pour ce poste proviennent essentiellement des services de téléphonie mobile et de l’accès à internet.

Les dépenses de santé représentent 9 % du budget des ménages guyanais. L’écart de prix pour les dépenses de santé atteint +17 % en 2022. Les prix des biens (médicaments, appareils et matériels thérapeutiques) sont les plus élevés comparativement aux services de santé. Il s’agit ici de prix bruts avant remboursement par la sécurité sociale et les complémentaires santé. Ces familles de produits figurent aussi parmi les plus importées en Guyane en 2021 (2 % de l’ensemble des importations). Le montant des droits d’entrée, qui englobe l’octroi de mer et les droits de douane, représente 5 % du montant total des produits importés.

L’écart de prix entre la Guyane et la France métropolitaine s’est légèrement accru pour les dépenses de santé par rapport à 2015 (+1 point). Ceci s’explique en partie par l’augmentation du tarif de certains praticiens médicaux, des laboratoires d’analyses, ainsi que les coûts liés aux équipements de correction visuelle.

Les dépenses liées aux loisirs et à la culture sont légèrement plus élevées en France métropolitaine qu’en Guyane (8 % du budget contre 6 %). Les écarts de prix pour les dépenses liées aux loisirs et à la culture s’élèvent à +15 % en Guyane par rapport à la France métropolitaine. Ce sont principalement les fournitures bureautiques, les appareils numériques ainsi que les ouvrages littéraires et journaux qui expliquent ces écarts. Les produits d’édition (livres, journaux papiers, jeux vidéos et logiciels dématérialisés) sont peu importés (moins de 1 % des importations guyanaises en 2021), les droits d’entrée comprenant l’octroi de mer et les droits de douane représentent 2 % de leur montant total importé. En 2019, les produits d’édition importés représentent 4 % des produits d’édition consommés en Guyane. Les écarts de prix découlent également d’autres coûts comme ceux liés à l’importation. Le système de taxation est lui-même différent par rapport à la France métropolitaine.

En prenant comme référence le panier guyanais, les prix sont en moyenne 12 % plus chers à ceux de la France métropolitaine. En revanche, du point de vue du panier métropolitain, les prix des loisirs et de la culture sont 18 % supérieurs à ceux de la France métropolitaine.

Les prix de l’habillement sont 2 % moins élevés en Guyane qu’en France métropolitaine. Les dépenses liées à l’habillement pour un ménage guyanais sont supérieures à celle de la France métropolitaine (6 % contre 4 %). Un ménage moyen guyanais paie 2 % moins cher pour son panier vestimentaire que s’il était acheté en France métropolitaine. En revanche, du point de vue du ménage métropolitain, son panier d’habillement coûte 1 % moins cher en Guyane qu’en France métropolitaine. Les produits textiles, de l’habillement, du cuir et de la chaussure représentent 4 % du total des produits importés en Guyane en 2021. Pour cette famille de produits, les droits d'entrée, comprenant l'octroi de mer et les droits de douane, représentent 9 % du montant total importé.

Les transports et le logement sont deux postes majeurs de consommation qui représentent respectivement 17 % et 18 % des dépenses d’un ménage guyanais. En France métropolitaine, ces parts sont respectivement de 14 % et 15 %. Les écarts de prix avec la France métropolitaine sont les plus faibles.

En Guyane, les prix liés au transport (aérien, routier, entretien et réparation des véhicules) sont 6 % supérieurs à ceux pratiqués en France métropolitaine. Un ménage guyanais conservant ses mêmes comportements de consommation dédiés au transport en Guyane paie ces services 4 % plus cher que s’il se trouvait en France métropolitaine. Un ménage métropolitain en Guyane paie en moyenne 7 % plus cher ses dépenses dédiées au transport. Les coûts des pièces de rechange et de l’entretien automobile expliquent ces écarts avec la France métropolitaine ainsi que leur accroissement depuis 2015 (+4 points).

Les prix des dépenses liées aux logements (loyers, charges, entretien, eau, électricité) sont 6 % plus élevés qu’en France métropolitaine. Les services liés à la jouissance du logement (électricité, gaz), à son entretien et à ses réparations sont moins chers en Guyane à l’exception des services divers liés au logement (eau et collecte des ordures ménagères par exemple). Les logements du secteur social ont des écarts de prix de loyers moins importants par rapport à ceux du secteur libre, que ce soit pour les logements individuels ou collectifs. Une fois pris en compte le poids de ces deux secteurs dans les dépenses des loyers, les écarts entre la Guyane et la France métropolitaine s'élèvent à +10 %.

En prenant comme référence le panier guyanais, les prix de l’ensemble des dépenses liées au logement sont en moyenne 8 % plus élevés que ceux de la France métropolitaine. A contrario, du point de vue du panier métropolitain, les prix de ces dépenses sont 3 % supérieurs à ceux de la France métropolitaine.