Insee Flash Corse · Juin 2023 · n° 80

En Corse, les seniors plus souvent en activité et exposés à la pauvreté

En 2020, 68 000 personnes âgées de 55 à 69 ans, les « seniors », résident en Corse. Ils représentent un habitant sur cinq de l’île. La Corse se situe ainsi au 3ᵉ rang des régions où le taux de seniors est le plus important derrière la Nouvelle-Aquitaine et la Bourgogne-Franche-Comté (figure 1).

Les seniors insulaires sont principalement à la retraite (45 %) ou en emploi (38 %). Les autres sont au chômage (3 %) ou autres inactifs (14 %), par exemple des femmes ou des hommes au foyer.

La présence des seniors corses sur le marché du travail diminue avec l’âge. Alors qu’à 56 ans, sept seniors sur dix sont en emploi, ils ne sont plus qu’un sur dix après 64 ans. Entre 59 ans et 62 ans, période charnière, la part des personnes en emploi chute de 21 points (figure 2). À 62 ans, âge minimum légal d’ouverture des droits à la retraite en 2020, 36 % des personnes occupent un emploi et 50 % sont à la retraite.

Les seniors corses occupent plus souvent un emploi qu’en moyenne de province (+2 points). Seuls les seniors résidant en Auvergne-Rhône-Alpes et en Provence-Alpes-Côte d’Azur sont plus fréquemment dans cette situation.

Cependant, jusqu’à l’âge de 59 ans, le taux d’emploi des seniors insulaires est inférieur à celui de province, il ne le dépasse qu’à partir de 60 ans (figure 3). Pour cause, la chute du taux d’emploi observée autour de la soixantaine est deux fois moins marquée sur l’île.

Cela s’explique en partie par l’importance du non-salariat en Corse [Arnaud Luciani, Arnaud Huyssen, 2023, pour en savoir plus (1)]. Or les non-salariés demeurent plus régulièrement en activité après 65 ans. Ils peuvent prolonger leur carrière en raison d’un début d’activité tardif ou être confrontés à des difficultés pour trouver un repreneur [Barbara Luquet, 2018, pour en savoir plus (2)]. En revanche, certains salariés peuvent partir avant 62 ans pour des raisons de carrière longue, de santé ou de licenciement.

En Corse, entre 2010 et 2020, le taux d’emploi des seniors progresse de 8 points. Cette augmentation est particulièrement marquée aux âges de 60 et 61 ans (respectivement +21 points et +18 points). En effet, dans la même décennie, s’ajoute à l’allongement de la durée légale de travail, l’essor du nombre de seniors avec une croissance démographique de +17 % contre +11 % pour l’ensemble de la population. Ainsi, depuis 2010, 8 000 seniors supplémentaires sont en emploi en Corse.

En Corse, 18 % des seniors ne sont « ni en emploi ni à la retraite » (NER), une part supérieure à la moyenne de province (13 %). Cette situation concerne 12 000 seniors potentiellement exposés à la précarité.

C’est entre 55 et 61 ans qu’ils sont les plus nombreux, 27 % des seniors sont des NER, puis cette part baisse de 10 points à 62 ans du fait des départs en retraite. Elle continue ensuite de diminuer et représente 7 % des seniors âgés de 69 ans.

Les femmes sont particulièrement concernées avec une femme senior sur quatre NER contre un homme senior sur dix. Cette situation s’inscrit, de surcroît, davantage dans la durée pour les femmes. Si la part de NER baisse nettement entre 62 et 69 ans chez les hommes, elle reste stable chez les femmes. Cela peut être à la fois le reflet de carrières plus souvent incomplètes qui retardent l’atteinte du taux plein pour les femmes mais surtout un taux d’activité des femmes insulaires (67 %) inférieur de dix points à celui des hommes.

Les ménages seniors sont davantage touchés par la pauvreté sur l’île : 25 % vivent sous le seuil de pauvreté contre 18 % en province. La Corse est la région ou le taux de pauvreté des ménages seniors est le plus élevé.

De plus, la moitié des ménages seniors insulaires ont un niveau de vie annuel inférieur à 22 365 euros, le plus faible derrière les Hauts-de-France (21 910 euros). Le niveau de vie médian est ainsi en-deça de celui de France de province (23 220 euros).

En outre, contrairement à la tendance nationale, ce niveau de vie médian insulaire décroît avec l’âge : il est de 21 870 euros pour les ménages dont le référent fiscal a entre 65 et 69 ans contre 22 570 euros pour les ménages entre 55 et 64 ans.