Insee
Insee Flash Centre-Val de Loire · Juin 2023 · n° 69
Insee Flash Centre-Val de LoireLes jeunes actifs vivent moins chez leurs parents dans l’agglomération tourangelle que dans le reste de la région

Élise Boekwa Bonkosi, Maxime Simonovici (Insee)

En 2019 dans l’agglomération tourangelle, près de 50 000 jeunes actifs âgés de 21 à 35 ans ne résident plus au domicile parental. Occuper un logement indépendant de celui de ses parents traduit surtout l’autonomie professionnelle et financière et les étapes dans le cycle de vie familiale des jeunes actifs. La plupart ont déjà quitté le domicile de leurs parents à 21 ans et presque tous à 35 ans. Alors qu’avant 23 ans ils habitent plutôt seuls, les jeunes actifs partis de chez leurs parents vivent de plus en plus souvent en couple avec l’âge. À tout âge, les femmes et les plus diplômés ont plus souvent quitté leurs parents. La prise d’indépendance résidentielle est sans surprise plus fréquente pour ceux qui sont en emploi, et encore plus pour ceux qui occupent un emploi en contrat à durée indéterminée.

Insee Flash Centre-Val de Loire
No 69
Paru le :Paru le08/06/2023

Cette publication décrit la population des jeunes actifs de l’agglomération tourangelle ayant quitté le domicile de leurs parents. La publication Insee Analyses no 96 présente les caractéristiques des logements de cette population.

Plus d’un jeune actif sur deux n’habite plus chez ses parents dès 21 ans

Les jeunes âgés de 21 à 35 ans représentent 18 % de la population de l’agglomération tourangelle en 2019 (pour comprendre). Leur nombre a légèrement diminué en 10 ans (70 500 en 2019, 600 de moins qu’en 2009). Plus des trois quarts d’entre eux ne sont plus étudiants. La plupart des jeunes non étudiants sont actifs (94 %), en emploi ou non. Parmi les jeunes actifs en logement ordinaire, 87 % ne vivent plus chez leurs parents ou un autre membre de leur famille (47 200). Ils sont plus souvent qu’en Centre-Val de Loire (5 points de plus). Cet écart n’est pas le reflet de structures par âge de la population très différentes. Jusqu’à 30 ans, les effectifs de jeunes actifs pour chaque âge sont proportionnellement légèrement supérieurs dans l’agglomération tourangelle à ceux de la région. Ceci n’a pas d’effet significatif sur la part de ceux ayant quitté le domicile parental parmi les jeunes actifs : elle reste la même en appliquant la structure par âge régionale et en conservant les parts de décohabitants dans l'agglomération pour chaque âge.

Avec l’âge, l’appartenance à une et le rôle familial des jeunes actifs évolue, en lien avec leur entrée sur le marché du travail et les étapes de leur cycle de vie familiale. Si à 21 ans ils ne sont qu’un peu plus de la moitié à avoir quitté le domicile parental, ils sont presque tous dans cette situation à 35 ans (figure 1). Entre 21 et 23 ans, les jeunes actifs partis de chez leurs parents vivent principalement seuls, puis en couple sans enfant entre 24 et 28 ans. Ensuite, ils vivent davantage en couple avec enfants. À 35 ans, ils sont 61 % à être dans cette situation, tandis que cela ne concerne que 3 % des jeunes actifs de 21 ans. En 2009, deux fois plus de jeunes actifs de 21 ans vivaient en couple avec enfants. La monoparentalité concerne davantage les jeunes actifs de plus de 30 ans.

À tout âge, les jeunes femmes actives de l’agglomération tourangelle prennent leur indépendance résidentielle en plus forte proportion que les hommes. À 21 ans, les deux tiers d’entre elles ont quitté le domicile parental, contre seulement la moitié des hommes. Les femmes décohabitantes vivent majoritairement en couple. Entre 21 et 28 ans, elles sont plutôt en couple sans enfant puis avec enfants. Les hommes de 21 à 25 ans vivent autant seuls qu’en couple (29 %). En lien avec le fait qu’elles aient des enfants plus jeunes que les hommes et l’écart d’âge dans les couples, les femmes vivent en famille avec enfants plus tôt que les hommes. À 21 ans, elles sont 7 % à vivre ainsi, contre 2 % des hommes. Avec le recul de l’âge auquel femmes et hommes deviennent parents, ces proportions sont en baisse. Dix ans plus tôt, en 2009, 11 % des femmes et 3 % des hommes vivaient en couple avec enfants à 21 ans.

Figure 1aPart des jeunes actifs non étudiants de l’agglomération tourangelle et répartition par mode de cohabitation selon l’âgeJeunes actifs non étudiants

(en %)
Part des jeunes actifs non étudiants de l’agglomération tourangelle et répartition par mode de cohabitation selon l’âge ((en %))
Âge Actifs non étudiants Vivant au domicile parental Personne vivant seule En colocation En couple sans enfant En couple avec enfants En famille monoparentale
21 34 45 24 6 21 3 1
22 43 39 27 5 24 4 1
23 58 31 28 7 28 5 1
24 71 24 29 5 32 8 2
25 77 19 29 5 34 11 2
26 81 17 30 3 32 15 3
27 84 13 27 5 34 18 3
28 86 9 25 4 32 26 4
29 89 10 24 3 27 31 5
30 91 6 23 3 27 37 4
31 90 5 23 2 21 43 6
32 91 5 20 2 19 47 7
33 91 5 19 1 14 54 7
34 91 3 18 2 14 56 7
35 92 3 17 1 11 61 7
  • Champ : résidents actifs âgés de 21 à 35 ans de l’agglomération tourangelle.
  • Source : Insee, Recensement de la population 2019 – exploitation complémentaire.

Figure 1aPart des jeunes actifs non étudiants de l’agglomération tourangelle et répartition par mode de cohabitation selon l’âgeJeunes actifs non étudiants

  • Champ : résidents actifs âgés de 21 à 35 ans de l’agglomération tourangelle.
  • Source : Insee, Recensement de la population 2019 – exploitation complémentaire.

Dans la métropole de Tours, les actifs décohabitants sont plus jeunes que dans le reste de l’agglomération tourangelle

Dès 21 ans, les jeunes actifs de la métropole de Tours sont une minorité à être restés chez leurs parents (42 %). À titre de comparaison, dans la métropole d’Orléans la majorité vit encore au domicile parental à cet âge (54 %). La plupart des jeunes actifs décohabitants résident dans l’intercommunalité la plus dense de l’agglomération tourangelle (dans laquelle ils représentent une part des jeunes actifs proche de celles dans les deux autres intercommunalités). Néanmoins, la proportion de ceux qui habitent à Tours Métropole Val de Loire est d’autant moins grande qu’ils sont âgés. Ainsi, 86 % de ceux âgés de 21 à 25 ans vivent à Tours Métropole Val de Loire, contre 76 % de ceux de 31 à 35 ans. Cela n’est pas sans lien avec les étapes du cycle de vie familiale de cette population. Les jeunes actifs décohabitants de l’agglomération tourangelle vivent le plus souvent en couple avec enfants (36 % d’entre eux), mais dans une moindre mesure qu’à l’échelle régionale (46 %) (figure 2 et figure 3). À Tours Métropole Val de Loire, ils habitent à tous âges plus souvent seuls qu’à Touraine Vallée de l’Indre et Touraine-Est Vallées. Entre 21 et 25 ans, ils vivent majoritairement en couple sans enfant dans ces deux intercommunalités. Après 25 ans, ils y vivent surtout en couple avec enfants. Près des trois quarts des jeunes actifs décohabitants âgés de 31 à 35 ans sont dans cette situation hors de la métropole de Tours et moins de la moitié dans cette dernière.

Dans chacune des intercommunalités composant l’agglomération, la part des jeunes actifs décohabitants vivant seuls a augmenté en 10 ans et particulièrement à Tours Métropole Val de Loire (+3 points). Celle des jeunes actifs vivant en couple avec enfants a diminué, sauf à Touraine Vallée de l’Indre.

Figure 2Répartition des jeunes actifs décohabitants par classe d’âge

(en %)
Répartition des jeunes actifs décohabitants par classe d’âge ((en %))
Niveau géographique 21 à 25 ans 26 à 30 ans 31 à 35 ans Ensemble
CC Touraine Vallée de l'Indre 12 34 54 100
CC Touraine-Est Vallées 16 33 51 100
Tours Métropole Val de Loire 22 39 39 100
Agglomération tourangelle 20 38 42 100
Orléans Métropole 20 39 41 100
Indre-et-Loire 19 37 44 100
Centre-Val de Loire 18 37 45 100
  • Champ : résidents actifs décohabitants âgés de 21 à 35 ans.
  • Source : Insee, Recensement de la population 2019 – exploitation complémentaire.

Figure 3Répartition des jeunes actifs décohabitants âgés de 21 à 35 ans par mode de cohabitation

(en %)
Répartition des jeunes actifs décohabitants âgés de 21 à 35 ans par mode de cohabitation ((en %))
Niveau géographique Personne vivant seule En colocation En couple sans enfant En couple avec enfants En famille monoparentale Ensemble
CC Touraine Vallée de l'Indre 12 1 24 60 3 100
CC Touraine-Est Vallées 11 3 28 55 4 100
Tours Métropole Val de Loire 32 4 29 30 5 100
Agglomération tourangelle 27 4 28 36 5 100
Orléans Métropole 28 4 26 37 5 100
Indre-et-Loire 23 3 27 42 5 100
Centre-Val de Loire 21 3 25 46 5 100
  • Champ : résidents actifs décohabitants âgés de 21 à 35 ans.
  • Source : Insee, Recensement de la population 2019 – exploitation complémentaire.

Les jeunes ayant un emploi à durée indéterminée décohabitent davantage

Alors que 90 % des jeunes actifs en emploi ne vivent plus au domicile parental, les jeunes actifs sans emploi (au chômage au sens du recensement) sont 72 % dans cette situation. Cet écart reflète le fait que l’insertion professionnelle, et ainsi la prise d’autonomie financière, facilite la décohabitation. La relation entre décohabitation et insertion professionnelle est d’autant plus marquée que les actifs sont jeunes (mais les actifs les plus jeunes sont plus souvent sans emploi que leurs aînés). Ainsi, pour les jeunes actifs âgés de 21 à 25 ans, la part de décohabitants atteint 76 % lorsqu’ils sont en emploi, contre 52 % lorsqu’ils sont au chômage. Pour ceux âgés de 26 à 30 ans, ces parts sont respectivement 92 % et 77 %, et 97 % et 89 % pour ceux âgés de 31 à 35 ans.

La part des décohabitants parmi les jeunes en emploi est proche dans les trois intercommunalités de l’agglomération tourangelle. En revanche, ceux sans emploi ont moins souvent quitté le domicile parental à Touraine Vallée de l’Indre et Touraine-Est Vallées qu’à Tours Métropole Val de Loire.

La sécurité de l’emploi ou une plus grande indépendance professionnelle peuvent favoriser la décohabitation. La part des décohabitants est ainsi plus grande parmi les jeunes actifs en contrat à durée indéterminée (CDI) ou non salariés, que pour ceux employés selon d’autres contrats de travail. Cet effet porte moins sur les actifs les plus jeunes, ceux âgés de 21 à 25 ans étant moins souvent en CDI ou non salariés que ceux âgés de 26 à 30 ans, qui le sont eux-mêmes moins fréquemment que ceux âgés de 31 à 35 ans.

La part des décohabitants parmi les jeunes en CDI est du même ordre de grandeur dans les trois intercommunalités, mais elle est moins grande parmi les jeunes en contrat à durée déterminée (CDD) à Touraine Vallée de l'Indre, qu'à Touraine-Est Vallées et encore moins qu'à Tours Métropole Val de Loire.

Les jeunes actifs sont d’autant plus enclins à être partis de chez leurs parents qu’ils sont diplômés (de moins de 80 % de décohabitants parmi les titulaires du brevet des collèges ou sans diplôme, à 93 % parmi ceux ayant un diplôme de niveau bac+5 ou plus). Les différences en termes de décohabitation selon le niveau de diplôme se réduisent en neutralisant l’effet de l’âge. Parmi ceux âgés de 31 à 35 ans, la part de personnes ayant un diplôme de niveau bac+5 ou plus est sensiblement supérieure à celle parmi les jeunes actifs de 21 à 25 ans (21 % contre 9 %), pour une partie encore en études. En d’autres termes, le niveau de diplôme n'est pas le facteur le plus déterminant de la décohabitation, cela s’explique plutôt par le lien entre âge et diplôme, l'accès à l’emploi facilité par le diplôme, notamment à l'emploi à durée indéterminée, et le lien entre niveau de diplôme et catégorie socio-professionnelle. Dans l’agglomération tourangelle, la part des jeunes actifs sans emploi décroît ainsi avec le niveau de diplôme, tandis que la part de ceux en CDI croît avec le niveau de diplôme (jusqu’au niveau bac+2). Les jeunes actifs employés comme cadres sont par ailleurs plus souvent décohabitants que ceux qui sont ouvriers (97 % contre 83 %).

Encadré - Partenariat

Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Direction régionale de l’Insee Centre-Val de Loire (Insee) et la Base de Défense de Tours.

Publication rédigée par :Élise Boekwa Bonkosi, Maxime Simonovici (Insee)

Pour comprendre

À l'échelle infra-départementale, les Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT) visent à préparer et orienter le devenir d'un territoire intercommunal pour les vingt années à venir. Ils servent de cadre de référence aux politiques publiques relatives à l’habitat, aux déplacements, au développement commercial, à l’environnement ainsi qu'aux documents de planification urbaine (PLU/PLUi).

Rassemblés autour de ce schéma de coopération dans le cadre du Syndicat Mixte de l’Agglomération Tourangelle (SMAT), les établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre de Tours Métropole Val de Loire, de la Communauté de communes Touraine-Est Vallées et de la Communauté de communes Touraine Vallée de l’Indre constituent l’agglomération tourangelle.

Sources

Insee, Recensement de la population, 2019.

Définitions

Les jeunes décohabitants sont ceux qui ne résident pas avec leurs parents ou d’autres membres de leur famille (hors conjoint et enfant) dans les logements ordinaires.

Un jeune décohabitant peut :

  • occuper seul son logement ;
  • être un adulte d’un couple (avec ou sans enfant) ou d’une famille monoparentale ;
  • être en colocation.

Une famille est la partie d'un ménage comprenant au moins deux personnes :

  • soit un couple (cf. définition de couple), avec le cas échéant son ou ses enfants appartenant au même ménage ;
  • soit un adulte avec son ou ses enfants appartenant au même ménage (famille monoparentale).

Pour qu'une personne soit enfant d'une famille, elle doit être célibataire et ne pas avoir de conjoint ou d'enfant faisant partie du même ménage (voir définition de l'enfant d'une famille).

Un ménage peut comprendre zéro, une ou plusieurs familles. Au sein d'un ménage, une personne peut soit appartenir à une famille et une seule, soit n'appartenir à aucune famille.

Dans cette étude, les jeunes correspondent à la population âgée de 21 à 35 ans.

Les non étudiants sont non inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur (collèges, lycées, établissements de l’enseignement supérieur).

Les actifs non étudiants regroupent les jeunes non étudiants avec emploi et sans emploi.

Les non étudiants en emploi sont ceux s’étant déclarés soit exercer une profession (salariée ou non, même à temps partiel), soit aider une autre personne dans son travail (même sans rémunération), soit être chômeur tout en exerçant une activité réduite. Les jeunes cumulant emploi et études (job étudiant) sont exclus.

Pour en savoir plus

(1) Boekwa Bonkosi E., Simonovici M., « Les logements des couples avec enfants plus grands et plus souvent en périphérie de Tours que ceux des autres jeunes actifs de l’agglomération tourangelle », Insee Analyses Centre-Val de Loire no 96, juin 2023.

(2) Bourdu E., Chéry M., Piraux E., Simonovici M., « Les nouveaux habitants de l’agglomération tourangelle sont souvent des jeunes adultes ou des personnes seules », Insee Analyses Centre-Val de Loire no 88, octobre 2022.

(3) Pouliquen E., « Depuis 2000, la part des 18-29 ans habitant chez leurs parents augmente à nouveau », Insee Première no 1686, janvier 2018.

(4) Coppoletta R., Solard J., « La décohabitation, privilège des jeunes qui réussissent ? », Économie et Statistique no 469-470, juillet 2014.

(5) Robert A., Emmanuel Sulzer E., « Quitter le domicile parental : un processus très lié au parcours scolaire et professionnel », France Portrait Social édition 2020, décembre 2020.