Insee Focus · Juin 2023 · n° 300

Pour les acheteurs d’équipement numérique, le prix compte plus que l’efficacité énergétique

En 2022, 91 % des personnes âgées de 15 ans ou plus résidant en France (hors Mayotte) disposent d’un accès à Internet à domicile, contre 78 % dix ans plus tôt. Plus particulièrement, 86 % des personnes ont une connexion haut débit à leur domicile, qu’elle soit fixe (par l’ADSL, le câble, la fibre ou encore le Wi-Fi) ou mobile (par la 3G, la 4G ou la 5G).

Certains équipements connectés sont devenus la norme en France, au même titre que de disposer d’Internet chez soi : ainsi, en 2022, 79 % de la population possède un smartphone (77 % en 2021). De même, 89 % des personnes âgées de 16 ans ou plus disposent d’un ordinateur ou d’une tablette chez eux en 2021 (sources).

En 2021, le smartphone est le principal appareil utilisé pour se connecter à Internet : au premier trimestre 2021, 86 % des internautes utilisent un téléphone portable pour aller sur Internet et 84 % un ordinateur (66 % un portable et 40 % un fixe ; figure 1). En outre, près de six internautes sur dix ont déjà utilisé Internet sur une télévision et trois sur dix sur une console de jeu.

En 2022, 30 % des personnes résidant en France de 15 ans ou plus ont déjà utilisé au moins un objet connecté pour leur maison, aussi appelé appareil domotique (figure 2). Dans le détail, 14 % des personnes ont utilisé un assistant virtuel, 12 % un appareil électroménager comme un aspirateur robotisé, un réfrigérateur ou un four connecté, 11 % un appareil de sécurité (système d’alarme, détecteur de fumée, caméras de sécurité, etc.) et 10 % un appareil de gestion de l’énergie de la maison (thermostat, éclairages, etc.). Près des deux tiers des utilisateurs de domotique n’ont déjà fait l’expérience que d’un seul appareil connecté pour leur domicile.

Les utilisateurs de domotique sont généralement plus jeunes, plus diplômés et plus aisés que le reste de la population : 42 % des personnes de moins de 45 ans ont déjà utilisé ce genre d’appareils, contre seulement 14 % des personnes de 60 ans ou plus. À autres caractéristiques identiques, les hommes utilisent plus que les femmes tous les types d’appareils connectés pour la maison (alarmes, assistants virtuels, appareils de gestion de l’énergie, etc.), sauf les appareils électroménagers connectés. Les personnes les plus aisées utilisent près de deux fois plus la domotique que les autres : 41 % des personnes parmi le cinquième le plus élevé de niveau de vie l’utilisent, contre 24 % parmi le premier cinquième. L’écart entre les plus et les moins aisés est maximal pour les appareils de sécurité de la maison ; la question de la sécurité de leurs biens se pose moins pour les personnes les plus modestes qui ont, en outre, moins les moyens financiers de se procurer ce type d’appareil.

L’usage de la domotique reste cependant une pratique minoritaire en France. 15 % de la population n’a pas utilisé de domotique parce qu’elle n’utilise pas Internet fréquemment et 39 % des personnes déclarent tout simplement ne pas avoir besoin de ce type d’appareil. Les autres raisons le plus souvent évoquées sont leur coût trop élevé (pour 9 % des personnes interrogées), la préoccupation vis‑à‑vis de la protection des données personnelles (9 %) ou vis-à-vis d’un risque d’accident ou de blessure (8 %). Enfin, 1 % de la population ignorait que ce genre d’appareils existât.

En 2022, 20 % des personnes de 15 ans ou plus vivant en France ont déjà porté un objet connecté à Internet, par exemple une montre connectée, un bracelet de fitness, des lunettes ou un casque connecté. C’est le cas de 30 % des jeunes de moins de 30 ans, mais seuls 9 % des 60‑74 ans et 3 % des personnes âgées de 75 ans ou plus ont déjà utilisé ce type d’appareil (figure 3).

Les personnes les plus aisées en ont porté près de deux fois plus souvent que les personnes dans le premier cinquième de niveau de vie (27 % contre 15 %), comme les cadres ou les personnes exerçant une profession libérale par rapport aux ouvriers (34 % contre 19 %). Les personnes les plus diplômées en ont également plus souvent porté.

Les appareils connectés investissent également le domaine médical : 5 % de la population a déjà utilisé un dispositif connecté pour la santé ou les soins médicaux, qu’il s’agisse d’un objet destiné à contrôler la tension artérielle, le taux de sucre ou encore le poids. Toutes choses égales par ailleurs, les personnes fortement limitées à cause d’un problème de santé ont une probabilité 1,8 fois plus élevée d’avoir déjà utilisé ce type d’appareil que les personnes qui ne déclarent aucun problème de santé. En outre, à état de santé égal, les plus aisés ont 1,5 fois plus de chances que les plus modestes d’avoir eu accès à un dispositif connecté pour monitorer leur santé.

D’autres objets connectés sont d’usage encore plus rare : seuls 2 % de la population ont déjà utilisé des jouets connectés (robots, jouets éducatifs connectés, etc.).

Si les trois quarts des utilisateurs n’ont rencontré aucun problème avec leurs objets connectés, y compris ceux pour la maison, 15 % signalent toutefois des difficultés à utiliser l’appareil et 5 % relèvent des problèmes de sécurité ou de confidentialité.

En 2022, l’écologie fait encore peu partie des préoccupations des particuliers vis‑à‑vis de leurs appareils numériques. En effet, parmi les personnes ayant acheté un ordinateur, un smartphone ou une tablette, seules 20 % considèrent l’efficacité énergétique de l’appareil et 14 % son éco-conception (produit durable, à la production respectueuse de l'environnement) comme un critère important, contre 82 % pour le prix et 61 % pour les caractéristiques du disque dur et la vitesse du processeur (figure 4). Par ailleurs, 8 % des acheteurs estiment importante l’existence d’une garantie de reprise de leur appareil obsolète par le vendeur et 6 % prennent en compte la possibilité de prolonger la durée de vie de l’appareil en achetant une garantie supplémentaire.

Les plus jeunes sont davantage soucieux des critères écologiques que leurs aînés : 24 % des personnes âgées de 15 à 29 ans regardent l'efficacité énergétique du produit et 16 % son éco-conception lors de l’achat, contre respectivement 15 % et 13 % pour les personnes entre 60 et 74 ans. C’est également le cas des habitants de l’aire de Paris, qui sont 24 % à se soucier de l’efficacité énergétique des appareils, contre 18 % pour les aires de moins de 200 000 habitants et 15 % pour les communes hors attraction des villes. En outre, les Français sont à peu près autant préoccupés par cette dimension écologique dans le numérique que leurs voisins européens (encadré).

Quand les appareils numériques sont devenus inutiles, la seconde vie ou le recyclage n’est le réflexe que d’un tiers des personnes. Ainsi, environ une personne sur cinq vend ou donne son ordinateur ou son smartphone quand elle le remplace (figure 5). En outre, 9 % des détenteurs de smartphones usagés, 16 % des détenteurs d’ordinateurs portables ou de tablettes usagés et 26 % des détenteurs d’ordinateurs fixes usagés les ont soit jetés dans une poubelle de recyclage des déchets électroniques, soit laissés à un détaillant pour qu’il le fasse.

Dans la majeure partie des cas (63 % pour les smartphones et 55 % pour les ordinateurs portables ou tablettes), les personnes conservent leur ancien appareil à leur domicile. Toutefois, les pratiques les moins écologiques sont devenues rares : moins de 2 % des personnes déclarent jeter leurs appareils numériques dans une poubelle destinée aux déchets non recyclables.