Insee Focus ·
Juillet 2022 · n° 27282 % des internautes protègent leurs données personnelles en ligne
En 2021, un internaute sur deux a vu au moins une infox, une information qu’il juge fausse ou peu fiable. Les utilisateurs d'Internet sont aussi confrontés à des pratiques malveillantes en ligne : en 2019, 43 % des internautes ont reçu un message les invitant à se connecter à un site internet frauduleux.
Les risques liés à Internet inquiètent : en 2021, 72 % des internautes se disent préoccupés par l’enregistrement de leurs activités en ligne pour le ciblage publicitaire. 82 % des utilisateurs limitent la mise à disposition de leurs données personnelles en ligne. Toutefois, les personnes âgées, les plus défavorisées et celles qui ont de faibles compétences numériques protègent moins que les autres leurs données.
Globalement, en 2019, les craintes en matière de sécurité ont conduit 76 % des internautes à limiter ou renoncer à la pratique d’au moins une activité en ligne.
- Un internaute sur deux a vu une infox au cours des trois derniers mois
- En 2019, 43 % des internautes ont reçu un message les invitant à se connecter à un site internet frauduleux
- 72 % des internautes sont préoccupés par l'enregistrement de leurs activités en ligne
- En 2019, 76 % des internautes ont limité ou renoncé à une activité en ligne à cause de leurs craintes sur la sécurité
- Encadré – Vérification des infox
Un internaute sur deux a vu une infox au cours des trois derniers mois
En 2021, 51 % des utilisateurs d'Internet résidant en France hors Mayotte déclarent avoir vu au moins une information qu’ils jugent fausse ou peu fiable (infox) au cours des trois derniers mois, sur des sites d'information ou des médias sociaux (figure 1).
tableauFigure 1 – Part de personnes ayant vu au moins une infox en 2021, selon les pratiques en ligne
Internautes ayant... | Pourcentage |
---|---|
créé un profil ou posté sur les réseaux | 63,0 |
utilisé une messagerie instantanée | 58,3 |
lu des journaux en ligne ou consulté des sites d'actualité | 56,8 |
exprimé des opinions sur des questions civiques ou politiques | 72,4 |
recherché des informations liées à la santé | 56,0 |
Ensemble des internautes | 50,6 |
- Lecture : 56,8 % des internautes ayant lu des journaux en ligne ou des sites d'actualité ont vu des infox, contre 50,6 % de l'ensemble des internautes.
- Champ : France hors Mayotte, personnes de 15 ans ou plus, vivant en logement ordinaire, ayant utilisé Internet dans les trois mois précédant l'enquête.
- Source : Insee, enquête TIC 2021.
graphiqueFigure 1 – Part de personnes ayant vu au moins une infox en 2021, selon les pratiques en ligne
Les personnes qui utilisent les réseaux sociaux ou les sites d'actualité sont plus exposées aux infox que les autres. Ainsi, dans les trois derniers mois, parmi ceux qui ont créé un profil ou posté des messages sur les réseaux sociaux (48 % des internautes), 63 % ont vu au moins une infox, contre 39 % des gens qui ne l'ont pas fait. De même, ceux qui ont utilisé une messagerie instantanée, exprimé des opinions sur des questions civiques ou politiques via des sites web ou des médias sociaux ou participé à des consultations en ligne ont plus souvent vu une infox que les autres.
À pratiques comparables, ceux qui déclarent avoir vu des informations fausses ou peu fiables sont davantage les hommes, les personnes âgées de moins de 30 ans, les plus diplômées et celles qui ont des compétences numériques avancées. Ces personnes vérifient également plus souvent les infox repérées (encadré).
En 2019, 43 % des internautes ont reçu un message les invitant à se connecter à un site internet frauduleux
Outre le fait d'être exposés à des fausses informations sur Internet, les internautes font parfois face à des actes criminels ou malveillants en ligne. En 2019, 52 % des utilisateurs d'Internet ont été confrontés à au moins un problème de sécurité informatique au cours de l'année.
Le plus souvent, il s'agit de tentatives de fraude en ligne que l'internaute peut déjouer. Ainsi, en 2019, 43 % des internautes ont reçu un message les invitant à se connecter à un site internet frauduleux (hameçonnage) et 22 % ont été redirigés vers un site frauduleux les invitant à fournir des informations personnelles lors d'une navigation internet (figure 2). 4 % des utilisateurs ont subi une prise de contrôle de leur compte de réseau social ou de leur boîte mail et l'envoi de leur contenu à un tiers sans leur accord, les personnes de 75 ans ou plus étant un peu plus souvent victimes que les autres de ces attaques.
tableauFigure 2 – Problèmes de sécurité informatique déclarés en 2019
Problème rencontré | Part de personnes ayant déclaré un problème de sécurité en 2019 |
---|---|
Réception d’un message invitant à se connecter à un site internet frauduleux (hameçonnage, phishing) | 43,1 |
Redirection vers un site frauduleux invitant à fournir des informations personnelles lors d’une navigation internet (pharming) | 21,7 |
Usage frauduleux de carte de crédit | 5,8 |
Prise de contrôle de compte sur les réseaux sociaux ou de boîte mail et le post ou l’envoi de leur contenu à un tiers | 3,8 |
Utilisation abusive de données personnelles avec pour conséquence du harcèlement, une discrimination | 3,4 |
Perte de documents, de photos ou d’autres données à cause d’un virus ou d’une infection de l’ordinateur | 3,2 |
Accès des enfants à des sites internet aux contenus inappropriés | 3,0 |
Vol d'identité | 1,1 |
Rencontre d'au moins un problème de sécurité dans l'année | 51,5 |
- Lecture : en 2019, 43,1 % des internautes déclarent avoir reçu un message qui les invite à se connecter à un site internet frauduleux.
- Champ : France hors Mayotte, personnes de 15 ans ou plus, vivant en logement ordinaire, ayant utilisé Internet dans les trois mois précédant l'enquête.
- Source : Insee, enquête TIC 2019.
graphiqueFigure 2 – Problèmes de sécurité informatique déclarés en 2019
Les vols d'identité sur Internet sont beaucoup plus rares. Ils touchent 1 % des internautes, mais engendrent cinq fois plus souvent une perte financière pour la victime (dans 15 % des cas, contre 3 % pour l'hameçonnage). Par ailleurs, en 2019, 6 % des internautes ont déclaré avoir subi un usage frauduleux de leur carte de crédit. Le risque d’être la cible d’actes malveillants augmente avec la fréquence d'utilisation d'Internet : un utilisateur quotidien sur deux a déjà rencontré ce type de problème, contre seulement un sur quatre pour ceux qui utilisent Internet moins d'une fois par semaine. À fréquence d'utilisation égale, le risque d'être victime d'un problème de sécurité croît avec l'âge, le revenu, le niveau de diplôme et les compétences numériques.
72 % des internautes sont préoccupés par l'enregistrement de leurs activités en ligne
Outre la présence d’actes de malveillance en ligne, le risque d’atteinte à la vie privée et d'utilisation non souhaitée des données personnelles est source de craintes pour les internautes. Ainsi, en 2021, 30 % des utilisateurs d'Internet se déclarent très préoccupés et 42 % préoccupés par le fait que leurs activités en ligne soient enregistrées pour qu'on leur propose des publicités ciblées.
Certains internautes limitent la mise à disposition de leurs données personnelles en lien avec leurs activités sur Internet. Ainsi, au cours des trois derniers mois, 59 % des utilisateurs d'Internet ont restreint ou refusé l'accès à leur position géographique, 59 % ont refusé l'usage de données personnelles dans un but publicitaire, 37 % ont limité l'accès à leur profil ou aux contenus postés sur leurs réseaux sociaux et 32 % ont changé les paramètres de leur navigateur afin d'interdire ou limiter les cookies (figure 3). Certaines pratiques plus élaborées de protection des données demeurent toutefois plus rares : seuls 25 % des internautes utilisent un logiciel de protection contre le tracking (logiciel qui limite la capacité à suivre les actions de l'internaute sur Internet), 24 % lisent la politique de confidentialité du site avant de fournir des informations personnelles et 9 % demandent la modification ou la suppression des données personnelles auprès d'un administrateur ou fournisseur d'accès. 29 % des utilisateurs d'Internet combinent entre deux et trois de ces actions de protection des données ; 41 % en ont même effectué quatre ou plus au cours des trois derniers mois. Les personnes qui se déclarent très préoccupées ont une plus forte probabilité d'agir pour protéger leurs données par rapport aux personnes qui se disent simplement préoccupées.
tableauFigure 3 – Actions effectuées pour limiter l'accès à ses données personnelles
Action effectuée | Pourcentage |
---|---|
Restreindre ou refuser l’accès à sa position géographique | 59,2 |
Refuser l’usage de données personnelles dans un but publicitaire | 58,9 |
Vérifier que le site internet demandant des données personnelles est sécurisé | 48,5 |
Limiter l’accès au profil posté sur les réseaux sociaux ou au stockage en ligne partagé | 37,3 |
Changer les paramètres de son navigateur internet afin d'interdire ou limiter les cookies | 31,8 |
Utiliser un logiciel de protection contre le tracking | 25,0 |
Lire la politique de confidentialité du site avant de fournir des informations personnelles | 24,4 |
Demander la modification ou la suppression de données personnelles auprès d’un fournisseur d’accès | 8,6 |
Aucune de ces actions | 17,6 |
- Lecture : 24,4 % des internautes ont lu la politique de confidentialité avant de fournir des infos personnelles
- Champ : France hors Mayotte, personnes de 15 ans ou plus, vivant en logement ordinaire, ayant utilisé Internet dans les trois mois précédant l'enquête.
- Source : Insee, enquête TIC 2021.
graphiqueFigure 3 – Actions effectuées pour limiter l'accès à ses données personnelles
À l'opposé, 18 % des internautes n'ont effectué aucune action pour limiter la mise à disposition de leurs données personnelles en ligne.
Les personnes aux compétences numériques faibles ou nulles sont trois fois moins susceptibles d'entreprendre des actions pour protéger leurs données personnelles que les autres. À compétences numériques égales, les personnes âgées de 75 ans ou plus font le moins de restriction d'accès mais lisent 1,6 fois plus souvent la politique de confidentialité d'un site que les personnes âgées de 15 à 29 ans et utilisent davantage un logiciel contre le tracking. Les plus diplômés, les plus aisés et les habitants de France métropolitaine limitent davantage l'accès à leurs données en ligne que les autres.
En 2019, 76 % des internautes ont limité ou renoncé à une activité en ligne à cause de leurs craintes sur la sécurité
La préoccupation plus globale en matière de risques liés à Internet a aussi un effet sur les pratiques en ligne des internautes. En 2019, les craintes en matière de sécurité sur Internet ont empêché 76 % des internautes de pratiquer au moins une activité en ligne au cours de l'année : 33 % des utilisateurs d'Internet au cours des trois derniers mois avaient déjà renoncé à commander ou acheter des produits ou des services en ligne, 17 % à gérer leur compte bancaire en ligne, 10 % à communiquer avec l'administration en ligne et 27 % à utiliser Internet depuis un réseau WiFi public.
Le fait de limiter les activités en ligne est plus répandu parmi les plus diplômés (86 % des titulaires d’un diplôme de niveau Bac+3 se limitent dans leurs activités, contre 69 % des personnes sans diplôme), les cadres et professions libérales (88 %, contre 74 % des ouvriers) et les plus aisés (81 % du cinquième le plus riche de la population, contre 75 % pour le cinquième le plus pauvre, figure 4). Néanmoins, les plus aisés renoncent moins fréquemment que les autres à gérer leur compte bancaire en ligne à cause de craintes de sécurité.
tableauFigure 4 – Part de personnes ayant limité ou renoncé à une activité en ligne en 2019 à cause de leurs craintes sur la sécurité, selon le cinquième de niveau de vie
Activité arrêtée ou limitée | Niveau de vie | Ensemble | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
1er cinquième | 2e cinquième | 3e cinquième | 4e cinquième | 5e cinquième | ||
Gérer son compte bancaire en ligne | 17,8 | 19,4 | 18,2 | 16,1 | 13,3 | 16,9 |
Communiquer ses données personnelles à des réseaux sociaux ou professionnels en ligne | 39,1 | 41,8 | 42,1 | 45,6 | 51,5 | 44,1 |
Télécharger des logiciels, des applications, de la musique, des vidéos, des jeux, etc. | 22,3 | 23,3 | 26,0 | 23,2 | 27,1 | 24,4 |
Utiliser Internet à partir d’un réseau WiFi public | 22,5 | 25,3 | 26,2 | 27,3 | 32,2 | 26,7 |
Limitation ou arrêt d'au moins une activité en ligne | 74,7 | 74,5 | 74,0 | 76,0 | 80,9 | 76,1 |
- Lecture : 51,5 % des internautes vivant dans le cinquième de niveau de vie le plus élevé de la population ont limité ou arrêté de communiquer leurs données personnelles à des réseaux sociaux ou professionnels en ligne en 2019 à cause de craintes sur la sécurité sur Internet.
- Champ : France hors Mayotte, personnes de 15 ans ou plus, vivant en logement ordinaire, ayant utilisé Internet dans les trois mois précédant l'enquête.
- Source : Insee, enquête TIC 2019.
graphiqueFigure 4 – Part de personnes ayant limité ou renoncé à une activité en ligne en 2019 à cause de leurs craintes sur la sécurité, selon le cinquième de niveau de vie
Si 83 % des personnes qui ont rencontré un problème de sécurité dans l'année ont limité ou arrêté au moins une activité sur Internet, la crainte de rencontrer des soucis de sécurité n'est pas toujours motivée par une mauvaise expérience passée. Ainsi, 43 % des personnes qui ont limité leurs activités sur Internet n'avaient pas rencontré de problèmes de sécurité au cours de l'année.
Par ailleurs, en 2019, parmi les personnes n'ayant pas accès à Internet à leur domicile (12 % des personnes de 15 ans ou plus résidant en France hors Mayotte), 15 % déclaraient ne pas être équipées dans un souci de sécurité ou de protection de leur vie privée.
Encadré – Vérification des infox
48 % des internautes ayant vu des informations qu’ils considèrent fausses ou peu fiables en ligne en ont vérifié la fiabilité. Ces personnes privilégient souvent Internet pour cette vérification : 86 % disent avoir contrôlé la source ou trouvé d'autres informations en ligne et 19 % ont suivi ou participé à des discussions sur Internet pour se renseigner. Cependant, 46 % déclarent avoir vérifié l'information en parlant avec d'autres personnes ou en utilisant des sources hors ligne et 15 % ont trouvé d'autres moyens.
À l'inverse, 52 % des personnes qui ont repéré une information qu’ils considèrent fausse ou peu fiable n'ont pas vérifié l'information en question. Si 70 % d’entre elles savaient déjà que l'information ou la source n'étaient pas fiable, 22 % estiment avoir manqué de compétences pour vérifier l’information suspecte. Les personnes qui n’ont pas vérifié la fiabilité de ce qu’elles considèrent comme des infox sont plus souvent des femmes et des personnes non diplômées. De même, les personnes sans ou avec de faibles compétences numériques ont moins souvent vérifié les infox que les personnes avec des compétences numériques avancées (33 % contre 55 %).
Sources
L’enquête annuelle auprès des ménages sur les technologies de l’information et de la communication (TIC ménages) permet de décrire l’équipement et les usages des ménages dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (informatique, Internet fixe et mobile). Certaines des questions posées changent d'une année sur l'autre, afin d'éclairer de nouvelles thématiques. Ainsi, l'enquête TIC menée en 2019 interrogeait notamment sur la sécurité sur Internet, tandis que l'enquête TIC menée en 2021 comportait des questions sur les infox, la confidentialité et la protection de la vie privée.
Définitions
Une infox est une information mensongère, délibérément biaisée ou tronquée, diffusée en ligne sur des sites d'information ou des médias sociaux. Le mot « infox » est un néologisme qui vient de la contraction des mots « information » et « intoxication » ; il se traduit en anglais par fake news.
Les compétences numériques d’un individu sont mesurées à partir des déclarations sur la capacité à effectuer certaines tâches relevant de quatre domaines numériques : la recherche d’information en ligne, la communication (envoyer ou recevoir des courriels, etc.), la résolution de problèmes (accéder à son compte bancaire par Internet, copier des fichiers, etc.) et l’usage de logiciels (traitement de texte, etc.).
Pour en savoir plus
Insee, « Problèmes de sécurité informatique déclarés – Données annuelles 2019 », Chiffres-clés, décembre 2020.
Insee, « Limitations de l'usage de l'internet liées aux craintes en matière de sécurité – Données annuelles 2019 », Chiffres-clés, décembre 2020.
Demoly E., Vacher T., « Sécurité numérique et médias sociaux dans les entreprises en 2015 », Insee Première n° 1594, mai 2016.
Insee, Fiche « Cyberdélinquance », in Sécurité et société, coll. « Insee Références », édition 2021.
Insee, Fiche « Victimes de cybercriminalité en Europe », in Sécurité et société, coll. « Insee Références », édition 2021.