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Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes · Décembre 2022 · n° 155
Insee Analyses Auvergne-Rhône-AlpesUn million d’habitants serait concerné par l’illectronisme

Aude Lécroart, Bruno Roy (Insee)

En 2019, un million d’habitants est susceptible d’être en situation d’illectronisme en Auvergne-Rhône-Alpes. Concrètement, cela signifie qu’ils n’ont pas utilisé internet au cours de l’année, ou qu’ils rencontrent des difficultés au quotidien dans l’utilisation des outils numériques. Cela représente 15 % des habitants de la région. Les plus âgés, les moins diplômés et les moins favorisés socialement sont les plus concernés par l’illectronisme. L’ouest de la région est davantage touché, contrairement à l’est et aux grands pôles urbains.

Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes
No 155
Paru le :Paru le14/12/2022

Les outils numériques sont devenus incontournables dans la vie quotidienne des Français, que ce soit pour rechercher des informations, communiquer, (télé)travailler ou accéder aux services publics et aux commerces en ligne. La crise sanitaire récente a accentué ces pratiques mais son impact n’est pas encore mesurable. Face à l’évolution rapide de la couverture numérique et à la dématérialisation des services, le nombre de Français se connectant quasi-quotidiennement à internet est passé de 47 % à 71 % en dix ans. En 2019, un Français sur six n’utilise cependant jamais internet, et plus d’un tiers des usagers manque de .

Ces deux catégories de personnes sont en situation d’, aussi appelé illettrisme numérique. De même que la lecture est une connaissance indispensable au quotidien, les compétences numériques le sont devenues aussi. Afin de mieux cibler l’action des pouvoirs publics pour réduire cette forme d’exclusion contemporaine, cette étude estime le nombre de personnes susceptibles d’être concernées par l’illectronisme (pour comprendre) et présente leurs caractéristiques sociodémographiques et territoriales.

Un million d’habitants serait en situation d’illectronisme

En 2019, en Auvergne-Rhône-Alpes, 86 % des habitants âgés de 15 ans ou plus ont utilisé internet dans l’année, et 67 % de façon quotidienne ou presque (soit environ 4 400 000 personnes), une part comparable à celle de la France de province (hors Île-de-France) (figure 1). Près d’une personne sur trois a une maîtrise élevée dans les quatre domaines de compétences numériques définis par Eurostat : recherche d’information, communication, résolution de problèmes et usage de logiciels. C’est un peu plus qu’en France de province. À l’inverse, 15 % de la population âgée de 15 ans ou plus, soit environ un million de personnes, sont potentiellement en situation d’illectronisme parce qu’elles n’ont pas utilisé internet pendant l’année (14 %), par manque de connaissances ou impossibilité matérielle, ou parce qu’elles l’ont utilisé sans pour autant maîtriser les quatre domaines de ces mêmes compétences (1 %). Cette proportion est un peu moins importante qu’en France de province (17 %).

Figure 1Caractéristiques de l’usage numérique

Caractéristiques de l’usage numérique
Département Population âgée de 15 ans ou plus (en milliers) Taux d’illectronisme (en %) Pas d’accès internet à domicile (en %) Pas d’usage dans l’année (en %) Incapacité dans les quatre domaines (en %) Compétences numériques élevées (en %) Usage quasi-quotidien (en %)
Ain 519 14 10 13 1 29 69
Allier 286 22 16 20 2 22 59
Ardèche 273 19 14 18 2 24 62
Cantal 124 22 16 20 2 21 57
Drôme 420 17 12 15 2 26 65
Isère 1 023 14 10 13 1 32 70
Loire 626 19 14 17 2 25 60
Haute-Loire 190 19 14 18 2 24 61
Puy-de-Dôme 551 17 12 15 1 28 66
Rhône 1 507 13 9 12 1 36 70
Savoie 358 15 11 14 1 30 66
Haute-Savoie 659 13 9 12 1 32 70
Auvergne-Rhône-Alpes 6 536 15 11 14 1 30 67
France de province 43 419 17 13 16 1 27 69
  • Champ : individus de 15 ans ou plus.
  • Source : Insee, enquête TIC ménages 2019, recensement de la population 2018.

Dans la région, 11 % des habitants ne sont pas équipés pour se connecter à internet, que l’accès au réseau soit possible ou non (12 % au niveau national). Cela représente environ 700 000 personnes, dont les trois quarts ont 60 ans ou plus. Le manque de compétences, le coût du matériel ou de l'abonnement, le manque d'intérêt, ou encore des difficultés d’accès au réseau peuvent expliquer cette situation.

Les seniors, premiers concernés par l’illectronisme

L’âge est le principal facteur jouant sur l’illectronisme. Plus l’âge augmente, plus le taux d’illectronisme est élevé (figure 2). Les personnes âgées de 15 à 44 ans, qui représentent près de la moitié de la population régionale, sont rarement concernées (3 % d’entre elles), tandis que les 60 ans et plus le sont particulièrement : 39 % d’entre eux risquent d’être dans cette situation, soit environ 800 000 personnes, indépendamment de la détention d’équipement. Le phénomène s’accentue nettement avec l’âge : 7 % pour les 45-59 ans, 19 % entre 60 et 69 ans et 56 % à partir de 70 ans, ces derniers représentant 17 % de la population régionale. Cet effet d’âge masque un effet de génération, les plus âgés ayant eu accès aux outils numériques tardivement dans leur vie. Les personnes âgées de demain devraient être, à âge égal, moins concernées par l’illectronisme.

En parallèle, plus l’âge augmente, moins les personnes utilisent et maîtrisent les outils numériques au quotidien.

Figure 2Taux estimé d’illectronisme, de maîtrise numérique élevée et d’utilisation régulière d’internet par tranche d’âge

en %
Taux estimé d’illectronisme, de maîtrise numérique élevée et d’utilisation régulière d’internet par tranche d’âge (en %) - Lecture : parmi les personnes de 15 à 29 ans, 3 % sont potentiellement en situation d’illectronisme, 56 % posséderaient une maîtrise numérique élevée et 87 % utiliseraient quasi-quotidiennement internet.
Tranche d’âge Taux d’illectronisme Taux de maîtrise numérique élevée Taux d’utilisation quasi-quotidienne
15-29 ans 3 56 87
30-44 ans 3 40 84
45-59 ans 7 25 70
60-69 ans 19 14 54
70-79 ans 44 6 33
80 ans ou plus 72 1 11
  • Lecture : parmi les personnes de 15 à 29 ans, 3 % sont potentiellement en situation d’illectronisme, 56 % posséderaient une maîtrise numérique élevée et 87 % utiliseraient quasi-quotidiennement internet.
  • Champ : individus de 15 ans ou plus.
  • Source : Insee, enquête TIC ménages 2019, recensement de la population 2018.

Figure 2Taux estimé d’illectronisme, de maîtrise numérique élevée et d’utilisation régulière d’internet par tranche d’âge

  • Lecture : parmi les personnes de 15 à 29 ans, 3 % sont potentiellement en situation d’illectronisme, 56 % posséderaient une maîtrise numérique élevée et 87 % utiliseraient quasi-quotidiennement internet.
  • Champ : individus de 15 ans ou plus.
  • Source : Insee, enquête TIC ménages 2019, recensement de la population 2018.

Les moins favorisés sont plus souvent touchés

Au-delà de l’âge, d’autres déterminants jouent également sur la propension à être en situation d’illectronisme. Le niveau de diplôme en fait partie : 26 % des sont touchées, contre seulement 3 % pour celles diplômées de l’enseignement supérieur (figure 3). De nettes différences apparaissent aussi selon la catégorie socioprofessionnelle des actifs : les cadres et professions intermédiaires seraient peu concernés (respectivement 1 % et 2 %), les employés et artisans un peu plus (4 %), et les ouvriers et agriculteurs davantage encore (respectivement 9 % et 11 %). Les cadres ont, pour 57 % d’entre eux, une maîtrise élevée du numérique, en lien avec l’usage fréquent qu’ils en font dans le cadre de leur profession.

Figure 3Taux d’illectronisme par âge et niveau de diplôme

en %
Taux d’illectronisme par âge et niveau de diplôme (en %) - Lecture : 48 % des personnes de 80 ans ou plus titulaires du baccalauréat sont potentiellement en situation d’illectronisme.
Sans diplôme ou brevet BEP-CAP Baccalauréat Diplôme du supérieur
15-29 ans 6 4 2 1
30-44 ans 9 4 2 1
45-59 ans 18 8 4 2
60-69 ans 33 19 9 6
70-79 ans 60 42 24 17
80 ans ou plus 81 66 48 38
  • Lecture : 48 % des personnes de 80 ans ou plus titulaires du baccalauréat sont potentiellement en situation d’illectronisme.
  • Champ : individus de 15 ans ou plus.
  • Source : Insee, enquête TIC ménages 2019, recensement de la population 2018.

Figure 3Taux d’illectronisme par âge et niveau de diplôme

  • Lecture : 48 % des personnes de 80 ans ou plus titulaires du baccalauréat sont potentiellement en situation d’illectronisme.
  • Champ : individus de 15 ans ou plus.
  • Source : Insee, enquête TIC ménages 2019, recensement de la population 2018.

Le risque d’être en situation d’illectronisme n’est pas le même selon la situation familiale. Quelle que soit la tranche d'âge, il est nettement plus élevé chez les personnes seules et les couples sans enfant (respectivement 29 % et 21 %) que parmi les couples avec un ou plusieurs enfants ou les familles monoparentales (respectivement 4 % et 6 %) ; cet écart s'accentue toutefois avec l'âge. Ainsi, les enfants seraient susceptibles d’avoir un rôle actif dans l’acquisition des compétences numériques de leurs parents, face à l’évolution rapide des outils.

En revanche, peu de différences existent entre hommes et femmes, à âge égal. En effet, si l’on s’intéresse aux moins de 70 ans, 6 % des femmes sont concernées par l’illectronisme contre 7 % des hommes.

L’ouest de la région, plus fragile vis-à-vis de l’illectronisme

La propension à être en situation d’illectronisme est globalement plus élevée à l’ouest de la région, surtout dans les départements moins denses du Cantal et de l’Allier, dans lesquels 22 % des habitants sont concernés. À l’inverse, il y aurait moins de personnes dans cette situation à l’est de la région, soit entre 13 % et 15 % de la population dans le Rhône, l’Ain, l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie. Les métropoles de Lyon, de Grenoble, mais également de Clermont-Ferrand, ainsi que le pôle de Genève (à l’extrémité est de la région) sont aussi nettement moins touchées par l’illectronisme.

Ces différences territoriales s’expliquent surtout par la structure de la population. Celles du Cantal et de l'Allier sont ainsi plus âgées que celles des cinq départements de l'est (les plus de 60 ans y représentent 41 % contre 28 % à l’est), moins diplômée (20 % de diplômés du supérieur contre 34 % à l’est) et moins qualifiée (6 % de cadres contre 14 % à l’est). La population des métropoles est quant à elle plus jeune, avec de nombreux étudiants, et plus qualifiée, en lien avec la plus forte concentration de cadres qui y travaillent.

De manière générale, à mesure que l’on s’éloigne des centres urbains vers les zones les plus rurales, le risque d’illectronisme a tendance à augmenter. Les territoires ruraux, moins denses, abritent une population un peu plus âgée et moins diplômée en moyenne, davantage exposée au risque d’illectronisme.

À un niveau géographique plus fin, une quinzaine d’établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) situés à l’ouest de la région (en particulier Pays Gentiane, Pays de Tronçais, Hautes Terres Communauté) comptent jusqu’à près de 30 % d’habitants en situation potentielle d'illectronisme (figure 4). Ce constat va souvent de pair avec des intercommunalités où le non-équipement est important.

Figure 4Taux estimé d’illectronisme par EPCI

en %
Taux estimé d’illectronisme par EPCI (en %)
Code EPCI Libellé EPCI Taux estimé d’illectronisme en 2019
200000172 Faucigny-Glières 12,9
200011773 Annemasse-les Voirons-Agglomération 12,1
200016905 Le Pays de Lamastre 25,8
200018166 Le Grésivaudan 12,1
200023299 Cœur de Tarentaise 16,6
200023372 La Vallée de Chamonix-Mont-Blanc 12,6
200029999 Rives de l'Ain - Pays du Cerdon 14,9
200030658 Le Trièves 15,8
200033116 Cluses-Arve et Montagnes 14,8
200034098 Les Montagnes du Giffre 13,1
200034882 Pays du Mont-Blanc 15,6
200035129 Cèze Cévennes 19,3
200035202 Charlieu-Belmont 18,7
200035723 Ventoux Sud 28,4
200035731 Roannais Agglomération 20,9
200039808 Les Gorges de l'Ardèche 19,8
200039824 Ardèche des Sources et Volcans 22,4
200039832 Pays des Vans en Cévennes 24,2
200040111 Cœur de Chartreuse 15,5
200040350 Bugey Sud 17,4
200040459 Montélimar Agglomération 16,5
200040491 Porte de Drômardèche 17,9
200040509 Le Crestois et de Pays de Saillans Cœur de Drôme 18,3
200040566 L'Ouest Rhodanien 20,2
200040574 Beaujolais Pierres Dorées 12,6
200040590 Villefranche Beaujolais Saône 16,5
200040657 La Matheysine 18,0
200040681 Enclave des Papes-Pays de Grignan 17,3
200040715 Grenoble-Alpes-Métropole 13,1
200040798 Val Vanoise 14,5
200041010 Cœur de Savoie 14,0
200041366 Rhône Crussol 15,6
200041465 Val Eyrieux 26,1
200042497 Dombes Saône Vallée 11,3
200042901 Drôme Sud Provence 16,6
200042935 Haut - Bugey Agglomération 17,9
200046977 Métropole de Lyon 12,3
200059392 Bièvre Isère 16,6
200065886 Loire Forez Agglomération 16,9
200065894 Forez-Est 18,0
200066587 Les Monts du Lyonnais 16,3
200066637 Hautes Terres Communauté 27,6
200066660 Saint-Flour Communauté 21,6
200066678 La Châtaigneraie Cantalienne 23,0
200066793 Le Grand Annecy 14,1
200067551 Thonon Agglomération 14,0
200067627 Billom Communauté 14,0
200067767 Le Royans-Vercors 20,6
200067817 Saône-Beaujolais 16,9
200068229 Les Baronnies en Drôme Provençale 23,7
200068542 Les Balcons du Dauphiné 13,7
200068567 Les Vals du Dauphiné 15,1
200068674 Grand Lac 14,3
200068765 Le Sisteronais-Buëch 27,1
200068781 Valence Romans Agglo 16,4
200068997 Arlysère 16,4
200069110 Le Grand Chambéry 14,0
200069169 Dômes Sancy Artense 20,7
200069177 Mond'Arverne Communauté 12,6
200069193 La Dombes 15,3
200070118 Val de Saône Centre 14,1
200070308 Mâconnais Beaujolais Agglomération 16,9
200070340 Haute Maurienne Vanoise 17,4
200070407 Agglo Pays d'Issoire 17,5
200070431 Saint-Marcellin Vercors Isère Communauté 17,4
200070464 Cœur de Maurienne Arvan 19,2
200070555 La Veyle 14,9
200070712 Thiers Dore et Montagne 23,3
200070753 Riom Limagne et Volcans 13,9
200070761 Ambert Livradois Forez 23,9
200070852 Usses et Rhône 12,5
200071033 Jabron-Lure-Vançon-Durance 27,0
200071082 Montluçon Communauté 21,6
200071140 Moulins Communauté 19,7
200071199 Plaine Limagne 17,1
200071215 Chavanon Combrailles et Volcans 25,1
200071363 Vichy Communauté 21,1
200071371 Bresse et Saône 16,0
200071389 Saint-Pourçain Sioule Limagne 21,7
200071405 Ardèche Rhône Coiron 15,8
200071413 Privas Centre Ardèche 19,6
200071470 Entr'Allier Besbre et Loire 25,7
200071496 Le Bocage Bourbonnais 21,8
200071512 Commentry Montmarault Néris Communauté 22,6
200071751 Le Bassin de Bourg-en-Bresse 16,4
200071884 Le Grand Charolais 21,9
200071967 Pays d'Évian Vallée d'Abondance 12,8
200072007 La Montagne d'Ardèche 27,6
200072015 Annonay Rhône Agglo 18,2
200072080 Le Pays de Saint-Éloy 27,5
200072098 Combrailles Sioule et Morge 16,5
200073096 Arche Agglo 15,7
200073245 Le Bassin d'Aubenas 20,1
200073393 Les Rives du Haut-Allier 26,8
200073401 Mézenc-Loire-Meygal 19,6
200073419 Le Puy-en-Velay 18,6
200073427 Marches du Velay-Rochebaron 17,1
200077014 Vienne Condrieu 14,7
200085728 Brioude Sud Auvergne 19,6
200085751 Entre Bièvre et Rhône 15,8
240100610 La Côtière à Montluel 11,2
240100750 Le Pays de Gex 8,7
240100800 Miribel et du Plateau 12,9
240100883 La Plaine de l'Ain 14,4
240100891 Le Pays Bellegardien (CCPB) 15,3
240300491 Le Pays de Lapalisse 23,9
240300558 Le Pays de Tronçais 27,7
240300566 Le Val de Cher 18,2
240300657 Le Pays d'Huriel 18,9
240700302 Le Pays Beaume-Drobie 22,0
240700617 Val de Ligne 20,8
240700716 Le Val d'Ay 19,1
240700815 Berg et Coiron 17,8
240700864 Le Rhône aux Gorges de l'Ardèche 17,5
241500230 Le Bassin d'Aurillac 17,9
241500255 Le Pays Gentiane 29,4
241500271 Le Pays de Mauriac 26,9
241501055 Sumène - Artense 27,2
241501089 Cère et Goul en Carladès 20,8
241501139 Le Pays de Salers 27,5
242600252 Le Val de Drôme en Biovallée 14,3
242600492 Dieulefit-Bourdeaux 20,8
242600534 Le Diois 20,5
243800604 Porte de l'Isère (C.A.P.I) 12,7
243800745 L'Oisans 14,4
243800935 Lyon Saint Exupéry en Dauphiné 13,5
243800984 Le Pays Voironnais 14,5
243801024 Le Massif du Vercors 11,1
243801073 Bièvre Est 14,4
243801255 Les Collines du Nord Dauphiné 12,5
244200614 Les Vals d'Aix et Isable 21,5
244200622 Les Monts du Pilat 18,4
244200630 Le Pays entre Loire et Rhône 19,5
244200770 Saint-Etienne Métropole 18,6
244200820 Le Pays d'Urfé 26,6
244200895 Le Pilat Rhodanien 16,0
244300307 Le Pays de Montfaucon 20,9
244301016 Les Sucs 19,0
244301099 Auzon Communauté 20,4
244301107 Le Haut-Lignon 24,6
244301123 Les Pays de Cayres et de Pradelles 23,0
244301131 Loire et Semène 14,4
246300701 Clermont Auvergne Métropole 14,8
246300966 Le Massif du Sancy 22,4
246301097 Entre Dore et Allier 16,8
246900575 L'Est Lyonnais (CCEL) 12,2
246900625 Le Pays de l'Arbresle (CCPA) 13,0
246900724 Les Vallons du Lyonnais (CCVL) 11,9
246900740 Le Pays Mornantais (COPAMO) 12,2
246900757 La Vallée du Garon (CCVG) 12,4
246900765 Le Pays de l'Ozon 13,2
247300015 Les Vallées d'Aigueblanche 15,9
247300254 Haute-Tarentaise 12,6
247300262 Yenne 15,3
247300361 Le Canton de La Chambre 16,2
247300452 Maurienne Galibier 17,8
247300528 Val Guiers 15,3
247300668 Le Lac d'Aiguebelette (CCLA) 12,6
247300676 Porte de Maurienne 19,2
247300817 Les Versants d'Aime 13,7
247400047 La Vallée Verte 10,2
247400112 Le Pays de Cruseilles 9,6
247400567 Fier et Usses 10,4
247400583 Arve et Salève 11,2
247400617 Les Vallées de Thônes 13,5
247400666 Les Quatre Rivières 11,4
247400682 Le Haut-Chablais 13,7
247400690 Le Genevois 9,7
247400724 Le Pays Rochois 11,4
247400740 Rumilly Terre de Savoie 12,5
247400773 Les Sources du Lac d'Annecy 16,2
248400335 Vaison Ventoux 26,8
  • Champ : individus de plus de 15 ans.
  • Source : Insee, enquête TIC ménages 2019, recensement de la population 2018. EPCI au 01/01/2022.

Figure 4Taux estimé d’illectronisme par EPCI

  • Champ : individus de plus de 15 ans.
  • Source : Insee, enquête TIC ménages 2019, recensement de la population 2018. EPCI au 01/01/2022.

Une couverture numérique fixe inégale, mais qui semble moins jouer sur l’illectronisme

Les disparités territoriales s’expliquent avant tout par les caractéristiques des habitants qui y résident, les difficultés d’accès au réseau ayant moins d’incidence. À cet égard, dans la région, la part des locaux éligibles au très haut débit pour la couverture fixe est de 67 % en juin 2021, bien en deçà du niveau national (74 %), en raison notamment d’un relief particulièrement montagneux. Cette couverture varie fortement d’un département à l’autre : environ 30 % des locaux seulement sont couverts en Ardèche, en lien avec des difficultés d’entretien du réseau cuivre existant, ainsi que dans les départements alpins, contre 90 % environ dans le Rhône et dans la Loire.

Si la faible couverture numérique pourrait expliquer en partie la proportion importante d’habitants en risque d’illectronisme en Ardèche, cela ne se vérifie pas partout dans la région : en Haute-Savoie, peu de personnes le sont malgré un accès fixe réduit ; à l’inverse, dans la Loire, on compte une part importante d’habitants concernés malgré un accès très répandu au réseau.

Les départements les plus exposés à l’illectronisme en 2019 sont aussi ceux où le très haut débit s’est développé le plus rapidement ces dernières années, hormis pour l’Ardèche. À terme, cet accès facilité au réseau, s’il s’accompagne de moyens de formation adaptés aux habitants, pourrait contribuer à améliorer la situation.

Concernant enfin l’accès internet mobile, la 4G couvre environ 87 % de la superficie régionale en 2019. Sa distribution sur le territoire est plutôt homogène et donc peu d’inégalités territoriales entre les citoyens ressortent de ce point de vue.

Encadré 1 – Des jeunes inégalement exposés au risque d’illectronisme

Les jeunes générations auront sans doute des besoins numériques encore plus importants à l’avenir, auxquels elles devront répondre sous risque d’exclusion. À cet égard, la période de confinement a révélé par exemple les inégalités de situation parmi les élèves ou les étudiants pour suivre les cours à distance, que ce soit par manque d’équipement ou de compétences.

Les 15-29 ans de la région sont peu touchés par le risque d’illectronisme (3 % d’entre eux). Mais des disparités existent en fonction de leur niveau de diplôme (comme c’est aussi le cas pour les autres tranches d’âge) : 5 % des pas ou peu diplômés sont concernés contre 1 % des diplômés du supérieur. Les jeunes sans emploi et sans formation ont deux fois plus de risque que les autres d’être en situation d’illectronisme. En particulier, 10 % des jeunes pas ou peu diplômés qui ne sont ni en emploi ni en formation seraient concernés. Enfin, les cadres de cette tranche d’âge ont très peu de risque d’être touchés (0,5 %). La composition du ménage (personne seule, couple avec ou sans enfant, famille monoparentale) des 15-29 ans a, en revanche, peu d’incidence sur le risque d’illectronisme.

Les territoires les plus concernés sont les départements ruraux de l’Allier, du Cantal, de l’Ardèche, ainsi que la Drôme (4 % des jeunes), tandis que le Rhône est le moins concerné (3 %). Au niveau géographique plus fin des EPCI, ce taux varie entre 2 % et 8 % selon l’intercommunalité. Pour les personnes diplômées au moins du baccalauréat, le risque d’illectronisme varie peu d’un EPCI à l’autre, tandis qu’il est plus hétérogène pour les pas ou peu diplômées (jusqu’à 8 % dans le Pays Gentiane et 9 % en Porte de Maurienne).

Encadré 2 – Le mot du partenaire

La lutte contre l’illectronisme au cœur des politiques publiques de transition numérique

La montée en compétences numériques de la population est aujourd’hui indispensable à l’autonomie et à l’accès aux services dématérialisés, utiles notamment lors de démarches administratives.

S’agissant des infrastructures numériques, l’État a lancé les programmes France Très Haut Débit et France Mobile visant à assurer à tous les Français un accès Internet de qualité et une couverture mobile 4G, d’ici 2025.

En Auvergne-Rhône-Alpes, l’État soutient les opérateurs et les collectivités territoriales dans le déploiement des réseaux de fibre optique à hauteur de 700 millions d’euros. La généralisation de la couverture mobile s’accélère également avec la mise en service de près de 300 nouveaux pylônes 4G en zone rurale depuis 2018.

S’agissant des usages numériques, 418 conseillers sont déployés par l’État dans la région, pour un montant financé de plus de 20 millions d’euros. Leur mission est d’accompagner les personnes en situation d’illectronisme vers l’utilisation autonome des outils informatiques. Ils sont présents dans les espaces France Service, les associations de proximité et tiers-lieux, au plus près des publics en difficulté avec le numérique.

L’accompagnement de l’État s’inscrit également dans le cadre du plan régional de prévention et de lutte contre l’illettrisme 2019-2024 qui comporte une priorité à l’accès au numérique pour les personnes en situation d’illettrisme. En effet, les 300 000 personnes concernées dans la région sont également, dans leur grande majorité, en situation d’illectronisme.

Pour elles, l’agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) déploie depuis l’été 2022 la démarche DUPLEX visant à la fois la maîtrise des compétences de base et des compétences numériques, dans l’objectif d’accompagner les personnes vers une meilleure autonomie dans leur vie professionnelle, citoyenne et personnelle.

Préfecture de région Auvergne-Rhône-Alpes

Publication rédigée par :Aude Lécroart, Bruno Roy (Insee)

Pour comprendre

En Auvergne-Rhône-Alpes, la taille de l’échantillon régional de l’enquête TIC s’avère trop faible pour produire directement des estimations fiables des phénomènes observés par l’enquête nationale.

Une méthode de scoring a donc été mise en œuvre pour estimer les compétences et les usages du numérique à un niveau régional et infra-régional. Elle consiste à expliquer, à l’aide d’une régression logistique pondérée, chaque variable d’intérêt par les caractéristiques des répondants de France de province à l’enquête TIC 2019 auprès des ménages. Ces caractéristiques sont essentiellement individuelles (sexe, âge, diplôme, situation professionnelle, catégorie sociale, situation familiale) mais également contextuelles (catégorie d’aire d’attraction des villes, quintile de niveau de vie communal, taux de couverture en THD fixe de la commune de résidence du répondant). Une indicatrice régionale a également été intégrée. Cette méthode permet d’obtenir des résultats « toutes caractéristiques mesurées égales par ailleurs ».

Les probabilités pour chaque croisement de caractéristiques sont déduites de ces résultats. Elles sont ensuite appliquées aux populations des différents EPCI à partir de la population estimée par le recensement de la population 2018. Les taux d’illectronisme par EPCI sont ainsi des taux estimés et non des taux réels. Par ailleurs, pour comparer les taux régionaux aux taux nationaux, la méthode du calage sur marges a été privilégiée.

Sources

L’enquête sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) auprès des ménages, menée dans tous les pays de l’Union européenne, collecte des informations décrivant l’équipement et les usages des ménages dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (informatique, internet fixe et mobile). L’édition de 2019 permet en outre de mesurer les compétences numériques.

Le recensement de la population (RP) fournit des statistiques sur le nombre d’habitants et sur leurs caractéristiques : répartition par sexe et âge, profession, logement, etc.

Les données sur les couvertures fixe et mobile sont fournies par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep). Ce sont des données théoriques ; dans la réalité, le débit peut être inférieur. La couverture fixe est une couverture potentielle et non effective : ce sont des parts de locaux éligibles.

Définitions

Compétences numériques et illectronisme :

Quatre domaines de compétences sont définis selon Eurostat :

  • la recherche d’information (sur des produits et services marchands ou administratifs, etc.) ;
  • la communication (envoyer ou recevoir des courriels, etc.) ;
  • la résolution de problèmes (accéder à son compte bancaire par Internet, copier des fichiers, etc.) ;
  • l’usage de logiciels (traitement de texte, etc.).

Les compétences dans ces quatre domaines sont définies à partir des usages déclarés, et non de la capacité à réaliser les usages. Il en est déduit un indicateur global de capacité numérique, qui se décline en quatre niveaux de maîtrise des outils numériques :

  • l’illectronisme pour ceux qui n’ont aucune capacité numérique : ils ne se sont pas servis d’internet au cours des 12 derniers mois ou ne possèdent pas les compétences numériques de base ;
  • la maîtrise élevée : usagers dont les compétences sont développées dans chaque domaine ;
  • la maîtrise faible : au moins une incapacité dans un domaine ;
  • la maîtrise : pas d’incapacité majeure.

Dans d’autres études de l’Insee ou d’Eurostat, ces trois derniers niveaux sont respectivement désignés par compétences plus que basiques, compétences faibles et compétences basiques.

Les personnes pas ou peu diplômées sont celles sans diplôme ou bien titulaires du brevet, brevet d’études professionnelles ou certificat d’aptitude professionnelle.

Usagers d’internet : personnes qui ont utilisé internet au cours des 12 derniers mois.

Pour en savoir plus

« Déploiement du très haut débit : les écarts se résorbent », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes no 98, février 2020.

« L’illettrisme en Auvergne-Rhône-Alpes : en baisse pour les générations récentes », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes no 12, avril 2016.

« Une personne sur six n’utilise pas Internet, plus d’un usager sur trois manque de compétences numériques de base », Insee Première no 1780, octobre 2019.

« 450 000 Ligériens en difficulté face au numérique », Insee Flash Pays de la Loire no 129, octobre 2022.

« Un habitant sur cinq démuni face à l’usage d’internet », Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté no 97, mai 2022.