Insee Analyses Bretagne · Novembre 2022 · n° 114

Bilan démographique 2021 : les naissances en hausse pour la première fois depuis dix ans

Au 1^er janvier 2022, la population bretonne est estimée à 3 403 000 habitants (figure 1), en hausse de 16 500 habitants en un an (+ 0,5 %). Cette augmentation est supérieure à la moyenne nationale (+ 0,3 %) et confirme la dynamique démographique de la région. Avec 1,1 million d’habitants, l’Ille-et-Vilaine est le département le plus peuplé : près d’un tiers (32,6 %) de la population régionale y réside. Suivent le Finistère (avec 27,1 % de la population bretonne), le Morbihan (22,6 %) et les Côtes-d’Armor (17,7 %).

L’évolution de la population dépend à la fois du solde naturel (différence entre le nombre de naissances et de décès), et du solde migratoire (différence entre les nombres de personnes qui arrivent dans la région et celles qui en partent). En 2015, le solde naturel en Bretagne est devenu négatif et, depuis, l’écart entre naissances et décès augmente chaque année (figure 2). En 2021, le solde naturel se creuse encore : 5 032 naissances de moins que de décès, contre 4 742 en 2020. Pour sa part, le solde migratoire est estimé à + 21 500 habitants en 2021.

Le nombre d’habitants augmente dans tous les départements bretons, mais à des rythmes différents. La population bretillienne s’accroît de 9 400 habitants (soit + 0,9 % en un an), ce qui en fait, sur ce critère, le 7^e département le plus dynamique de France. Le solde naturel contribue pour 0,25 point à cette hausse et celui des entrées-sorties pour 0,65 point (figure 3). Malgré des excédents migratoires relativement élevés (+ 0,8 % pour le Morbihan, + 0,6 % pour le Finistère et + 0,5 % pour les Côtes-d’Armor), le nombre d’habitants des trois autres départements bretons augmente plus faiblement en raison de soldes naturels négatifs. Ainsi, en 2021, la population du Morbihan est en hausse de 3 800 personnes (+ 0,5 %), celle du Finistère de 2 800 (+ 0,3 %) et celle des Côtes-d’Armor de près de 500 (+ 0,1 %).

En 2021, 32 065 bébés sont nés de mères domiciliées en Bretagne, soit 1 072 de plus qu’en 2020 (+ 3,5 %). La Bretagne est ainsi la région où les naissances ont le plus augmenté en 2021. La hausse n’est que de 0,5 % en moyenne en France. Ce rebond de la natalité vient interrompre dix années de baisse continue des naissances.

Cette augmentation est inéquitablement répartie sur le territoire et vient modifier les tendances établies ces dernières années. Ainsi, la natalité a plus fortement progressé en 2021 dans les communes rurales (+ 4,6 %) que dans les communes urbaines (+ 2,2 %), alors qu’entre les années 2010 et 2020, les dynamiques étaient inverses (respectivement – 2,4 % et – 1,0 % en moyenne annuelle). Ce rebond de la natalité est particulièrement marqué dans les communes rurales des Côtes-d’Armor, où les naissances sont en hausse de 8,7 % en 2021.

Comparé à la moyenne régionale, l’augmentation des naissances est plus élevée dans les Côtes-d’Armor (+ 6,2 %) et le Morbihan (+ 4,3 %), du même ordre dans le Finistère (+ 3,4 %) et plus modeste en Ille-et-Vilaine (+ 1,8 %).

Le nombre de naissances dépend à la fois du nombre de femmes en âge de procréer (par convention, nombre moyen des femmes de 15 à 50 ans sur l’année) et de leur fécondité observée. En Bretagne, le nombre de femmes de cette tranche d’âge est resté stable entre 2020 et 2021. Cependant, compte tenu d’un effectif moins important de femmes aux âges les plus féconds (25 à 34 ans) et du fait que l’année 2021 ait comporté un jour de moins que l’année 2020, le nombre de naissances enregistrées aurait théoriquement dû baisser d’environ 160 en 2021 par rapport à 2020 (figure 4). La forte hausse du nombre de naissances en 2021 provient donc exclusivement d’une fécondité plus élevée. L’indicateur conjoncturel de fécondité s’est ainsi relevé de 1,75 à 1,82 enfant par femme en 2021. Pour la première fois depuis 2012, la fécondité bretonne est supérieure à la moyenne nationale (1,80). À l’échelle départementale, la fécondité est la plus élevée dans les Côtes-d’Armor (2,03 enfants par femme) et dans le Morbihan (1,94). En revanche, elle est inférieure aux moyennes régionale et nationale dans le Finistère (1,78) et en Ille-et-Vilaine (1,73).

L’âge moyen des femmes à l’accouchement est de 31,1 ans en Bretagne, comme en 2020. Cet âge moyen est proche de celui constaté au niveau national et dans chaque département breton, à l’exception des Côtes-d’Armor, où il s’établit à 30,6 ans.

En 2021, 37 097 personnes domiciliées en Bretagne sont décédées, soit 1 362 de plus qu’en 2020. Cette augmentation de 3,8 % est la plus forte enregistrée en Bretagne depuis 2015 et va à l’encontre de la baisse observée en France métropolitaine (– 1,9 %). En effet, en 2020, la Bretagne a été moins affectée par la hausse exceptionnelle de la mortalité due à la crise sanitaire que l’ensemble du pays (+ 1,3 % contre + 9,6 %) ; la mortalité y poursuit en 2021 une hausse tendancielle qui, in fine, se révèle moins élevée sur ces deux dernières années que dans les autres régions françaises (+ 2,5 % en Bretagne en moyenne sur les deux années 2020 et 2021, contre + 3,7 % en France métropolitaine).

La hausse affecte un peu plus les communes rurales (+ 4,4 %) que les communes urbaines (+ 3,2 %), exception faite de l’Ille-et-Vilaine, seul département où l’augmentation des décès est plus marquée dans les communes urbaines (+ 8,3 %) que dans les communes rurales (+ 3,3 %).

Au niveau départemental, les décès ont ainsi fortement augmenté en Ille-et-Vilaine (+ 6,0 %) mais aussi dans le Morbihan (+ 4,3 %), tandis que leur hausse est plus contenue dans les Côtes-d’Armor (+ 2,9 %) et dans le Finistère (+ 2,3 %).

Le nombre de décès dépend à la fois de la répartition par âge de la population et des conditions de mortalité du moment. L’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges de forte mortalité est à l’origine d’environ 860 décès supplémentaires par rapport à l’année 2020 (figure 5). Elle n’explique donc pas la totalité de la hausse des décès. L’année 2021 a ainsi été marquée en Bretagne par une augmentation des taux de mortalité en lien avec les effets de l’épidémie de Covid-19. En 2020, la Bretagne était la seule région française dans laquelle l’espérance de vie à la naissance n’avait pas diminué. Il en est différemment en 2021 avec une baisse pour les hommes (78,7 ans contre 79,1 ans en 2020), alors que celle des femmes est restée stable (85,2 ans). Ces espérances de vie observées en Bretagne continuent d’être inférieures à celles constatées pour l’ensemble de la France métropolitaine, que ce soit pour les hommes (79,4 ans) ou pour les femmes (85,5 ans).

En Ille-et-Vilaine, l’espérance de vie des hommes a significativement régressé (79,7 ans contre 80,7 ans en 2020), en lien avec la hausse de 7,6 % des décès masculins dans ce département. L’espérance de vie y reste néanmoins plus élevée que dans les autres départements bretons, aussi bien pour les hommes que pour les femmes (86,2 ans). Celle des habitants du Finistère et du Morbihan est de 78,5 ans pour les hommes et 84,8 ans pour les femmes, tandis celle des Costarmoricains est un peu moindre (77,7 ans pour les hommes et 84,7 ans pour les femmes).

En 2021, moins de la moitié des 1 208 communes bretonnes ont enregistré plus de naissances que de décès (figure 6). Ces 554 communes avec un solde naturel positif se situent principalement en Ille-et-Vilaine ; il s’agit notamment de Rennes et des communes, urbaines et rurales, qui l’entourent, où les familles avec enfants sont généralement davantage présentes dans la population. Le solde naturel est également positif à Brest et dans les communes alentour. Dans le Morbihan et les Côtes-d’Armor, le nombre de naissances est supérieur à celui des décès pour les communes situées dans les zones rétro-littorales. A contrario, les communes littorales, attractives pour les retraités, présentent des soldes naturels négatifs. En particulier, Saint-Malo compte deux fois plus de décès que de naissances (765 contre 378).