Insee Analyses Grand Est · Octobre 2022 · n° 149

Eurométropole de Strasbourg : après un tassement en 2020, les créations d’entreprises bondissent en 2021

En 2021, 8 738 nouvelles entreprises sont créées au sein de l’intercommunalité strasbourgeoise, dont deux tiers de micro-entrepreneurs. Les créations d’entreprises dans l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) augmentent continûment depuis 2015 avec un niveau record en 2021 (figure 1). Cette progression reflète d’abord l’amélioration de la conjoncture économique. Ainsi, le nombre de sociétés créées retrouve en 2016 son niveau d’avant la récession de 2008-2009, puis s’accroît jusqu’en 2019. Il se stabilise en 2020 et repart nettement à la hausse en 2021. Ce fort rebond provient en partie du report des créations non réalisées l’année précédente. Deux nouvelles sociétés sur trois sont des sociétés par actions simplifiées, dont la part est en hausse continue depuis 2015.

Les créations d’entreprises individuelles sous le statut de micro-entrepreneur progressent vivement. L’essor des créations sous ce régime est favorisé par des conditions d’accès plus souples (encadré) et par l’incertitude générée par la crise sanitaire : les entrepreneurs privilégient ce statut, plus adapté à une activité réduite. En outre, les créations sont portées par l’expansion d’activités palliant la fermeture récurrente de certains commerces (livraison, vente à distance). La crise sanitaire renforce donc le succès du statut de micro-entrepreneur, tandis que les créations d’entreprises individuelles classiques reculent et ne représentent que 8 % de l’ensemble des créations en 2021.

Sur les dix dernières années, dans l’Eurométropole de Strasbourg, la croissance du nombre de créations annuelles est proche de l’ensemble des métropoles hors Paris, mais plus rapide qu’en moyenne en France (figure 2). Par rapport aux métropoles de même taille, l’EMS affiche une croissance annuelle plus élevée que Montpellier ou Grenoble (respectivement + 7 % et + 6,5 %) et plus basse que Rennes (+ 8,7 %). En nombre de créations, elle se situe juste derrière Nantes (11 700 créations en 2021).

Le taux de création, qui rapporte les créations annuelles en cours d’année au stock d’entreprises existantes au 1^er janvier, s’établit à 15,5 % dans l’EMS sur la période 2011-2021. Il est en léger retrait par rapport à l’ensemble des agglomérations comparables (16,7 %).

Les créations d’entreprises sont particulièrement dynamiques dans le pôle de l’aire d’attraction de la ville (AAV) de Strasbourg. Celui-ci compte onze communes qui concentrent 89 % des créations de l’Eurométropole. Le taux de création du pôle est supérieur de 3,9 points à celui de sa couronne : cet écart fait partie des plus élevés des dix AAV de plus de 700 000 habitants avec celui de Lyon et de Nantes (respectivement + 4,0 et + 3,8 points). Sur le plan régional, l’EMS représente 15 % des créations d’entreprises en 2021, loin devant les autres intercommunalités du Grand Est, et pèse donc fortement dans le développement des activités de la région.

En 2021, avec 1 660 nouvelles entreprises, soit trois fois plus qu’en 2017, les activités de transports et entreposage comptent pour la première fois le plus grand nombre d’entreprises créées, dont 93 % sous le statut de micro-entrepreneur. Comme dans l’ensemble des métropoles françaises, trois nouvelles entreprises de transport sont créées pour quatre entreprises existantes au début de l’année. Neuf créations sur dix sont des entreprises de livraison à domicile. Cette activité est en plein essor depuis 2016, et les périodes de fermeture d’établissements au public, lors des confinements successifs, ont nettement intensifié sa croissance. Ainsi, le secteur des transports contribue pour un tiers à la forte accélération de la hausse des créations d’entreprises entre 2020 et 2021.

Les activités spécialisées, scientifiques et techniques rassemblent 16 % des créations de l’Eurométropole de Strasbourg. Parmi elles, les activités de conseils pour les affaires et conseils de gestion ont, comme depuis de nombreuses années, le plus grand nombre de créations, avec 30 % du total de ce secteur en 2021. Ces activités regroupent notamment le conseil et l'assistance opérationnelle aux entreprises et aux services publics dans la gestion des dépenses. Les activités de design ne sont pas en reste : 15 % des créations correspondent à ces activités.

Le commerce et réparation d'automobiles et de motocycles contribue le plus à l’essor des créations des sociétés en 2021. Avec un tiers des nouvelles entreprises dans la vente à distance, les créateurs optent fréquemment pour cette activité. Le commerce est cependant le moins dynamique de l’ensemble des secteurs entre 2011 et 2021 : la croissance moyenne des créations s’avère en effet plus lente sur la période. Tout comme dans les transports et les activités spécialisées, les créations dans le commerce augmentent toutefois à un rythme moins soutenu en moyenne annuelle que dans l’ensemble des métropoles hors Paris sur les dix dernières années.

Depuis 2011, les créations dans la santé humaine et l’action sociale progressent à un rythme moyen deux fois plus élevé dans l’Eurométropole que dans l’ensemble des métropoles hors Paris. En 2021, les créations baissent en moyenne dans les métropoles. En revanche, elles augmentent fortement dans l’EMS. Ce secteur d’activité rassemble le plus grand nombre de créations d’entreprises individuelles classiques, forme juridique adaptée à l’exercice des professions réglementées spécifiques à ce secteur.

La construction s’avère aussi plus dynamique au cours des dix dernières années que dans les autres territoires : les créations augmentent en moyenne de 2,9 % dans l’EMS, contre 1,5 % dans les métropoles. Tout comme pour la santé, le taux de création dans l’intercommunalité strasbourgeoise est néanmoins proche de celui de l’ensemble des métropoles. Comme dans le commerce, les sociétés composent une part importante des créations (37 %).

Dans l’industrie, le dynamisme des créations est porté exclusivement par les micro-entrepreneurs : sous ce statut, les créations bondissent depuis 2019 (+ 87 %), tandis que celles correspondant aux autres régimes restent stables. La fabrication d’articles de bijouterie fantaisie, où la quasi-totalité des créateurs sont micro-entrepreneurs, attire une nouvelle entreprise industrielle sur dix.

Les micro-entrepreneurs s’orientent également vers les activités administratives et de soutien : sept créations sur dix dans ce secteur d’activité se font sous ce régime. Le nettoyage courant des bâtiments est l’activité principale de deux nouvelles entreprises sur cinq de ce secteur et attire deux fois plus d’entrepreneurs qu’en 2019.

En 2021, dans l’Eurométropole de Strasbourg, près d’une entreprise créée sur dix (hors micro-entrepreneurs) débute son activité avec des salariés (figure 4). Cette proportion est nettement plus élevée que dans l’ensemble des autres métropoles (hors Paris). Toutefois, les entreprises employeuses sont en moyenne plus petites que dans les métropoles françaises, avec 1,9 salarié à la création, contre 2,2.

Ainsi, en 2021, 510 salariés sont embauchés à la création de l’entreprise. Cependant, comme pour les autres territoires, l’emploi à la création ne représente qu’une partie des salariés recrutés au cours de la première année d’existence de l’entreprise. Par exemple, les créateurs des nouvelles entreprises strasbourgeoises en 2017 déclarent 680 embauches à la création ; mais, à la fin de l’année 2018, les entreprises créées en 2017 emploient 2 730 salariés, dont les trois quarts dans les secteurs d’activité du commerce, de l’hébergement-restauration, de la construction et du soutien aux entreprises. Les entreprises de moins de 20 salariés concentrent 80 % de ces emplois.

Dans l’intercommunalité strasbourgeoise, 37 % des entreprises individuelles sont créées par des femmes en 2021 : cette part retrouve son niveau de 2017, après trois années de baisse (figure 5). Néanmoins, les femmes créatrices d’entreprises sont proportionnellement plus nombreuses en moyenne dans l’ensemble des métropoles (38 %). Dans les deux tiers des métropoles, le taux de féminisation est plus important que celui de Strasbourg, et il dépasse 40 % dans les intercommunalités de Bordeaux, Nantes et Toulouse.

Neuf hommes sur dix et plus de huit femmes sur dix démarrent leur entreprise individuelle comme micro-entrepreneur. L’Eurométropole a la particularité de compter plus de créatrices que de créateurs d’entreprises individuelles classiques (54 % contre 46 %) : les femmes sont en effet deux fois plus nombreuses que les hommes dans la santé et les activités récréatives. Dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques (conseils et relations publiques et activités de design), mais aussi dans la santé et l’action sociale, et les autres services aux particuliers (soins de beauté), le nombre de femmes parmi les créateurs d’entreprise n’a jamais été aussi élevé au cours des quinze dernières années. À l’inverse, les femmes restent toujours peu présentes dans la construction.

Dans l’intercommunalité de Strasbourg, 46 % des créateurs d’entreprises individuelles ont moins de 30 ans ; ils sont en moyenne plus jeunes qu’au niveau national ou que dans l’ensemble des métropoles. Dans le Grand Est, l’EMS est cependant derrière la métropole du Grand Nancy, où 51 % des créateurs ont moins de 30 ans. Avec 900 créations, les transports attirent en premier lieu les jeunes, essentiellement des hommes (92 %). Les nouvelles entreprises dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques sont plus souvent créées par de jeunes femmes (56 % des créations du secteur). Dans l’ensemble, ces dernières créent 17,5 % des entreprises dans l’Eurométropole en 2021, une part jamais égalée. C’est plus que dans l’ensemble des métropoles hors Paris ou qu’en France métropolitaine (16,8 % et 15,6 %).