Insee Analyses Grand Est · Octobre 2022 · n° 147

Un couple cohabitant sur cent est un couple de même sexe

En 2019, dans le Grand Est, parmi les 1 300 000 couples cohabitants (vivant dans le même logement), 0,8 % sont des couples de même sexe. Cette proportion est proche de la moyenne nationale (0,9 % en 2018), et les proportions régionales varient très peu d’une région à l’autre. Dans le Grand Est, 54 % de ces couples sont masculins et 46 % féminins.

Les individus en couple de même sexe résident plus fréquemment dans les départements les plus urbains, comme le Bas-Rhin, la Meurthe-et-Moselle, la Moselle, le Haut-Rhin et la Marne. Dans le Bas-Rhin et la Meurthe-et-Moselle, ils représentent jusqu’à 1,0 % des couples cohabitants, contre 0,6 % dans les Ardennes (figure 1).

Les couples de même sexe sont proportionnellement plus nombreux dans les communes urbaines que rurales. Dans les principales unités urbaines de la région (Metz, Mulhouse, Nancy, Reims et Strasbourg), ils représentent 1,3 % des couples cohabitants. Dans les villes-centres de ces unités urbaines, cette part s’élève jusqu’à 2,6 % à Nancy et 2,1 % à Strasbourg. La proportion plus élevée de couples de même sexe chez les hommes, par rapport aux femmes, est renforcée dans ces villes-centres : parmi les hommes vivant en couple, 1,9 % sont en couple de même sexe, contre 1,3 % pour les femmes.

Toutes choses égales par ailleurs, les individus en couple avec un partenaire de même sexe ont plus de chances de résider en dehors de leur département de naissance que les autres : la probabilité est 1,4 fois plus élevée que celle des personnes en couple de sexe opposé. L’éloignement du département de naissance pourrait faciliter « la mise en œuvre d’un mode de vie caractérisé par une orientation sexuelle minoritaire » [Rault, 2016].

D’autres facteurs influent sur cet éloignement : le sexe, le diplôme, le type d’activité, et le fait d’habiter ou d’être né dans une commune rurale ou urbaine (figure 2). Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, les hommes s’éloignent légèrement davantage de leur département de naissance que les femmes. De même, plus le niveau de diplôme est élevé, plus la probabilité de résider en dehors du département de naissance augmente. Enfin, les individus nés dans une commune rurale et ceux vivant dans une commune urbaine ont également une probabilité plus forte de résider en dehors de leur département de naissance.

Les personnes en couple de même sexe sont davantage diplômées que les individus en couple de sexe opposé : près des deux tiers ont un diplôme supérieur ou égal au baccalauréat, contre seulement un peu moins de la moitié pour les autres. Cet écart est plus accentué chez les hommes que chez les femmes : 16 % des hommes en couple avec un homme ont un diplôme de niveau bac+5, soit plus de 3 points de pourcentage de plus que les femmes en couple avec une femme (figure 3).

Au sein d’un couple, les deux conjoints peuvent avoir des niveaux de diplôme différents : c’est le cas pour 65 % d’entre eux, quel que soit le type de couple. En revanche, pour 14 % des couples de même sexe, les conjoints ont exactement le même niveau de diplôme lorsque celui-ci est supérieur au bac, contre 8 % chez les couples de sexe opposé.

Ainsi, les personnes en couple de même sexe appartiennent à des catégories socioprofessionnelles plus élevées : 16 % d’entre elles exercent en tant que cadres ou occupent des professions intellectuelles supérieures, contre 9 % dans les couples de sexe opposé. De même, 24 % d’entre elles exercent une profession intermédiaire, contre 16 % dans les couples de sexe opposé.

Les individus en couple de même sexe sont davantage des actifs occupés. Parmi les 18-65 ans, 79 % des personnes en couple de même sexe sont des actifs en emploi, contre 74 % des personnes en couple de sexe opposé. Aussi, 68 % des couples de même sexe sont composés de deux individus en emploi, soit 8 points de plus que pour les autres couples.

Les femmes en couple de même sexe sont davantage au foyer que les hommes (2,5 % contre 0,9 % chez les hommes). Cet écart reste néanmoins bien inférieur à celui des personnes en couple de sexe opposé, pour lesquelles 10,2 % des femmes sont au foyer et 0,3 % des hommes.

Les individus en couple de même sexe sont plus jeunes : ils sont âgés en moyenne de 41 ans, contre 52 ans pour les personnes en couple de sexe opposé. Les moins de 30 ans représentent une personne sur quatre, contre un peu moins d’une personne sur dix chez les couples de sexe opposé (figure 4). Parmi les personnes en couple de même sexe, les femmes sont plus jeunes que les hommes : elles ont en moyenne 40 ans, soit deux ans de moins que les hommes.

Les individus en couple de même sexe ont plus de différence d’âge que les autres couples : 43 % d’entre eux ont plus de cinq ans d’écart avec leur conjoint, contre 33 % chez les couples de sexe opposé. La différence d’âge moyenne est de 6 ans, contre 3,9 ans chez les couples de sexe opposé. La proportion d’hommes ayant entre dix et vingt ans d’écart avec leur partenaire est deux fois plus élevée lorsque celui-ci est un homme. Les hommes ont en moyenne sept ans d’écart avec leur conjoint masculin, contre cinq ans pour les femmes en couple avec une femme.

En 2019, dans le Grand Est, 38 % des couples de même sexe sont mariés, 35 % sont en union libre et 27 % sont pacsés. Les hommes sont plus souvent pacsés que les femmes, alors que les femmes sont davantage en union libre. Les mariages entre personnes de même sexe sont bien moins fréquents qu’entre personnes de sexe opposé : la proportion de couples de même sexe mariés est deux fois moins élevée. De fait, la part de couples de même sexe en union libre est deux fois plus importante que pour les autres couples. Ces écarts sont notamment dus au fait que le mariage entre personnes de même sexe n’est autorisé que depuis 2013.

Parmi les personnes âgées de 18 à 24 ans en couple de même sexe, 28 % sont soit mariées soit pacsées, contre 26 % pour celles en couple de sexe opposé. À l’inverse, à partir de 25 ans, les écarts s’inversent et les couples de sexe opposé formalisent plus fréquemment leur union. Parmi les individus mariés, ceux en couple de même sexe sont plus jeunes : 28 % ont moins de 35 ans. Parmi les personnes mariées en couple de sexe opposé, seules 8 % ont moins de 35 ans.

Dans le Grand Est, les couples de même sexe sont plus souvent en union libre dans les départements de l’ouest de la région. Dans l’Aube et les Ardennes, plus de 38 % d’entre eux sont en union libre, contre seulement 32 % dans le Haut-Rhin et la Haute-Marne (figure 5). Cette répartition départementale est similaire pour les couples de sexe opposé : les unions libres sont surreprésentées dans les départements champardennais, tandis qu’elles sont moins fréquentes dans l’est de la région.

La majorité des couples de même sexe vit sans enfant : cela concerne les trois quarts des femmes et quasiment tous les hommes. Chez les couples de sexe opposé, seule la moitié d’entre eux vit sans enfant. Lorsqu’elles habitent avec au moins un enfant, les femmes en couple avec une femme vivent en moyenne avec 1,6 enfant, contre 1,8 pour les femmes en couple avec un homme. Elles ne sont d’ailleurs que 45 % à résider avec deux enfants ou plus, soit 12 points de moins que les femmes vivant en couple avec un homme et des enfants.

Les femmes vivant avec au moins un enfant sont plus jeunes quand elles sont en couple avec une femme que lorsqu’elles sont en couple avec un homme : elles ont en moyenne 39 ans, contre 42 ans. En revanche, quel que soit l’âge, la part des femmes vivant avec un enfant s’avère toujours plus élevée pour celles en couple avec un homme. Entre 40 et 44 ans, 90 % des femmes en couple avec un homme vivent avec un enfant, soit deux fois plus souvent que les femmes en couple avec une femme (figure 6).

En 2019, 10 % des individus en couple de même sexe sont immigrés, contre 12 % pour les personnes en couple de sexe opposé. Les couples de même sexe sont également moins souvent constitués de deux conjoints immigrés : 6 % d’entre eux, contre 7,3 % pour les couples de sexe opposé. Ces écarts sont quasi inexistants chez les couples masculins, et plutôt marqués chez les couples féminins, où seulement 7 % des femmes sont immigrées, soit 5 points de moins que les femmes en couple avec un homme.

Environ 4 % des couples sont composés d’un immigré et d’un non-immigré, quel que soit le type de couple. Parmi les couples de même sexe, 6 % des couples d’hommes comportent un seul immigré, contre 2,6 % des couples de femmes.