Insee Focus ·
Juillet 2022 · n° 271Avec l’épidémie de Covid-19, l’espérance de vie chute en 2020, particulièrement dans
l’Est et le Sud de l’Union européenne
En 2020, l’épidémie de Covid-19 a fortement touché le continent européen. Le nombre de décès a ainsi augmenté de 11 % dans l’Union européenne (UE). En conséquence, la hausse de l’espérance de vie, continue depuis des décennies, a connu une interruption. L’espérance de vie a baissé en 2020 dans la quasi-totalité des pays de l’UE. En moyenne dans l’UE, l’espérance de vie à la naissance baisse de près d’un an pour les femmes comme pour les hommes. La baisse est particulièrement marquée dans les pays les plus touchés par les deux premières vagues épidémiques, comme la Bulgarie, la Belgique, l’Espagne et la Pologne, où elle est supérieure à 1,2 an pour les deux sexes. La France est dans une position intermédiaire avec une baisse de 0,5 an pour les femmes et de 0,6 an pour les hommes.
En 2021, alors que l’espérance de vie augmente à nouveau en Europe de l’Ouest, elle continue de baisser fortement à l’Est du continent.
- En 2020, le nombre de décès a augmenté en Europe à cause de l’épidémie de Covid-19
- La pandémie a entraîné une baisse de l’espérance de vie en 2020, après des années de hausse
- L’espérance de vie chute en 2020 dans l’Est et le Sud de l’UE ; le Nord épargné
- Dans l’Est de l’UE, l’espérance de vie à 80 ans se dégrade moins que celle à la naissance
- Encadré – En 2021, l’espérance de vie continue de baisser à l’Est mais augmente à nouveau à l’Ouest
En 2020, le nombre de décès a augmenté en Europe à cause de l’épidémie de Covid-19
En 2020, l’Europe a été fortement touchée par l’épidémie de Covid-19. Le nombre de décès, déjà régulièrement en hausse sur le continent compte tenu du vieillissement de sa population, a considérablement augmenté : + 11 % entre 2019 et 2020 en moyenne dans l’Union européenne [Le Minez, 2022].
Quatre pays, l’Espagne, la Belgique, la Pologne et la Bulgarie, ont connu une hausse des décès (toutes causes confondues) supérieure à 15 % entre 2019 et 2020 [Ourliac, 2021]. En France, cette hausse est de 9 % [Papon, 2022].
La structure par âge de la population explique en partie le nombre de décès et son évolution dans les différents pays européens. En effet, plus la population d’un pays est âgée, plus le nombre de décès une année donnée y est élevé. Pour comparer l’évolution des risques de décès par âge entre 2019 et 2020 dans les différents pays européens, il est possible de s’appuyer sur l’espérance de vie : cet indicateur permet d’appréhender les conditions de mortalité, indépendamment du nombre d’habitants, et de neutraliser les structures par âge [Robert-Bobée, 2022].
La pandémie a entraîné une baisse de l’espérance de vie en 2020, après des années de hausse
Entre 2010 et 2019, l’espérance de vie à la naissance a augmenté dans l’ensemble des pays de l’Union européenne (UE à 27 pays), passant, pour les femmes, de 82,9 ans à 84,0 ans (figure 1) et, pour les hommes, de 76,7 ans à 78,5 ans (figure 2). Pour les femmes, l’augmentation a été supérieure à deux ans dans les pays baltes (qui étaient les pays où l’espérance de vie à la naissance était la plus faible de l’UE) et au Danemark, mais modeste à Chypre (+ 0,5 an), ainsi qu’en Allemagne, en Autriche et aux Pays-Bas (+ 0,7 an). Pour les hommes, la hausse a été encore plus marquée, allant d’un an en Allemagne à plus de trois ans dans les pays baltes. L’écart d’espérance de vie entre les femmes et les hommes a poursuivi sa tendance à la baisse entamée depuis plusieurs décennies [Papon, 2020].
tableauFigure 1a – Espérance de vie des femmes à la naissance entre 2010 et 2021 dans l'Ouest de l'UE
Pays | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Allemagne | 83,0 | 83,1 | 83,1 | 83,0 | 83,6 | 83,1 | 83,5 | 83,4 | 83,3 | 83,7 | 83,5 | nd |
Autriche | 83,5 | 83,8 | 83,6 | 83,8 | 84,0 | 83,7 | 84,1 | 84,0 | 84,1 | 84,2 | 83,6 | 83,8 |
Belgique | 83,0 | 83,3 | 83,1 | 83,2 | 83,9 | 83,4 | 84,0 | 83,9 | 83,9 | 84,3 | 83,0 | 84,4 |
France | 84,6 | 85,0 | 84,8 | 85,0 | 85,4 | 85,1 | 85,3 | 85,3 | 85,4 | 85,6 | 85,1 | 85,4 |
Luxembourg | 83,5 | 83,6 | 83,8 | 83,9 | 85,2 | 84,7 | 85,4 | 84,4 | 84,6 | 85,2 | 84,5 | 84,9 |
Pays-Bas | 83,0 | 83,1 | 83,0 | 83,2 | 83,5 | 83,2 | 83,2 | 83,4 | 83,4 | 83,7 | 83,1 | 83,1 |
UE - 27 pays | 82,9 | 83,1 | 83,1 | 83,3 | 83,7 | 83,3 | 83,7 | 83,6 | 83,7 | 84,0 | 83,2 | 82,8 |
- nd : non disponible.
- Lecture : l’âge moyen au décès d’une génération fictive de femmes qui connaîtraient tout au long de leur vie les conditions de mortalité de l’année 2020 en Belgique serait de 83,0 ans.
- Champ : France hors Mayotte jusqu'en 2013, France inclus Mayotte à partir de 2014.
- Sources : Eurostat (extraction au 13 mai 2022), Insee, statistiques de l’état civil, estimations de population (pour la France).
graphiqueFigure 1a – Espérance de vie des femmes à la naissance entre 2010 et 2021 dans l'Ouest de l'UE
tableauFigure 2a – Espérance de vie des hommes à la naissance entre 2010 et 2020 dans l’Ouest de l’UE
Pays | 2010 | 2011 | 2012 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Allemagne | 78,0 | 77,9 | 78,1 | 78,1 | 78,7 | 78,3 | 78,6 | 78,7 | 78,6 | 79,0 | 78,7 | nd |
Autriche | 77,8 | 78,3 | 78,4 | 78,6 | 79,1 | 78,8 | 79,3 | 79,4 | 79,4 | 79,7 | 78,9 | 78,8 |
Belgique | 77,5 | 78,0 | 77,8 | 78,1 | 78,8 | 78,7 | 79,0 | 79,2 | 79,4 | 79,8 | 78,6 | 79,5 |
France | 78,0 | 78,4 | 78,5 | 78,7 | 79,2 | 79,0 | 79,3 | 79,4 | 79,5 | 79,7 | 79,1 | 79,3 |
Luxembourg | 77,9 | 78,5 | 79,1 | 79,8 | 79,4 | 80,0 | 80,1 | 79,9 | 80,1 | 80,2 | 79,9 | 80,7 |
Pays-Bas | 78,9 | 79,4 | 79,3 | 79,5 | 80,0 | 79,9 | 80,0 | 80,2 | 80,3 | 80,6 | 79,7 | 79,9 |
UE - 27 pays | 76,7 | 77,0 | 77,1 | 77,5 | 77,9 | 77,7 | 78,0 | 78,1 | 78,2 | 78,5 | 77,5 | 77,2 |
- nd : non disponible.
- Lecture : l’âge moyen au décès d’une génération fictive d’hommes qui connaîtraient tout au long de leur vie les conditions de mortalité de l’année 2020 en Belgique serait de 78,6 ans.
- Champ : France hors Mayotte jusqu'en 2013, France inclus Mayotte à partir de 2014.
- Sources : Eurostat (extraction au 13 mai 2022), Insee, statistiques de l’état civil, estimations de population (pour la France).
graphiqueFigure 2a – Espérance de vie des hommes à la naissance entre 2010 et 2020 dans l’Ouest de l’UE
En 2020, à cause de la pandémie, l’espérance de vie a baissé dans la quasi-totalité des pays de l’UE. Ces baisses d’espérance de vie traduisent l’augmentation des risques de décès, toutes causes confondues, fonction de l’ampleur et de la durée des vagues successives de l’épidémie sur leur territoire. La campagne massive de vaccination n’ayant débuté en Europe qu’en toute fin d’année 2020, elle n’a pas eu d’impact sur l’espérance de vie cette année-là.
La première vague de l’épidémie a touché en premier lieu l’Italie dès le mois de février 2020 [Le Minez, 2022]. Cette vague a été la plus forte dans les pays du Sud de l’UE, en particulier en Espagne. Elle touche ensuite rapidement la France, les Pays-Bas, la Belgique et la Suède. C’est à cette période que les mesures les plus strictes de confinement ont été prises dans la majorité des pays européens. Une deuxième vague touche le continent lors du retour de la saison froide. Elle frappe durement l’Est de l’Europe (surtout la Bulgarie, la Lituanie et la Pologne), qui avait été relativement épargné par la première vague.
L’espérance de vie chute en 2020 dans l’Est et le Sud de l’UE ; le Nord épargné
La diminution de l’espérance de vie sur le continent en 2020 reflète ces deux vagues épidémiques. Pour les femmes, la baisse est d’un an ou plus dans huit pays (figure 3a). Elle atteint en particulier 1,5 an en Espagne, pays où l’espérance de vie des femmes à la naissance était la plus élevée de l’UE avant l’épidémie (86,7 ans en 2019). Elle est de 1,3 an en Bulgarie, pays où l’espérance de vie des femmes était la plus faible de l’UE avant la pandémie (78,8 ans), et en Belgique. L’épidémie ayant en 2020 touché davantage le Sud et l’Est du continent, les baisses sont également marquées en Pologne, Roumanie et Italie (– 1,2 an), ainsi qu’en Slovénie et Lituanie (– 1,1 an).
tableauFigure 3a – Évolution de l’espérance de vie des femmes à la naissance entre 2019 et 2020 dans l’Union européenne
Pays | Écart entre 2019 et 2020 |
---|---|
Union européenne - 27 pays | – 0,8 |
Allemagne | – 0,2 |
Autriche | – 0,6 |
Belgique | – 1,3 |
Bulgarie | – 1,3 |
Chypre | 0,0 |
Croatie | – 0,7 |
Danemark | 0,1 |
Espagne | – 1,5 |
Estonie | 0,0 |
Finlande | 0,0 |
France | – 0,5 |
Grèce | – 0,3 |
Hongrie | – 0,7 |
Irlande | – 0,3 |
Italie | – 1,2 |
Lettonie | – 0,1 |
Lituanie | – 1,1 |
Luxembourg | – 0,7 |
Malte | – 0,1 |
Pays-Bas | – 0,6 |
Pologne | – 1,2 |
Portugal | – 0,7 |
République tchèque | – 0,9 |
Roumanie | – 1,2 |
Slovaquie | – 0,8 |
Slovénie | – 1,1 |
Suède | – 0,6 |
- nd : non disponible.
- Lecture : en Roumanie, la baisse d’espérance de vie à la naissance pour les femmes entre 2019 et 2020 est de 1,2 an.
- Champ : France hors Mayotte jusqu'en 2013, France inclus Mayotte à partir de 2014.
- Sources : Eurostat (extraction au 13 mai 2022), Insee, statistiques de l’état civil, estimations de population (pour la France).
graphiqueFigure 3a – Évolution de l’espérance de vie des femmes à la naissance entre 2019 et 2020 dans l’Union européenne
L’espérance de vie des femmes est stable en Estonie, en Finlande et à Chypre, et en très légère baisse en Lettonie, à Malte (– 0,1 an) et en Allemagne (– 0,2 an). À la différence de la Lituanie, les deux autres pays baltes ont été relativement épargnés par la pandémie en 2020 avant d’être fortement touchés en 2021.
Le seul pays où l’espérance de vie des femmes augmente, quoique légèrement (+ 0,1 an), est le Danemark : la hausse des risques de décès y a en effet été très faible.
Pour les hommes, le constat est proche (figure 4a). L’espérance de vie en 2020 chute de 1,6 an en Pologne et en Bulgarie, l’un des pays où elle était déjà la plus faible (71,6 ans en 2019). La baisse est également prononcée en Espagne, en Roumanie et en Lituanie (– 1,5 an) ainsi qu’en Italie (– 1,4 an).
tableauFigure 4a – Évolution de l’espérance de vie des hommes à la naissance entre 2019 et 2020 dans l’Union européenne
Pays | Écart entre 2019 et 2020 |
---|---|
Union européenne - 27 pays | – 1,0 |
Allemagne | – 0,3 |
Autriche | – 0,8 |
Belgique | – 1,2 |
Bulgarie | – 1,6 |
Chypre | 0,1 |
Croatie | – 0,8 |
Danemark | 0,2 |
Espagne | – 1,5 |
Estonie | – 0,1 |
Finlande | – 0,1 |
France | – 0,6 |
Grèce | – 0,4 |
Hongrie | – 0,8 |
Irlande | 0,0 |
Italie | – 1,4 |
Lettonie | – 0,3 |
Lituanie | – 1,5 |
Luxembourg | – 0,3 |
Malte | – 0,9 |
Pays-Bas | – 0,9 |
Pologne | – 1,6 |
Portugal | – 0,7 |
République tchèque | – 1,1 |
Roumanie | – 1,5 |
Slovaquie | – 0,8 |
Slovénie | – 0,9 |
Suède | – 0,9 |
- nd : non disponible.
- Lecture : à Malte, la baisse d’espérance de vie à la naissance pour les hommes entre 2019 et 2020 est de 0,9 an.
- Champ : France hors Mayotte jusqu'en 2013, France inclus Mayotte à partir de 2014.
- Sources : Eurostat (extraction au 13 mai 2022), Insee, statistiques de l’état civil, estimations de population (pour la France).
graphiqueFigure 4a – Évolution de l’espérance de vie des hommes à la naissance entre 2019 et 2020 dans l’Union européenne
Comme pour les femmes, l’espérance de vie des hommes en 2020 est en légère hausse au Danemark (+ 0,2 an), mais également à Chypre (+ 0,1 an). Elle est restée stable en Irlande et n’a diminué que de 0,1 an en Estonie et en Finlande. En Allemagne, la baisse est de 0,3 an.
La France est en position intermédiaire parmi les pays de l’UE pour la baisse de l’espérance de vie des femmes (– 0,5 an, contre – 0,8 an dans l’UE) et des hommes (– 0,6 an, contre – 1,0 an dans l’UE). La baisse de l’espérance de vie entre 2019 et 2020 y a été plus marquée pour les hommes que pour les femmes. C’est aussi le cas dans la très grande majorité des pays, avec des différences particulièrement marquées notamment en Pologne et en Lituanie. Dans quelques pays, la baisse est à l’inverse plus prononcée pour les femmes que pour les hommes (Luxembourg, Slovénie, Belgique) ou n’a concerné que les femmes (Irlande).
Dans l’Est de l’UE, l’espérance de vie à 80 ans se dégrade moins que celle à la naissance
Depuis plus de vingt ans, les fluctuations de l’espérance de vie à la naissance reflètent principalement les variations de la mortalité après 60 ans [Papon, 2019], y compris en 2020, année exceptionnelle. Ainsi, les évolutions d’espérance de vie à 20 ans et à 40 ans diffèrent très peu des évolutions d’espérance de vie à la naissance, à part dans certains pays peu peuplés où les évolutions sont de ce fait un peu plus volatiles (Malte et Luxembourg). C’est aussi le cas pour l’évolution de l’espérance de vie à 60 ans, âge où les décès sont encore peu nombreux, même durant la pandémie.
En revanche, dans les pays les plus touchés par l’épidémie, où la hausse du nombre de décès entre 60 et 80 ans est importante, l’évolution de l’espérance de vie à 80 ans diffère davantage de l’évolution de l’espérance de vie à la naissance. Par exemple, dans les pays de l’Est de l’Europe, l’espérance de vie à 80 ans a moins reculé que l’espérance de vie à la naissance. En Bulgarie, alors que l’espérance de vie à la naissance a baissé de 1,3 an en 2020 pour les femmes et de 1,6 an pour les hommes, celle à 80 ans baisse seulement de 0,4 an pour les femmes et de 0,7 an pour les hommes. En Lituanie, la baisse est de 1,1 an pour l’espérance de vie à la naissance des femmes (– 1,5 an pour les hommes), et de 0,6 an à 80 ans (– 0,7 an pour les hommes). Pour les hommes, la baisse de l’espérance de vie à 80 ans est également moins marquée qu’à la naissance dans deux pays du Sud de l’UE particulièrement frappés en 2020 par l’épidémie, l’Espagne et l’Italie. En Italie, alors que la baisse était de 1,4 an à la naissance, elle n’est plus que de 0,9 an à 80 ans. Ces écarts montrent l’importance du nombre de décès survenus entre 60 et 80 ans dans ces pays.
Encadré – En 2021, l’espérance de vie continue de baisser à l’Est mais augmente à nouveau à l’Ouest
Les données sur l’espérance de vie à la naissance en 2021 sont provisoires, elles sont manquantes pour l’Allemagne et l’Irlande. Elles ne sont disponibles qu’à la naissance, mais pas encore aux autres âges de la vie.
L’épidémie de Covid-19, démarrée en 2020, s’est poursuivie en 2021 avec des décès encore nombreux : 14 % de décès (toutes causes confondues) dans l’Union européenne (hors Irlande) de plus en 2021 qu’en 2019, avant la pandémie [Le Minez, 2022]. La hausse est extrêmement prononcée dans les pays de l’Est de l’UE (+ 28 %). Ainsi, en Bulgarie et en Slovaquie, l’espérance de vie à la naissance, qui avait déjà fortement baissé en 2020 (– 1,3 an pour les femmes, – 1,6 an pour les hommes en Bulgarie, et – 0,8 an en Slovaquie pour les deux sexes), baisse de nouveau considérablement en 2021. Au total, sur deux ans entre 2019 et 2021, en Bulgarie, les femmes ont ainsi perdu 3,7 ans d’espérance de vie à la naissance et les hommes 3,5 ans (respectivement 2,9 ans et 3,0 ans en Slovaquie) (figure 3c, figure 4c). En 2021, les trois pays baltes ont été fortement touchés, contrairement à 2020, où seule la Lituanie l’avait été. En Estonie et en Lettonie, alors que les espérances de vie étaient relativement stables entre 2019 et 2020, elles chutent en 2021. Elles baissent ainsi de l’ordre de 2 ans entre 2019 et 2021 pour les hommes, de même qu’en Roumanie, en Pologne, en République tchèque et en Hongrie. Pour tous ces pays, les espérances de vie des femmes ont aussi baissé plus qu’ailleurs en UE.
Relativement à 2019, la hausse des décès a été moins forte dans les pays du Sud et de l’Ouest de l’UE en 2021 qu’en 2020, grâce notamment à la campagne massive de vaccination. Celle-ci débute en fin d’année 2020 et, bien qu’elle n’empêche pas une troisième vague épidémique au printemps 2021 [Le Minez, 2022], elle en atténue fortement la mortalité. De nouveaux variants arrivent en Europe durant l’été, mais l’épidémie engendre moins de décès, y compris lors de la cinquième vague qui s’étend à la fin de l’automne. Les espérances de vie rebondissent donc en 2021 dans l’Ouest de l’UE : en Belgique, + 1,4 an par rapport à 2020 pour les femmes, dont l‘espérance de vie retrouve en 2021 celle de 2019 et + 0,9 an pour les hommes. En France, les hommes gagnent 0,2 an d’espérance de vie après en avoir perdu 0,6 en 2020 ; les femmes en gagnent 0,3 après en avoir perdu 0,5 en 2020. Dans le Sud de l’Europe, en Espagne et en Italie, les espérances de vie progressent fortement mais ne retrouvent pas leur niveau d’avant-crise.
Sources
Les données sur l’espérance de vie de la France sont calculées par l’Insee à partir des données d’état civil et des estimations de population.
Les données européennes proviennent d’Ouvrir dans un nouvel ongletEurostat.
La nomenclature établie par la division de la Statistique des Nations-unies est reprise ici pour classer les pays selon leur zone géographique (Est de l’Europe : Bulgarie, Hongrie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie ; Nord de l’Europe : Danemark, Estonie, Finlande, Irlande, Lettonie, Lituanie, Suède ; Sud de l’Europe : Chypre, Croatie, Espagne, Grèce, Italie, Malte, Portugal, Slovénie ; Ouest de l’Europe : Allemagne, Autriche, Belgique, France, Luxembourg, Pays-Bas).
Définitions
L'espérance de vie à la naissance représente la durée de vie moyenne d'une génération fictive soumise
aux conditions de mortalité par âge de l'année considérée.
C'est un cas particulier de l'espérance de vie à l'âge x, c'est-à-dire le nombre moyen
d'années restant à vivre au-delà de cet âge x dans les conditions de mortalité par
âge de l'année.
Pour en savoir plus
« La situation démographique en 2020 », Insee Résultats, juillet 2022.
Le Minez S., « Dans l’Est de l’Union européenne, en 2021, 28 % de décès en plus qu’en 2019 », Insee Focus n° 268, mai 2022.
Eurostat, "Ouvrir dans un nouvel ongletLife expectancy continued to decrease in 2021 in the EU", mai 2022.
Papon S., « Bilan démographique 2021 ‒ La fécondité se maintient malgré la pandémie de Covid-19 », Insee Première n° 1889, janvier 2022.
Robert-Bobée I., « L’espérance de vie, un calcul certes fictif mais très utile », blog Insee, janvier 2022.
Ourliac B., « Covid et mortalité en Europe en 2020 : des statistiques à regarder de près », blog Insee, février 2021.
Papon S., « En Europe, selon le pays, les femmes vivent entre 3 et 10 ans de plus que les hommes », Insee Focus n° 193, juin 2020.
Papon S., « Les gains d’espérance de vie se concentrent désormais aux âges élevés », Insee Focus n° 157, juin 2019.