Insee Flash Mayotte · Décembre 2021 · n° 130

En 2021, autant d’emplois qu’avant la crise sanitaire mais davantage de personnes en âge de travailler Enquête Emploi 2021 à Mayotte

Au 2^e trimestre 2021, à Mayotte, 51 000 personnes de 15 à 64 ans disposent d’un emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) ; l’emploi revient à son niveau de 2019, avant la crise sanitaire. La crise sanitaire de la Covid-19 avait mis un coup d’arrêt à la hausse de l’emploi, avec une baisse marquée lors du premier confinement généralisé de la population de mars à mai 2020 (- 3 000 emplois). Avant cette crise, environ 2 000 emplois étaient créés chaque année, sauf en 2018. Cette année-là, l’emploi avait reculé à la suite des mouvements sociaux et de la baisse des contrats aidés.

Avec l’arrêt de la croissance de l’emploi, le taux d’emploi des personnes de 15 à 64 ans recule fortement. Au 2^e trimestre 2021, 32 % des personnes âgées de 15 à 64 ans ont un emploi, soit 3 points de moins qu’en 2019 (figure 1). En effet, la population âgée de 15 à 64 ans continue d’augmenter entre 2019 et 2021 (+ 10 800 personnes supplémentaires) alors que l'offre d’emplois n’augmente pas.

La baisse du taux d’emploi concerne particulièrement les personnes nées à l’étranger. Ainsi, seules 22 % de celles de 15 à 64 ans sont en emploi en 2021 contre 26 % en 2019. En revanche, les natifs et natives de Mayotte résistent mieux à la crise, au point même de voir leur taux d’emploi augmenter : 40 % d’entre eux ont un emploi (+ 2 points par rapport à 2019).

Les hommes de 30 à 49 ans pâtissent également fortement de l’arrêt de la croissance de l'emploi : en 2021, 56 % d’entre eux ont un emploi alors qu’ils étaient 64 % dans cette situation en 2019. Pour les femmes de cet âge, l’impact de la crise est plus limité mais elles travaillent bien moins souvent que les hommes : seules 36 % des femmes de 30 à 49 ans occupent un emploi en 2021.

Quant aux jeunes de 15 à 29 ans, leur taux d’emploi se maintient à un niveau faible (14 %) (Encadré).

La crise sanitaire impacte plus fortement et durablement les personnes salariées au domicile de particuliers-employeurs (ménage, jardinage, maçonnerie, etc.). Entre 2019 et 2021, 1 400 de ces emplois sont détruits ; il en reste 3 900 en 2021 (figure 2). Les personnes nées à l'étranger sont particulièrement touchées, car elles occupent plus fréquemment ce type d’emplois.

Les non-salariés ont été aussi particulièrement affectés lors du premier confinement en 2020. Mais leur niveau d’emploi revient en 2021 à 8 700, comme avant la crise, contrairement à celui des personnes employées à domicile. La mise en place du statut de micro-entrepreneur à Mayotte à compter de mai 2020 a sans doute stimulé les créations d’entreprises [Letailleur, 2021].

En 2021, 17 200 personnes travaillent en entreprise. L’emploi continue d’y progresser, mais plus lentement qu'auparavant : 1 000 emplois sont créés entre 2019 et 2021, contre 3 700 entre 2017 et 2019. Dans les autres régions françaises, le dispositif d’aide à l’embauche des apprentis soutient l’emploi privé en 2021. Pour le moment, à Mayotte, le recours à ce dispositif est faible, à cause d’une structuration de l’alternance encore en cours sur le territoire. Un plan de développement de l’apprentissage a d'ailleurs été lancé en 2021 entre la Direction en charge de l'emploi (Deets), l’opérateur de compétence (Opco) et le Département.

L’emploi public reste stable, avec 20 900 personnes travaillant dans ce secteur en 2021. En particulier, le recours aux contrats aidés « Parcours Emplois Compétences » (PEC) reste à un niveau proche de celui de 2019 : en 2021, 2 200 personnes en bénéficient.

Lors du confinement du 5 février au 15 mars 2021, jusqu’à 3 000 personnes bénéficient des dispositifs d’activité partielle mis en œuvre depuis mars 2020. Ces dispositifs permettent de préserver certains emplois en indemnisant les salariés dont le nombre d’heures rémunérées par les entreprises baisse à cause d’une activité économique limitée. Toutefois, l’activité partielle est bien moins fréquente que lors du premier confinement de 2020 au cours duquel plus de 9 000 personnes en bénéficiaient.

Au 2^e trimestre 2021, le taux de chômage au sens du BIT s’établit à 30 % de la population active à Mayotte. Il retrouve son niveau d’avant la crise sanitaire, et usuellement constaté depuis 2016. Mayotte reste ainsi le département français au taux de chômage le plus élevé. En 2020, le chômage avait baissé en trompe-l’œil (28 %) en raison du confinement qui avait conduit nombre de personnes sans emploi à réduire leurs recherches d’emploi [Jonzo, 2021]. En 2018, le chômage avait été très élevé (35 %), suite aux mouvements sociaux et à la baisse des contrats aidés.

Au 2^e trimestre 2021, 22 000 personnes sont au chômage au sens du BIT. À ces chômeurs s’ajoutent 34 000 personnes sans emploi qui souhaitent travailler, mais qui ne sont pas considérées au chômage. Elles sont inactives au sens du BIT, majoritairement parce qu’elles ne font aucune démarche active de recherche d’emploi. Elles constituent le halo autour du chômage. En 2021, 21 % des personnes de 15 à 64 ans se situent dans le halo, un niveau proche d'avant la crise sanitaire (figure 3). Mayotte est l’un des rares territoires avec la Guyane où être dans le halo du chômage est plus fréquent qu’être au chômage.

Au total, qu’elles soient au chômage ou dans le halo, 56 500 personnes souhaiteraient travailler, soit 35 % des personnes de 15 à 64 ans, comme en 2019.

Ne pas souhaiter travailler est plus fréquent qu’avant la crise sanitaire : en 2021, c’est le cas de 33 % des personnes de 15 à 64 ans, soit 3 points de plus qu’en 2019. En effet, les jeunes sont plus souvent en études, reportant ainsi leur entrée sur le marché du travail.