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Insee Flash Guyane · Décembre 2021 · n° 145
Insee Flash GuyaneEn 2020, la natalité reste élevée malgré la crise sanitaire Bilan démographique de la Guyane en 2020

Marcelle Jeanne-Rose (Insee)

En 2020, la démographie reste dynamique malgré la baisse des naissances et le solde migratoire négatif en Guyane. Les naissances sont beaucoup plus nombreuses que les décès. La fécondité reste élevée et supérieure à celles des Antilles et de la France métropolitaine. L’espérance de vie est de nouveau en hausse, de façon plus marquée pour les hommes.

La population guyanaise est estimée à 294 150 habitants au 1er janvier 2021. Elle poursuit sa progression, contrairement à celle des Antilles françaises qui continue de décroître. En dix ans, la population augmente en moyenne de 2,2 % par an et gagne au total 56 600 habitants, l’équivalent de la population de la ville de Cayenne. Cette évolution est de - 0,7 % en Guadeloupe, - 1 % en Martinique et 0,3 % en France métropolitaine.

Baisse des naissances en fin d’année

En 2020, 7 992 enfants sont nés en Guyane, ce sont 112 naissances de moins par rapport à l’année précédente. Une inflexion du nombre de naissances entre novembre 2020 et mai 2021 peut être liée aux incertitudes autour de la pandémie de Covid-19 (voir encadré). Depuis 2017, le nombre de naissances s’est stabilisé en Guyane : environ 8 000 bébés naissent sur le territoire chaque année (figure 1). Le taux de natalité est le deuxième plus élevé des régions françaises (27,5 ‰), derrière Mayotte (35,2 ‰).

Figure 1Chiffres-clés des populations de Guyane et de France métropolitaine

Chiffres-clés des populations de Guyane et de France métropolitaine
Guyane France Métropolitaine
2010 2019 2020 (p) 2020 (p)
Natalité, fécondité
Naissances vivantes 6 082 8 104 7 992 694 664
Naissances de mères mineures /// 334 282 1 790
Age moyen de la mère à la naissance 28,0 (r) 28,8 28,8 30,8
Taux de natalité (‰) 26,1 (r) 28,4 27,5 10,7
Indicateur conjoncturel de fécondité 3,37 (r) 3,74 3,60 1,79
Mortalité
Décès 773 1 020 990 652 818
Taux de mortalité (‰) 3,3 (r) 3,6 3,4 10,0
Espérance de vie à la naissance (en année)
Hommes 74,7 (r) 76,5 77,5 79,1
Femmes 81,9 (r) 82,7 83,2 85,1
Nuptialité
Mariages enregistrés 581 612 372 151 000
  • r : révisé
  • p : provisoire
  • Source : Insee, estimations de population et statistiques de l’état civil

La fécondité des femmes en Guyane reste élevée

Le nombre de femmes en âge de procréer connaît le même rythme de croissance que le reste de la population, aussi la stabilisation du nombre de naissances témoigne d’un léger fléchissement de l’indicateur de fécondité en Guyane. Avec 3,60 enfants par femmes, l’indice conjoncturel de fécondité (ICF) reste le deuxième plus élevé de France, après Mayotte (4,16). La fécondité en Guyane est donc nettement plus élevée qu’en Guadeloupe (2,33), Martinique (1,93) ou en France métropolitaine (1,79).

En 2020, l’âge moyen de la mère à l’accouchement s’élève à 28,8 ans soit deux ans de moins qu’en France métropolitaine. Mais, comme au niveau national, en Guyane, les mères mettent au monde leurs enfants plus tard que leurs aînées : à la fin des années 1990, elles accouchaient en moyenne à 27,3 ans.

En 2020, 282 enfants sont nés de mères mineures, soit 3,5 % des naissances. Cette part est dix fois plus élevée qu’en France métropolitaine.

L’espérance de vie continue de progresser

La pandémie de Covid-19 qui sévit depuis le début de l’année 2020 n’a pas entraîné de surmortalité en Guyane au cours de cette première année. L’impact semble décalé et se produit en 2021 (voir encadré). En 2020, 990 personnes sont décédées. Un nombre en retrait par rapport à l’année 2019 (- 30), année marquée par une hausse des décès supérieure à l’augmentation tendancielle du fait de la croissance démographique. En dix ans, le nombre de décès progresse en moyenne de 2,5 % par an. Cependant, le taux de mortalité reste faible, 3,4 décès pour 1 000 habitants. Il s’affiche comme le plus bas de tout le territoire national, à 0,1 point de Mayotte, dont les caractéristiques démographiques se rapprochent de celles de la Guyane. La faible proportion de personnes âgées et la jeunesse de la population guyanaise expliquent ce niveau. En effet, une personne sur 10 a plus de 60 ans et une personne sur deux a moins de 25 ans. La part des jeunes a toutefois perdu 3 points en 10 ans.

Le taux de mortalité masculin est plus élevé de 1,9 point par rapport au taux féminin. La Guyane reste cependant le Département Français d’Amérique où l’écart entre les deux sexes est le plus réduit.

Alors qu’en France métropolitaine l’espérance de vie à la naissance en 2020 baisse pour les hommes et pour les femmes du fait de la pandémie de la Covid-19, en Guyane, en revanche, elle progresse. Ce gain est plus important pour les hommes (+ 1 an). Ils peuvent espérer vivre en moyenne jusqu’à 77,5 ans, soit 1,7 an de moins qu’en France métropolitaine. Les femmes gagnent quant à elles, 6 mois. Leur espérance de vie s’élève à 83,2 ans en Guyane, deux ans de moins qu’au niveau national. Ainsi, l’écart d’espérance de vie entre les femmes et les hommes se réduit sur le territoire. Il était de 8,1 ans en faveur des femmes en 2000, il se réduit à 5,7 ans en 2020.

Les naissances à l’origine de la croissance démographique

Le dynamisme démographique guyanais reste fondé sur un solde naturel très excédentaire. En effet, les naissances sont bien plus nombreuses que les décès (+7 000) (figure 2). La jeunesse de la population soutient en effet, à la fois un taux de natalité élevé et un taux de mortalité faible.

La composante migratoire du solde démographique varie selon les années (- 960 en 2020 contre 550 en 2017). En effet, les flux de départs et d’arrivées s’équilibrent partiellement. D’un côté le territoire reste attractif, en particulier vis-à-vis des populations jeunes des pays voisins. Et d’un autre côté, de nombreux jeunes Guyanais quittent également la région à la recherche d’un emploi ou pour poursuivre des études.

Figure 2Evolution du nombre de naissances et de décès depuis 1994

Evolution du nombre de naissances et de décès depuis 1994
Naissances Décès
1994 4 188 618
1995 4 211 540
1996 4 331 556
1997 4 426 598
1998 4 696 607
1999 4 907 648
2000 5 149 635
2001 5 140 660
2002 5 276 669
2003 5 553 721
2004 5 312 719
2005 5 998 705
2006 6 276 711
2007 6 386 690
2008 6 247 762
2009 6 171 699
2010 6 082 773
2011 6 259 714
2012 6 609 789
2013 6 474 767
2014 6 591 786
2015 6 806 834
2016 7 270 901
2017 8 057 964
2018 7 995 899
2019 8 104 1020
2020 7 992 990
  • Sources : Insee, statistiques de l’état civil

Figure 2Evolution du nombre de naissances et de décès depuis 1994

  • Sources : Insee, statistiques de l’état civil

Le nombre de mariages en forte baisse

Le contexte sanitaire et les nombreuses restrictions ont eu un impact important sur le nombre de mariages enregistrés en Guyane. Celui-ci a chuté fortement, 39 % de moins en 2020, la baisse est plus importante que celle observée en France métropolitaine (- 31 %), en Guadeloupe (- 24 %) ou en Martinique (- 25 %). Le confinement de deux mois, suivi des nombreuses restrictions toute l’année, ont entraîné des reports et des annulations de mariages.

Encadré - En 2021, hausse de la mortalité sur les 9 premiers mois

Après la baisse du nombre de décès en 2020, leur hausse en 2021 apparaît d’autant plus marquée. Selon les premières données disponibles, entre le mois de janvier et le mois de septembre 2021, le nombre de décès s’élève à 1 002, un nombre 44 % plus élevé que sur la même période en 2020 (et +30 % par rapport à 2019) (Figure 3), en lien avec la forte dégradation de la situation sanitaire dans la région. La surmortalité est importante au 3e trimestre (425 décès), soit 58 % de plus par rapport au 3e trimestre 2020.

La baisse des naissances se confirme 9 mois après l’annonce du début de l’épidémie en France. Entre décembre 2020 et mai 2021, le nombre de nouveaux-nés guyanais s’élève à 3 724, soit 8 % de moins que sur la même période un an auparavant. Cette baisse peut s’expliquer par un report des projets parentaux face à la crise sanitaire et aux fortes incertitudes économiques. Un net rebond du nombre de naissances est toutefois enregistré dès le mois de juin 2021, ce qui correspond à des conceptions à partir de septembre 2020. Entre janvier et octobre 2021 (dernières données disponibles à ce jour), les naissances sont sont aussi nombreuses (+ 0,4 %) que par rapport à l’année précédente.

Figure 3Nombre de décès quotidiens cumulés

  • Le tableau associé à cette figure est disponible dans le fichier DONNÉES
  • Source : Insee à partir des données d'état civil
Publication rédigée par :Marcelle Jeanne-Rose (Insee)

Définitions

Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties au cours d’une période.

Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès enregistrés au cours d’une période.

L’indicateur conjoncturel de fécondité est la somme des taux de fécondité par âge observés une année donnée. Cet indicateur donne le nombre moyen d'enfants qu'aurait une femme tout au long de sa vie si les taux de fécondité observés à chaque âge l'année considérée demeuraient inchangés.

Le taux de natalité est le rapport du nombre de naissances vivantes de l’année à la population totale moyenne de l’année.

Le taux de mortalité (brut) est le rapport du nombre de décès de l’année à la population totale moyenne de l’année.

L’espérance de vie à la naissance représente la durée de vie moyenne d’une génération fictive soumise aux conditions de mortalité de l’année. Elle caractérise la mortalité indépendamment de la structure par âge.

Pour en savoir plus

Chanteur B., Reif X., « Recensement de la population en Guyane : 276 128 habitants au 1ᵉʳ janvier 2018 », Insee Flash Guyane n° 131, décembre 2020

Cratère F., « La Guyane, une région jeune et cosmopolite », Insee Analyses Guyane n°35, janvier 2019

Jeanne-Rose M., « Bilan démographique de Guyane 2019 : La jeunesse guyanaise soutient le dynamisme démographique », Insee Flash Guyane n° 133, janvier 2021

Demougeot L., Besson L., Thibault P., « Les natifs des Antilles, de Guyane et de Mayotte quittent souvent leur région natale, contrairement aux Réunionnais », Insee Première n° 1853, avril 2021