Insee Flash Mayotte · Novembre 2021 · n° 128

Retour d’une forte croissance du PIB en 2019 Produit intérieur brut 2019 (résultats provisoires)

À Mayotte, en 2019, le produit intérieur brut (PIB) s’établit à 2 660 millions d’euros, soit une hausse de 6,6 % en valeur sur un an. En 2018, suite notamment à des mouvements sociaux, la croissance du PIB avait été deux fois moindre. Le contexte économique est redevenu plus favorable en 2019, comme en témoigne le record annuel de créations d’entreprise (+ 1 020). Le PIB par habitant progresse quant à lui de 2,8 % sur un an et atteint 9 710 euros (figure 1). Il reste cependant très éloigné du niveau national, qui est 3,7 fois plus élevé.

En cohérence avec une plus grande richesse produite, le revenu disponible brut (RDB) des ménages croît de 7 % et atteint 1 980 millions d’euros. Compte tenu de la forte croissance de la population et de la faible hausse des prix à la consommation (+ 0,2 %), le pouvoir d’achat individuel moyen augmente de 3,1 %.

La formation brute de capital fixe constitue le premier moteur de la croissance en 2019. En effet, Elle s’élève à 561 millions d’euros (figure 2), soit 21 % du PIB.

Elle contribue à hauteur de 3,2 points à la croissance du PIB (figure 3).

La forte croissance de l’investissement en 2019 (+ 16,3 %) est consécutif à un agrandissement important du parc de logements privés, ainsi qu’à des aménagements conséquents dans les administrations publiques.

En hausse de 4,9 % en valeur sur un an, la consommation des administrations publiques est le deuxième moteur de la croissance à Mayotte en 2019 : elle contribue pour 3,1 points à l’augmentation du PIB. Elle correspond aux services fournis par les administrations, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé. Elle s’élève à 1 655 millions d’euros en 2019 et pèse pour 62 % dans le PIB, soit nettement plus qu’au niveau national (23 %). Le faible développement du tissu économique privé dans l’économie mahoraise en est la principale explication. En effet, rapportée au nombre d’habitants, la consommation des administrations publiques reste plus faible qu’au niveau national (5 820 euros par habitant contre 8 340).

La consommation des ménages représente le troisième levier de la croissance du PIB. En hausse de 5,4 % en 2019, elle contribue pour 2,4 points à la croissance du PIB. Elle atteint 1 148 millions d’euros, soit 43 % du PIB, une part inférieure à celle observée au niveau national (52 %).

Fortement déficitaire, la balance commerciale continue de peser négativement sur le PIB (- 2 points sur la hausse du PIB) : le déficit du commerce extérieur atteint − 704 millions d’euros, soit 26 % du PIB. Ce déficit est comparable à celui des autres départements d’Outre-mer, dont l’activité économique dépend des importations. Fin 2018, les mouvements sociaux de l’hexagone (« les gilets jaunes ») ont entraîné des retards d’approvisionnement à Mayotte. Ces livraisons de marchandises sont arrivées en début d’année 2019 et ont contribué au dynamisme des importations (+9 %). Essentiellement constituées des dépenses des touristes qui séjournent à Mayotte, les exportations pèsent peu (50 millions d’euros).

En 2019, la valeur ajoutée dégagée par les sociétés progresse de 8,3 %, soit 6 fois plus qu’en 2018 (+ 1,3 %). Elle s’établit à 710 millions d’euros et représente ainsi 27 % du PIB. Ce ratio reste néanmoins deux fois inférieur au niveau national (56 %). Les rémunérations des salariés de ces sociétés augmentent plus vite que leur valeur ajoutée en 2019 (+ 9,7 %) grâce à des créations d’emplois dynamiques (+ 3 400 depuis 2017) et à l’instauration des 35 heures pour les entreprises de moins de 20 salariés.

De son côté, avec une hausse de 6,7 %, la valeur ajoutée dégagée par les ménages s’avère également dynamique. Cette valeur ajoutée représente 18 % du PIB : la moitié de cette valeur ajoutée provient du service de logement (loyers réels ou imputés), tandis que l’autre moitié est générée par des entrepreneurs individuels qui exercent dans les secteurs de l’agriculture, du commerce, de la santé et de la construction. En 2019, le dynamisme de la valeur ajoutée des ménages est principalement due à la forte croissance démographique (progression du service de logement et de la production agricole).