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Insee Analyses Martinique · Octobre 2021 · n° 48
Insee Analyses MartiniqueEn Martinique, les traditions, la musique et le créole fédèrent les générations

Amandine Louguet (Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation), Antonin Creignou, Baptiste Raimbaud (Insee)

En Martinique, la musique est au cœur des pratiques culturelles : six Martiniquais sur dix écoutent de la musique tous les jours. Leurs pratiques culturelles se différencient de celles des autres territoires français notamment en raison d’une offre culturelle moins développée : les pratiques culturelles comme la fréquentation des musées, des théâtres et des cinémas y sont en proportion moins répandues. En revanche, les Martiniquais sont nombreux à regarder la télévision, des films ou des séries, comme ailleurs en France métropolitaine. En effet, ces pratiques sont associées à des équipements accessibles à domicile, aussi courants en Martinique qu’en France métropolitaine.

Insee Analyses Martinique
No 48
Paru le :Paru le19/10/2021
Avertissement

Le Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation (DEPS-Doc) a étendu aux territoires ultramarins l’Enquête sur les pratiques culturelles réalisée à six reprises en France métropolitaine (dernière édition en 2018). Cette enquête constitue aujourd’hui en France le principal instrument de suivi des comportements culturels. Elle sert de référence à de nombreuses enquêtes thématiques, monographiques ou territoriales et fait régulièrement l’objet de travaux universitaires. Avec l’extension du champ de l’enquête aux territoires ultramarins, l’édition 2018 est la première à fournir une analyse des pratiques culturelles dans ces territoires et à offrir la possibilité d’analyses régionalisées. Cette enquête a été menée en face-à-face (en français ou en créole) en Martinique auprès d’un échantillon de plus de 1 000 personnes, entre février 2019 et février 2020. Les résultats portent donc sur les pratiques culturelles des Martiniquais entre début 2018 et début 2020, avant le confinement lié à la pandémie de Covid-19.

Une large majorité des Martiniquais dispose des principaux biens d’équipements culturels. En effet, neuf foyers martiniquais sur dix possèdent un téléviseur (comme en Guadeloupe et en France métropolitaine), 91 % un téléphone portable ou un smartphone, 70 % un poste radio, 59 % un ordinateur portable et 10 % un ordinateur fixe. De plus, 78 % des ménages Martiniquais disposent d’un accès à Internet à domicile (86 % en France métropolitaine, 83 % en Guadeloupe) mais la fibre est moins répandue qu’en France métropolitaine.

Six Martiniquais sur dix écoutent de la musique tous les jours

La musique occupe une place importante dans la culture martiniquaise, qu’elle soit écoutée, chantée ou pratiquée. 59 % des Martiniquais écoutent de la musique tous les jours ou presque (figure 1). L’écoute de la musique occupe une place particulièrement importante dans le quotidien des 15-39 ans : 83 % l’écoutent tous les jours (contre 37 % des 60 ans et plus). En outre, les supports utilisés diffèrent fortement. Les 15-39 ans sont proportionnellement près de deux fois plus nombreux que les 60 ans et plus à écouter de la musique sur un appareil mobile. L’écoute en streaming s’impose comme la pratique dominante chez les plus jeunes. Ils sont six fois plus nombreux à utiliser des plateformes de streaming dédiés, par exemple Deezer, par exemple (figure 2). Les nouvelles générations privilégient souvent des fichiers numériques : les 15-39 ans sont 3,6 fois plus nombreux que les 60 ans et plus à utiliser des fichiers numériques pour écouter de la musique. En revanche, le support CD tend à disparaître chez les 15-39 ans : seulement 3 % d’entre eux écoutent des CD. Si l’intérêt des plus jeunes pour la musique est commune à la France entière, des spécificités apparaissent en matière de goûts chez les Martiniquais. Ainsi, la musique caribéenne (biguine, kompa, calypso,..) est le style de musique le plus populaire à tout âge (elle est appréciée par 82 % des Martiniquais qui écoutent de la musique) et certains artistes ou groupes rassemblent également toutes les générations, comme Kassav, écouté au moins une fois par 88 % des 15-39 ans et 75 % des 60 ans et plus, ou Bob Marley, déjà écouté par 88 % des plus jeunes et par 63 % de leurs aînés. Parallèlement, certains goûts font apparaître des évolutions générationnelles communes en Martinique et en France métropolitaine : ainsi, deux Martiniquais âgés de 15 à 39 ans sur trois écoutent du rap ou du RNB contre respectivement 5 % et 4 % des 60 ans et plus.

Figure 1Les pratiques culturelles en Martinique et en France métropolitaine

en %
Les pratiques culturelles en Martinique et en France métropolitaine (en %)
Martinique France métropolitaine
Écoutent de la musique 91 92
dont tous les jours ou presque 59 65
Regardent la télévision 88 94
dont tous les jours ou presque 70 78
durée moyenne d’écoute (en heure par semaine) 15 19
Jouent aux Jeux Vidéo 25 44
dont tous les jours ou presque 6 15
Écoutent la radio 73 82
dont tous les jours ou presque 53 60
durée moyenne d’écoute (en heure par semaine) 9h15 12
Suivent les actualités 93 97
dont tous les jours ou presque 81 75
Lisent des livres 43 70
ont fréquenté une bibliothèque durant l’année 9 27
Sont allés au cinéma dans l’année 43 62
Sont allés au musée dans l’année 4 29
Sont allés au théâtre dans l’année 6 21
Sont allés à un spectacle de danse dans l’année 3 13
Sont allés à un concert dans l’année 23 34
  • Note de lecture : 91 % des Martiniquais déclarent avoir écouté de la musique dans l’année (période de l’enquête : février 2019 à février 2020) et 43 % être allés au cinéma.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles en Martinique (2019-2020), Deps-Doc

Festivals et concerts offrent l’occasion d’écouter de la musique avec des proches. En Martinique, 23 % de la population s’est rendue à un concert durant l’année et 9 % à un festival (respectivement 34 % et 19 % en France métropolitaine). L’île accueille par exemple le festival culturel de Fort-de-France, le Baccha Festival et le Martinique Jazz Festival. La majorité des Martiniquais se rendent aux festivals accompagnés (39 % avec un membre de sa famille, 63 % entre amis, 35 % en couple contre 8 % seuls). Par ailleurs, parmi les Martiniquais ayant assisté à un concert, 44 % d’entre eux sont allés au moins une fois à un concert de musique caribéenne.

Figure 2Pratiques d’écoute de musique selon l’âge en Martinique

Pratiques d’écoute de musique selon l’âge en Martinique
'15-39 ans' par rapport à '60 ans et plus' '60 ans et plus' par rapport à '15-39 ans'
Télévision 1,5
Radio 1,8
Fichiers numériques 3,6
streaming sur une plateforme spécialisée 6,2
CD ou cassettes 7,3
Disques vinyle 2,0
  • Note de lecture : La part des 15-39 ans qui écoutent de la musique en streaming sur une plateforme spécialisée est 6,2 fois plus élevée que celle des 60 ans et plus.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles en Martinique (2019-2020), Deps-Doc

Figure 2Pratiques d’écoute de musique selon l’âge en Martinique

  • Note de lecture : La part des 15-39 ans qui écoutent de la musique en streaming sur une plateforme spécialisée est 6,2 fois plus élevée que celle des 60 ans et plus.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles en Martinique (2019-2020), Deps-Doc

Carnaval et chanté Nwel : deux traditions au cœur de la culture antillaise

En Martinique, 44 % de la population a assisté à un spectacle de rue durant l’année, dont 32 % au carnaval. Le carnaval est un évènement populaire dont les préparatifs commencent après Noël. L’ensemble de l’île est en fête, avec l’organisation de grands défilés dans toutes les communes et de fêtes à thèmes. Par ailleurs, parmi les personnes ayant assisté à un spectacle de rue, 40 % ont participé à une fête locale, 34 % à un grand évènement national (14 juillet, fête de la musique…) et 15 % à une animation dans un lieu commercial ou une animation dans la rue. Durant l’année, 38 % des Martiniquais ont participé à un chanté Nwel. Cette autre tradition mêlant religion et culture, est l’occasion de partager un répertoire mélangeant des chants traditionnels de Noël, aux textes le plus souvent en français, avec des refrains en créole, et des rythmes de biguine, de mazurka, de valses créoles ou de zouk. Le carnaval et les chantés Nwel rassemblent les générations. Ces traditions perdurent : 58 % des 15-39 ans ont assisté au carnaval et 45 % ont participé à un Chanté Nwel durant l’année.

Des pratiques musicales souvent hors du cadre institutionnel ou scolaire

Les Martiniquais pratiquent le plus souvent la musique en dehors des institutions ou des écoles. La pratique en famille, entre amis ou dans le cadre des soirées Bèlè. La pratique musicale en amateur est, de ce fait, probablement sous-déclarée (encadré 1). Ainsi, 91 % des Martiniquais déclarent n’avoir jamais fait de musique ou du chant et seulement 4 % des Martiniquais déclarent en avoir fait dans l’année (respectivement 67 % et 11 % en France métropolitaine). Parmi les Martiniquais ayant déjà fait de la musique, près de la moitié ont chanté dans une chorale et près d’un tiers évoquent une pratique du chant individuel. La biguine et la mazurka sont les formes musicales majoritairement étudiées et jouées. Par ailleurs, la moitié des musiciens martiniquais joue du piano et 30 % de la guitare. Enfin, seulement 31 % des pratiquants actuels évoquent le fait d’avoir suivi des cours de musique. D’autre formes d’arts se pratiquent également en dehors des lieux institutionnels. Ainsi, 1 % des Martiniquais ont fait de la peinture, sculpture ou gravure durant l’année et 2 % du dessin.

Plus de la moitié des Martiniquais écoutent la radio tous les jours

La radio a une place importante dans la vie quotidienne des Martiniquais : 53 % l’écoutent tous les jours au presque (60 % en France métropolitaine). Le temps d’écoute moyen de la radio est de 9 h par semaine. Les actifs sont plus nombreux que les inactifs (les personnes ni en emploi ni au chômage comme les étudiants ou les retraités) à écouter la radio (76 % contre 62 %). Parmi les personnes écoutant la radio, les programmes les plus écoutés sont les informations et les journaux (69 %) et les avis de décès (55 %). Les 40-59 ans et les plus de 60 ans sont ceux qui écoutent le plus la radio : 81 % et 84 % d’entre eux l’écoutent tous les jours ou presque (contre seulement 29 % des 15-39 ans).

Les trois quarts des Martiniquais âgés de 15 à 39 ans suivent l’actualité sur les réseaux sociaux

En Martinique, 81 % des habitants se tiennent informés de l’actualité tous les jours au presque (75 % en Guadeloupe et en France métropolitaine). Les thèmes les plus suivis dans l’actualité sont ceux en lien avec le social et la société (48 % de la population), la santé (31 %), la politique (27 %) et l’économie (21 %). Parmi les Martiniquais déclarant s’informer, 82 % d’entre eux utilisent la télévision, 56 % la radio et 42 % les réseaux sociaux. On note là encore des effets générationnels : les Martiniquais âgés de 15 à 39 ans sont proportionnellement 6,3 fois plus nombreux à consulter l’actualité sur les réseaux sociaux que les 60 ans et plus (figure 3). Ils délaissent par ailleurs la presse papier : ils sont en proportion trois fois moins nombreux que les 60 ans et plus à la consulter, lui préférant la presse numérique.

Figure 3Pratiques informationnelles selon l’âge en Martinique

Pratiques informationnelles selon l’âge en Martinique
'15-39 ans' par rapport à '60 ans et plus' '60 ans et plus' par rapport à '15-39 ans'
Télévision 1,3
Radio 2,5
Presse papier 2,8
Presse numérique 2,1
Blogs et forums 33,1
Réseaux sociaux 6,3
Autre source sur Internet 7,4
  • Note de lecture : Les 15-39 ans sont 6,3 fois plus nombreux que les plus de 60 ans à utiliser les réseaux sociaux pour s’informer.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles en Martinique (2019-2020), Deps-Doc

Figure 3Pratiques informationnelles selon l’âge en Martinique

  • Note de lecture : Les 15-39 ans sont 6,3 fois plus nombreux que les plus de 60 ans à utiliser les réseaux sociaux pour s’informer.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles en Martinique (2019-2020), Deps-Doc

Les Martiniquais regardent la télévision 15 heures par semaine

Sept Martiniquais sur dix regardent la télévision tous les jours ou presque (79 % en Guadeloupe et 78 % en France métropolitaine) pour un temps d’écoute moyen de 15 heures par semaine (20 heures en Guadeloupe et 19 heures en France métropolitaine). Les effets générationnels sont similaires à ceux observés en Guadeloupe et en France métropolitaine : les plus jeunes sont en proportion plus nombreux que leurs aînés à ne jamais regarder la télévision (17 % parmi les 15-39 ans et 11 % des 60 ans et plus). Les programmes les plus suivis par les téléspectateurs dans leur ensemble sont les émissions d’information (regardées par 81 % d’entre eux), les films (63 %), les reportages ou documentaires (60 %) et les séries et feuilletons (43 %). Les préférences sont affectées par les effets de génération : les spectateurs âgés de 15 à 39 ans regardent plus de films (82 %), et de séries et feuilletons (54 %) alors que les spectateurs de 60 ans et plus regardent majoritairement des émissions d’information (89 %) et des reportages et documentaires (59 %).

En Martinique, 42 % de la population regarde des vidéos sur Internet. Le comportement des 15-39 ans est semblable en Martinique et en France métropolitaine : 82 % regardent des vidéos sur Internet (89 % en Guadeloupe et 86 % en France métropolitaine) et consomment les mêmes types de contenus (des films, des séries et feuilletons et des vidéo-clips).

Les plateformes de vidéo à la demande utilisées par deux tiers des jeunes

En Martinique, 76 % de la population regarde des films, dont 26 % tous les jours ou presque (25 % en France métropolitaine et 29 % en Guadeloupe). Les Martiniquais âgés de 15 à 39 ans sont des consommateurs de films plus assidus que la population du même âge en France métropolitaine : 41 % d’entre eux regardent des films tous les jours (contre 22 % en France métropolitaine). Par ailleurs, 45 % des 60 ans et plus n’ont pas regardé de film dans l’année (contre 5 % chez les 15-39 ans). Pour regarder des films, 79 % des Martiniquais privilégient la diffusion télévisuelle sur les chaînes gratuites ou

payantes. Le visionnage de films sur les plateformes de vidéo à la demande est néanmoins courant chez les 15-39 ans (65 % contre 8 % chez les 60 ans et plus). La Martinique compte par ailleurs autant de consommateurs assidus de séries et de feuilletons qu’en France métropolitaine : 29 % en regardent tous les jours (31 % en France métropolitaine). Les plus jeunes sont ceux qui en regardent le plus : 36 % d’entre eux en regardent tous les jours (contre 20 % parmi les 40-59 ans et 32 % parmi les 60 ans et plus). Parmi les Martiniquais les plus âgés, la moitié ne regarde jamais de séries et de feuilletons (contre 32 % des 15-39 ans).

Par ailleurs, un quart des Martiniquais jouent à des jeux vidéo (que ce soit sur une console de jeux, un téléphone portable, un écran de télévision, une tablette ou un ordinateur). Les 15-39 ans sont les joueurs les plus assidus, 18 % y jouent tous les jours. À l’inverse, les 60 ans et plus sont ceux qui y jouent le moins.

Lecture : une offre peu attractive ou chère, un taux élevé d’illettrisme

En Martinique, des bibliothèques, travaillant en réseau, couvrent une grande partie du territoire mais cinq communes en sont dépourvues (Le Carbet, Saint-Joseph, Saint-Pierre, Sainte-Anne et le Morne-Vert). Aussi, la lecture publique souffre encore d’un manque de moyens. Les budgets consacrés à l’acquisition d’ouvrages sont notablement bas par rapport à d’autres territoires (sur un panel de seize établissements représentatifs, trois n’ont aucun budget et six disposent d’un budget inférieur à 0,50 € par habitant). Ainsi, seuls 9 % des Martiniquais se sont rendus dans une bibliothèque ou une médiathèque durant l’année et seuls 3 % de la population est inscrite dans ces dernières, corollaire d’une faible attractivité.

En outre la Martinique dispose d’un nombre restreint de librairies, d’une offre peu diversifiée et le prix du livre est plus élevé qu’en France métropolitaine. La loi sur le prix unique du livre est appliquée en Martinique mais avec une majoration de 15 % qui inclut l’octroi de mer. Ainsi, 57 % des Martiniquais déclarent ne jamais lire de livres (30 % en France métropolitaine). Ce chiffre est lié à un taux d’illettrisme élevé. En effet, en 2014, 13 % des Martiniquais âgés de 16-65 ans ayant été scolarisés en France, étaient en situation d’illettrisme, soit le double de l’ensemble de la population métropolitaine. Ce problème ne semble pas se résorber. En 2020, 28 % des jeunes Martiniquais participant à la Journée Défense et Citoyenneté rencontraient des difficultés dans le domaine de la lecture. La lecture est plus présente parmi les générations plus âgées et chez les plus diplômés : 53 % des 60 ans et plus ne lisent jamais de livres contre 63 % des 15-39 ans (en France métropolitaine, environ 30 % de la population ne lit jamais de livres). Les diplômés du supérieur sont 12 % à déclarer lire beaucoup (contre 2 % des non-diplômés)

La religion a une place importante dans la vie quotidienne des Martiniquais : 35 % d’entre eux ont participé à une fête religieuse dans l’année. Les livres religieux figurent parmi les catégories de livres les plus lus, aux côtés des livres pratiques, d’art de vivre et de loisirs (cuisine, bricolage…).

Une fréquentation des lieux culturels parfois limitée par l’offre

En Martinique, 43 % de la population s’est rendue au cinéma durant l’année (40 % en Guadeloupe et 62 % en France métropolitaine). Les Martiniquais âgés de 15 à 39 ans sont proportionnellement plus nombreux que leurs aînés à aller au cinéma dans l’année : 79 % d’entre eux ont fréquenté une salle de cinéma (contre seulement 15 % des 60 ans et plus). Le niveau de fréquentation reste limité notamment par l’offre disponible : en effet, la Martinique ne compte que trois cinémas (Tropiques Atrium à Fort-de-France, le Madiana à Schoelcher et un circuit de cinéma itinérant mono-écran). La proximité des salles dans la CA du Centre semble favoriser la fréquentation (54 % de ses habitants se rendent au cinéma).

Parmi les Martiniquais se rendant au cinéma, 13 % vont généralement voir des films seuls, 60 % avec des amis, 39 % en couple et 35 % avec leurs enfants. Le niveau de diplôme conditionne aussi la fréquentation des cinémas. Les Martiniquais diplômés du supérieur sont proportionnellement 2,3 fois plus nombreux que les non-diplômés à être allés au cinéma dans l’année.

Une fréquentation des théâtres et des musées moins répandue qu’en France métropolitaine

En lien également avec l’offre disponible, les sorties au théâtre et au musée sont moins répandues qu’en France métropolitaine : seulement 6 % des Martiniquais déclarent avoir assisté à une pièce de théâtre dans l’année (21 % en France métropolitaine),4 % ont visité un musée ou une exposition durant l’année (29 % en France métropolitaine). La Martinique compte deux théâtres à Fort-de-France : la scène nationale Tropiques-Atrium, lieu de création et de diffusion pluridisciplinaire et le théâtre municipal Aimé Césaire.

La Martinique compte une dizaine de galeries d’art et lieux privés dédiés à l’art contemporain ainsi que sept musées ayant l’appellation « Musée de France ». La Fondation Clément, qui est un musée privé, est la structure la mieux équipée en matière de diffusion d’art contemporain sur le territoire. En outre, certains lieux ou institutions organisent des expositions : la collectivité territoriale de Martinique avec les archives, la bibliothèque Schoelcher, la Villa Chanteclerc, le centre culturel de la ville du Lamentin et de Trinité, mais aussi des hôtels (La Suite Villa, L’Hôtel Bakoua avec une salle dédiée…).

Enfin, la Martinique compte plusieurs lieux historiques qui portent sur deux périodes : l’une amérindienne (- 500 avant notre ère jusqu’au XVIIè siècle) avec le village amérindien de Vivé au Lorrain, et l’autre, coloniale, avec notamment les ruines du château Dubuc et la Cathédrale Saint-Louis à Fort-de-France. Au cours de l’année, 8 % des Martiniquais ont visité un monument historique (contre 34 % en France métropolitaine).

Encadré 1. Comprendre le questionnaire : une enquête déclarative

Les réponses à une enquête déclarative dépendent beaucoup des représentations que les répondants ont des pratiques culturelles et de leurs propres comportements. Si neuf Martiniquais sur dix déclarent n’avoir jamais fait de musique, c’est probablement parce que certains enquêtés, ne pratiquant pas la musique dans un cadre institutionnel ou bien n’estimant pas avoir un degré ou niveau de pratique « suffisant », se déclarent non pratiquants. Ce phénomène s’observe sur plusieurs pratiques. Si 91 % des Martiniquais ont un smartphone au sein de leur foyer en 2019 et 19 % un appareil photo, 96 % déclarent n’avoir jamais fait de photographie au cours de leur vie.

Encadré 2 - Neuf Martiniquais sur dix maîtrisent le créole martiniquais

90 % de la population déclare maîtriser le créole martiniquais, c’est-à-dire être capable de s’exprimer à l’oral (figure 4). De plus, 71 % des Martiniquais parlent créole dans leur vie quotidienne, que ce soit chez eux, au travail ou entre amis. La pratique du créole, bien que plus fortement ancrée chez les 60 ans et plus, la pratique du créole reste importante parmi les jeunes générations (85 % des 15-39 ans le maîtrisent et 72 % le parlent au quotidien).

Au-delà des interactions sociales, le créole martiniquais est aussi utilisé pour regarder la télévision. En effet, 26 % des Martiniquais regardent une chaîne en créole dont 4 % tous les jours ou presque. Cette pratique est moins courante qu’en Guadeloupe (respectivement 54 % et 21 %). Cela s’explique notamment par le positionnement éditorial de Guadeloupe la 1ère, avec un journal du soir en créole. Sur Martinique la 1ère, comme sur ViaAtv, la pratique du créole est beaucoup plus ponctuelle.

De plus, sur Canal 10 en Guadeloupe, les animateurs recourent facilement au créole. L’audience de KMT, l’équivalent de Canal 10 en Martinique en termes de positionnement éditorial, est plus faible. Par ailleurs, 7 % des Martiniquais consultent l’actualité dans une langue autre que le français dont 4 % en anglais et 3 % en créole.

Les Martiniquais écoutent de la musique dans des langues variées : 61 % en créole martiniquais, 52 % en anglais, 28 % en créole haïtien et 11 % en espagnol. Les 15-39 ans écoutent davantage de chansons en anglais. À l’inverse, ils sont proportionnellement moins nombreux que leurs aînés à écouter de la musique en créole martiniquais ou haïtien.

Enfin, 9 % des Martiniquais déclarent maîtriser l’anglais, langue internationale mais aussi langue officielle dans les îles voisines, tandis que 7 % le parlent dans leur vie quotidienne.

Figure 4Les langues utilisées dans la vie quotidienne en Martinique

Les langues utilisées dans la vie quotidienne en Martinique
Créole Anglais
Déclarent maîtriser la langue 90 9
...parler dans la vie sociale 71 7
...s’informer 3 4
...regarder des chaînes de télévision 26 6
...écouter de la musique 61 52
  • Note de lecture : 26 % des Martiniquais regardent des chaînes de télévision en créole.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles en Martinique (2019-2020), Deps-Doc

Figure 4Les langues utilisées dans la vie quotidienne en Martinique

  • Note de lecture : 26 % des Martiniquais regardent des chaînes de télévision en créole.
  • Source : Enquête sur les pratiques culturelles en Martinique (2019-2020), Deps-Doc
Publication rédigée par :Amandine Louguet (Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation), Antonin Creignou, Baptiste Raimbaud (Insee)

Pour en savoir plus

Philippe Lombardo, Loup Wolff, Cinquante ans de pratiques culturelles en France, Paris, Ministère de la Culture, Deps, coll. « Culture études », juillet 2020.

Anne Jonchery, Philippe Lombardo, Pratiques culturelles en temps de confinement, Paris, Ministère de la Culture, Deps, coll. « Culture études », décembre 2020.

Léa Chabanon, Journée défense et citoyenneté 2020 : près d’un jeune Français sur dix en difficulté de lecture, Paris, Ministère de l’Éducation nationale, Depp, note d’information, juin 2021.

Philippe Clarenc, « Amélioration sur le front de l’illettrisme », Insee Analyses Martinique, n° 14, décembre 2016.12

Xavier Baert, Baptiste Raimbaud, « Internet : un usage inégal selon l’âge, les diplômes et les revenus », Insee Analyse Martinique, n° 33, juin 2019.

Amandine Louguet, Antonin Creignou et Baptiste Raimbaud, En Guadeloupe, l’écoute de la musique et des informations à la radio sont les pratiques culturelles les plus répandues, Paris, Ministère de la Culture, Deps-doc, coll. « Culture études », octobre 2021.

Amandine Louguet, Antonin Creignou et Baptiste Raimbaud, Information, musique, télévision, lecture : la diversité linguistique marque chaque pan de la culture en Guyane, Paris, Ministère de la Culture, Deps-doc, coll. « Culture études », octobre 2021.