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Insee Flash Hauts-de-France · Septembre 2021 · n° 125
Insee Flash Hauts-de-FranceLa fécondité régionale diminue et rejoint le niveau métropolitain

Noémie Cavan, Morgan Dandois (Insee)

Dans les Hauts-de-France, la baisse des naissances s’explique en partie par le recul de la fécondité, mesurée par l’indice conjoncturel de fécondité (ICF). Longtemps supérieur à la moyenne métropolitaine, il le rejoint désormais (1,86 contre 1,84 en 2018). Bien que la fécondité des femmes étrangères soit plus élevée que celle des Françaises, leur moindre présence dans les Hauts-de-France pèse peu sur la fécondité régionale. De fortes disparités territoriales existent cependant. Les arrondissements du sud de la région présentent ainsi les ICF les plus élevés de la région, en lien avec une surreprésentation de femmes étrangères. Dans le bassin minier, la plus forte fécondité est plus à rapprocher du contexte socio-économique défavorable.

Insee Flash Hauts-de-France
No 125
Paru le :Paru le28/09/2021

Une chute des naissances liée à la baisse de la fécondité

Entre 2010 et 2018, le nombre de naissances domiciliées dans les Hauts-de-France passe de 82 400 à 68 700, soit une baisse en moyenne de 2,3 % par an. C’est surtout à partir de 2014 que la diminution s’est accélérée puisqu’elle atteint - 3,6 % par an. En plus de la diminution du nombre de (1 315 800 en 2018 contre 1 386 700 en 2010), ce recul s’explique par la modification des comportements de fécondité, qu’illustre la chute de l’.

Le renouvellement des générations n’est plus assuré depuis 2014

Depuis 2014, le en Hauts-de-France n’est plus assuré. Depuis cette date, l’ICF est inférieur à 2,07 enfants par femme (seuil de renouvellement) et atteint 1,86 en 2018. Après un point haut en 2010 (2,11) (figure 1), cet indice ne fait que reculer, la baisse s’étant même accentuée à partir de 2014.

Figure 1Évolution de l’ICF dans les Hauts-de-France et en France métropolitaine entre 1975 et 2018

Évolution de l’ICF dans les Hauts-de-France et en France métropolitaine entre 1975 et 2018
Hauts-de-France France métropolitaine
1975 2,25 1,93
1976 2,08 1,83
1977 2,10 1,86
1978 2,05 1,82
1979 2,08 1,85
1980 2,19 1,94
1981 2,22 1,94
1982 2,18 1,91
1983 2,00 1,78
1984 2,05 1,80
1985 2,08 1,81
1986 2,12 1,83
1987 2,07 1,80
1988 2,04 1,80
1989 2,00 1,78
1990 1,97 1,77
1991 1,94 1,77
1992 1,89 1,73
1993 1,81 1,66
1994 1,80 1,66
1995 1,86 1,71
1996 1,87 1,73
1997 1,87 1,73
1998 1,97 1,76
1999 1,94 1,79
2000 2,01 1,87
2001 2,02 1,88
2002 2,00 1,86
2003 1,98 1,87
2004 2,00 1,90
2005 2,02 1,92
2006 2,07 1,98
2007 2,06 1,96
2008 2,09 1,99
2009 2,08 1,99
2010 2,11 2,02
2011 2,11 2,00
2012 2,09 1,99
2013 2,09 1,97
2014 2,07 1,97
2015 2,01 1,93
2016 1,95 1,89
2017 1,92 1,86
2018 1,86 1,84
  • Lecture : en 2018, l’ICF dans les Hauts-de-France est de 1,86 enfant par femme.
  • Sources : Insee , RP de 1975 à 2018 - État civil de 1975 à 2018

Figure 1Évolution de l’ICF dans les Hauts-de-France et en France métropolitaine entre 1975 et 2018

  • Lecture : en 2018, l’ICF dans les Hauts-de-France est de 1,86 enfant par femme.
  • Sources : Insee , RP de 1975 à 2018 - État civil de 1975 à 2018

La fécondité régionale rejoint la moyenne nationale

En 2018, l’ICF régional est à peine supérieur au niveau national (1,86 enfant par femme contre 1,84). Cette convergence traduit la chute plus marquée de la fécondité dans la région à partir de 2014 qu’en France métropolitaine (figure 1). Pourtant, historiquement, la fécondité des Hauts-de-France a toujours été bien supérieure à celle observée à l’échelle nationale. Ainsi, l’ICF atteignait 2,25 enfants par femme en 1975 contre 1,93 en France métropolitaine, soit 0,32 point d’écart. En 2014, cet écart valait encore 0,10 point et seulement 0,02 point en 2018.

Des comportements nouveaux à l’origine de la baisse de la fécondité

Des comportements nouveaux contribuent à la baisse de la fécondité dans la région. Entre 2010 et 2018, la part des femmes en âge de procréer diplômées du supérieur passe ainsi de 29 % à 35 %, soit une augmentation de 6 points. L’écart atteint même 9 points pour celles titulaires d’un diplôme du supérieur long qui concerne désormais 21 % des femmes en âge de procréer, contre 12 % en 2010. Par ailleurs, les femmes se mettent plus tardivement en couple. En 2018, 32 % de celles âgées de 15 à 29 ans étaient en couple dans la région, soit 4 points de moins qu’en 2010. Combinés, ces deux effets retardent l’arrivée du premier enfant (29,8 ans en 2018 après 29,0 ans en 2010) et influent directement sur la baisse de l’ICF.

La fécondité plus élevée des femmes étrangères pèse peu sur la fécondité régionale

Dans la région, l’ICF des femmes étrangères, au nombre de 59 300 sur un total de 1 315 800 (4,5 %), pèse peu sur l’ICF global. À l’inverse, leur poids plus important dans la population métropolitaine (8,5 %) joue plus sur l’ICF global national. Si les femmes étrangères sont nombreuses en Île-de-France (16 %), leur présence dans les Hauts-de-France est plus faible qu’en France de province (6,4 %).

Dans les Hauts-de-France comme dans les autres régions, la fécondité des femmes étrangères est supérieure à celle des femmes de nationalité française (ICF de 3,78 contre 1,75) (figure 2). Tandis que leur fécondité reste quasi stable depuis 2010, celle des femmes françaises diminue (recul de l’ICF de 0,32). L’accroissement par ailleurs de la part des femmes étrangères dans la population totale des femmes en âge de procréer (de + 1,2 point entre 2010 et 2018) n’empêche pourtant pas la chute de la fécondité dans la région.

Figure 2ICF et proportion (%) des femmes étrangères et françaises dans les Hauts-de-France et en France métropolitaine

ICF et proportion (%) des femmes étrangères et françaises dans les Hauts-de-France et en France métropolitaine
Part dans les Hauts-de-France Part en France Métropolitaine ICF dans les Hauts-de-France ICF en France Métropolitaine
2010 2018 2010 2018 2010 2018 2010 2018
Femmes françaises 96,70 95,50 93,20 91,50 2,07 1,75 1,93 1,71
Femmes étrangères 3,30 4,50 6,80 8,50 3,74 3,78 3,41 3,29
Total 100,00 100,00 100,00 100,00 2,11 1,86 2,02 1,84
  • Sources : Insee, RP 2010 et 2018 - État civil 2010 et 2018.

En 2018, 18 000 femmes (soit 1,4 % des femmes en âge de procréer dans la région) sont de nationalité maghrébine dans la région. Elles affichent l’ICF le plus élevé (4,80) devant les femmes de nationalité d’Afrique subsaharienne (4,40), qui représentent 0,7 % des femmes en âge de procréer. Pour les 10 800 femmes étrangères d’Europe de l’Ouest (0,8 % du total), la fécondité (2,00 enfants par femme) est légèrement supérieure à celle des Françaises. Avec un ICF de 1,58, seules les femmes issues de l’Asie orientale (0,2 % du total) sont moins fécondes que ces dernières.

Une fécondité plus élevée dans le sud de la région et le bassin minier

Au sein de la région, la fécondité est la plus élevée dans un arc géographique s’étirant de l’arrondissement de Beauvais à l’ouest à celui de Vervins à l’est (de 1,96 dans l’arrondissement de Château-Thierry à 2,06 dans celui de Senlis) (figure 3). Dans les arrondissements du sud de l’Oise, en couronne de l’aire d’attraction de Paris, la présence plus importante de femmes étrangères (10 % dans celui de Senlis) explique en partie la plus forte fécondité. Dans le bassin minier, la fécondité élevée dans les arrondissements de Lens, Douai et Valenciennes (ICF compris entre 1,98 et 2,01) est plus à rapprocher d’un contexte socioéconomique défavorable : plus élevés qu’en moyenne régionale (respectivement de 24 %, 19 % et 23 % contre 18 %) et scolarités plus courtes. Les femmes résidant dans ces arrondissements terminent en effet leurs études plus tôt, la part de diplômées de l’enseignement supérieur n’y excédant pas 32 % contre 35 % en moyenne dans la région.

À l’inverse, dans un vaste territoire intérieur délimité au sud par le Valois et au nord par la Flandre littorale, la fécondité est la plus faible de la région (ICF de 1,70 dans l’arrondissement d’Amiens, 1,75 dans celui d’Arras, 1,78 dans l’arrondissement de Compiègne). C’est dans ces espaces que les femmes sont les plus diplômées et se mettent le plus tardivement en couple. La pauvreté y est aussi moins marquée, notamment à Compiègne, Montdidier et Arras (entre 13 % et 15 % de taux de pauvreté).

Entre 2010 et 2018, les baisses les plus significatives d’ICF – exception faite de l’arrondissement de Calais soumis à des phénomènes migratoires – s’observent à l’interface des départements du Nord et de l’Aisne : - 0,43 point dans l’arrondissement de Vervins, - 0,41 dans celui de Saint-Quentin et - 0,40 dans celui de Cambrai.

Figure 3Indice conjoncturel de fécondité par arrondissement en 2018

Indice conjoncturel de fécondité par arrondissement en 2018
ICF 2018
021 - Château-Thierry 1,96
022 - Laon 1,96
023 - Saint-Quentin 1,89
024 - Soissons 1,98
025 - Vervins 2,01
591 - Avesnes-sur-Helpe 1,94
592 - Cambrai 1,88
593 - Douai 2,01
594 - Dunkerque 1,84
595 - Lille 1,87
596 - Valenciennes 1,98
601 - Beauvais 1,96
602 - Clermont 1,79
603 - Compiègne 1,78
604 - Senlis 2,06
621 - Arras 1,75
622 - Béthune 1,83
623 - Boulogne-sur-Mer 1,90
624 - Montreuil 1,93
625 - Saint-Omer 1,92
626 - Calais 1,90
627 - Lens 1,97
801 - Abbeville 1,83
802 - Amiens 1,70
803 - Montdidier 1,83
804 - Péronne 1,93
Hauts-de-France 1,86
  • Note de lecture : dans l’arrondissement de Lille, l’ICF est de 1,87 enfants par femme en 2018.
  • Sources : Insee, RP 2010 et 2018 - État civil 2010 et 2018.

Figure 3Indice conjoncturel de fécondité par arrondissement en 2018

  • Note de lecture : dans l’arrondissement de Lille, l’ICF est de 1,87 enfants par femme en 2018.
  • Sources : Insee, RP 2010 et 2018 - État civil 2010 et 2018.

Encadré - Une baisse générale du nombre de naissances entre 2010 et 2018

Dans tous les arrondissements de la région, les naissances ont diminué entre 2010 et 2018. Selon le territoire, la baisse varie de - 3 % sur Péronne à - 37 % sur Saint-Omer. Dans l’arrondissement de Lille par exemple, 16 500 naissances ont été enregistrées en 2018 contre 18 200 en 2010, soit une baisse de 9 %.

Ces évolutions sont en partie la conséquence de la diminution du nombre de femmes en âge de procréer : de - 0,2 % dans l’arrondissement de Lille à - 27 % dans celui de Saint-Omer. L’arrondissement de Péronne est le seul – avec Calais – où le nombre de femmes en âge de procréer augmente (+ 15 %).

Publication rédigée par :Noémie Cavan, Morgan Dandois (Insee)

Pour comprendre

Bien que l’ICF global soit disponible jusqu’en 2020 de manière provisoire, cette étude ne donne pas de chiffres allant au-delà de 2018. En effet, l’analyse de l’ICF par nationalité et par arrondissement nécessite d’utiliser les données sources du Recensement de la Population (RP), dont le dernier millésime disponible est 2018.

L’ICF est la somme des taux de fécondité à chaque âge c’est-à-dire le rapport à chaque âge du nombre de naissances sur le nombre de femmes en âge de procréer. Dans cette étude, les naissances proviennent de l’État civil ; le nombre de femmes par âge détaillé du RP.

Définitions

Les femmes en âge de procréer sont les femmes âgées de 15 à 49 ans.

L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF), ou somme des naissances réduites, mesure le nombre d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie, si les taux de fécondité observés l’année considérée à chaque âge demeuraient inchangés.

Une génération se renouvelle si une femme donne naissance à une fille qui survit au moins jusqu’à l’âge d’avoir des enfants. En pratique, ce renouvellement est assuré quand l’ICF vaut au moins 2,07 enfants par femme.

Le taux de pauvreté correspond à la proportion d’individus dont le niveau de vie est inférieur à 60 % du niveau de vie médian de la population française.

Pour en savoir plus

« La fécondité baisse moins dans les grandes métropoles », Insee Première n°1838, février 2021.

« Les femmes les plus modestes et les plus aisées ont le plus d’enfants », Insee Première n°1826, novembre 2020.

« Les naissances chutent, la population baisse », Insee Flash Hauts-de-France n°100, juillet 2020.

« Deux enfants sur trois naissent hors mariage », Insee Flash Hauts-de-France n°70, juin 2019.