Insee
Insee Première · Février 2021 · n° 1838
Insee PremièreLa fécondité baisse moins dans les grandes métropoles

Fabienne Daguet (Insee)

En moyenne sur la période 2016-2018, en France hors Mayotte, l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) est de 1,89 enfant par femme. Il est plus élevé dans le quart nord-ouest y compris l’Île-de-France, dans le quart sud-est, en Guyane et à La Réunion. Les femmes nées à l’étranger ont une fécondité plus élevée que celles nées en France ; toutefois, sauf dans certains départements d’Île-de-France et des DOM, il n’y a pas de lien entre la fécondité d’une zone et leur part dans la population. Les différences départementales reflètent donc essentiellement celles de la fécondité des femmes nées en France. En Île-de-France et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, les femmes vivent plus souvent sans conjoint que dans les autres régions métropolitaines, mais celles qui vivent en couple ont davantage d’enfants. La fécondité est plus faible dans les communes-centres des grandes agglomérations et les femmes y accouchent en moyenne plus tard.

En dix ans, les écarts de fécondité se sont atténués tant entre les régions qu’entre les pôles et leurs couronnes. Au contraire, les âges moyens à l’accouchement sont désormais plus contrastés ; ils continuent notamment d’augmenter en Île-de-France, où ils étaient déjà plus élevés que dans les autres régions.

Des disparités régionales de fécondité

Sur la période 2016-2018 (sources), en France hors Mayotte, les femmes mettent au monde 1,89 enfant en moyenne (). En métropole, l’ICF est supérieur à la moyenne nationale dans la majorité des du quart nord-ouest, Île-de-France incluse, et du quart sud-est, hors zones de montagne (figure 1a). Il atteint ou dépasse 2,00 enfants par femme dans plus d’un quart des arrondissements, situés notamment en Île-de-France et dans son pourtour, dans les Pays de la Loire et dans la vallée du Rhône, autour de Lyon et de Marseille. À l’opposé, l’ICF est égal ou inférieur à 1,77 enfant par femme dans un quart des arrondissements : essentiellement dans le quart sud-ouest, la région Grand Est et le nord-est de la Bourgogne. Ainsi, la diagonale des faibles densités de population, espace qui s’étend de l’Est aux Pyrénées, est également une zone de faible fécondité. Dans les zones frontalières françaises, la fécondité est en général assez faible, mais elle y est toujours plus élevée que dans les régions limitrophes situées de l’autre côté de la frontière, notamment en Espagne et en Italie (moins de 1,50 enfant par femme).

Figure 1a - Indicateur conjoncturel de fécondité par arrondissement sur la période 2016-2018

Figure 1a - Indicateur conjoncturel de fécondité par arrondissement sur la période 2016-2018
Les données détaillées sont disponibles dans le fichier à télécharger.

Figure 1a - Indicateur conjoncturel de fécondité par arrondissement sur la période 2016-2018

  • Lecture : si une femme avait tout au long de sa vie les taux de fécondité observés à chaque âge dans l’arrondissement de Rennes en 2016-2018, elle mettrait au monde 1,70 enfant.
  • Champ : France, femmes âgées de 15 à 50 ans.
  • Source : Insee, recensement de la population 2016 (exploitation principale) et statistiques de l'état civil 2016 à 2018 ; sauf pour Mayotte, La situation démographique 2018 et ICF de 2017.

Au sein des départements d’outre-mer (DOM), la fécondité est légèrement inférieure à la moyenne nationale en Martinique : 1,83 enfant par femme (figure 2). En revanche, elle est plus élevée en Guadeloupe (1,99), à La Réunion (2,38) et surtout en Guyane (3,77) et à Mayotte (4,92 en 2017).

Figure 2 - Indicateur conjoncturel de fécondité et part des femmes de 15 à 50 ans nées à l’étranger par département sur la période 2016-2018

Figure 2 - Indicateur conjoncturel de fécondité et part des femmes de 15 à 50 ans nées à l’étranger par département sur la période 2016-2018 - Lecture : en Guadeloupe, l’indicateur conjoncturel de fécondité est de 1,99 enfant par femme ; 8,8 % des femmes de 15 à 50 ans sont nées à l’étranger.
Département ICF
(nombre moyen
d'enfants par femme)
Femmes nées à l'étranger
(en %)
Province Île-de-France DOM
01 Ain 1,93 15,6
02 Aisne 1,97 5,3
03 Allier 1,85 6,0
04 Alpes-de-Haute-Provence 1,93 10,3
05 Hautes-Alpes 1,77 7,8
06 Alpes-Maritimes 1,92 21,4
07 Ardèche 1,89 6,9
08 Ardennes 1,77 6,6
09 Ariège 1,84 9,3
10 Aube 1,85 10,5
11 Aude 1,86 10,4
12 Aveyron 1,85 7,1
13 Bouches-du-Rhône 2,06 15,4
14 Calvados 1,70 5,3
15 Cantal 1,69 3,8
16 Charente 1,77 7,0
17 Charente-Maritime 1,71 5,5
18 Cher 1,88 6,6
19 Corrèze 1,75 7,4
21 Côte-d'Or 1,64 9,1
22 Côtes-d'Armor 1,96 5,0
23 Creuse 1,68 5,4
24 Dordogne 1,75 7,5
25 Doubs 1,85 11,2
26 Drôme 2,02 10,0
27 Eure 2,02 6,9
28 Eure-et-Loir 2,08 9,6
29 Finistère 1,78 5,3
2A Corse-du-Sud 1,51 13,4
2B Haute-Corse 1,50 13,8
30 Gard 1,98 11,2
31 Haute-Garonne 1,67 13,9
32 Gers 1,75 8,2
33 Gironde 1,70 10,3
34 Hérault 1,78 13,5
35 Ille-et-Vilaine 1,78 7,2
36 Indre 1,75 6,7
37 Indre-et-Loire 1,76 8,8
38 Isère 1,93 11,9
39 Jura 1,87 8,1
40 Landes 1,76 6,5
41 Loir-et-Cher 1,94 8,6
42 Loire 2,01 10,9
43 Haute-Loire 1,93 5,0
44 Loire-Atlantique 1,89 7,6
45 Loiret 1,99 13,6
46 Lot 1,79 7,5
47 Lot-et-Garonne 1,84 11,8
48 Lozère 1,68 6,8
49 Maine-et-Loire 1,91 6,3
50 Manche 1,83 3,3
51 Marne 1,75 8,8
52 Haute-Marne 1,78 4,6
53 Mayenne 2,00 4,8
54 Meurthe-et-Moselle 1,62 10,7
55 Meuse 1,78 6,0
56 Morbihan 1,88 5,1
57 Moselle 1,68 12,4
58 Nièvre 1,81 6,4
59 Nord 1,88 8,4
60 Oise 1,99 10,5
61 Orne 1,91 5,3
62 Pas-de-Calais 1,93 2,6
63 Puy-de-Dôme 1,73 8,4
64 Pyrénées-Atlantiques 1,67 9,8
65 Hautes-Pyrénées 1,80 8,1
66 Pyrénées-Orientales 1,82 12,4
67 Bas-Rhin 1,71 15,7
68 Haut-Rhin 1,85 15,9
69 Rhône 1,95 16,4
70 Haute-Saône 1,92 5,4
71 Saône-et-Loire 1,89 7,8
72 Sarthe 1,94 6,9
73 Savoie 1,86 10,5
74 Haute-Savoie 1,88 17,9
75 Paris 1,48 25,7
76 Seine-Maritime 1,87 7,3
77 Seine-et-Marne 2,02 17,5
78 Yvelines 2,10 18,7
79 Deux-Sèvres 1,90 5,5
80 Somme 1,74 5,2
81 Tarn 1,83 7,8
82 Tarn-et-Garonne 2,02 11,0
83 Var 1,96 10,3
84 Vaucluse 2,10 14,2
85 Vendée 1,91 3,7
86 Vienne 1,64 7,6
87 Haute-Vienne 1,67 10,9
88 Vosges 1,78 5,5
89 Yonne 1,93 9,0
90 Territoire de Belfort 1,86 13,9
91 Essonne 2,17 21,5
92 Hauts-de-Seine 1,90 24,5
93 Seine-Saint-Denis 2,42 36,4
94 Val-de-Marne 2,03 27,2
95 Val-d'Oise 2,31 24,8
971 Guadeloupe 1,99 8,8
972 Martinique 1,83 4,9
973 Guyane 1 3,77 41,2
974 La Réunion 2,38 5,5
976 Mayotte 4,92 57,0
  • Lecture : en Guadeloupe, l’indicateur conjoncturel de fécondité est de 1,99 enfant par femme ; 8,8 % des femmes de 15 à 50 ans sont nées à l’étranger.
  • Champ : France, femmes âgées de 15 à 50 ans.
  • Source : Insee, recensement de la population 2016 (exploitation principale) et statistiques de l'état civil 2016 à 2018 ; sauf pour Mayotte, recensement de la population 2017 et ICF de 2017.

Figure 2 - Indicateur conjoncturel de fécondité et part des femmes de 15 à 50 ans nées à l’étranger par département sur la période 2016-2018

  • Note : la Guyane et Mayotte, dont les indicateurs conjoncturels de fécondité (ICF) s’élèvent respectivement à 3,77 et 4,92 enfants par femme, ne sont pas représentées.
  • Lecture : en Guadeloupe, l’indicateur conjoncturel de fécondité est de 1,99 enfant par femme ; 8,8 % des femmes de 15 à 50 ans sont nées à l’étranger.
  • Champ : France, femmes âgées de 15 à 50 ans.
  • Source : Insee, recensement de la population 2016 (exploitation principale) et statistiques de l'état civil 2016 à 2018 ; sauf pour Mayotte, recensement de la population 2017 et ICF de 2017.

Un impact de la fécondité des femmes nées à l’étranger limité à l’Île-de-France et aux DOM

Les femmes nées à l’étranger ont plus d’enfants que celles nées en France (ou natives) : leur ICF moyen est de 3,16 enfants par femme contre 1,69. Partout en France, leur fécondité est plus élevée. Mais leur part est souvent faible (14 % des femmes de 15 à 50 ans en moyenne nationale) et l’impact sur le niveau total de la fécondité des départements est donc limité. Pour neuf départements sur dix, l’ICF est compris entre 1,6 et 2,1, et il n’y a pas de lien entre la fécondité et la part des femmes nées à l’étranger. Les différences départementales reflètent donc essentiellement celles de la fécondité des natives.

L’impact de la fécondité des femmes nées à l’étranger est cependant visible dans certains DOM et en Île-de-France. L’ICF dépasse 2,15 enfants par femme dans six départements : Mayotte, Guyane, La Réunion, Seine-Saint-Denis, Val-d’Oise et Essonne. À l’exception de La Réunion, la part des femmes de 15 à 50 ans nées à l’étranger est nettement supérieure à la moyenne dans ces départements : deux sur dix dans le Val-d’Oise et l’Essonne, quatre sur dix en Seine-Saint-Denis et en Guyane, six sur dix à Mayotte. Inversement, dans plusieurs départements, la fécondité dépasse la moyenne nationale alors que la part des femmes nées à l’étranger est inférieure à 10 %, comme dans l’Eure (2,02 enfants par femme), en Mayenne (2,00) ou dans l’Aisne (1,97).

Des femmes moins souvent en couple mais plus fécondes en Île-de-France et en PACA

Neuf enfants sur dix naissent au sein d’un couple qui vit ensemble. La fécondité dans une région dépend de la fréquence de la vie en couple, variable d’une région à l’autre, mais aussi de la fécondité des femmes en couple.

En Île-de-France, la vie en couple est moins fréquente qu’au niveau national : 53 % des femmes de 20 à 42 ans ont un conjoint (seulement 44 % à Paris), contre 59 % en France. En revanche, cette région, hors Paris, rassemble les départements où la fécondité des femmes en couple (aussi bien pour celles nées en France que celles nées à l’étranger) est la plus forte, notamment la Seine-Saint-Denis et le Val-d’Oise (figure 1b). Ainsi, l’ICF assez élevé en Île-de-France, hors Paris, provient de la forte fécondité des femmes en couple, qui compense largement la moindre fréquence de la vie en couple dans cette région. Il en est de même en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ailleurs en métropole, une fécondité supérieure à la moyenne nationale provient du cumul d’une propension à vivre en couple et d’une fécondité conjugale relativement élevées.

Dans les DOM, surtout aux Antilles, les habitants résident moins souvent en couple qu’en métropole. La fécondité des couples compte parmi les plus fortes à La Réunion et en Guyane, mais parmi les plus faibles aux Antilles. En revanche, les DOM ont en commun une fécondité des femmes sans conjoint plus élevée qu’en métropole et l’écart avec les femmes en couple est plus réduit ; son niveau est environ deux fois plus faible que celui des femmes en couple, contre six fois en métropole.

Des maternités moins fréquentes au cœur des grandes agglomérations

Au niveau local, la fécondité est d'autant plus forte que l'on s'éloigne du centre d’un important. Elle est donc la plus faible dans les  : 1,73 enfant par femme en moyenne en 2016-2018. Aussi, les arrondissements dans lesquels se trouvent de grandes agglomérations ont en général un ICF inférieur à la moyenne nationale ou, du moins, à celui des arrondissements voisins.

Lorsqu’ils veulent fonder une famille ou l’agrandir, certains couples résidant dans les grandes villes déménagent en s’éloignant des centres, quittant parfois même l’agglomération, pour disposer de logements plus grands et moins coûteux. Ces migrations diminuent la fécondité et la part des adultes d’âge actif vivant en couple dans les communes-centres et les renforcent dans les autres communes des pôles et dans leurs couronnes.

Pour ces raisons, l’ de Paris est particulièrement contrastée (figure 3). L’ICF est de 1,48 enfant par femme dans la capitale (commune-centre du pôle), 2,16 (soit 0,68 de plus) dans les autres communes du pôle et 2,00 dans la autour du pôle. L’ICF dans la couronne est un peu moins élevé que dans les communes du pôle hors commune-centre parce que la part des femmes nées à l'étranger y est beaucoup plus faible (10 % contre 24 %). En revanche, les femmes nées en France ont une fécondité comparable dans ces deux types de communes et c’est le cas aussi pour celles nées à l’étranger.

Les comportements sont plus homogènes en province. Dans les aires d’attraction d’au moins 200 000 habitants, l’ICF des femmes résidant dans les communes-centres des pôles est inférieur de 0,26 à celui des femmes résidant dans les autres communes de l’aire d’attraction, sans effet significatif lié à l‘éloignement. L’écart n’est que de 0,08 enfant dans les aires moins peuplées. En effet, partir des communes-centres pour agrandir la famille est moins fréquent dans les moyennes et petites agglomérations que dans les grandes, car le logement y est moins coûteux. Aussi, la part des femmes vivant en couple et, plus encore la fécondité de celles-ci, diffèrent peu au sein de ces aires.

Dans les aires de Grenoble, Nantes, Toulouse, Montpellier, Bordeaux et Rennes, qui font partie des aires les plus peuplées, la couronne est plus féconde que le pôle hors commune-centre. C’est l’inverse dans les aires de Paris, Lyon, Lille et Strasbourg. L’aire de Marseille - Aix-en-Provence constitue une exception : la commune-centre (Marseille) se distingue par une fécondité plus forte que celles du reste du pôle et de la couronne.

Figure 3 - Fécondité selon la catégorie de la commune de résidence sur la période 2016-2018

Figure 3 - Fécondité selon la catégorie de la commune de résidence sur la période 2016-2018 - Lecture : si une femme avait tout au long de sa vie les taux de fécondité observés à chaque âge dans la couronne de l'aire de Paris sur la période 2016-2018, elle aurait en moyenne 2,00 enfants.
DOM Métropole France Aire d'attraction
de Paris
Autres aires de métropole
Moins
de 200 000
habitants
De 200 000
à 2,5 millions
d'habitants
Indicateur conjoncturel de fécondité (nombre moyen d'enfants par femme)
Pôles 2,56 1,86 1,88 1,98 1,84 1,77
Communes-centres 2,70 1,69 1,73 1,48 1,83 1,69
Autres communes en pôle 2,11 2,07 2,07 2,16 1,91 1,95
Communes des couronnes 2,27 1,96 1,97 2,00 1,93 1,97
Communes hors attraction des villes 2,66 1,90 1,92 /// /// ///
Ensemble 2,45 1,87 1,89 1,97 1,88 1,83
Âge moyen à l'accouchement (en années)
Pôles 29,1 31,2 31,1 31,7 29,8 31,4
Communes-centres 29,0 31,2 31,1 33,6 29,9 31,6
Autres communes en pôle 29,4 31,1 31,0 31,3 29,6 30,9
Communes des couronnes 29,5 30,1 30,0 30,7 29,6 30,3
Communes hors attraction des villes 28,2 29,5 29,5 /// /// ///
Ensemble 29,1 30,7 30,6 31,6 29,7 30,9
  • /// : absence de résultats due à la nature des choses.
  • Lecture : si une femme avait tout au long de sa vie les taux de fécondité observés à chaque âge dans la couronne de l'aire de Paris sur la période 2016-2018, elle aurait en moyenne 2,00 enfants.
  • Champ : France hors Mayotte, femmes âgées de 15 à 50 ans.
  • Source : Insee, recensement de la population 2016 (exploitation principale) et statistiques de l'état civil 2016 à 2018.

Les femmes accouchent plus tard dans les grandes métropoles

Sur la période 2016-2018, en France, les femmes accouchent en moyenne à 30,6 ans. Dans un quart des arrondissements, l' est inférieur à 29,5 ans ; ces arrondissements sont situés notamment en Guyane, à La Réunion et dans les régions entourant l’Île-de-France, notamment au nord et à l’est (figure 4). À l’inverse, il s'élève à 30,6 ans ou plus dans un arrondissement sur cinq, tous métropolitains. Ils sont très dispersés dans l’Hexagone, quoique davantage localisés en Île-de-France, dans le tiers sud et en Corse. Ces arrondissements comprennent souvent une grande agglomération. Les maternités sont plus tardives dans les pôles : les nouveau-nés ont des mères âgées en moyenne de 31,1 ans dans les pôles, de 30,0 ans dans les couronnes et de 29,5 ans dans les . Ainsi, en moyenne, les femmes accouchent d’autant plus tôt qu’elles habitent loin des pôles. En Île-de-France et dans les DOM, plus l’ICF d’un arrondissement est élevé, plus l’âge moyen à l’accouchement y est bas. En province, il n’y a pas de lien entre les deux.

Le pôle de Paris est celui où les femmes ont leurs enfants à l’âge le plus avancé : 31,7 ans en moyenne. Les Parisiennes accouchent nettement plus tard (33,6 ans) que les femmes des autres communes du pôle (31,3 ans) et que les habitantes de la couronne (30,7 ans). En province et dans les DOM, les écarts sont moins marqués entre les communes-centres et les communes plus ou moins éloignées, et il n’y a presque aucun contraste au sein des aires de moins de 200 000 habitants.

Plus les femmes sont diplômées, plus elles ont leurs enfants tard [Volant, 2017]. Or, la population des grands pôles et, dans une moindre mesure de leurs couronnes, comprend plus de bachelières, d’étudiantes et de diplômées de l’enseignement supérieur qu’ailleurs. C’est une raison majeure pour laquelle l’âge moyen à l’accouchement dépasse 31,0 ans en Île-de-France et dans les arrondissements comprenant de grandes agglomérations.

Figure 4 - Âge moyen à l'accouchement par arrondissement sur la période 2016-2018

Figure 4 - Âge moyen à l'accouchement par arrondissement sur la période 2016-2018
Les données détaillées sont disponibles dans le fichier à télécharger.

Figure 4 - Âge moyen à l'accouchement par arrondissement sur la période 2016-2018

  • Lecture : si une femme avait tout au long de sa vie les taux de fécondité observés à chaque âge dans l'arrondissement de Bordeaux, elle aurait ses enfants en moyenne à 31,8 ans.
  • Champ : France, femmes âgées de 15 à 50 ans.
  • Source : Insee, recensement de la population 2016 (exploitation principale) et statistiques de l'état civil 2016 à 2018 ; sauf pour Mayotte , La situation démographique 2018 et âge moyen de 2017.

En dix ans, les écarts de fécondité entre régions se sont réduits

Entre 2006-2008 et 2016-2018, l’ICF a diminué de 0,12 enfant par femme. Globalement, la baisse est la plus prononcée dans les arrondissements qui avaient la plus forte fécondité. Les écarts inter-territoriaux se sont donc atténués. Le repli de la fécondité est plus marqué dans l’Ouest, la côte atlantique et le Grand Est (figure 5a). L’ICF a peu diminué (au plus – 0,10) ou même légèrement augmenté en Île-de-France, dans le centre de l’Hexagone, le Sud-Est et des arrondissements épars dont la moitié comprennent de grands pôles comme Lyon, Toulouse, Strasbourg ou Bordeaux. La baisse est un peu plus prononcée en métropole (– 0,12) que dans les DOM (– 0,10).

De même, les écarts de fécondité au sein des aires d’attraction se sont réduits en dix ans (figure 5b). La baisse est forte dans les couronnes (– 0,21 enfant par femme) et hors attraction des villes (– 0,27), tandis qu’elle est contenue dans les pôles (– 0,04), sauf dans les pôles de moins de 200 000 habitants (– 0,14). Les communes-centres restent les zones les moins fécondes, mais les autres communes des pôles sont désormais celles où l’ICF est le plus élevé.

En métropole, dans les années 1960, la moitié Nord hors Île-de-France concentrait les régions les plus fécondes (« le croissant fertile ») et s’opposait ainsi au Sud. L’Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) ont émergé peu à peu comme zones de forte fécondité relative. L’Île-de-France dépasse la moyenne nationale depuis 1990. Avec un ICF de 1,97 en 2016-2018, elle se situe désormais à la deuxième place derrière PACA (2,00), seule région où l’ICF n’a pas baissé en dix ans.

Figure 5a - Évolution de l'indicateur conjoncturel de fécondité par arrondissement entre 2006-2008 et 2016-2018

Figure 5a - Évolution de l'indicateur conjoncturel de fécondité par arrondissement entre 2006-2008 et 2016-2018
Les données détaillées sont disponibles dans le fichier à télécharger.

Figure 5a - Évolution de l'indicateur conjoncturel de fécondité par arrondissement entre 2006-2008 et 2016-2018

  • n.d. : non disponible.
  • Lecture : dans l’arrondissement de Rennes, l’indicateur conjoncturel de fécondité a diminué de 0,09 enfant par femme en moyenne entre 2006-2008 et 2016-2018.
  • Champ : France hors Mayotte, femmes âgées de 15 à 50 ans.
  • Source : Insee, recensements de la population 2006 et 2016 (exploitation principale) et statistiques de l'état civil 2006 à 2008 et 2016 à 2018.

Les écarts d’âges à l’accouchement s’accroissent

En 2006-2008, l’âge moyen à l’accouchement s’élevait à 29,8 ans : il a augmenté de 0,8 an en une décennie. La hausse est plus prononcée en métropole (+ 0,9 an) que dans les DOM (+ 0,5 an). Contrairement à l’ICF, l’âge moyen varie davantage d’un arrondissement à l’autre aujourd’hui qu’il y a dix ans (figure 5c). La hausse ne dépasse pas 0,5 an dans une zone allant de la Bretagne jusqu’à l’Auvergne, et dans les Ardennes et le Roussillon. Dans le même temps, l’âge moyen à l’accouchement a crû d’au moins 0,8 an dans des zones situées notamment en Île-de-France, dans le Nord, en Alsace et dans les Alpes. L’évolution diffère plus nettement au sein des aires d’attraction. L’âge moyen a augmenté de 1,0 an dans les pôles où il était déjà élevé, et de 0,6 an ailleurs : les écarts se sont donc accrus.

Au niveau régional, l’âge moyen à l’accouchement augmente le plus en Île-de-France (+ 1,0 an). Cette région, dans la moyenne nationale en 1968, est devenue celle où les maternités sont les plus tardives en 1982 et depuis, l’écart avec les autres régions s’accentue régulièrement.

Publication rédigée par :Fabienne Daguet (Insee)

Sources

Seuls les recensements de la population permettent de connaître la population à un niveau géographique plus fin que le département. Celui de 2016 est basé sur les enquêtes annuelles de recensement de 2014 à 2018 et porte sur la France hors Mayotte.

Les naissances sont issues de l’état civil. Afin d’améliorer leur précision au niveau local, les indicateurs de fécondité (rapportant les naissances aux femmes classées par âge) cumulent les données sur trois années : 2016, 2017 et 2018.

À Mayotte, le dernier recensement exhaustif de la population a eu lieu en 2017 ; les indicateurs présentés ici sont issus de La situation démographique pour l’année 2017.

Les indicateurs présentés ici, calculés à partir des taux par âge, neutralisent les différences de structure par âge et permettent des comparaisons entre zones. Ils ne reflètent pas forcément le comportement réel des femmes qui habitent leur vie entière dans une région donnée. Les migrations liées aux événements familiaux, notamment, peuvent perturber la mesure de la fécondité au niveau des territoires. Les ICF, qui reposent sur les naissances ayant eu lieu en France, surestiment le niveau de fécondité des femmes nées à l’étranger. En effet, les naissances sont souvent repoussées après l’arrivée en France : la fécondité est faible avant la migration et forte après.

Définitions

L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) est la somme des taux de fécondité par âge d’une année donnée. Il peut être interprété comme le nombre moyen d’enfants qu’aurait une génération fictive de femmes qui connaîtrait, tout au long de leur vie féconde (ici, 15 à 50 ans), les taux de fécondité par âge observés cette année-là.

L’arrondissement est une circonscription administrative de l'État dont le chef-lieu est la sous-préfecture.

Le pôle est un ensemble de communes contiguës déterminé principalement à partir de critères de densité, de population totale et de nombre d’emplois. La commune la plus peuplée du pôle est appelée commune-centre.

Une aire d’attraction d’une ville est un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle et d’une couronne.

La couronne est l’ensemble des communes de l’aire d’attraction d’une ville à l’exclusion de son pôle. Ce sont des communes dont au moins 15 % des actifs résidents travaillent dans le pôle de l’aire et qui ne sont pas déjà attirées par un pôle de niveau plus élevé d’une autre aire.

L’âge moyen à l’accouchement est l’âge moyen des mères à la naissance de leurs enfants d’une année donnée, calculé pour une génération fictive de femmes qui auraient à chaque âge les taux de fécondité observés cette année-là. Il tient compte de toutes les naissances, quel que soit leur rang : premier enfant, deuxième enfant, etc.

Une commune hors attraction des villes est une commune située hors du pôle et hors de la couronne d’une aire d’attraction.

Pour en savoir plus

Des données complémentaires sont disponibles dans le fichier à télécharger.

de Bellefon M.-P., Eusebio P., Forest J., Pégaz-Blanc O., Warnod R., « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », Insee Focus n° 211, octobre 2020.

Volant S., « Un premier enfant à 28,5 ans en 2015 : 4,5 ans plus tard qu'en 1974 », Insee Première n° 1642, mars 2017.

Aerts A.-T., « La fécondité dans les régions depuis les années 1960 », Insee Première n° 1430, janvier 2013.

Desplanques G., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes disparités géographiques de fécondité en France », Espace populations sociétés, 2011/3, 2011.

Daguet F., « La fécondité dans les régions à la fin des années quatre-vingt-dix - Davantage de naissances à la campagne », Insee Première n° 963, avril 2004.