Insee Flash Hauts-de-France ·
Juillet 2021 · n° 121
Une contribution limitée du tourisme à l’emploi
En 2017, 52 700 emplois dépendent du tourisme dans les Hauts-de-France, soit 2,6 % de l’emploi total. Cette proportion est la plus faible de France de province. L’hébergement et la restauration concentrent près de la moitié des emplois touristiques de la région. Les employés sont très majoritaires dans le tourisme et le salaire y est plus faible. La zone d’emploi de Lille est celle qui compte le plus d’emplois touristiques, très liés à un tourisme d’affaires, et concentre à elle seule un quart de l’emploi touristique régional. Le poids du tourisme est toutefois plus élevé sur le littoral et dans le sud de l’Oise.
52 700 emplois liés à la présence de touristes
Conséquence de la crise sanitaire, l’activité touristique tourne au ralenti depuis de nombreux mois. Dresser un état des lieux d’avant crise permet de mesurer le poids de ce secteur d’activité dans la région.
En moyenne sur l’année 2017, ce sont ainsi 52 700 emplois (salariés et non-salariés) (méthodologie) qui sont liés au tourisme dans les Hauts-de-France, soit un volume équivalent à l’emploi salarié de l’industrie alimentaire.
Même si la région est la 6e à compter le plus d’emplois touristiques au niveau national, ces derniers pèsent bien moins dans l’emploi total qu’en France de province : 2,6 % contre 4,1 % (figure 1). Selon cet indicateur, les Hauts-de-France se placent en dernière position, juste derrière Centre-Val-de-Loire (2,7 %).
Entre 2009 et 2017, l’emploi touristique dans la région progresse cependant de 8,4 %, soit + 4 100 emplois. La hausse est plus élevée que tous secteurs confondus (+ 1,3 %), mais plus modérée qu’en France de province (+ 13,2 %) (figure 2). En comparaison des régions voisines, la progression en Hauts-de-France est légèrement moins dynamique qu’en Grand Est (+ 9,0 %), mais davantage qu’en Normandie (+ 3,0 %).
Dans la région, les opportunités d’emplois touristiques sont plus nombreuses en été qu’en hiver. Ainsi, le nombre d’emplois varie du simple au double entre le mois de janvier quand la fréquentation touristique est à son plus bas niveau (33 700) et le mois d’août lorsqu’elle bat son plein (65 600).
tableauFigure 1 – Nombre d’emplois touristiques et part dans l’emploi par région
Régions | Code région | Part de l’emploi touristique | Nombre d’emplois touristiques |
---|---|---|---|
Corse | 94 | 11,6 | 14 000 |
PACA | 93 | 6,4 | 125 000 |
Occitanie | 76 | 4,7 | 98 000 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 84 | 4,6 | 146 000 |
Nouvelle-Aquitaine | 75 | 4,5 | 97 000 |
Ile-de-France | 11 | 4,5 | 274 000 |
Bretagne | 53 | 4,1 | 50 000 |
Normandie | 28 | 3,3 | 39 000 |
Pays-de-la-Loire | 52 | 3,2 | 48 000 |
Grand Est | 44 | 3,2 | 62 000 |
Bourgogne FC | 27 | 3,1 | 30 000 |
Centre-Val-de-Loire | 24 | 2,7 | 25 000 |
Hauts-de-France | 32 | 2,6 | 53 000 |
- Note de lecture : Dans les Hauts-de-France, le nombre d’emplois touristique est plus important qu’en Normandie, mais inférieur à celui d’Île-de-France. Comme en Centre-Val-de-Loire, la part de l’emploi touristique dans l’emploi régional des Hauts-de-France est de moins de 3 %.
- Source : Insee, fichier « tous salariés » et Acoss 2017.
graphiqueFigure 1 – Nombre d’emplois touristiques et part dans l’emploi par région

- Note de lecture : Dans les Hauts-de-France, le nombre d’emplois touristique est plus important qu’en Normandie, mais inférieur à celui d’Île-de-France. Comme en Centre-Val-de-Loire, la part de l’emploi touristique dans l’emploi régional des Hauts-de-France est de moins de 3 %.
- Source : Insee, fichier « tous salariés » et Acoss 2017.
Près de la moitié des emplois dans l’hébergement et la restauration
Avec 24 300 emplois, la restauration et l’hébergement sont les activités qui pèsent le plus dans l’emploi touristique. Elles concentrent près de la moitié des emplois touristiques de la région, respectivement 26 % et 20 % (figure 2), des parts toutefois moindres qu’en France de province (28 % et 27 %). Dans le département du Nord, la restauration pèse plus qu’ailleurs (30 %, 4 points de plus qu’en région), du fait du développement du tourisme d’affaires dans la Métropole Européenne de Lille (MEL). Ainsi, 73 % des nuitées dans les hôtels du Nord sont liés à des motifs professionnels, soit 12 points de plus qu’au niveau régional.
La présence de touristes profite également au secteur du patrimoine et de la culture (12 %) et aux activités de sports et loisirs (12 %). Dans les Hauts-de-France, les emplois touristiques liés à la culture et au patrimoine pèsent plus qu’en France de province (9 %) grâce à la présence de nombreux musées et au tourisme de mémoire. Le département de l’Oise se distingue par ailleurs par un secteur des sports et loisirs plus développé (28 %).
Signe d’une région moins touristique qu’au niveau national, les autres activités (commerce, artisanat, soins…) concentrent près d’un emploi touristique sur trois contre un sur quatre seulement en France de province.
tableauFigure 2 – Répartition et évolution des emplois par secteur
Aisne | Nord | Oise | Pas-de-Calais | Somme | Hauts-de-France | France de province | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Emplois touristiques | 3 100 | 21 900 | 8 600 | 13 300 | 5 800 | 52 700 | 787 100 |
Restauration, cafés (en %) | 17 | 30 | 17 | 26 | 28 | 26 | 28 |
Hébergement (en %) | 29 | 15 | 19 | 23 | 27 | 20 | 27 |
Sport et loisirs (en %) | 11 | 8 | 28 | 9 | 9 | 12 | 12 |
Patrimoine, culture, offices du tourisme (en %) | 9 | 14 | 6 | 11 | 13 | 12 | 9 |
Autres (commerce, artisanat, soins…) (en %) | 34 | 33 | 30 | 31 | 23 | 30 | 24 |
Part dans l’emploi total (en %) | 2,0 | 2,2 | 3,4 | 3,0 | 3,1 | 2,6 | 4,1 |
Evolution entre 2009 et 2017 (en %) | 3,5 | 12,2 | 11,2 | 2,9 | 6,8 | 8,4 | 13,2 |
- Source : Insee, fichier « tous salariés » et Acoss 2017.
Une majorité d’employés et des salaires plus faibles
Dans les Hauts-de-France, un emploi touristique sur six est occupé par un non-salarié, une part deux fois plus importante que pour l’ensemble des secteurs d’activités. Cette surreprésentation se traduit par un plus grand nombre de petits établissements dirigés par des indépendants (patron d’hébergement ou de restaurant, commerçant, artisan, etc.).
Comme en France de province, l’emploi touristique compte autant de femmes que d’hommes. L’activité de soins et de bien-être est la plus féminisée (85 % de femmes), suivie par les offices du tourisme (64 %). Les hommes sont à l’inverse majoritaires dans les activités liées à la culture et au patrimoine (62 %), mais aussi dans celles des sports et loisirs (57 %).
Parmi les effectifs salariés, les employés sont très majoritaires (61 %), notamment dans les activités de soins et de bien-être (92 %), les grandes surfaces (81 %) et la restauration (80 %). Les cadres n’occupent que 11 % des emplois touristiques et sont davantage présents dans les activités du patrimoine et de la culture (39 %).
Conséquence de cette structure d’emploi, les salaires dans le tourisme sont plus faibles qu’en région : 11,5 € net de l’heure contre 13,6 € toutes activités confondues. La surreprésentation de jeunes et de contrats courts contribue aussi à cette situation. Il existe toutefois une disparité importante selon les secteurs. Les rémunérations sont ainsi plus élevées dans les activités employant davantage de cadres et de professions intermédiaires, en particulier dans celles du patrimoine et de la culture (13,6 €) et des sports et loisirs (14,4 €). À l’inverse, la restauration (9,5 €) et les soins (8,4 €) proposent des salaires plus faibles.
Un quart des emplois touristiques dans la zone de Lille
La zone d’emploi de Lille abrite plus de 13 000 emplois touristiques, soit le quart du total régional (figure 3), grâce notamment au tourisme d’affaires. Dans la zone de Creil, qui bénéficie de la présence du Parc Astérix à Plailly, ce sont près de 5 000 emplois qui relèvent du tourisme, soit 5,6 % de l’emploi local.
Cependant, c’est sur le littoral que l’emploi touristique pèse le plus. Dans les zones d’emploi de Berck et d’Abbeville, le tourisme dépasse ainsi 8 % de l’emploi total (pour 3 600 et 2 100 emplois). À Boulogne-sur Mer, 4,1 % de l’emploi est consacré au tourisme, soit 2 300 emplois.
tableauFigure 3 – Nombre d’emplois touristiques et part dans l’emploi par zone d’emploi
Code zone | Zones d’emploi | Nombre d’emplois touristiques | Part de l’emploi touristique |
---|---|---|---|
3204 | Berck | 3 600 | 8,7 |
3201 | Abbeville | 2 100 | 8,1 |
3211 | Creil | 4 800 | 5,6 |
3206 | Boulogne-sur-Mer | 2 300 | 4,1 |
3207 | Calais | 1 500 | 3,6 |
0058-32 | La Vallée de la Bresle-Vimeu | 400 | 3,2 |
3214 | Laon | 1 000 | 3 |
3216 | Lille | 13 100 | 2,8 |
3203 | Arras | 1 800 | 2,5 |
3209 | Château-Thierry | 400 | 2,4 |
3213 | Dunkerque | 2 200 | 2,3 |
3219 | Saint-Omer | 1 300 | 2,3 |
0054-32 | Beauvais | 1 900 | 2,2 |
3202 | Amiens | 2 900 | 2,1 |
3210 | Compiègne | 1 500 | 2,1 |
3221 | Soissons | 900 | 2 |
3208 | Cambrai | 900 | 1,9 |
3220 | Saint-Quentin | 1 500 | 1,9 |
3212 | Douai | 1 200 | 1,7 |
3217 | Maubeuge | 1 000 | 1,6 |
3205 | Béthune | 1 100 | 1,5 |
3215 | Lens | 1 800 | 1,5 |
3218 | Roubaix-Tourcoing | 1 800 | 1,4 |
3222 | Valenciennes | 1 700 | 1,4 |
- Source : Insee, fichier « tous salariés » et Acoss 2017.
graphiqueFigure 3 – Nombre d’emplois touristiques et part dans l’emploi par zone d’emploi

- Source : Insee, fichier « tous salariés » et Acoss 2017.
Pour comprendre
Méthodologie
L’emploi touristique, qui correspond à l’emploi généré par la présence de touristes sur un territoire, concerne les activités qui fournissent directement un bien ou un service aux touristes. Sont ainsi exclues les activités pour lesquelles il n’est pas possible de localiser précisément les touristes qui en bénéficient (agences de voyage, transport, etc.). La totalité des emplois des activités dites 100 % touristiques (hébergements, musées, parcs d’attraction, etc.) est comptée comme touristique. Pour les activités partiellement touristiques (restaurants, bars, commerces, casinos, etc.), l’emploi touristique est estimé en retranchant à l’emploi total un emploi théorique lié aux résidents car certains établissements ne répondent pas uniquement aux besoins de la clientèle touristique, les résidents permanents les fréquentant également. C’est par exemple le cas des cafés et restaurants où, dans les Hauts-de-France, 23 % des emplois sont touristiques.
Cette étude ne traite pas des conséquences de la crise sanitaire. Celles-ci sont abordées dans le communiqué de presse « L’été n’aura pas sauvé la saison touristique 2020 dans les Hauts-de-France ».
Les données de ce communiqué ne concernent que le secteur IZ (hébergement et restauration) et sont donc différentes de celles de l’emploi touristique.
Sources
Pour les salariés, les données sur l’emploi touristique sont issues du fichier « tous salariés ». Pour les non-salariés, ces données proviennent de l’Acoss (Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale). Afin de tenir compte des saisonnalités, l’emploi traité dans cette étude est un emploi en moyenne sur l’année.
Pour en savoir plus
« Le tourisme dans les Hauts-de-France : un secteur dynamique et en croissance pour l’emploi », Insee Flash Hauts-de-France n°24, mars 2017.
« Le tourisme : plus de 6 milliards d’euros de retombées économiques en 2014 », Insee Analyses Hauts-de-France n°51, juillet 2017.
« 70 000 personnes travaillent dans l’hébergement et la restauration en Hauts-de-France », Insee Flash Hauts-de-France n°108, novembre 2020.
« Les zones d’emploi 2020 : des économies diversifiées s’appuyant sur de grands établissements », Insee Analyses Hauts-de-France n°112, septembre 2020.