Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes ·
Juillet 2021 · n° 27
Bilan économique 2020 - Auvergne-Rhône-Alpes
Succédant à trois années dynamiques, l’année 2020 restera marquée par le grand coup d’arrêt porté à l’économie régionale. De confinements en couvre-feux en passant par la fermeture de certains établissements, tous les secteurs et tous les acteurs économiques ont été touchés par la pandémie de Covid-19, à des degrés divers toutefois. En Auvergne-Rhône-Alpes, l’emploi salarié baisse de 1,7 % et, dans le même temps, le nombre de demandeurs d’emploi augmente de 6,1 %. Le secteur du tourisme, particulièrement présent dans la région, est durement touché, plus fortement dans les hôtels que dans les campings. Très impacté par la limitation des déplacements, le secteur des transports souffre avec une chute de 68,5 % du trafic aérien, exprimé en nombre de passagers transportés, et une baisse générale du nombre de véhicules neufs vendus. La construction est également concernée par la baisse de l’activité, seul l’emploi du secteur résiste et termine en hausse (+ 2,1 %). Enfin, l’évolution du nombre de créations d’entreprises surprend, battant un nouveau record en dépit des circonstances sanitaires si particulières.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par
l'Insee.
Retrouvez les bilans des autres régions ici.
Agriculture - La crise sanitaire perturbe la demande et influe sur les prix Bilan économique 2020
David Drosne (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt)
La crise sanitaire et le confinement modifient les habitudes de consommation et perturbent donc la demande, nécessitant une grande réactivité de la part des acteurs de la chaîne alimentaire. L'année 2020 est chaude et sèche et les rendements de plusieurs cultures sont pénalisés. Les productions de vin, de lait, de bovins et de porcs subissent les conséquences économiques de cette crise avec des effets disparates sur les prix.
Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes
No 27
Paru le :08/07/2021
- Une mauvaise récolte de céréales et de fourrages
- Viticulture sous tension entre crise sanitaire, taxe américaine et Brexit
- Une année atypique pour la filière fruits et légumes
- Production volontairement contenue pour le lait de vache mais dynamique pour celui de chèvre
- Fort impact de la crise sanitaire sur les marchés bovins
Après un hiver doux et sec, il faut attendre le mois de juin pour bénéficier de pluies significatives et l’été est ensuite très chaud et sec. La température annuelle moyenne se situe 1,5° C au-dessus des normales et le déficit hydrique s'élève à 16 % (figure 1).
tableauFigure 1 – Écart de la pluviométrie et des températures 2020 par rapport aux normales saisonnières en Auvergne-Rhône-Alpes
Pluie 2020 | norm pluie (mm) | T° moy 2020 | norm T° moy | Écart pluviométrie (mm) | Écart température (°C) | Taux écart pluviométrie (%) | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
Janv | 30 | 64 | 5,2 | 3,0 | -33 | 2,2 | -52,4 |
Févr | 43 | 54 | 7,7 | 4,2 | -11 | 3,5 | -19,8 |
Mars | 54 | 59 | 8,3 | 7,5 | -5 | 0,8 | -8,3 |
Avr | 45 | 81 | 13,3 | 10,2 | -36 | 3,1 | -44,3 |
Mai | 75 | 97 | 15,8 | 14,5 | -23 | 1,3 | -23,3 |
Juin | 114 | 78 | 18,1 | 18,0 | 36 | 0,1 | 46,2 |
Juil | 24 | 67 | 21,9 | 20,6 | -43 | 1,3 | -64,2 |
Août | 63 | 75 | 22,3 | 20,2 | -11 | 2,1 | -15,3 |
Sept | 70 | 99 | 18,0 | 16,4 | -29 | 1,7 | -29,3 |
Oct | 120 | 103 | 11,6 | 12,4 | 16 | -0,8 | 15,7 |
Nov | 31 | 87 | 8,9 | 6,9 | -57 | 2,0 | -64,6 |
Déc | 121 | 73 | 5,1 | 3,8 | 48 | 1,3 | 66,0 |
Année | 791 | 938 | 13,0 | 11,5 | -147 | 1,5 | -15,6 |
- Source : Météo France
graphiqueFigure 1 – Écart de la pluviométrie et des températures 2020 par rapport aux normales saisonnières en Auvergne-Rhône-Alpes

- Source : Météo France
Une mauvaise récolte de céréales et de fourrages
Depuis trois ans, la récolte céréalière est inférieure à sa moyenne quinquennale et elle est encore en recul de 15 % cette année. L’été très chaud et sec réduit le potentiel des parcelles de maïs non irriguées.
Après six ans de prix faibles, la demande mondiale soutenue tire le cours des céréales vers le haut (figure 2). À partir du milieu d’année, les oléagineux bénéficient également d’un contexte international plus favorable.
tableauFigure 2 – Cotation du blé tendre et du maïs grain
Campagnes | Blé | Maïs |
---|---|---|
2012/2013 | 245,66 | 229,25 |
2013/2014 | 192,40 | 168,18 |
2014/2015 | 173,63 | 145,02 |
2015/2016 | 155,32 | 152,84 |
2016/2017 | 162,05 | 158,61 |
2017/2018 | 157,35 | 149,21 |
2018/2019 | 191,65 | 165,87 |
2019/2020 | 174,50 | 161,88 |
2020/2021* | 199,12 | 177,82 |
- Lecture : les campagnes portent sur les périodes du 1er juillet au 30 juin de l’année suivante.
- * Pour la campagne 2019/2020, les données sont arrêtées fin janvier 2021
- Source : FranceAgriMer, La Dépêche
graphiqueFigure 2 – Cotation du blé tendre et du maïs grain

- Lecture : les campagnes portent sur les périodes du 1er juillet au 30 juin de l’année suivante.
- * Pour la campagne 2019/2020, les données sont arrêtées fin janvier 2021.
- Source : FranceAgriMer, La Dépêche
La sécheresse printanière puis les chaleurs et le manque de pluie en été et en automne limitent également la pousse de l’herbe. Le déficit fourrager régional est de 22 %.
Viticulture sous tension entre crise sanitaire, taxe américaine et Brexit
Le potentiel de la vigne était très prometteur jusqu’en juin mais le manque de pluie de l’été limite les volumes produits. La qualité reste de belle facture. La récolte est 7 % supérieure à celle de 2019 et identique à la moyenne quinquennale. Sous l’effet des confinements et de la fermeture de la restauration hors domicile, les transactions sont en baisse de 22 % sur un an en beaujolais et de 10 % en côtes du Rhône. Les prix évoluent globalement à la baisse (figure 3). Le Brexit et la taxe américaine sur les vins français pénalisent les exportations aux États-Unis et au Royaume-Uni. La baisse des valeurs exportées n'est toutefois que de 1 % en beaujolais et de 4 % en côtes du Rhône, grâce à des compensations vers d'autres pays.
tableauFigure 3 – Prix des millésimes de l'année précédente relevés en février - transactions en vrac
Côtes du Rhône régional | Côtes du Rhône crus septentrionaux | Beaujolais crus | Beaujolais génériques | |
---|---|---|---|---|
2015 | 143,80 | 558,40 | 297,43 | 192,34 |
2016 | 139,27 | 604,04 | 295,45 | 181,73 |
2017 | 165,25 | 645,17 | 304,00 | 192,39 |
2018 | 160,29 | 624,02 | 284,26 | 170,36 |
2019 | 152,57 | 713,13 | 279,09 | 196,09 |
2020 | 139,49 | 717,81 | 273,79 | 179,56 |
- Note : les campagnes commerciales portent sur la période du 1er août au 31 juillet de l'année suivante. Pour la campagne 2020/2021 les données sont arrêtées fin mars 2021.
- Source : Inter Beaujolais, Inter Rhône
graphiqueFigure 3 – Prix des millésimes de l'année précédente relevés en février - transactions en vrac

- Note : les campagnes commerciales portent sur la période du 1er août au 31 juillet de l'année suivante. Pour la campagne 2020/2021 les données sont arrêtées fin mars 2021.
- Source : Inter Beaujolais, Inter-Rhône
Une année atypique pour la filière fruits et légumes
La crise sanitaire complique le début d’année et limite les accès à la main-d’œuvre saisonnière. Comme dans d'autres filières, les productions locales sont privilégiées par les consommateurs, la logistique doit s'adapter. Les récoltes sont précoces grâce à la douceur de l'hiver. La région représente 51 % de la production nationale d'abricots mais la récolte 2020 chute de 28 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les prix de la majorité des fruits et légumes sont en forte hausse (en un an, + 54 % pour l’abricot, + 28 % pour la pêche, + 21 % pour la courgette, + 17 % pour l’asperge et la fraise).
Production volontairement contenue pour le lait de vache mais dynamique pour celui de chèvre
Alors que l'année s'annonçait bien, le confinement induit un risque de surproduction et d'effondrement des prix. Il faut trouver des moyens de stocker les fromages fermiers, menacés de destruction faute de débouchés. Les éleveurs limitent alors la production de lait. La situation s'assainit à partir de fin juin (figure 4). La réduction du cheptel laitier bovin se poursuit selon le rythme régulier de 2 % par an. Inversement, face à une demande de lait de chèvre en hausse, la production progresse de 5 % sur un an.
tableauFigure 4 – Prix moyen annuel régional producteur
Savoie et Haute-Savoie | Lait bio, hors Savoie et Haute-Savoie | Lait non bio, hors Savoie et Haute-Savoie | Tous laits | |
---|---|---|---|---|
2016 | 515,15 | 448,21 | 308,57 | 340,89 |
2017 | 521,45 | 462,23 | 347,31 | 376,22 |
2018 | 526,42 | 457,79 | 348,49 | 380,72 |
2019 | 561,86 | 469,65 | 365,26 | 400,16 |
2020 | 587,05 | 469,17 | 367,32 | 406,20 |
- Source : enquête mensuelle SSP / FranceAgriMer
graphiqueFigure 4 – Prix moyen annuel régional producteur (euros/1 000 l)

- Source : enquête mensuelle SSP / FranceAgriMer
Fort impact de la crise sanitaire sur les marchés bovins
Le marché des « broutards » (jeunes bovins maigres), déjà morose fin 2019, s'est nettement dégradé durant la crise sanitaire. Les Italiens continuent d'acheter des broutards à la France mais leurs cours finissent l'année en dessous de leurs valeurs de décembre 2019 (figure 5). Les confinements et la fermeture de la restauration hors domicile bouleversent les habitudes de consommation. La viande hachée est plébiscitée et le jeune bovin mâle engraissé perd beaucoup de valeur sur l'ensemble des marchés européens.
tableauFigure 5 – Évolution des cotations annuelles des bovins maigres et des bovins de boucherie (zone centre-est)
Prix (€/kg) | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|
2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | ||
Bovins maigres (euros/kg vif) | Mâle croisé U 400kg | 2,48 | 2,59 | 2,66 | 2,59 | 2,45 |
Mâle salers R 400kg | 2,15 | 2,21 | 2,23 | 2,16 | 2,09 | |
Mâle charolais U 400kg | 2,46 | 2,63 | 2,69 | 2,63 | 2,55 | |
Bovins de boucherie (euros/kg de carcasse) | Vache viande R | 3,68 | 3,74 | 3,65 | 3,72 | 3,90 |
Génisse viande R | 3,85 | 3,89 | 3,81 | 3,87 | 3,96 | |
Jeune bovin viande U | 3,82 | 3,99 | 3,93 | 3,99 | 3,83 |
- Source : commissions de cotation des bovins maigres de Clermont-Ferrand et Dijon - FranceAgriMer
graphiqueFigure 5 – Évolution des cotations annuelles des bovins maigres et des bovins de boucherie (zone centre-est)

- Source : commissions de cotation des bovins maigres de Clermont-Ferrand et Dijon - FranceAgriMer
La crise sanitaire ainsi que la présence de peste porcine en Allemagne (et ses conséquences sur les exportations allemandes dans un contexte très internationalisé) font chuter les cours du porc en Europe. La cotation régionale perd 19 % entre avril et décembre.
Le prix de l'agneau est affecté par le premier confinement mais le choix d'une consommation locale et la limitation des importations permettent une revalorisation historique des prix.