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Insee Flash Occitanie · Avril 2021 · n° 109
Insee Flash OccitanieLe rural redéfini, un espace étendu qui gagne des habitants

Stéphane Méloux, Christophe Péalaprat (Insee)

Une nouvelle définition du rural est mise en place pour mieux appréhender la réalité multiforme de ces territoires. En Occitanie, l’espace rural ainsi redéfini recouvre 90 % du territoire et héberge deux habitants sur cinq. La région se classe au 8e rang des régions de métropole par la proportion d’habitants résidant dans cet espace. Entre 2008 et 2018, la population « rurale » augmente fortement, mais ce dynamisme démographique reste corrélé à la proximité de l’espace urbain.

Insee Flash Occitanie
No 109
Paru le :Paru le29/04/2021

Outre d’habiter une commune de même nom, les habitants des que compte l’Occitanie, ont en commun de résider dans l’espace rural. C’est le cas également pour une famille de Baziège, un vigneron de Caramany, un saisonnier d’Ax-les-Thermes ou encore des retraités de La Canourgue. L’espace rural a été redéfini pour mieux rendre compte de cette réalité des territoires et de leurs transformations (Pour comprendre). En Occitanie, il s’étend sur 66 271 km², recouvrant 90 % du territoire régional. Particulièrement présent sur les contreforts du Massif central et dans le massif des Pyrénées, il cède la place à l’urbain le long du littoral et au cœur du bassin de la Garonne. L’espace rural regroupe 4 087 communes, soit 92 % des communes d’Occitanie contre 88 % au niveau national.

Figure 1Les communes rurales de la région Occitanie

  • Source : Insee, zonages d’études

En Occitanie, deux habitants sur cinq vivent en milieu rural

Au 1er janvier 2018, 2 320 000 personnes vivent dans l’espace rural en Occitanie. La région est la troisième de France en nombre d’habitants dans les communes rurales, derrière Nouvelle-Aquitaine (3 050 000 habitants) et Auvergne-Rhône-Alpes (2 770 000). En proportion, avec 39 % de la population dans l’espace rural, l’Occitanie se classe seulement au 8e rang des régions les plus rurales de France, loin derrière la Bourgogne-Franche-Comté, la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine où plus de la moitié des habitants vivent en milieu rural.

Figure 2Populations totale et rurale des régions

Populations totale et rurale des régions
Région Population au 1er janvier 2018 Part de la population rurale dans la population totale (%) Évolution annuelle moyenne de la population 2008-2018 (%)
Totale Rurale Totale Rurale
Nouvelle-Aquitaine 5 979 778 3 049 056 51,0 + 0,5 + 0,5
Auvergne-Rhône-Alpes 7 994 459 2 774 173 34,7 + 0,7 + 0,7
Occitanie 5 885 496 2 319 499 39,4 + 0,8 + 0,7
Grand Est 5 550 389 2 164 055 39,0 + 0,1 + 0,1
Pays de la Loire 3 781 423 1 870 459 49,5 + 0,7 + 0,8
Bretagne 3 335 414 1 789 764 53,7 + 0,6 + 0,7
Hauts-de-France 6 004 108 1 758 840 29,3 + 0,1 + 0,3
Normandie 3 327 477 1 639 503 49,3 + 0,1 + 0,4
Bourgogne-Franche-Comté 2 807 807 1 536 777 54,7 + 0,0 + 0,2
Centre-Val de Loire 2 572 853 1 261 298 49,0 + 0,2 + 0,2
Provence-Alpes-Côte d’Azur 5 052 832 762 718 15,1 + 0,3 + 0,7
Île-de-France 12 213 447 553 025 4,5 + 0,5 + 0,5
Corse 338 554 158 630 46,9 + 1,1 + 1,2
Guyane 276 128 82 856 30,0 + 2,3 + 4,1
Martinique 368 783 60 867 16,5 - 0,8 - 0,5
Guadeloupe 387 629 51 488 13,3 - 0,4 - 0,7
Réunion 855 961 24 161 2,8 + 0,6 - 0,4
France 66 732 538 21 857 169 32,8 + 0,4 + 0,5
  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2018

Un dynamisme démographique certain…

En Occitanie, la population de l’espace rural augmente de 0,7 % chaque année entre 2008 et 2018, un rythme proche de la croissance régionale (+ 0,8 %). Il est équivalent, en métropole, à celui observé pour les populations rurales de Bretagne, d’Auvergne-Rhône-Alpes et de Provence-Alpes-Côte d’Azur, mais moins rapide qu’en Corse ou en Pays de la Loire.

Cette croissance de la population est uniquement due aux migrations résidentielles : les personnes qui s’installent dans l’espace rural sont plus nombreuses que celles qui le quittent. À l’image de la région dans son ensemble, l’espace rural occitan est le deuxième plus attractif de métropole, après celui de la Corse. En revanche, les décès y sont plus nombreux que les naissances, comme souvent dans les espaces ruraux méridionaux où réside une population plus âgée.

Figure 3Évolution annuelle de la population 2008-2018 en Occitanie selon les différents types d’espace

en %
Évolution annuelle de la population 2008-2018 en Occitanie selon les différents types d’espace (en %)
due au solde naturel due au solde migratoire apparent Variation annuelle moyenne 2008 – 2018
Occitanie 0,1 0,7 0,8
Espace urbain 0,3 0,6 0,9
Espace rural - 0,1 0,8 0,7
Rural sous influence d’un pôle Communes sous forte influence 0,3 1,0 1,3
Communes sous faible influence - 0,1 1,0 0,9
Rural hors influence d’un pôle Communes peu denses - 0,5 0,7 0,2
Communes très peu denses - 0,4 0,4 0,0
  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2018, état civil

Figure 3Évolution annuelle de la population 2008-2018 en Occitanie selon les différents types d’espace

  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2018, état civil

…qui varie selon la proximité de l’espace urbain

L’Occitanie est cependant la seule région de métropole où la croissance démographique est moins dynamique dans l’espace rural que dans l’espace urbain (+ 0,7 % contre + 0,9 %). Mais comme ailleurs, l’évolution de la population dans le rural est liée à la proximité de l’urbain : plus les communes sont sous influence d’un pôle, plus leur croissance démographique est élevée. Ainsi, entre 2008 et 2018, la population augmente de 1,3 % par an dans les communes rurales qui sont sous forte influence d’un pôle d’emploi (Pour comprendre) et de 0,9 % dans les communes sous faible influence d’un pôle. En revanche, la croissance de la population est faible voire nulle dans les communes qui ne sont pas sous l’influence d’un pôle : + 0,2 % pour les « peu denses » et + 0,0 % pour les « très peu denses ».

Toutefois, qu’elles soient sous influence d’un pôle ou non, les communes rurales sont attractives. Sur la période, le solde migratoire varie ainsi chaque année de + 0,4 % pour les communes « très peu denses » qui se situent hors de l’influence d’un pôle à + 1,0 % pour les communes sous faible ou forte influence d’un pôle.

Le phénomène de périurbanisation se poursuit ainsi en Occitanie. Dans les communes rurales sous forte influence d’un pôle, l’excédent migratoire élevé est renforcé par un léger excédent naturel. A contrario, dans les communes hors influence d’un pôle, les décès sont beaucoup plus nombreux que les naissances.

Encadré - En Occitanie, neuf départements sur treize sont principalement ruraux

À partir de la grille de densité (pour en savoir plus), en observant la part de la population située dans des zones denses, les ensembles supra-communaux (départements, établissements publics de coopération intercommunale [EPCI]…) peuvent également être classés selon une typologie rural/urbain.

Ainsi, en Occitanie, neuf départements sur treize font partie des 53 départements français dits principalement ruraux. La Haute-Garonne est le seul département dit principalement urbain de la région, alors que le Gard, l’Hérault et les Pyrénées-Orientales sont considérés comme intermédiaires. Dans ces quatre départements, la part de la population habitant dans l’espace rural ne dépasse pas 35 %, alors qu’elle varie, dans les départements ruraux, de 45 % dans le Tarn à 84 % en Lozère.

Au sein des départements ruraux, l’Aude, le Tarn et le Tarn-et-Garonne se distinguent, avec un taux de croissance annuel moyen de la population entre 2008 et 2018 plus élevé, et plus proche de celui des départements intermédiaires ou urbains.

À un niveau géographique plus fin, sur les 161 EPCI de la région, 126 sont considérés comme ruraux, et 35 comme urbains (données complémentaires).

Publication rédigée par :Stéphane Méloux, Christophe Péalaprat (Insee)

Pour comprendre

Jusqu’en 2020, l’Insee définissait le rural comme l’ensemble des communes n’appartenant pas à une unité urbaine, c’est-à-dire à un regroupement de plus de 2 000 habitants dans un espace présentant une certaine continuité du bâti, censé caractériser les « villes ». Une nouvelle définition, qui rompt avec cette approche centrée sur la ville, est mise en place. En cohérence avec les définitions européennes, l’espace rural est défini comme l’ensemble des communes peu denses et très peu denses. Il regroupe en France 88 % des communes et 33 % de la population en 2018.

Cet espace rural est divisé en deux grandes catégories de communes :

  • Les communes rurales hors influence d’un pôle sont les communes rurales hors aire d’attraction des villes, ou appartenant à la couronne d’une aire de moins de 50 000 habitants. On distingue parmi elles les communes très peu denses et les communes peu denses ;
  • Les communes rurales sous l’influence d’un pôle sont les communes rurales appartenant à la couronne d’une aire de 50 000 habitants ou plus. Cette catégorie peut être divisée en deux sous-catégories de communes : celles sous faible influence dont 15 à 30 % des actifs occupés travaillent dans le pôle de leur aire et celles sous forte influence dont au moins 30 % des actifs occupés travaillent dans le pôle de leur aire.

Cette approche permet de définir un continuum, allant des espaces les plus isolés et peu peuplés jusqu’aux espaces ruraux les plus urbanisés.

Il existe une commune nommée Barjac dans les départements de l’Ariège, du Gard et de la Lozère.

Pour en savoir plus

« Nouveau regard sur l’attraction des villes », Insee Flash Occitanie n° 100, octobre 2020

« Une décennie de forte croissance démographique en Occitanie, en particulier dans les communes les plus denses », Insee Flash Occitanie n° 96, décembre 2019

« La France et ses territoires », Insee Références, avril 2021

La grille communale de densité