Insee Analyses Hauts-de-France ·
Avril 2021 · n° 122Les multinationales emploient un salarié sur deux dans les Hauts-de-France
Dans les Hauts-de-France, les entreprises multinationales emploient un peu plus d’un salarié sur deux, soit la part la plus importante des régions de province. La majorité de ces emplois dépendent de centres de décisions français, dont une grande partie est située dans la région. Les multinationales étrangères sont bien implantées dans la région, en particulier les groupes allemands, américains et belges. D’un point de vue sectoriel, l’industrie se distingue avec sept salariés sur dix employés par une multinationale. Dans la région, la majorité des emplois dépendant d’une multinationale sont exercés dans des secteurs en forte croissance. Des différences marquées s’observent cependant au niveau territorial, certaines zones d’emploi bénéficiant plus de l’effet de levier généré par la présence de ces multinationales.
- Première région de province pour la présence des multinationales
- Plus d’un tiers des emplois dépendent de centres de décision français
- Une présence importante de centres de décision régionaux
- Un emploi sur six dépend d’une multinationale étrangère
- Une forte dépendance aux multinationales étrangères dans l’industrie
- Davantage d’emplois dans les secteurs en forte croissance
- Les multinationales, opportunités pour certains territoires
- Une présence plus contrastée pour d’autres
- Encadré - Plus de fonctions cognitives dans les multinationales
Première région de province pour la présence des multinationales
Avec 16 500 établissements dans les Hauts-de-France, les entreprises multinationales structurent le paysage économique de la région. Leur présence est un signe de l’attractivité des territoires et souvent synonyme de nombreux emplois, mais potentiellement aussi un facteur de risque par la concentration de l’emploi qu’elles génèrent. La fermeture d’un établissement d’une multinationale, plus souvent de taille importante, peut alors entraîner localement des retombées économiques et sociales significatives.
En 2017, les établissements des multinationales situées en Hauts-de-France emploient 536 500 salariés en équivalent temps plein (ETP). Cela représente 52 % des salariés de la région, soit 7,2 points de plus que la moyenne de France de province. Devançant Grand Est (49 %) et Centre‑Val de Loire (48 %) (figure 1), les Hauts-de-France sont, avec l’Île-de-France, la seule région où les multinationales emploient plus d’un salarié sur deux.
Dans la région, parmi les 536 500 emplois sous contrôle d’une multinationale, sept sur dix sont exercés au sein d’une multinationale française, et trois sur dix au sein d’une multinationale étrangère. Le poids des multinationales étrangères est cependant plus élevé que dans les autres régions (27 % pour la France de province).
tableauFigure 1 – Part de l’emploi salarié dans les multinationales par région et écart par rapport à la France de province, selon la nationalité
Code région | Région | Part de l’emploi salarié dans les multinationales (en %) | Dont multinationales françaises (en %) | Dont multinationales étrangères (en %) | Écart (en point) avec la France de province – Multinationales françaises | Écart (en point) avec la France de province - Multinationales étrangères |
---|---|---|---|---|---|---|
11 | Île-de-France | 58,1 | 41,6 | 16,5 | 9,0 | 4,5 |
24 | Centre-Val de Loire | 47,6 | 34,2 | 13,4 | 1,6 | 1,4 |
27 | Bourgogne-Franche-Comté | 46,0 | 32,5 | 13,5 | -0,1 | 1,5 |
28 | Normandie | 45,4 | 33,6 | 11,8 | 1,0 | -0,2 |
32 | Hauts-de-France | 51,8 | 35,9 | 15,9 | 3,3 | 3,9 |
44 | Grand Est | 48,8 | 30,1 | 18,7 | -2,5 | 6,7 |
52 | Pays de la Loire | 43,5 | 34,1 | 9,4 | 1,5 | -2,6 |
53 | Bretagne | 39,4 | 32,2 | 7,1 | -0,4 | -4,9 |
75 | Nouvelle-Aquitaine | 38,7 | 30,6 | 8,1 | -2,0 | -3,9 |
76 | Occitanie | 40,6 | 31,9 | 8,6 | -0,7 | -3,4 |
84 | Auvergne-Rhône-Alpes | 47,1 | 33,4 | 13,6 | 0,8 | 1,6 |
93 | Provence-Alpes-Côte d'Azur | 42,3 | 31,9 | 10,3 | -0,7 | -1,7 |
94 | Corse | 13,7 | 12,4 | 1,3 | -20,2 | -10,7 |
France de province | 44,6 | 32,6 | 12,0 | 0,0 | 0,0 |
- Lecture : dans les Hauts-de-France, le poids des multinationales françaises dans l’emploi salarié est supérieur de 3,3 points à celui de France de province, le poids des multinationales étrangères dans l’emploi salarié est de 3,9 points supérieur à celui de la France de province.
- Source : Insee, Flores 2017, Lifi 2017.
graphiqueFigure 1 – Part de l’emploi salarié dans les multinationales par région et écart par rapport à la France de province, selon la nationalité
Plus d’un tiers des emplois dépendent de centres de décision français
Les multinationales françaises emploient 36 % des salariés des Hauts-de-France (372 000 ETP), contre 33 % en France de province. Cette part est la plus élevée des régions de province.
Dans la région, 26 % des emplois salariés (267 000 ETP) dépendent de multinationales françaises dont le siège social est localisé dans une autre région (7e rang des régions de France métropolitaine). La majorité (82 %) de ces emplois sont rattachés à des centres de décision franciliens. Ce taux est l’un des plus élevés des régions de province, au même niveau qu’Auvergne-Rhône-Alpes ou Normandie. Les salariés concernés en Hauts-de-France travaillent pour des multinationales dont les établissements sont présents sur l’ensemble du territoire (La Poste, SNCF, Carrefour) ou pour des groupes ayant des établissements de grande taille dans la région (Renault, PSA, EDF).
Une présence importante de centres de décision régionaux
Les multinationales françaises dont le centre de décision est situé en Hauts-de-France emploient 10 % des salariés de la région (105 000 ETP), contre 6 % en moyenne en France de province. Ce taux est le plus élevé des régions de province.
Les zones d’emploi de Lille et de Roubaix-Tourcoing concentrent plus de la moitié de ces multinationales régionales. En particulier, le secteur du commerce est bien représenté, avec les entreprises détenues par l’Association familiale Mulliez (Décathlon, Auchan, Boulanger, Leroy Merlin…) ou la Redoute.
De nombreux centres de décisions de multinationales de l’industrie agroalimentaire sont également présents de longue date dans la région : Bonduelle à Renescure, Roquette Frères à Lestrem ou Tereos à Origny‑Sainte‑Benoite. Ces entreprises ont fait le choix de maintenir leur siège social sur le site historique tout en transférant leur centre administratif dans la métropole lilloise.
Les multinationales régionales emploient 238 000 salariés dans les autres régions françaises, ce qui place les Hauts-de-France en deuxième position des régions de province, derrière Auvergne-Rhône-Alpes (316 300 salariés). En France, 343 000 salariés travaillent pour des multinationales dont le centre de décision est en Hauts-de-France.
Un emploi sur six dépend d’une multinationale étrangère
Après Grand Est, les Hauts-de-France sont la deuxième région de province pour l’implantation des multinationales étrangères. Ces dernières emploient 16 % des salariés de la région (164 500 salariés), contre 12 % en province.
Dans la région, comme au niveau national, les multinationales allemandes et américaines sont les plus présentes, chacune employant 18 % des salariés de la région dépendant d’un groupe étranger (figure 2). Cela représente près de 3 % de l’emploi régional total (+ 0,5 point par rapport à la France de province). Les premières sont notamment représentées par le groupe Majorel (centre d’appels) et les enseignes de distribution Lidl et Aldi, les secondes par les entreprises de mécanique agricole AGCO et GIE ou l’entreprise du e-commerce Amazon.
Deux fois plus présentes dans la région (15 % des emplois sous dépendance étrangère contre 8,2 % en France de province), les multinationales belges se caractérisent par des établissements de taille modeste (21 salariés en moyenne). Elles relèvent notamment du commerce avec les enseignes Cora et Match du groupe Louis Delhaize.
Malgré la proximité géographique, les multinationales britanniques ne tissent pas de relation privilégiée avec la région. Elles emploient 7,6 % des effectifs de la région dépendants de multinationales étrangères, un niveau proche de celui observé en France de province.
tableauFigure 2 – Effectifs salariés dépendant de multinationales étrangères par nationalité
Part des effectifs salariés dépendants de multinationales étrangères (en %) | ||
---|---|---|
Nationalité du centre de décision | Hauts-de-France | Province |
Allemagne | 18,2 | 18,9 |
Etats-Unis | 17,6 | 19,9 |
Belgique | 15,2 | 8,2 |
Royaume-Uni | 7,6 | 7,0 |
Japon | 5,8 | 4,2 |
Suisse | 5,6 | 5,5 |
Luxembourg | 4,9 | 4,1 |
Pays-Bas | 4,7 | 5,2 |
Italie | 4,2 | 3,6 |
Suède | 3,2 | 5,2 |
- Lecture : les effectifs salariés des multinationales belges représentent 15,2 % des effectifs salariés des multinationales étrangères dans les Hauts-de-France, contre 8,2 % en France de province. Les nationalités citées dans le tableau sont les dix plus présentes en Hauts-de-France.
- Source : Insee, Flores 2017, Lifi 2017.
Une forte dépendance aux multinationales étrangères dans l’industrie
Dans la région, les multinationales sont très présentes dans la sphère productive avec 61 % des emplois concernés, soit 5 points de plus qu’en France de province (figure 3). En particulier, dans l’industrie, principal secteur de la sphère, sept emplois sur dix sont exercés au sein d’une multinationale. Par rapport à la France de province, l’emploi régional au sein des multinationales est ainsi particulièrement développé dans l’industrie agroalimentaire (+ 15 points), la fabrication de produits métalliques, textiles ou en verre (+ 7 points) ou la fabrication de matériel de transport (+ 3 points). Ces spécialisations résultent de la plus forte présence des multinationales étrangères (23 % soit + 4 points), excepté dans la fabrication de matériel de transport où la dépendance vis-à-vis des constructeurs automobiles français (PSA et Renault) est importante.
tableauFigure 3 – Poids des multinationales par sphère d’activité et par nationalité, comparaison avec la France de province
Poids des multinationales dans la zone (en %) | Poids des multinationales étrangères dans la zone (en %) | Poids des multinationales francaises dans la zone (en %) | |
---|---|---|---|
Hauts-de-France Sphère Productive | 61 | 23 | 38 |
France de province Sphère Productive | 56 | 19 | 37 |
Hauts-de-France Sphère Présentielle | 41 | 7 | 34 |
France de province Sphère Présentielle | 33 | 5 | 28 |
- Lecture : dans les Hauts-de-France, 23 % des emplois salariés de la sphère productive sont exercés au sein d’une multinationale étrangère et 38 % au sein d’une multinationale française. Au total, 61 % des emplois salariés de la sphère productive dans la région dépendent d’une multinationale.
- Source : Insee, Flores 2017, Lifi 2017.
graphiqueFigure 3 – Poids des multinationales par sphère d’activité et par nationalité, comparaison avec la France de province
Dans la région, les multinationales sont également plus présentes dans la sphère présentielle : 41 % des emplois salariés, contre 33 % en France de province. C’est le cas dans les activités du commerce (50 %, soit + 10 points), le secteur le plus important en termes d’emploi présentiel. Dans cette sphère, ce sont les multinationales françaises qui contribuent principalement à cette surreprésentation. La concentration sur la métropole lilloise d’établissements de la finance et des assurances dont le siège social est localisé, soit en Île-de-France (40 % des établissements), soit dans la région (30 % des établissements), explique le poids plus important des multinationales françaises dans ce secteur présentiel (+ 14 points).
Davantage d’emplois dans les secteurs en forte croissance
Dans les Hauts-de-France, 60 % des emplois des multinationales sont exercés dans des secteurs qui ont connu une forte croissance entre 2008 et 2018. C’est légèrement plus qu’en province (58 %). Ces emplois se concentrent dans le commerce de détail (15 %), les activités à destination des entreprises (12 %) et le transport-entreposage (10 %).
À l’inverse, 24 % des emplois des multinationales dépendent de secteurs en décroissance sur la période, niveau comparable à celui observé en province. Avec 18 % des emplois, l’industrie y est très représentée, en particulier l’industrie automobile (5 %) ou encore la métallurgie et la fabrication de produits minéraux ou en caoutchouc et plastique (7 %).
Enfin, 16 % des emplois de multinationales (contre 18 % en France de province) dépendent de secteurs en croissance modérée sur la période, principalement le commerce de gros (6 %), la construction (4 %) et quelques secteurs de l’industrie.
Les multinationales, opportunités pour certains territoires
Dans la région, les multinationales situées dans les zones d’emploi du groupe 1 (figure 4, méthodologie) sont spécialisées pour la plupart dans des secteurs en forte croissance. Elles emploient plus de la moitié des salariés dans ces territoires.
En effet, plus de 60 % des multinationales y exercent leur activité dans des secteurs porteurs, comme l’informatique, les sièges sociaux ou les services administratifs des entreprises. Ces activités sont localisées en grande partie dans la métropole lilloise, ainsi qu’à Calais (centre administratif d’Eurotunnel) et Lens (centre d’appel Majorel).
À Amiens, les multinationales de l’aéronautique et de l’industrie chimique emploient de nombreux salariés. À Saint-Quentin, une part importante des emplois des multinationales relève de l’industrie agroalimentaire, activité également en forte croissance sur la période.
tableauFigure 4 – Classification des zones d’emploi en fonction de la présence des multinationales
Code | Libellé | Groupe |
---|---|---|
0058 | La Vallée de la Bresle - Vimeu | 3 Prédominance des multinationales locales spécialisées dans les secteurs en décroissance de la sphère productive |
3219 | Saint-Omer | 3 Prédominance des multinationales locales spécialisées dans les secteurs en décroissance de la sphère productive |
3201 | Abbeville | 5 Présence faible des multinationales, davantage orientées vers les secteurs à croissance modérée et la construction |
3209 | Château-Thierry | 5 Présence faible des multinationales, davantage orientées vers les secteurs à croissance modérée et la construction |
3214 | Laon | 5 Présence faible des multinationales, davantage orientées vers les secteurs à croissance modérée et la construction |
0054 | Beauvais | 2 Forte influence des multinationales exerçant notamment dans des secteurs en difficulté |
3210 | Compiègne | 2 Forte influence des multinationales exerçant notamment dans des secteurs en difficulté |
3212 | Douai | 2 Forte influence des multinationales exerçant notamment dans des secteurs en difficulté |
3213 | Dunkerque | 2 Forte influence des multinationales exerçant notamment dans des secteurs en difficulté |
3217 | Maubeuge | 2 Forte influence des multinationales exerçant notamment dans des secteurs en difficulté |
3222 | Valenciennes | 2 Forte influence des multinationales exerçant notamment dans des secteurs en difficulté |
3203 | Arras | 4 Présence plus ténue des multinationales dont les emplois dépendent davantage de capitaux étrangers |
3204 | Berck | 4 Présence plus ténue des multinationales dont les emplois dépendent davantage de capitaux étrangers |
3205 | Béthune | 4 Présence plus ténue des multinationales dont les emplois dépendent davantage de capitaux étrangers |
3206 | Boulogne-sur-Mer | 4 Présence plus ténue des multinationales dont les emplois dépendent davantage de capitaux étrangers |
3208 | Cambrai | 4 Présence plus ténue des multinationales dont les emplois dépendent davantage de capitaux étrangers |
3211 | Creil | 4 Présence plus ténue des multinationales dont les emplois dépendent davantage de capitaux étrangers |
3221 | Soissons | 4 Présence plus ténue des multinationales dont les emplois dépendent davantage de capitaux étrangers |
3202 | Amiens | 1 Davantage de sièges et de centres administratifs de multinationales de secteurs en croissance forte |
3207 | Calais | 1 Davantage de sièges et de centres administratifs de multinationales de secteurs en croissance forte |
3215 | Lens | 1 Davantage de sièges et de centres administratifs de multinationales de secteurs en croissance forte |
3216 | Lille | 1 Davantage de sièges et de centres administratifs de multinationales de secteurs en croissance forte |
3218 | Roubaix-Tourcoing | 1 Davantage de sièges et de centres administratifs de multinationales de secteurs en croissance forte |
3220 | Saint-Quentin | 1 Davantage de sièges et de centres administratifs de multinationales de secteurs en croissance forte |
- Source : Insee, Flores 2017, Lifi 2017.
graphiqueFigure 4 – Classification des zones d’emploi en fonction de la présence des multinationales
Une présence plus contrastée pour d’autres
Les multinationales en Hauts-de-France sont également très présentes dans les zones d’emploi du groupe 2 (55 % des salariés). Dans ces territoires au caractère industriel marqué, les établissements de ces multinationales sont plus souvent spécialisés dans des secteurs en difficulté.
C’est particulièrement vrai dans les zones de Maubeuge, Douai et Valenciennes (respectivement 45 %, 43 % et 42 % des emplois concernés), où l’industrie automobile est très développée. À Beauvais (42 % des emplois), les multinationales appartiennent davantage au secteur de la mécanique agricole, activité particulièrement exposée aux difficultés économiques au cours des dix dernières années.
À Valenciennes, la filière ferroviaire, en expansion (Bombardier, Alstom), atténue les difficultés du secteur automobile. De même, à Compiègne, les activités en difficulté, comme la fabrication de produits en plastique ou en verre ou l’industrie pharmaceutique, en côtoient d’autres plus porteuses comme la parfumerie et la fabrication de produit pour la toilette.
La dépendance vis-à-vis des multinationales étrangères est particulièrement importante à Dunkerque, avec le métallurgiste luxembourgeois ArcelorMittal, et dans une moindre mesure à Valenciennes avec le constructeur automobile japonais Toyota.
Les multinationales sont un peu moins présentes dans les zones d’emploi de la Vallée de la Bresle-Vimeu (partie régionale) et de Saint-Omer (groupe 3) (46 % des emplois). Dans ces territoires, les emplois sont moins souvent tributaires de centres de décision extérieurs avec plus d’un tiers de ces emplois dépendant de multinationales dont le centre de décision est situé dans ces zones d’emploi. Toutefois, leur forte spécialisation dans la sphère productive et les secteurs industriels en décroissance, associée à Saint-Omer à la forte concentration de l’emploi dans quelques établissements de grande taille comme le verrier Arc, contribue à la vulnérabilité économique de ces territoires.
Enfin, les multinationales structurent moins le tissu économique local des zones d’emploi des groupes 4 et 5. Peu présentes, elles sont davantage orientées vers les activités de la sphère présentielle, comme le commerce ou le transport. Les grands établissements y sont en outre peu nombreux. Dans les zones d’emploi du groupe 4 (de Boulogne-sur-Mer à Cambrai, Creil, Soissons), les multinationales sont davantage dépendantes de capitaux étrangers, mais leur part dans l’emploi (44 %) reste proche du niveau observé en France de province. Dans les zones d’emploi du groupe 5 (Abbeville, Château-Thierry, Laon), les multinationales sont encore moins implantées (36 % des emplois) et exercent davantage leur activité dans des secteurs à croissance modérée, comme la construction.
Encadré - Plus de fonctions cognitives dans les multinationales
Dans les Hauts-de-France, comme au niveau national, les emplois cognitifs représentent une part plus importante des emplois dans les multinationales que dans les autres établissements : 8,5 % des emplois, soit 1,6 point de plus que dans l’emploi régional. Toutefois, ces emplois sont moins représentés au sein des multinationales implantées dans la région qu’en France de province (11 %).
Les emplois routiniers, plus facilement délocalisables, sont plus présents au sein des multinationales qu’en général dans la région (37 %, soit 5 points de plus). Près d’un emploi sur deux des multinationales étrangères est routinier.
À l’inverse, les activités plutôt transversales et orientées vers le service à la population, comme la distribution ou les services de proximité, sont moins présentes au sein des multinationales que dans l’ensemble de l’emploi régional (55 %, soit – 7 points). Leur poids est néanmoins plus élevé qu’en France de province (+ 2 points), en lien avec la plus forte présence des multinationales dans la sphère présentielle dans la région.
Pour comprendre
Le champ de l’étude concerne des établissements appartenant à des entreprises :
— dont le chiffre d’affaires sur l’année strictement est positif ;
— hors secteurs agricoles et d’administration publique.
Les effectifs salariés sont calculés en équivalent temps plein (ETP).
Une analyse en composantes principales suivie d’une classification hiérarchique a permis de caractériser les zones d’emploi de la région selon cinq profils, illustrant l’influence des multinationales au sein de ces territoires.
Les variables utilisées pour la classification prennent en compte le niveau d’emploi dépendant d’une multinationale, en fonction de la localisation de son centre de décision (zone d’emploi, France ou étranger), la part d’emplois exercés au sein de la sphère productive et de la croissance des secteurs d’activité.
Sources
La source Fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié (Flores) décrit l’emploi salarié et les rémunérations au niveau des établissements localisés à la commune.
Le système d’information Liaisons Financières (Lifi) décrit les liaisons financières entre sociétés. Il permet d’identifier et de caractériser les groupes de sociétés opérant en France et de déterminer leur contour sur le territoire national.
Définitions
La sphère productive est déterminée par différence et comprend les activités qui produisent des biens majoritairement consommés hors de la zone et des activités de services tournées principalement vers les entreprises.
La sphère présentielle comprend les activités mises en œuvre localement pour la production de biens et de services visant la satisfaction des besoins de personnes présentes, qu’elles soient résidentes ou touristes.
Un secteur d’activité est considéré en croissance forte (respectivement en croissance modérée ou en décroissance) lorsque la valeur ajoutée créée entre 2008 et 2018 a progressé de plus de 10 % sur la période (respectivement a progressé de 0 % à 10 % ou a régressé). Ces évolutions ont été calculées au niveau national, à partir de données issues de la Comptabilité Nationale.
Une firme multinationale est un groupe de sociétés ayant au moins une unité légale en France et une a l’étranger. Elle est considérée comme française si son centre de décision se situe en France et contrôle au moins une filiale a l’étranger. Elle est étrangère si son centre de décision se situe à l’étranger et contrôle au moins une filiale en France.
La dépendance mesure le nombre de salariés travaillant dans des établissements présents dans la zone d’étude (région ou zone d’emploi) qui ont un centre de décision situé en dehors de la zone considérée (en France ou a l’étranger)
Les fonctions cognitives regroupent les fonctions de prestations intellectuelles, de conception-recherche et d’éducation-formation (ingénieurs et cadres d’études, recherche et développement, professeurs et formateurs).
Les fonctions routinières regroupent les fonctions de fabrication (ingénieurs techniciens et ouvriers de fabrication, artisans principalement dans l’industrie ) et gestion (chefs d’entreprises, cadres et employés des services administratifs et techniques)
Pour en savoir plus
« Contrôle et dépendance des entreprises : une économie régionale à la fois influente et dépendante », Insee Analyses Hauts-de-France n° 53, août 2017
« L’internationalisation de l’économie du Grand Est s’intensifie malgré la désindustrialisation », Insee Dossier Grand Est n° 13, février 2020
« Dans l’économie marchande, un salarié sur huit travaille dans une firme sous contrôle étranger », Insee Première n° 1611, juillet 2016
« Ouvrir dans un nouvel ongletLes Hauts-de-France : une région résolument internationale ! », Observatoire régional des entreprises à capitaux étrangers, 2017
« Mesurer et anticiper la vulnérabilité des territoires face aux risques de délocalisation : une analyse à partir de données sectorielles pour la France », Économie et Statistique, n° 497-498, février 2018