Taux de chômage en Occitanie : de fortes disparités entre zones d’emploi à la veille
de la crise
En Occitanie, 9,5 % des personnes actives sont dépourvues d’emploi au quatrième trimestre 2019, avant la crise provoquée par l’épidémie de Covid-19. Cependant, l’analyse infrarégionale du marché du travail révèle de fortes disparités à l’échelle des zones d’emploi. La zone de Toulouse conjugue un taux de chômage proche de la moyenne nationale avec un fort dynamisme de l’emploi. Le littoral méditerranéen, qui bénéficie lui aussi d’un dynamisme soutenu de l’emploi, est marqué par un chômage élevé. À l’inverse, le chômage est peu présent dans les zones rurales du nord et de l’ouest de la région, bien que l’emploi y soit peu dynamique. Fin 2019, le taux de chômage régional reste supérieur à son niveau à la veille de la crise de 2008, malgré une baisse de 2,4 points depuis 2015 grâce à une nette accélération des créations d’emploi.
Au quatrième trimestre 2019, 9,5 % de la population active est au chômage en Occitanie. C’est le deuxième plus fort taux de chômage des régions métropolitaines derrière celui des Hauts-de-France (10,0 %). Au niveau national, 8,1 % des personnes actives sont dépourvues d’emploi.
Parmi les trente zones d’emploi de France métropolitaine qui enregistrent les plus forts taux de chômage fin 2019, onze sont situées en Occitanie. Néanmoins, au sein de la région les disparités territoriales apparaissent très marquées.
tableauFigure 1 – Dynamisme de l’emploi et chômage élevé sur le littoralTaux de chômage 2019 et évolution de l’emploi total entre 2007 et 2017 par zone d’emploi d’Occitanie (en %)
Zone d’emploi 2020 | Taux de chômage T4 2019 | Taux de variation de l’emploi 2011-2017 | Emploi 2017 |
---|---|---|---|
Agde - Pézenas | 15,2 | 3,0 | 24 087 |
Albi | 8,4 | 5,3 | 86 290 |
Alès - Le Vigan | 13,1 | 0,0 | 55 051 |
Auch | 6,3 | 0,5 | 59 485 |
Bagnols-sur-Cèze | 10,4 | -3,3 | 24 851 |
Béziers | 11,8 | 4,5 | 73 943 |
Cahors | 9,0 | -2,7 | 32 329 |
Carcassonne - Limoux | 9,6 | 0,6 | 72 351 |
Castelsarrasin - Moissac | 10,7 | 5,6 | 23 678 |
Castres - Mazamet | 8,0 | 1,1 | 56 502 |
Figeac - Villefranche | 6,9 | 3,6 | 35 008 |
Foix - Pamiers | 9,1 | 2,0 | 47 122 |
Mende | 4,9 | 0,2 | 30 155 |
Millau | 7,8 | 0,0 | 23 846 |
Montauban | 8,7 | 8,7 | 69 952 |
Montpellier | 10,9 | 12,9 | 315 117 |
Narbonne | 12,6 | 7,0 | 52 739 |
Nîmes | 10,9 | 4,9 | 144 748 |
Nord-du-Lot | 7,3 | -3,8 | 19 107 |
Perpignan | 13,1 | 4,6 | 162 313 |
Rodez | 4,9 | 2,7 | 65 334 |
Saint-Gaudens | 7,0 | 1,7 | 40 655 |
Sète | 12,0 | 4,7 | 31 913 |
Tarbes - Lourdes | 8,8 | -4,3 | 91 650 |
Toulouse | 7,9 | 15,8 | 635 450 |
Arles - partie Occitanie | 14,2 | 3,3 | 7 120 |
Avignon - partie Occitanie | 7,5 | 3,3 | 14 463 |
- Sources : Insee, Estimations d’emploi localisées (Estel), taux de chômage localisés
graphiqueFigure 1 – Dynamisme de l’emploi et chômage élevé sur le littoralTaux de chômage 2019 et évolution de l’emploi total entre 2007 et 2017 par zone d’emploi d’Occitanie (en %)

- Note : les axes sont positionnés selon l’évolution 2007-2017 de l’emploi total et le taux de chômage au quatrième trimestre 2019 en France métropolitaine.
- Sources : Insee, Estimations d’emploi localisées (Estel), taux de chômage localisés
À l’aube de la crise sanitaire, un chômage proche de la moyenne nationale dans la zone d’emploi de Toulouse
Dans la zone d’emploi de Toulouse, le taux de chômage s’élève à 7,9 % de la population active fin 2019. Il est proche du taux France métropolitaine (figure 1) malgré le dynamisme économique de la zone et les nombreuses créations d’emploi qui en résultent. L’attractivité résidentielle pèse en effet sur le chômage frictionnel, une partie des nouveaux habitants passant par une période de recherche d’emploi lors de leur installation.
Le dynamisme de la métropole toulousaine se diffuse aux zones d’emploi avoisinantes de Montauban et d’Albi, qui enregistrent des taux de chômage inférieurs à la moyenne régionale et où l’emploi progresse à un rythme soutenu à la veille de la crise sanitaire. C’est aussi le cas, dans une moindre mesure, de la zone de Figeac-Villefranche, proche de Toulouse par son industrie centrée sur l’aéronautique. Depuis 2007, la hausse de l’emploi dans cette zone s’accompagne d’un faible niveau de chômage qui atteint 6,9 % fin 2019.
D’autres zones d’emploi de la région présentent également des taux de chômage modérés fin 2019, en dessous de la moyenne des zones d’emploi françaises. Plus rurales, elles se situent dans le nord (Millau, Nord-du-Lot, Mende, Rodez) et l’ouest de la région (Auch, Saint-Gaudens). Ainsi, avant la crise de 2020, les taux de chômage des zones d’emploi de Mende et Rodez figurent parmi les plus bas de France, en dessous de 5 %. Mais ces faibles taux s’accompagnent d’une évolution de l’emploi peu dynamique, voire négative.
La zone de Castres-Mazamet présente un profil similaire, même si le chômage y est plus élevé. Dans cette zone, 8 % des actifs sont au chômage fin 2019, et l’emploi est peu soutenu.
Des taux de chômage élevés sur le littoral malgré un emploi dynamique
Dans la région, le chômage est davantage présent dans les zones d’emploi qui bordent le littoral méditerranéen (figure 2). C’est le cas des zones de Montpellier et de Nîmes, où 10,9 % de la population active est au chômage au quatrième trimestre 2019. Dans ces territoires, la croissance de l’emploi est pourtant dynamique, mais elle s’avère insuffisante pour absorber le surplus de population active lié à la forte attractivité résidentielle. En conséquence, le chômage y demeure élevé.
C’est aussi le cas dans les zones de Béziers, Sète, Narbonne et Perpignan où le taux de chômage avoisine ou dépasse les 12 % fin 2019. Les zones d’emploi d’Agde-Pézenas (15,2 %) et d’Arles dans sa partie occitane (14,2 %), affichent les taux les plus élevés de la région et de France métropolitaine.
L’emploi est pourtant dynamique dans ces zones touristiques. Mais la saisonnalité du marché de l’emploi offre peu de débouchés en basse saison, ce qui contribue à maintenir le chômage à un niveau élevé.
La zone d’emploi de Castelsarrasin-Moissac est la seule zone d’emploi de la région éloignée du littoral à présenter un profil similaire avec une forte saisonnalité de l’emploi, liée, dans cette zone, aux activités agricoles. Malgré une croissance de l’emploi plus rapide qu’en moyenne nationale, la part des chômeurs demeure importante (10,7 %).
Enfin, d’autres territoires se trouvent dans une situation moins favorable vis-à-vis du marché du travail. Fin 2019, les zones d’emploi d’Alès-Le Vigan et de Bagnols-sur-Cèze cumulent des taux de chômage élevés (respectivement 13,1 % et 10,4 %) et une baisse des emplois. Cette situation caractérise également les zones d’emploi de Carcassonne-Limoux, Foix-Pamiers, Cahors et Tarbes-Lourdes, mais dans une moindre mesure puisque le taux de chômage, avant la crise de 2020, y est contenu autour des 9 %.
tableauFigure 2 – Fin 2019, le chômage en Occitanie reste supérieur à son niveau de 2007Taux de chômage 2007 dans les zones d’emploi d’Occitanie (en %)
Code | Zone d’emploi 2020 | Taux de chômage T4 2007 |
---|---|---|
0052 | Arles | 9,9 |
0053 | Avignon | 8,7 |
0055 | Bollène-Pierrelatte | 9,8 |
0064 | Valréas | 8,8 |
7501 | Agen | 6,8 |
7504 | Bergerac | 7,7 |
7505 | Bordeaux | 7,3 |
7507 | Brive-la-Gaillarde | 5,9 |
7514 | Langon | 6,0 |
7516 | Libourne | 7,0 |
7518 | Marmande | 6,8 |
7519 | Mont-de-Marsan | 5,4 |
7521 | Oloron-Sainte-Marie | 5,1 |
7522 | Pau | 6,4 |
7523 | Périgueux | 6,6 |
7529 | Sarlat-La-Canéda | 7,3 |
7531 | Tulle | 3,7 |
7532 | Villeneuve-sur-Lot | 7,6 |
7601 | Agde - Pézenas | 13,1 |
7602 | Albi | 7,6 |
7603 | Alès - Le Vigan | 11,9 |
7604 | Auch | 5,4 |
7605 | Bagnols-sur-Cèze | 8,7 |
7606 | Béziers | 10,2 |
7607 | Cahors | 7,3 |
7608 | Carcassonne - Limoux | 8,8 |
7609 | Castelsarrasin - Moissac | 8,5 |
7610 | Castres - Mazamet | 8,3 |
7611 | Figeac - Villefranche | 5,9 |
7612 | Foix - Pamiers | 7,8 |
7613 | Mende | 3,8 |
7614 | Millau | 6,4 |
7615 | Montauban | 7,6 |
7616 | Montpellier | 10,1 |
7617 | Narbonne | 10,9 |
7618 | Nîmes | 10,3 |
7619 | Nord-du-Lot | 5,3 |
7620 | Perpignan | 9,9 |
7621 | Rodez | 3,6 |
7622 | Saint-Gaudens | 6,5 |
7623 | Sète | 12,1 |
7624 | Tarbes - Lourdes | 7,7 |
7625 | Toulouse | 7,5 |
8402 | Aubenas | 9,6 |
8403 | Aurillac | 5,1 |
8419 | Le Puy en Velay | 5,9 |
8420 | Les Sources de la Loire | 5,4 |
8422 | Montélimar | 8,8 |
8429 | Saint Flour | 5,1 |
8431 | Valence | 7,1 |
8433 | Vienne-Annonay | 6,7 |
9313 | Martigues-Salon | 8,9 |
9316 | Orange | 8,4 |
- Source : Insee, taux de chômage localisés
graphiqueFigure 2 – Fin 2019, le chômage en Occitanie reste supérieur à son niveau de 2007Taux de chômage 2007 dans les zones d’emploi d’Occitanie (en %)

- Source : Insee, taux de chômage localisés
Entre 2015 et 2019, le chômage diminue dans toutes les zones d’emploi d’Occitanie
Sur longue période, entre 2007 et 2019, la part des chômeurs dans la population active d’Occitanie progresse de 1,0 point. Entre ces deux dates, deux périodes sont à distinguer.
Entre 2007 et 2015, à la suite de la crise financière, le taux de chômage progresse de 3,4 points en Occitanie, soit l’une des plus fortes hausses des régions métropolitaines. Dès 2015, la nette accélération des créations d’emploi permet d’enregistrer une diminution du taux de chômage, de 2,4 points dans la région à la fin 2019.
Sur cette dernière période, le chômage diminue dans la totalité des zones d’emploi de la région. Mais fin 2019, il est encore supérieur à son niveau de 2007 dans la plupart des zones. Seules trois zones d’emploi de la région retrouvent leur niveau de chômage de 2007 : Castres-Mazamet, Sète et Avignon (partie Occitanie).
Pour comprendre
La méthode d’estimation des taux de chômage localisés repose sur l’estimation, d’une part, du chômage au sens du Bureau International du Travail et d’autre part, de l’emploi par zone d’emploi et par département. Le numérateur est obtenu chaque trimestre à partir du nombre de chômeurs au niveau national issu de l’enquête Emploi, ventilé aux différents niveaux géographiques à partir de la structure des demandeurs d’emploi en fin de mois inscrits à Pôle emploi (DEFM). Le dénominateur s’appuie principalement sur les estimations d’emploi localisées, issues des déclarations sociales des entreprises. Le taux de chômage localisé est obtenu en rapportant le nombre de chômeurs à la population active (somme du nombre de chômeurs et de l'emploi) ainsi estimés.
Définitions
Une zone d’emploi est un espace géographique à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent. Le découpage en zones d’emploi constitue une partition du territoire adaptée aux études locales sur le marché du travail. Il sert de référence pour la diffusion des taux de chômage localisés et des estimations d’emploi. Il a été redéfini en septembre 2020.
Pour en savoir plus
« Chômage et demande d’emploi : les territoires occitans inégaux face au choc lié à la crise sanitaire », Insee Analyses Occitanie n° 105, février 2021
« En Occitanie, 27 nouvelles zones d’emploi très diversifiées », Insee Analyses Occitanie n° 96, septembre 2020
« Dans les territoires, des fragilités face au chômage malgré un emploi souvent dynamique », Insee Analyses Occitanie n° 85, novembre 2019
« Un marché du travail dynamique et attractif, mais un chômage qui reste élevé », Insee Analyses Occitanie n° 68, février 2019