Un trimestre de reprise éphémère avant un nouveau confinement de la population Note de conjoncture régionale - 3ᵉ trimestre 2020

Le recul de l’activité économique a été brutal entre mars et mai 2020 : le confinement de la population mis en place pour endiguer l’épidémie de Covid-19 a mis à l’arrêt de larges pans de l’économie. À partir de juin, l’économie s’est redressée sur tout le territoire national, même si certaines activités sont restées durablement touchées (hébergement-restauration, culture, événementiel, trafic aérien, …). Au troisième trimestre, la reprise est franche, avec un niveau d’activité en retrait de 3,2 % par rapport au niveau d’avant-crise, contre - 30 % en avril (figure 1). L’industrie (- 0,9 %), le transport-entreposage (- 0,7 %) et le commerce (- 0,5 %) sont les secteurs les plus durement impactés par la crise sanitaire.

L’embellie globale est néanmoins fragile, car le nouveau confinement fin octobre, même s’il était moins restrictif, a de nouveau percuté l’économie dont le niveau s’établit à - 12 % en novembre. La situation économique est ainsi largement conditionnée par l’évolution de l’épidémie et des mesures prises pour son endiguement. Avec l’arrivée d’un vaccin et malgré la possibilité d’un reconfinement en janvier 2021, l’économie française, et plus largement européenne, devrait bénéficier des différents plans de relance préparés ces derniers mois.

Au troisième trimestre 2020, l’emploi salarié total repart à la hausse en Centre-Val de Loire (+ 1,7 %), après deux trimestres fortement marqués par la crise sanitaire. En France hors Mayotte, la croissance est équivalente (+ 1,6 %). Le nombre de salariés s’établit ainsi à 901 100 dans la région, à un niveau quasiment semblable à celui observé au quatrième trimestre 2015 (figure 2).

Tous les secteurs sont en croissance au troisième trimestre, excepté l’industrie dont la situation continue de se dégrader (- 0,6 %). La progression est principalement portée par le secteur de l’intérim (+ 26 %). Les services marchands hors intérim se redressent (+ 1,5 %), grâce notamment au secteur de l’hébergement et restauration qui rebondit durant la saison estivale (+ 6,1 %), alors qu’il connaissait un repli sans précédent au dernier trimestre (- 8 %). La construction bénéficie également d’un regain, mais plus modéré (+ 0,8 %), après un trimestre de stabilité.

Sur un an, l’emploi salarié reste en retrait, tant au niveau régional que national (- 0,8 %), fortement impacté par les deux premiers trimestres 2020.

Au troisième trimestre 2020, avec 26 % de croissance, les effectifs dans l’emploi intérimaire poursuivent leur remontée en Centre-Val de Loire. Ils s’approchent des niveaux du quatrième trimestre 2016. Au niveau de la France hors Mayotte, la progression est moins élevée : 22,8 % (figure 4).

Cette hausse ne compense cependant pas la forte chute du premier trimestre 2020. L’évolution sur un an reste ainsi très négative, tant au niveau régional que national (respectivement - 8,6 % et - 10,3 %).

Au troisième trimestre 2020, la hausse des emplois salariés est effective dans tous les départements du Centre-Val de Loire et dans tous les secteurs, excepté celui de l’industrie (de - 1,1 point à - 0,3 point).

La plus importante croissance de l’emploi salarié concerne le Loiret (+ 2,4 %), redynamisé par un secteur intérimaire qui continue de rattraper ses pertes (+ 28,5 %) et un important rebond dans le tertiaire non marchand (+ 2,0 %) qui lui permet de dépasser son niveau d’avant-crise.

Malgré le plus fort recul de l’emploi industriel (- 1,1 %), la progression dans le Loir-et-Cher est équivalente à celle de la région (+ 1,7 %), la plupart des secteurs renouant avec leur niveau d’avant-crise. La tendance est la même dans l’Eure-et-Loir, avec une progression légèrement inférieure (+ 1,5 %).

En enregistrant la plus importante hausse de la région (+ 46 %), le secteur de l’intérim permet à l’Indre d’obtenir une croissance de ses emplois salariés de 1,5 %, également alimentée parle secteur tertiaire non marchand (+ 1,6 %), les autres secteurs ne faisant que stabiliser leurs effectifs.

L’Indre-et-Loire, qui subissait le recul le moins important de la région au deuxième trimestre 2020, affiche une évolution plus contenue (+ 1,4 %). La remontée du secteur de l’intérim y est notamment plus modérée (+ 21,6 %), celui-ci ayant déjà fortement rebondi au trimestre dernier.

Enfin, la plus faible progression concerne le Cher (+ 1,3 %), malgré une belle remontée dans l’intérim et le tertiaire marchand hors intérim (respectivement + 34,4 % et + 1,8 %) (figure 5).

Sur l’année, l’évolution de l’emploi reste négative dans tous les départements, particulièrement dans l’Indre (- 2,1 %) et plus modérément dans l’Eure-et-Loir (- 0,2 %).

En baisse continue depuis le troisième trimestre 2019, le taux de chômage régional a connu un niveau historiquement bas au deuxième trimestre 2020 (6,8 %) (avertissement). Cette baisse en « trompe-l’œil » est ainsi suivie au troisième trimestre 2020 d’une hausse importante (+ 1,4 point), pour atteindre 8,2 %. Le taux de chômage retrouve son niveau du quatrième trimestre 2018. Dans le contexte de crise sanitaire et économique, son évolution trimestrielle devrait continuer à être heurtée (reconfinement de l’automne) mais devrait globalement augmenter durant les prochains trimestres.

Au niveau national, la hausse trimestrielle est plus marquée (+ 1,8 point), et le taux de chômage reste supérieur à celui de la région (9,0 %) (figure 6).

Tous les départements sont concernés par cette hausse, allant de + 1,2 à + 1,6 point (figure 7).

Après la forte hausse du deuxième trimestre 2020 (+ 5,3 %), une baisse, probablement temporaire au vu du reconfinement du quatrième trimestre, se réamorce au troisième trimestre 2020 pour les demandeurs d’emploi de catégories A, B et C inscrits à Pôle emploi en Centre-Val de Loire (- 0,5 %). Néanmoins, les effectifs restent élevés, soit 219 200 demandeurs. Cette tendance s’observe dans les mêmes proportions au niveau de la France entière qui enregistrait une augmentation un peu plus élevée au deuxième trimestre (+ 6,5 %) (figure 8). Le repli concerne les jeunes âgés de moins de 25 ans (- 1,9 %), sévèrement touchés le trimestre dernier (+ 12,4 %). La situation des plus de 50 ans se stabilise (+ 0,2 %), tandis que celle de ceux inscrits depuis plus d’un an continue de se dégrader (+ 2,7 %).

Ce troisième trimestre est marqué par une très nette hausse des sorties des listes de Pôle emploi (+ 45,3 %), témoin de la reprise de l’activité économique connue durant l’été. Les entrées, bien qu’en augmentation (+ 7,9 %), redeviennent ainsi inférieures aux sorties.

Pour le deuxième trimestre consécutif, les autorisations de construction de logements, mesurées en données cumulées sur douze mois se replient au troisième trimestre 2020, en Centre-Val de Loire (- 4,5 %), mais de façon plus modérée qu’au deuxième trimestre 2020. En France hors Mayotte, la baisse est légèrement inférieure (- 3,4 %).

En retrait durant les deux premiers trimestres 2020, les logements commencés amorcent une relance au niveau de la région (+ 6,0 %) et plus timidement au niveau national (+ 1,0 %). Ce trimestre, la progression provient uniquement des logements collectifs avec 17 % de rebond, tandis que les logements individuels stagnent (figure 9).

Comparé à la même période un an auparavant, le volume des mises en chantier est en nette hausse en Centre-Val de Loire (+ 7,5 %) et recule en France hors Mayotte (- 5,9 %).

En chute durant les deux premiers trimestres 2020, du fait de l’arrêt de la plupart des activités économiques mais également de la fermeture des centres de formalité des entreprises, les créations d’entreprises se relancent très fortement au troisième trimestre 2020 (+ 51,9 %). Leur nombre s’élève à 6 280, soit une hausse de 2 140 unités. Ce trimestre compense ainsi le retard accumulé depuis le début de l’année 2020. Au niveau de la France entière, la progression est légèrement inférieure (+ 48,9 %) (figure 10).

Tous les secteurs sont concernés par cet important rebond. L’industrie et la construction, plus particulièrement impactées par la crise sanitaire durant le premier semestre, enregistrent respectivement + 62 % et + 46,8 %. Le secteur commerce, transports, hébergement et restauration qui a subi l’inflexion la moins forte connaît la hausse la plus importante ce trimestre : + 68,7 %. Les services progressent plus faiblement (+ 42,4 %).

Sur un an, la croissance redevient nettement positive, tant au niveau de la région (+ 18 %) qu’au niveau national (+ 20 %).

Ce trimestre encore, les défaillances d’entreprises sont à la baisse, tant au niveau régional que national (respectivement - 14 % et - 9,8 %) (figure 11). Sous l’effet des mesures de soutien aux entreprises en difficulté qui reportent les mises en faillites pour certaines, les conséquences de la crise sanitaire sur la santé des entreprises ne se font pas encore sentir au troisième trimestre 2020. Cette situation devrait encore se prolonger au quatrième trimestre 2020, avec le second confinement.

L’activité touristique en Centre-Val de Loire, à l’arrêt durant le premier confinement, a rapidement redémarré avec la réouverture des établissements d’hébergement au début de l’été. Mais la fréquentation hôtelière du troisième trimestre 2020 reste cependant affectée par la situation sanitaire. Avec 1,7 million de nuitées, la région enregistre une baisse de 20 % au troisième trimestre 2020, au regard de la même période l’année précédente. Sur le trimestre, c’est surtout le mois de septembre qui est impacté (- 27,5 %). Ce recul est toutefois d’une moindre ampleur qu’au niveau de la France entière, dont la fréquentation hôtelière enregistre un tiers de nuitées en moins.

La baisse régionale est largement imputable à la clientèle venant de l’étranger avec un recul de 56 %, celle résidant en France diminuant de 5,2 %. Ainsi, si trois nuitées sur dix concernaient des résidents étrangers en 2019, c’est deux nuitées sur dix en 2020.