La centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire emploie 880 salariés et fait vivre 6 000 personnes

Avec les sites de Belleville, Chinon, Dampierre et Saint Laurent, la région Centre-Val de Loire accueille quatre Centres Nucléaires de Production d’Électricité (CNPE). Douze réacteurs fournissent 20,7 % de l’électricité d’origine nucléaire produite en France, plaçant le Centre-Val de Loire juste derrière Auvergne-Rhône-Alpes (22,1 %) et Grand-Est (21,3 %). Le CNPE de Belleville est composé de deux réacteurs. Il est le 2^e établissement industriel du département du Cher et le 12^e du Centre-Val de Loire.

En 2018, le CNPE de Belleville emploie 880 salariés (figure 1), en majorité (61 %) des professions intermédiaires (techniciens d’exploitation, chargés d’affaires et de projets, etc), et des cadres (34 %). Les métiers sont à dominante technique, caractéristiques du secteur d’activité, comme des ingénieurs et des techniciens de la production et distribution d’énergie ou des techniciens d’exploitation et de maintenance.

Le site apporte à l'économie locale des emplois stables et des salariés plus jeunes que les autres actifs : les contrats des employés du CNPE sont presque exclusivement à durée indéterminée et ces derniers sont moins âgés que les actifs occupés habitants le territoire d’inscription du CNPE. Un salarié sur cinq a moins de 30 ans ce qui illustre une politique de recherche de stabilité et d’anticipation. 78 % des salariés vivent en couple, soit sept points de plus que dans le territoire d’inscription. La moitié d'entre eux a au moins un enfant à charge (pour un total de 800 enfants). Un tiers des salariés occupent un logement mis à disposition par EDF ou une de ses filiales. Les salariés du CNPE sont moins souvent propriétaires de leur logement (59 %) que les actifs occupés au sein du territoire d’inscription du CNPE (70 %).

Les commandes passées par la centrale à des fournisseurs et sous-traitants génèrent 700 emplois indirects répartis dans 900 établissements. Le caractère non permanent de certaines opérations explique ce recours à la sous-traitance. Les activités des prestataires concernent le soutien et la logistique (18 % des emplois indirects), la réparation et installation de machines et d’équipements (17 %) et les travaux de construction spécialisés (12 %).

De surcroît, la consommation de produits et de services de la part des salariés directs, indirects et de leurs familles génère 670 autres emplois à proximité de leur domicile : un cinquième de ces emplois correspond aux écoles, 12 % aux activités hospitalières et 11 % aux commerces de détail.

La région Centre-Val de Loire regroupe la moitié des emplois indirects générés par les commandes passées par le CNPE et la consommation des familles des salariés directs et indirects permet de créer 400 emplois induits dans la région. 3 620 personnes dépendent du CNPE de Belleville en Centre-Val de Loire. Au total, près de 6 000 personnes sont impactées directement, indirectement ou de façon induite par la présence du CNPE.

les 2 250 emplois liés au CNPE de Belleville-sur-Loire se trouvent principalement dans une zone de 29 communes situées autour de lui (figure 2). Ce territoire se trouve de part et d’autre de la Loire aux confins des régions Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté, et de quatre départements : le Cher, le Loiret, la Nièvre et l’Yonne. Cosne-Cours-sur-Loire (Bourgogne-Franche-Comté) est la commune la plus impactée par l'activité du CNPE, avec 200 emplois directs, indirects ou induits, soit 6 % de sa population active occupée. Suivent Belleville-sur-Loire et Châtillon-sur-Loire (Centre-Val de Loire) avec respectivement 110 et 90 résidents. Un quart des actifs occupés de Belleville-sur-Loire est dépendant économiquement du CNPE, part la plus élevée parmi les communes du territoire d’inscription.

Parmi les 53 000 habitants de la zone, 3 000 sont concernés par les emplois de la centrale. Les trois quarts des habitants de la communauté de communes de Berry Loire Puisaye font partie du périmètre, tout comme le tiers de ceux de la communauté de communes de Pays Fort-Sancerrois-Val de Loire qui accueille le CNPE. Gien (Centre-Val de Loire) et Cosne-Cours-sur-Loire (Bourgogne-Franche-Comté), aux extrémités nord et sud de la zone, comptent respectivement 14 000 et 10 000 habitants en 2016. Situées le long de la Loire, reliées entre elles par des routes départementales, l’autoroute A77 (entre Cosne-Cours-sur-Loire et Briare) et une ligne ferroviaire, elles fonctionnent en pôle d’attraction pour les habitants du territoire. Gien accueille chaque jour 450 personnes venant de Briare et 350 venant de Châtillon-sur-Loire. Pour Cosne-Cours-sur-Loire, 230 personnes viennent de Saint-Père et 190 de Boulleret. Ces deux communes perdent cependant des habitants plus rapidement que l’ensemble du territoire entre 2006 et 2016 (- 0,4 %). Les échanges avec l’extérieur de la zone sont particulièrement négatifs avec Dampierre-en-Burly (où est localisé un autre CNPE) et Sancerre. Les flux vers ces deux communes dépassent respectivement de 400 et 300 personnes le nombre de travailleurs faisant le chemin inverse.

Parmi les secteurs d’activité spécifiques, dans le territoire d’inscription du CNPE de Belleville, celui du travail du bois, des industries du papier et imprimerie est prépondérant, regroupant en proportion quatre fois plus d’emplois que dans le Centre-Val de Loire. C’est aussi le cas de la production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné, en grande partie grâce au CNPE. La fabrication de machines et équipements est également une spécificité du territoire. Un autre CNPE, Dampierre, est situé à une quarantaine de kilomètres de Belleville. Les territoires d’inscription des deux CNPE se trouvent donc très proches, entraînant des synergies entre les deux structures.

La population du territoire d’inscription du CNPE de Belleville a progressé de manière constante et soutenue entre 1962 et 1990, + 0,9 % par an en moyenne, pour atteindre 53 000 habitants (figure 3). Depuis, elle baisse à un rythme annuel moyen de - 0,2 %, sous l'effet du vieillissement de la population et de la dégradation du solde naturel (moins de naissance et plus de décès) et du solde migratoire (plus de départ que d'arrivées). La population locale vieillit. Les moins de 20 ans représentent 21,6 % de la population (23,9 % dans la région), les 65 ans ou plus 26,4 % de la population du territoire (21,4 % pour la région).

Dans un territoire plutôt rural qui peine à renouveler sa population active, le CNPE et le secteur de la production d'électricité attirent des salariés : 6,8 % des salariés présents en 2016 au sein du territoire d’inscription n’y habitaient pas en 2015 et 6,6 % présents en 2015 ont quitté le territoire en 2016. Le bilan migratoire est positif et le plus élevé de tous les secteurs industriels du territoire (arrivées + 4,4 %, départs + 4,8 %).

Le CNPE de Belleville est le premier employeur du territoire d’inscription qui offre au total 22 000 emplois. Depuis 2006, ce nombre a reculé chaque année de - 0,7 % (- 0,3 % pour la région Centre-Val de Loire) (figure 4). Cette évolution résulte de deux phénomènes opposés : les emplois productifs diminuent tandis que les emplois présentiels sont en hausse. En dépit de cette baisse, le territoire présente une part d’emplois productifs élevée, en partie liée à la présence du CNPE. Au sein du territoire d’inscription, le taux de chômage dépasse de 3 points le niveau régional. Il était déjà à un niveau supérieur dix ans plus tôt (2 points en 2006) mais l’écart s’est accentué au cours de la crise de 2007-2008.

Les emplois indirects créés par les commandes passées par le CNPE de Belleville se situent bien au-delà du territoire d’inscription (figure 5) : celui-ci n’en contient qu’un cinquième. En dehors, un tiers des emplois indirects sont localisés au sein de la région Centre-Val de Loire. Ils se trouvent notamment autour du CNPE de Dampierre, situé à 40 km, et de celui de Chinon dans le sud-ouest de la région. Près de 900 sous-traitants travaillent pour plusieurs CNPE de la région et la proximité de Dampierre-en-Burly et de Belleville-sur-Loire a favorisé l’implantation d’établissements entre ces deux communes. Enfin, 16 % des emplois indirects sont générés en Île-de-France, le reste étant réparti sur l’ensemble du territoire de France métropolitaine.