Des créateurs plutôt âgés et diplômés, mais peu expérimentés Les créateurs d’entreprises à Mayotte en 2018

Depuis la départementalisation en 2011, de nombreuses entreprises se créent à Mayotte. Cet essor fait face néanmoins à des à-coups : plusieurs mouvements sociaux, notamment en février-mars 2018. Le cap des 1 000 entreprises créées sur une année a ainsi été franchi pour la première fois en 2019. Les trois quarts sont des entreprises individuelles « classiques » et les autres des sociétés. Le statut de micro-entrepreneur n’existe que depuis mai 2020 à Mayotte.

Au premier semestre 2018, 37 % des créateurs d’entreprises sont des femmes contre 29 % au niveau national.

Un créateur sur dix est de nationalité étrangère, avec une répartition égale entre femmes et hommes : c’est certes dans la moyenne nationale, mais peu au regard de la proportion d’étrangers à Mayotte. Les personnes de nationalité étrangère créent plus fréquemment une entreprise dans l’informel, surtout lorsqu’elles sont en situation irrégulière.

À Mayotte, 30 % des créateurs d’entreprises n’ont aucune expérience dans le secteur d’activité de leur entreprise. Bien que plus âgés qu’ailleurs (figure 1), c’est deux fois plus que la moyenne nationale. Les créateurs d’entreprises étaient plus souvent sans activité professionnelle avant de créer leur entreprise (4 sur 10 à Mayotte contre 3 sur 10 ailleurs – figure 2). La rareté de l’emploi à Mayotte constitue une incitation forte à se mettre à son compte pour créer son emploi.

Les créateurs sont en moyenne moins diplômés qu’au niveau national. Leur niveau de diplôme est par contre nettement plus élevé que celui de la population : 77 % ont au moins un CAP ou BEP (45 % dans la population de Mayotte née en France - figure 3). Toutefois, leur niveau de formation est proche de celui des créateurs d’entreprises réunionnais.

Lorsqu’ils créent une entreprise, les entrepreneurs engagent autant des moyens financiers qu’ailleurs en France (figure 4). Pourtant, ils font moins souvent appel à une source de financement extérieure et sont deux fois moins nombreux à bénéficier d’aides publiques (un sur cinq). Ils ont en outre plus souvent dû monter leur projet seul, sans appui de la part d’un professionnel du domaine (11 % ont bénéficié d’un appui contre 33 % en moyenne nationale).

À Mayotte, les créateurs d’entreprise signalent avoir rencontré plus de difficultés qu’ailleurs pour obtenir des financements (la moitié d’entre eux), pour trouver un local commercial et pour fixer le prix des produits et services. En revanche, ils sont moins nombreux à déclarer avoir rencontré des difficultés administratives et pour établir le contact avec la clientèle.

Les nouvelles entreprises embauchent plus rarement des salariés au cours des premiers mois de leur activité : 10 %, contre 27 % en moyenne nationale. Toutefois, les chefs de ces entreprises sont plus nombreux qu’ailleurs à déclarer avoir créé leur entreprise dans le but de développer leur entreprise en termes d'emploi. Ils sont aussi plus optimistes sur leurs perspectives de développement (50 % contre 43 % en moyenne nationale).

Les entreprises nouvellement créées à Mayotte font nettement moins appel à des services extérieurs payants que la moyenne nationale, notamment à des services de comptabilité (54 % contre 82 %). Les créateurs d’entreprises ont moins recours à internet dans le cadre de leur activité (7 sur 10 contre 9 sur 10 en moyenne nationale), ainsi qu’aux réseaux sociaux. Ceci peut constituer un frein à leur développement et pérennité.