Insee Flash Auvergne-Rhône-AlpesLa féminisation des conseils municipaux se poursuit, les inégalités persistent

Jean Geymond, Corinne Pollet (Insee)

À l’issue des élections municipales de 2020, près de 62 000 candidats ont été élus conseillers municipaux en Auvergne-Rhône-Alpes. Les 4 030 communes de la région existant au 1er janvier 2020 rassemblent 12,3 % de l’ensemble des élus municipaux de France métropolitaine, soit autant que le poids démographique de la région. La part des femmes parmi eux continue de croître, notamment aux postes à responsabilité.

Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes
No 79
Paru le :Paru le06/10/2020
Jean Geymond, Corinne Pollet (Insee)
Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes No 79- Octobre 2020

Au soir du second tour des élections municipales de 2014, la part des femmes parmi les élus était de 41,9 % en Auvergne-Rhône-Alpes, soit 1,7 point de plus que la moyenne nationale. En septembre 2020, comme pour l’ensemble des régions métropolitaines, cette part progresse, s’établissant à 43,9 %, tout en conservant une avance de 1,6 point sur la moyenne française.

Une féminisation croissante sur l’ensemble du territoire

Pour neuf des douze départements de la région, le taux de féminisation des conseils municipaux est supérieur à la moyenne nationale (42,3 %). Il est compris entre 42,6 % pour la Drôme et 47,1 % pour , 11e département métropolitain aux conseils municipaux les plus féminisés. Seuls le Puy-de-Dôme, la Haute-Loire et le Cantal n’atteignent pas la moyenne nationale. Cela s’explique notamment par le mode de scrutin, lui-même dépendant du nombre d’habitants.

En effet, pour les communes de 1 000 habitants ou plus, l’élection se fait au scrutin proportionnel de liste. L’alternance femmes-hommes sur les listes candidates est imposée par la loi. Pour les communes de moins de 1 000 habitants en revanche, l’élection se fait au scrutin majoritaire plurinominal avec panachage. La parité n’étant pas imposée, ces communes sont les seules susceptibles de traduire une évolution de la féminisation des conseils municipaux.

Les communes de 1 000 habitants ou plus représentent plus du tiers de l’ensemble des communes de la région, et plus du quart des communes de France métropolitaine. Du fait de leur obligation de parité, plus leur part est importante au sein d’un territoire, plus les conseils municipaux seront féminisés. Ainsi, la forte présence de femmes parmi les élus municipaux du Rhône tient au fait que les deux tiers des communes de ce département comptent 1 000 habitants ou plus. Les conseils municipaux ayant théoriquement un nombre impair d’élus, et le nombre de sièges attribués à chaque liste à l’issue du scrutin pouvant être impair, la stricte parité ne peut être atteinte, si bien que dans plus de sept cas sur dix, ces conseils municipaux comptent un homme de plus.

En Auvergne-Rhône-Alpes, dans les communes de moins de 1 000 habitants, 39,1 % des élus municipaux sont des femmes, soit un peu plus que la moyenne nationale (37,6 %). Cela marque une progression de presque 3 points depuis les élections municipales de 2014, évolution équivalente au niveau national. Ce taux est en augmentation dans l’ensemble des départements de la région (figure 1), avec des variations allant de + 1,7 point dans l’Ain à + 4,6 points en Haute-Savoie. Ces communes sont majoritaires dans toutes les régions métropolitaines, à l’exception de la Bretagne, de l’Île-de-France et des Pays de la Loire.

Figure 1Une progression vers la paritéPart des femmes dans les conseils municipaux des communes de moins de 1 000 habitants, par département

en %
Une progression vers la parité (en %)
Département En 2014 En 2020
Femmes Hommes Femmes Hommes
Ain 38,6 61,4 40,4 59,6
Allier 37,8 62,2 41,1 58,9
Ardèche 37,8 62,2 41,4 58,6
Cantal 30,2 69,8 34,2 65,8
Drôme 35,8 64,2 37,7 62,3
Isère 36,9 63,1 39,6 60,4
Loire 37,6 62,4 40,8 59,2
Haute-Loire 32,3 67,7 35,4 64,6
Puy-de-Dôme 36,6 63,4 38,7 61,3
Rhône 38,4 61,6 42,0 58,0
Savoie 35,8 64,2 38,8 61,2
Haute-Savoie 35,8 64,2 40,4 59,6
Auvergne-Rhône-Alpes 36,2 63,8 39,1 60,9
  • Source : Ministère de l’Intérieur, Répertoire national des élus au 1ᵉʳ septembre 2020

Figure 1Une progression vers la paritéPart des femmes dans les conseils municipaux des communes de moins de 1 000 habitants, par département

  • Source : Ministère de l’Intérieur, Répertoire national des élus au 1ᵉʳ septembre 2020

Des mairesses plus nombreuses, mais des postes élevés encore difficiles d’accès

En sus des élus municipaux, les fauteuils de maires se féminisent également. De 16,6 % en 2014, la part des maires femmes dans la région passe à 21,2 % en 2020. Auvergne-Rhône-Alpes atteint ainsi la 4e place des régions françaises avec le plus de maires femmes. L’évolution est plus élevée qu’au niveau national, où ce taux passe de 16,1 % à 19,8 %. Il atteint 24,6 % en Haute-Savoie, faisant de ce département le 5e avec le plus de maires femmes en France métropolitaine (hors Paris). D’autres départements de la région se démarquent, le Rhône, l’Ardèche et la Drôme étant respectivement 8e, 10e et 12e de ce classement (figure 2).

Figure 2Des sièges de maires de plus en plus occupés par des femmesÉvolution de la part des femmes parmi les maires entre 2014 et 2020, par département

Des sièges de maires de plus en plus occupés par des femmes
Département Libellé Évolution part des femmes maires entre 2014 et 2020
01 Ain 4,4
02 Aisne 3,2
03 Allier 4,9
04 Alpes-de-Haute-Provence 5,6
05 Hautes-Alpes -0,6
06 Alpes-Maritimes 0,6
07 Ardèche 7,7
08 Ardennes 4,1
09 Ariège 4,1
10 Aube 0,7
11 Aude 2,4
12 Aveyron 6,0
13 Bouches-du-Rhône 5,9
14 Calvados 1,9
15 Cantal 6,8
16 Charente 6,3
17 Charente-Maritime 5,3
18 Cher 5,4
19 Corrèze 2,7
21 Côte-d'Or 3,9
22 Côtes-d'Armor 4,9
23 Creuse 1,2
24 Dordogne 5,0
25 Doubs 1,7
26 Drôme 4,9
27 Eure 4,3
28 Eure-et-Loir 3,6
29 Finistère 4,3
2A Corse-du-Sud 0,7
2B Haute-Corse 0,7
30 Gard 4,1
31 Haute-Garonne 2,5
32 Gers 2,3
33 Gironde 5,3
34 Hérault 3,3
35 Ille-et-Vilaine 6,0
36 Indre 6,8
37 Indre-et-Loire 1,5
38 Isère 4,1
39 Jura 2,4
40 Landes 6,3
41 Loir-et-Cher 3,9
42 Loire 0,1
43 Haute-Loire 2,1
44 Loire-Atlantique 3,5
45 Loiret 4,8
46 Lot 5,0
47 Lot-et-Garonne 6,5
48 Lozère 2,0
49 Maine-et-Loire 4,9
50 Manche 3,5
51 Marne 2,4
52 Haute-Marne 4,4
53 Mayenne -2,7
54 Meurthe-et-Moselle 2,5
55 Meuse 3,7
56 Morbihan 3,2
57 Moselle 4,2
58 Nièvre 0,5
59 Nord 2,4
60 Oise 4,9
61 Orne 4,9
62 Pas-de-Calais 3,3
63 Puy-de-Dôme 3,0
64 Pyrénées-Atlantiques 4,9
65 Hautes-Pyrénées 5,2
66 Pyrénées-Orientales 4,1
67 Bas-Rhin 5,8
68 Haut-Rhin 6,0
69 Rhône 7,0
70 Haute-Saône 1,5
71 Saône-et-Loire 2,6
72 Sarthe 5,1
73 Savoie 3,2
74 Haute-Savoie 9,7
75 Paris 0,0
76 Seine-Maritime 3,5
77 Seine-et-Marne 4,2
78 Yvelines 3,7
79 Deux-Sèvres 7,4
80 Somme 4,8
81 Tarn 2,0
82 Tarn-et-Garonne 2,2
83 Var -0,6
84 Vaucluse 9,3
85 Vendée 10,1
86 Vienne 0,0
87 Haute-Vienne 0,9
88 Vosges 2,7
89 Yonne 4,6
90 Territoire de Belfort 10,0
91 Essonne 3,7
92 Hauts-de-Seine 9,8
93 Seine-Saint-Denis 3,2
94 Val-de-Marne 1,7
95 Val-d'Oise 1,9
  • Certaines communes ne sont pas prises en compte par défaut de transmission de données.
  • Source : Ministère de l’Intérieur, Répertoire national des élus au 1ᵉʳ septembre 2020

Figure 2Des sièges de maires de plus en plus occupés par des femmesÉvolution de la part des femmes parmi les maires entre 2014 et 2020, par département

  • Certaines communes ne sont pas prises en compte par défaut de transmission de données.
  • Source : Ministère de l’Intérieur, Répertoire national des élus au 1ᵉʳ septembre 2020

Si les communes de 1 000 habitants ou plus ont, par contrainte légale, une part plus importante de femmes au sein de leurs conseils municipaux, leurs maires sont en revanche plus souvent des hommes. Dans la région, seuls 19,3 % des maires de ces communes sont des femmes, contre 22,4 % pour les communes de moins de 1 000 habitants. De manière générale, plus les communes ont une population importante, plus la part de femmes parmi les maires est faible (figure 3).

Figure 3Des mairesses moins présentes dans les grandes communesPart des femmes parmi les maires en fonction de la population des communes

Des mairesses moins présentes dans les grandes communes
Population Auvergne-Rhône-Alpes France métropolitaine
Nombre de communes Part des maires (en %) Nombre de communes Part des maires (en %)
Femmes Hommes Femmes Hommes
100 000 habitants ou plus 6 0,0 100,0 39 23,1 76,9
Entre 50 000 et 99 999 habitants 3 33,3 66,7 76 17,1 82,9
Entre 10 000 et 49 999 habitants 92 13,0 87,0 800 17,3 82,8
Entre 3 501 et 9 999 habitants 301 19,6 80,4 2 064 17,5 82,5
Entre 1 000 et 3 500 habitants 1 055 19,8 80,2 6 724 19,4 80,6
Moins de 1 000 habitants 2 550 22,4 77,6 24 878 20,2 79,8
Ensemble* 4 007 21,2 78,8 34 581 19,8 80,2
  • * Certaines communes ne sont pas prises en compte par défaut de transmission de données.
  • Source :Ministère de l’Intérieur, Répertoire national des élus au 1ᵉʳ septembre 2020

1 000 élus municipaux en moins dans la région

Le nombre d’élus dans la région est en diminution depuis les dernières élections. Toutes évolutions comprises, ce sont environ 1 000 sièges de conseillers municipaux qui ont disparu, dont 154 maires, soit une baisse de 1,6 %, moins importante qu’à l’échelle métropolitaine (− 2,8 %).

Dans la plupart des cas, la baisse du nombre d’élus municipaux est le résultat de fusions de communes. Entre 2014 et 2020, 252 communes d’Auvergne-Rhône-Alpes ont fusionné pour former 96 communes nouvelles, ce qui aurait dû entraîner la disparition de plus de 1 700 sièges d’élus. Toutefois, afin de permettre une période d’adaptation, cette baisse a été modérée par de nouvelles dispositions électorales datées de 2019. Elles prévoient, pour ces communes nouvelles, une majoration temporaire du nombre d’élus au seuil immédiatement supérieur, ainsi qu’un seuil plancher égal au tiers de la somme des élus municipaux des communes fusionnées. Cela réduit le nombre de sièges supprimés à un peu plus de 1 350. Par ailleurs, 52 communes ont moins d’élus du fait de la baisse de leur population, pour un total d’environ 200 sièges municipaux disparus. Enfin, au 1er septembre 2020, près de 250 sièges étaient vacants.

À l’inverse, d’autres communes ont eu un nombre plus important d’élus, du fait d’un plus grand nombre d’habitants : 217 communes de la région ont atteint un seuil de population supérieur, ouvrant ainsi droit à plus de 800 sièges supplémentaires.

Sources

Le Répertoire National des Élus (RNE) a pour finalité le suivi des titulaires d’un mandat électoral. Il est renseigné et tenu à jour par les préfectures et par les services du ministère de l’Intérieur, notamment sur la base des éléments fournis par les élus lors de la phase d’enregistrement des candidatures.

Définitions

Depuis l’entrée en vigueur de la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (loi Maptam), l’appellation « département du Rhône » recouvre deux acceptions. Au sens strict, il s’agit du seul territoire de compétence du conseil départemental du Rhône. Au sens large, cela fait référence à la circonscription départementale du Rhône, administration d’État placée sous l’autorité du préfet du Rhône regroupant les territoires du conseil départemental du Rhône et de la Métropole de Lyon. C’est ce dernier sens qui est ici utilisé.

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