Insee Flash Auvergne-Rhône-AlpesPopulations municipales : quels changements pour les communes en vue des élections ?

Hélène Decorme, Aude Lécroart (Insee)

La population en vigueur au 1er janvier 2020 sert de référence pour les prochaines élections municipales qui se tiendront en mars. C’est ce chiffre qui détermine le mode de scrutin ou le nombre d’élus. Il est ainsi très attendu par certaines communes proches des différents seuils. Autre changement législatif édicté par la réforme de 2013, la parité est désormais imposée aux élus des communes de plus de 1 000 habitants. Celle-ci est quasiment respectée puisque, dans la région, 48 % des conseillers municipaux de ces communes sont des femmes.

Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes
No 68
Paru le :Paru le09/01/2020
Hélène Decorme, Aude Lécroart (Insee)
Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes No 68- Janvier 2020

Les élections municipales se dérouleront les 15 et 22 mars 2020. Celles-ci permettent de désigner les membres du conseil municipal de chaque commune, qui éliront ensuite le maire et ses adjoints. L’élection des conseillers municipaux a lieu au suffrage universel direct. L’organisation du scrutin varie en fonction de la taille de la commune. En effet, dans les communes de moins de 1 000 habitants, il s’agit d’un scrutin majoritaire plurinominal avec panachage. Les électeurs peuvent modifier les listes pour ajouter ou supprimer des candidats, les suffrages étant décomptés individuellement par candidat et non par liste. En revanche, pour les communes de plus de 1 000 habitants, les conseillers municipaux sont élus au scrutin proportionnel de liste avec prime majoritaire. Les listes sont non modifiables.

Un changement de mode de scrutin pour une petite centaine de communes

Avant la réforme de 2013, le scrutin proportionnel de liste ne concernait que les communes de plus de 3 500 habitants. La réforme avait notamment pour objet d’imposer le respect des règles de parité entre hommes et femmes. Entre 2011 et 2017, années des populations légales de référence pour les élections de 2014 et 2020 (sources), parmi les 4 030 communes que compte la région, 96 changent de mode de scrutin (soit 2,4 %). En 2017, 85 communes qui comptaient moins de 1 000 habitants en 2011 franchissent ce seuil (figure 1). Elles sont principalement situées en Haute-Savoie, en Isère et dans l’Ain, où la croissance de population est forte. À l’inverse, 11 communes de 1 000 habitants ou plus en 2011 passent en dessous de ce seuil en 2017. Parmi celles-ci, sept se situent dans l’ex-Auvergne, où la dynamique démographique est plus faible.

Figure 1Davantage de communes dépassant le seuil de 1 000 habitants à l’est de la régionNombre de communes qui franchissent un seuil de population modifiant le mode de scrutin

Davantage de communes dépassant le seuil de 1 000 habitants à l’est de la région
Code commune Commune Population 2011 Population 2017
Passent au-dessus de 1 000 habitants en 2017 01047 Blyes 907 1007
01064 Briord 902 1016
01073 Ceyzérieu 954 1007
01096 Chaveyriat 943 1008
01098 Chazey-Bons 950 1112
01149 Douvres 983 1041
01158 Farges 901 1038
01170 Béard-Géovreissiat 950 1051
01235 Marlieux 931 1112
01264 Montracol 970 1040
01366 Sainte-Julie 912 1017
01390 Saint-Vulbas 954 1286
01423 Toussieux 783 1091
01454 Virignin 882 1097
03055 Chapelaude 977 1007
07007 Alboussière 971 1004
07084 Eclassan 957 1025
07198 Rompon 989 1083
07348 Vogüé 940 1087
26023 Barbières 898 1059
26031 Bâtie-Rolland 910 1029
26106 Coucourde 993 1071
26174 Margès 941 1159
26183 Mirabel-et-Blacons 885 1095
26210 Valherbasse 975 1010
26273 Rochefort-Samson 964 1007
26305 Saint-Gervais-sur-Roubion 854 1035
38002 Adrets 914 1006
38003 Agnin 996 1106
38011 Anthon 993 1061
38026 Balme-les-Grottes 921 1060
38042 Bévenais 933 1008
38161 Faramans 963 1038
38180 Gillonnay 977 1012
38231 Meyrieu-les-Étangs 878 1015
38246 Montagnieu 930 1084
38287 Oyeu 917 1006
38331 Réaumont 980 1021
38351 Saint-Agnin-sur-Bion 874 1043
38478 Séchilienne 954 1052
38481 Sérézin-de-la-Tour 895 1057
38546 Vignieu 949 1015
42042 Chambles 972 1000
42108 Hôpital-le-Grand 968 1054
42172 Planfoy 939 1039
42174 Poncins 926 1097
42214 Saint-Cyr-les-Vignes 927 1042
42219 Saint-Étienne-le-Molard 981 1019
42264 Saint-Médard-en-Forez 976 1040
42322 Valla-en-Gier 956 1042
42324 Veauchette 991 1180
42331 Villemontais 977 1017
43021 Beaulieu 948 1029
43058 Chapelle-d'Aurec 914 1019
43230 Saint-Vincent 971 1012
63052 Breuil-sur-Couze 988 1046
63093 Charbonnières-les-Vieilles 995 1075
63201 Luzillat 991 1131
63204 Malintrat 953 1132
69051 Chaussan 966 1116
69106 Lachassagne 914 1118
69108 Lancié 852 1021
69173 Sarcey 917 1002
69218 Saint-Lager 946 1040
73017 Apremont 969 1013
73188 Notre-Dame-des-Millières 939 1031
73263 Saint-Offenge 951 1104
73282 Saint-Thibaud-de-Couz 975 1060
74003 Alex 993 1072
74044 Bossey 765 1018
74048 Brenthonne 927 1037
74052 Cernex 919 1010
74057 Champanges 863 1015
74077 Clarafond-Arcine 910 1033
74088 Copponex 901 1154
74139 Habère-Lullin 845 1010
74147 Lathuile 973 1016
74158 Machilly 966 1086
74162 Marcellaz 819 1018
74168 Marlioz 715 1012
74177 Menthonnex-en-Bornes 969 1076
74184 Minzier 890 1023
74253 Saint-Sixt 893 1021
74283 Thusy 927 1101
74314 Vulbens 997 1588
Passent en-dessous de 1 000 habitants en 2017 01236 Marsonnas 1020 991
01396 Sault-Brénaz 1040 953
03003 Ainay-le-Château 1036 994
03235 Saint-Gérand-le-Puy 1005 993
15054 Condat 1011 995
38230 Meyrié 1036 995
43038 Bournoncle-Saint-Pierre 1007 991
43096 Fontannes 1057 952
63233 Montaigut 1027 987
63471 Youx 1005 915
74089 Cordon 1006 973
  • Sources : Insee, Recensements de la population 2011 et 2017

Figure 1Davantage de communes dépassant le seuil de 1 000 habitants à l’est de la régionNombre de communes qui franchissent un seuil de population modifiant le mode de scrutin

  • Sources : Insee, Recensements de la population 2011 et 2017

En particulier, entre 2016 et 2017, 16 communes franchissent, dans un sens ou dans l’autre, le seuil de 1 000 habitants (figure 2) : 11 à la hausse, surtout en Haute-Savoie et dans l’Ain, et 5 à la baisse, notamment dans l’Allier. Pour ces communes, ce franchissement de seuil modifiera le mode de scrutin. Le nombre d’élus de chacune d’elles restera en revanche identique (15 élus pour les communes entre 500 et 1 500 habitants).

Figure 2Plus de communes changeant de seuil à la hausse qu’à la baisseNombre de communes qui franchissent un seuil de population modifiant le mode de scrutin entre 2016 et 2017

Plus de communes changeant de seuil à la hausse qu’à la baisse
Département Commune Population 2017
Passent au-dessus des 1 000 habitants en 2017 01 Blyes 1 007
01 Briord 1 016
01 Sainte-Julie 1 017
38 Meyrieu-les-Étangs 1 015
38 Oyeu 1 006
42 Chambles 1 000
69 Sarcey 1 002
74 Cernex 1 010
74 Champanges 1 015
74 Habère-Lullin 1 010
74 Marcellaz 1 018
Passent en-dessous des 1 000 habitants en 2017 03 Ainay-le-Château 994
03 Espinasse-Vozelle 991
03 Saint-Gérand-le-Puy 993
15 Condat 995
38 Meyrié 995
  • Sources : Insee, Recensements de la population 2016 et 2017

Des seuils également pour déterminer le nombre d’élus

Le nombre de conseillers municipaux à élire dépend également de la taille de la commune. La loi du 17 mai 2013 a abaissé de 9 à 7 le nombre de conseillers municipaux des plus petites communes. Il peut ainsi aller de 7 membres pour les communes de moins de 100 habitants, à 69 sièges pour celles de plus de 300 000 habitants.

Entre les élections de 2014 et celles de 2020, 278 communes passent un seuil, 54 vers le bas et 224 vers le haut. C’est en Isère que les changements sont les plus nombreux, devant le Puy-de-Dôme et la Haute-Savoie (avec respectivement 46, 31 et 30 communes). Dans l’Allier, seules 6 communes franchissent un seuil. Le Cantal est le seul département où les passages de seuil à la baisse sont plus nombreux que ceux à la hausse (7 contre 5). Dans la Drôme, la Haute-Savoie et le Rhône, la quasi-totalité des franchissements de seuil se font à la hausse.

Dix ans après l’instauration des communes nouvelles, un nombre de maires en baisse

La loi de réforme des collectivités territoriales de décembre 2010 crée une nouvelle modalité de regroupement de communes, la commune nouvelle. Ainsi, les fusions de communes sont simplifiées. En outre, la loi de mars 2015 relative à « l’amélioration du régime de la commune nouvelle, pour des communes fortes et vivantes », facilite la création de communes nouvelles et instaure un pacte financier qui garantit pendant trois ans le niveau de dotations de l’État. Ainsi, en France, 2 508 communes se sont regroupées pour créer 774 communes nouvelles entre 2010 et 2019. Ces créations se sont fortement accélérées depuis 2016. En conséquence, la France compte 34 970 communes au 1er  janvier 2019, soit 5 % de moins qu’au 1er janvier 2010. En Auvergne-Rhône-Alpes, le nombre de communes est passé de 4 184 en 2013 à 4 030 en 2019. Depuis les dernières élections municipales, ce sont ainsi 154 maires en moins à élire.

Une féminisation en progrès

L’alternance obligatoire d’un homme et d’une femme dans la présentation des listes électorales aux élections municipales qui s’appliquait en 2008 aux communes de plus de 3 500 habitants a été étendue depuis 2014 à celles de plus de 1 000 habitants. Cette obligation a mécaniquement entraîné une féminisation des conseils municipaux. La part des femmes parmi les élus locaux progresse ainsi fortement en France depuis plus de dix ans. Celle-ci s’élève désormais à 40 %, contre seulement 33 % après le scrutin de 2001 et 35 % après celui de 2008. Dans la région, la parité est quasiment atteinte (48 % de femmes) parmi les conseillers municipaux des villes de plus de 1 000 habitants. Dans les communes de moins de 1 000 habitants, non soumises aux contraintes de la loi sur la parité, la part des femmes dans les conseils municipaux n’est que de 36 %.

Malgré cette féminisation, les postes de pouvoir et de décision restent encore très majoritairement dévolus aux hommes au sein des instances locales de décision. Dans la région, la part de femmes maires n’atteint que 17 %, même si elle est en augmentation. Quand elles sont maires, les femmes le sont davantage dans des petites communes : 19 % dans les communes de moins de 1 000 habitants, et seulement 14 % pour celles au-dessus de 1 000 habitants.

Encadré 1 - Deux votes pour les électeurs de la Métropole de Lyon

Pour la première fois, la Métropole de Lyon, qui existe officiellement depuis le 1er janvier 2015, fera l’objet d’une élection distincte. Ses habitants éliront classiquement leurs conseillers municipaux, mais aussi les 150 membres du conseil de la Métropole pour la présidence de la Métropole. Le Grand Lyon a pris en charge, sur son territoire, les compétences du département. Un changement de nom, mais aussi un changement de statut administratif : la Métropole de Lyon devient une collectivité territoriale, à l’image des conseils départemental et régional. La loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles de janvier 2014, dite loi Maptam, a modifié l’élection des conseillers métropolitains. À partir de 2020, ces derniers seront élus au suffrage universel direct. La Métropole de Lyon a été découpée en 14 circonscriptions, dont 6 pour la ville de Lyon. Chacune de ces circonscriptions s’est vue attribuer un nombre de sièges.

Encadré 2 - Le répertoire électoral unique, des inscriptions possibles jusqu’au 7 février

Le répertoire électoral unique (REU) a été institué par la loi du 1er août 2016. Géré par l’Insee et mis à jour en continu, il doit permettre une plus grande souplesse dans l’actualisation des listes électorales. À compter de 2020, les électeurs pourront en effet s’inscrire sur une liste électorale jusqu’à six semaines avant la date d’un scrutin. Pour l’électeur, le principal changement est ainsi la suppression de la date limite de dépôt d’une demande d’inscription autrefois fixée au 31 décembre. Passé cette date, l’électeur ne pouvait voter à aucun scrutin de l’année suivante.

Sources

Depuis 2004, la méthode du recensement de la population est fondée sur des cycles de collecte de 5 ans.

Les populations légales qui entrent en vigueur au 1er janvier 2020 sont millésimées 2017, car elles sont calculées à partir des informations collectées lors des enquêtes de recensement de 2015 à 2019 et ramenées à une même date, celle du milieu de la période. Ces chiffres sont authentifiés par décret et font référence dans plus de 350 dispositions législatives ou réglementaires qui organisent la vie locale.

Pour en savoir plus

« La croissance démographique régionale reste forte », Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes n° 67, décembre 2019

« Les femmes et la vie politique locale – Bien représentées dans les assemblées locales, minoritaires aux postes clés », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpesn° 33, mars 2017

Données complémentaires sur insee.fr (liste des communes changeant de seuil)