Des dynamiques différentes pour des activités complémentaires Activité spatiale en Guyane et dans le Grand Sud-Ouest
Liés par le programme spatial français et européen depuis les années 1960, la Guyane et le Grand Sud-Ouest de la France présentent des différences très fortes en termes de population, de formation et d’emploi. Si l’empreinte économique du spatial dans chaque territoire est différente, les deux régions s’inscrivent dans une complémentarité des emplois et des métiers. Alors que le Grand Sud-Ouest prend en charge les activités de conception et de fabrication, la Guyane est tournée majoritairement vers la maintenance industrielle liée à l’activité des lancements.
Le Grand Sud-Ouest (anciens départements d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées réunis) et la Guyane ont en commun une activité économique forte autour de l’aérospatiale (regroupement des activités aéronautiques et spatiales), malgré leurs différences (encadré). Ces deux régions sont liées depuis les années 1960 par le programme spatial français et européen : la situation géographique de la Guyane permet à l’Europe de réaliser des lancements spatiaux sur orbite géostationnaire efficients.
Une empreinte économique plus forte en Guyane
Le Centre Spatial Guyanais, situé à Kourou, est un pôle d’emplois majeur, qui mobilise directement et indirectement près de 5 000 emplois au service de l’activité spatiale. Avec une empreinte économique très importante au sein d’une petite région, les emplois du spatial en Guyane représentent 7,8 % des actifs en emploi de la région, répartis dans 169 établissements.
Dans le Grand Sud-Ouest, l’aérospatiale emploie 125 000 personnes, soit 4,8 % des actifs en emploi, dans plus de 750 établissements. Le spatial n’en représente qu’une partie: ce sont 17 000 emplois directement liés au spatial, soit 0,7 % des actifs en emploi.
Des métiers complémentaires entre les deux régions
Au sein des établissements de la filière aérospatiale du Grand Sud-Ouest, 12 % des salariés (figure 1) occupent des emplois directement liés au spatial (construction des éléments des lanceurs ou fabrication de produits explosifs), et 10 % des emplois support (administratif, informatique…).
En Guyane, cette proportion est plus importante : près des trois quarts des emplois de cette filière (composée exclusivement de la partie spatiale) correspondent à des métiers du spatial (construction de réseaux pour fluides, réparations de machines et équipements mécaniques). Ainsi, les entreprises de la filière aérospatiale du Grand Sud-Ouest ont principalement une activité liée à l’aéronautique, alors que celles de Guyane sont fortement dépendantes du spatial.
Une forte activité de maintenance et de R&D à Kourou
L’analyse des métiers de la filière spatiale dans les deux régions met en évidence une distinction forte entre la conception et la fabrication, localisée presque exclusivement dans le Grand Sud-Ouest, et l’activité de maintien en conditions opérationnelles de la base (assemblage des éléments et lancements), réalisée en Guyane. Chaque région possède son propre rôle dans l’organisation globale de l’activité spatiale en France, les deux territoires étant complémentaires.
Les métiers du spatial en Guyane sont principalement orientés vers l’industrie manufacturière (réparation de machines et équipements), la recherche et le développement, ainsi que dans la construction de réseaux pour fluides. Ces trois familles de métiers représentent 46 % des emplois de la filière. Dans le Grand Sud-Ouest, les métiers de la construction spatiale (fabrications des éléments) sont largement majoritaires et représentent 70 % des emplois (figure 2).
En dehors du cœur de métier du spatial, les métiers de la filière se distinguent également entre les deux régions. En Guyane, les activités principales se concentrent dans les services administratifs et dans l’entretien courant des bâtiments. Dans le Grand Sud-Ouest, le domaine de l’ingénierie et des études techniques représente près d’un cinquième des autres métiers, suivi par la mécanique industrielle (figure 4).
tableauFigure 1 – En Guyane, 72 % des emplois de la filière spatiale sont liés au spatialTaux d’actifs liés au spatial dans la filière spatiale, par région (en %)
Spatial | Aéronautique | Autre | |
---|---|---|---|
Guyane | 72 | 0 | 28 |
Grand Sud-Ouest | 12 | 78 | 10 |
- Lecture : 72 % des actifs de la filière spatiale de Guyane occupent un emploi directement lié au spatial.
- Champ : établissements de la filière aérospatiale.
- Sources : Insee, enquête Impact du spatial sur l’économie de la Guyane et enquête filière aéronautique et spatiale dans le Grand Sud-Ouest, 2015.
graphiqueFigure 1 – En Guyane, 72 % des emplois de la filière spatiale sont liés au spatialTaux d’actifs liés au spatial dans la filière spatiale, par région (en %)

- Lecture : 72 % des actifs de la filière spatiale de Guyane occupent un emploi directement lié au spatial.
- Champ : établissements de la filière aérospatiale.
- Sources : Insee, enquête Impact du spatial sur l’économie de la Guyane et enquête filière aéronautique et spatiale dans le Grand Sud-Ouest, 2015.
tableauFigure 2 – Dans le Grand Sud-Ouest, la fabrication de matériels de transport représente 70 % des emplois liés au spatial de la filière spatialeRépartition des métiers directement liés au spatial de la filière spatiale par région et par domaine (en %)
Guyane | Grand Sud-Ouest | |
---|---|---|
Autres | 54 | 30 |
Construction spatiale | 0 | 70 |
Construction de réseaux pour fluides | 14 | 0 |
Recherche et développement | 13 | 0 |
Industrie manufacturière | 19 | 0 |
- Champ : métiers relevant du cœur de l’activité spatiale au sein de la filière aérospatiale.
- Sources : Insee, enquête Impact du spatial sur l’économie de la Guyane et enquête filière aéronautique et spatiale dans le Grand Sud-Ouest, 2015.
tableauFigure 3 – Une plus forte empreinte industrielle locale en GuyaneÉtablissements actifs par secteur d'activité en 2014 (en %)
Commerce, transports et services divers | Construction | Industrie | Administration publique, enseignement, santé, action sociale | Total | |
---|---|---|---|---|---|
Guyane | 63,5 | 17,3 | 11,6 | 7,6 | 100 |
Grand-Sud-Ouest | 63,1 | 13,9 | 8,4 | 14,6 | 100 |
- Source : Insee, Répertoire des Entreprises et des établissements.
graphiqueFigure 3 – Une plus forte empreinte industrielle locale en GuyaneÉtablissements actifs par secteur d'activité en 2014 (en %)

- Source : Insee, Répertoire des Entreprises et des établissements.
tableauFigure 4 – En Guyane, les services administratifs représentent près de 40 % des emplois de la filière spatiale non directement liés au spatialRépartition des métiers non directement liés au spatial de la filière spatiale par région et par domaine (en %)
Guyane | Grand Sud-Ouest | |
---|---|---|
Autres | 62 | 62 |
Mécanique industrielle | 0 | 19 |
Ingénierie et études | 0 | 19 |
Services administratifs | 38 | 0 |
- Champ : métiers ne relevant pas du cœur de l’activité spatiale au sein de la filière aérospatiale.
- Sources : Insee, enquête Impact du spatial sur l’économie de la Guyane et enquête filière aéronautique et spatiale dans le Grand Sud-Ouest, 2015.
Encadré - Des environnements et une démographie très différents
Le Grand Sud-Ouest français rassemble, dans cette étude, les anciennes régions d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées. Il occupe une surface de 87 000 km² soit près de 15 % du territoire de la France métropolitaine. En 2014, la population était de 6 323 000 habitants, dont la moitié d’actifs en emploi. Plus d’un quart de ses habitants âgés de quinze ans ou plus est titulaire d’un diplôme d’études supérieures.
De l’autre côté de l’Atlantique, la Guyane est un territoire de 84 000 km², habité de 255 000 personnes en 2014. C’est la région la moins peuplée de France et la plus jeune, après Mayotte. Un quart des habitants est actif en emploi (65 000) et le taux de chômage y atteint 22,3 % en 2014. Plus de 40 % de la population des quinze ans ou plus ne possède aucun diplôme et à peine plus d’un cinquième possède un diplôme d’études supérieures.
Pour comprendre
L’objectif de cette présente étude est d’expliquer les rôles de la Guyane et du Grand Sud-Ouest (GSO) dans l’activité spatiale, de souligner leurs liens et leurs articulations, plutôt que de comparer deux territoires et deux économies trop différents.
Les enquêtes annuelles « Filière Aéronautique et Spatiale dans le Grand Sud-Ouest » portent sur la filière aérospatiale. La filière est déterminée par l’activité des établissements. Seuls sont enquêtés les établissements d’approvisionnement. Les informations sur les constructeurs et maîtres d’œuvre sont issues de sources administratives. En Guyane, les enquêtes « Impact du spatial sur l’économie de la Guyane » portent sur les sous-traitants du spatial et sont réalisées tous les 5 à 7 ans. Les sous-traitants sont les établissements ayant eu un contrat avec un établissement de l’Union des Employeurs de la Base Spatiale. Sont donc enquêtés beaucoup d’établissements dont l’activité est très éloignée du cœur de métier du spatial. L’analyse structurelle prime : l’objectif est de mesurer l’impact macroéconomique du spatial.
Le point de comparabilité entre les deux dispositifs d’enquête consiste à appliquer la méthode GSO aux données collectées en Guyane. Ainsi pour cette étude, une filière spatiale a été construite pour la Guyane. À partir des codes d’activités utilisés par GSO, ont été sélectionnés les établissements faisant partie de la filière, parmi l’ensemble des sous-traitants du spatial en Guyane.
Pour en savoir plus
« L’impact du spatial sur l’économie de la Guyane », Insee Dossier Guyane n° 5, novembre 2017.
Charrier R., Bayart P.A., « Les entreprises du CSG : près de 2000 emplois en 2014 », Insee Analyses Guyane n° 18, décembre 2016.
Cambon G., « La filière aéronautique et spatiale dans le grand Sud-Ouest en 2014 », Insee Flash Occitanie n° 03 , février 2016.
Cambon G., Mouhali K., « La chaîne d’approvisionnement aéronautique et spatiale du grand Sud-Ouest en 2018 », Insee Analyses Occitanie n° 91, janvier 2020.
Hild F. Régnier V., Voisin P., « Une dynamique toujours favorable dans la filière aéronautique et spatiale du Grand Sud-Ouest », Insee Analyses Occitanie n° 90, janvier 2020.