De plus en plus de Ligériens travaillent hors de leur intercommunalité de résidence

En 2016, 1,5 million de personnes en emploi résident dans l’une des 69 intercommunalités de la région. Plus d’un tiers d’entre elles travaillent hors de leur intercommunalité de résidence. L’emploi plus concentré que l’habitat explique en partie ces déplacements pour se rendre au travail. La déconnexion entre lieu de résidence et lieu d’emploi est plus ou moins forte sur le territoire régional et évolue nettement entre 2006 et 2016. Elle a des conséquences sur l’aménagement du territoire, la consommation d’énergie et la pollution. Elle peut aussi éloigner de l’emploi les personnes les plus fragiles.

De 2006 à 2016, dans les grands pôles d’emploi de la région et une partie de leur périphérie, l’emploi augmente plus vite que le nombre de résidents en emploi (figure 1). Ainsi, en 2016, 39 % des emplois de la région sont localisés à Nantes Métropole, Angers Loire Métropole et Le Mans Métropole, alors que 30 % des personnes en emploi y résident. Par ailleurs, de 2006 à 2016, la concentration de l’emploi s’accentue dans ces trois pôles, l’emploi augmente de 7 % et les résidents en emploi de 3 %.

Cette concentration est notable à Nantes Métropole qui cumule une croissance très élevée de l’emploi (+ 14 %) et une croissance légèrement moindre des résidents en emploi (+ 10 %). La tendance est similaire dans d’autres pôles d’emploi surtout en Loire-Atlantique et en Vendée (Saint-Nazaire, Les Herbiers, La Roche-sur-Yon et Les Sables-d’Olonne), avec des niveaux de croissance toutefois plus modérés. La concentration de l’emploi revêt une forme différente dans d’autres pôles. À Angers, Cholet et Sablé‑sur‑Sarthe, l’emploi est stable alors que la population diminue. À Laval et au Mans, l’emploi diminue moins fortement que les résidents en emploi. L’écart de croissance entre emplois et résidents en emploi conduit, là aussi, à une augmentation des déplacements domicile-travail.

L’emploi augmente aussi de manière très dynamique dans les intercommunalités attenantes aux grands pôles d’emploi, au bénéfice de leur proximité. Il progresse même plus rapidement que la population résidente dans certaines intercommunalités des couronnes des grands pôles, notamment à Erdre et Gesvres, Nozay au nord de Nantes, Loire Layon Aubance au sud d’Angers, Maine Cœur de Sarthe et Sud Est du Pays Manceau autour du Mans.

Cette concentration toujours plus forte de l'emploi que des résidents en emploi implique une forte progression de la mobilité des actifs. En 2016, 36 % des Ligériens travaillent hors de leur intercommunalité de résidence, soit 5 points de plus qu’en 2006. Cette croissance est plus soutenue entre 2011 et 2016 (+ 3 points) qu’entre 2006 et 2011 (+ 2 points).

Les déplacements augmentent dans tous les territoires de la région, excepté Noirmoutier. La plus forte progression concerne les actifs qui travaillent dans les pôles d’emploi, notamment à La Roche-sur-Yon, Laval, Le Mans, Nantes et Saint-Nazaire, et résident dans leurs couronnes.

Cette tendance est particulièrement marquée dans la première couronne de l’agglomération nantaise (figure 2). Entre 2006 et 2016, 14 000 personnes supplémentaires travaillent à Nantes Métropole et résident dans sa proche périphérie. L’augmentation est la plus forte pour les résidents d’Erdre et Gesvres (+ 2 900) et de Sèvre et Loire (+ 2 000). Vers Angers Loire Métropole, les déplacements en provenance de la couronne progressent aussi de manière soutenue : + 1 600 (Vallées du Haut-Anjou) et + 1 000 (Anjou Loir et Sarthe ou Loire Layon Aubance).

Au-delà des couronnes, certaines intercommunalités sont sous l’influence de plusieurs pôles d’emploi. Dans ces territoires multipolarisés, les habitants sont toujours plus nombreux à travailler hors de leur territoire de résidence. Ainsi, de plus en plus de résidents de Mauges Communauté travaillent à Angers, Cholet ou Nantes Métropole. Depuis le Pays de Saint-Fulgent - Les Essarts, les déplacements progressent vers La Roche-sur-Yon, Les Herbiers et Montaigu. Enfin, depuis les Terres de Montaigu, les trajets progressent vers Nantes et dans une moindre mesure vers Clisson et La Roche-sur-Yon.

Si de plus en plus de résidents des couronnes travaillent dans les pôles d’emplois, les déplacements en sens inverse progressent fortement, eux aussi. De 2006 à 2016, le nombre de personnes qui résident dans un pôle et qui travaillent en dehors augmente, de 17 % (Angers Loire Métropole) à 27 % (Laval).

À Nantes Métropole, le nombre de personnes qui travaillent hors de l’intercommunalité augmente de 18 %, soit 5 100 actifs supplémentaires. Une partie d’entre eux travaillent dans d’autres pôles d’emploi : + 700 à Paris et + 500 à Saint-Nazaire. D’autres ont un emploi dans la première couronne nantaise où l’emploi s’est fortement développé, tirant profit de la proximité de la capitale régionale.

Ainsi, entre 300 et 400 personnes supplémentaires se déplacent tous les jours de Nantes Métropole vers chacune des intercommunalités d’Erdre et Gesvres, d’Estuaire et Sillon, de Grand Lieu et de Pornic Agglo Pays de Retz. De plus en plus d’actifs viennent travailler à Loire Layon Aubance depuis Angers Loire Métropole.

Les Mauges attirent également de plus en plus de personnes résidant dans les métropoles nantaise et angevine. Depuis Laval, les flux augmentent fortement vers Vitré et Mayenne. La mobilité progresse ainsi dans des territoires où l’offre d’emplois importante pourrait pourtant signifier que les actifs sont moins contraints de s’éloigner pour travailler.