La Bourgogne-Franche-Comté dans l’Union européenne : une richesse créée par emploi peu élevée, un effort de recherche soutenu

Le rôle des régions dans la mise en œuvre des politiques européennes de développement économique et d’aménagement a été renforcé. Ainsi, en 2014, l’État français leur a délégué la gestion des fonds européens (encadré). Par ailleurs, la fusion récente des régions françaises a permis aux nouvelles régions comme la Bourgogne-Franche-Comté d’atteindre une taille supérieure, augmentant en cela leur poids relatif en Europe.

Positionner la Bourgogne-Franche-Comté parmi les régions européennes, même si les organisations administratives et la réglementation diffèrent d’un pays à l’autre, permet d’identifier les défis à relever, notamment au regard des objectifs du programme Stratégie Europe 2020.

Région peu dense et étendue, la Bourgogne-Franche-Comté rassemble 0,6 % de la population de l’Union européenne alors qu’elle occupe 1,1 % de sa superficie. Avec 2,8 millions d’habitants en 2016, elle se classe pourtant dans la première moitié des régions les plus peuplées (figure 1), au 68^e rang des 173 régions européennes, devant les régions des pays scandinaves et d’autres d’Europe centrale comme celles d’Autriche et de Tchéquie. Elle est par contre faiblement peuplée comparée aux régions françaises voisines, Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, et plus encore, aux Länder de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et de Bavière, respectivement 18 millions et 13 millions d’habitants, régions les plus peuplées de l’Union européenne.

La région occupe le 108^e rang européen pour sa faible croissance de population. Elle pâtit d’un déficit migratoire, le nombre de départs l’emportant sur les arrivées depuis une dizaine d’années. En revanche, la région se démarque par une fécondité relativement élevée. L’indice conjoncturel de fécondité s’établit à 1,85 enfant par femme, c’est le 17^e taux le plus élevé des régions européennes. Cependant il tend à baisser, tandis que le nombre de femmes en âge de procréer diminue. Aussi, les naissances, en forte baisse depuis 2010, ne compensent désormais plus les décès. Avec un double déficit migratoire et naturel, la population de la région ne croît plus. Plutôt âgée, elle compte autant de 60 ans ou plus que de moins de 20 ans.

Dans la région, le phénomène de déscolarisation est moins marqué que dans l’Union européenne : la part de jeunes quittant prématurément le système scolaire est de 8,1 %, contre 10,6 %. Les objectifs de la Stratégie Europe 2020 fixés au niveau européen et à la France sont atteints (figure 2). Sortir prématurément du système scolaire est encore plus rare en Europe centrale et orientale (taux inférieurs à 5 % en Croatie, Slovénie, Pologne), sans doute en lien avec l’apprentissage ou l’alternance.

Cependant, les jeunes actifs de la région sont moins souvent diplômés de l’enseignement supérieur : 36 % des 30-34 ans détiennent un diplôme du supérieur, soit 2 points en dessous de la médiane européenne (figure 3). La région n’atteint pas l’objectif européen pour 2020, ni celui beaucoup plus ambitieux (50 %) fixé à la France, que seule l’Île-de-France dépasse. En Bourgogne-Franche-Comté, cette situation est liée pour partie aux départs des jeunes qui poursuivent ailleurs leurs études supérieures, par exemple dans les métropoles voisines, à Paris ou Lyon où l’offre de formation est plus diversifiée. D’autres s’en éloignent également à l’issue de leurs études, attirés par des régions offrant plus d’opportunités d’emplois, des postes de cadres ou hautement qualifiés. La moindre qualification des jeunes actifs s’explique notamment par le caractère industriel et agricole des entreprises de la région qui contribue à maintenir et développer des formations qualifiantes courtes.

À l’instar de la plupart des régions françaises, la Bourgogne-Franche-Comté est plus touchée par le chômage qu’en moyenne dans l’Union européenne. Avec un taux de chômage de 8,7 % pour les 20 à 64 ans en 2017, elle se place dans le premier tiers des régions les plus affectées. Dans l’Union européenne, le niveau de chômage présente de fortes disparités, de 1,7 à 27 %. Les régions les moins touchées se situent en Europe centrale : en Tchéquie, Autriche, Hongrie et dans le sud de l’Allemagne, le taux de chômage est en dessous de 3 %. À l’opposé, dans les régions méditerranéennes d’Espagne, Italie et de Grèce, il dépasse souvent les 20 %.

La Bourgogne-Franche-Comté se situe également parmi les régions européennes où le chômage de longue durée et le chômage des jeunes sont élevés. Dans la région, parmi les actifs de 15 à 24 ans, 23 % déclarent rechercher un emploi ; c’est plus de 50 % dans le sud de l’Italie et de l’Espagne et même 56 % en Calabre.

Cependant, la région est moins touchée par la pauvreté monétaire qu’en moyenne en France métropolitaine : 13 % de la population vit sous le seuil de la pauvreté contre 14,9 % au niveau national en 2015. Au regard des autres nations européennes, la France fait partie de celles où le risque de pauvreté est parmi les plus bas : elle est le 5^e pays où la pauvreté est la moins répandue, après la Tchéquie, la Finlande, les Pays-Bas et le Luxembourg. Le système français de protection sociale, le versement de minima sociaux et d’indemnités de chômage jouent en effet un rôle d’amortisseur social.

En Bourgogne-Franche-Comté, près de 72 % des personnes de 20 à 64 ans ont un emploi en 2017, un taux identique à la moyenne européenne (figure 4). Il est cependant en dessous de l’objectif Stratégie Europe 2020 fixé à 75 %, en raison notamment du faible taux d’emploi des seniors : avec 49 % des personnes de 55 à 64 ans en emploi, la région se situe au 134^e rang des régions européennes. Ce rang est lié en particulier à l’âge légal de départ en retraite plus précoce en France, actuellement à 62 ans contre 65 ans ou plus dans la plupart des pays européens. En revanche, la région se caractérise par un taux d’emploi élevé parmi les 25-34 ans qui poursuivent moins souvent des études supérieures longues.

Par ailleurs, le taux d’emploi féminin régional atteint le taux médian européen de 68 %. En France, l’activité des femmes est favorisée par un ensemble de dispositifs visant à concilier vie familiale et vie professionnelle : scolarisation précoce des enfants, développement de différents modes de garde, prestations sociales.

La région se positionne dans la première moitié des régions européennes pour son produit intérieur brut (PIB) qui s’élève à 67,6 milliards en standard de pouvoir d’achat (SPA) en 2016. Celui-ci représente 0,5 % du PIB de l’Union européenne.

Rapportée à sa population, la richesse économique créée est néanmoins faible : le PIB par habitant en 2016 avoisine 25 000 en SPA, classant la Bourgogne-Franche-Comté aux côtés des Hauts-de-France, au 108^e rang en Europe et au dernier rang des régions françaises. Très faible dans certaines régions de Pologne, Bulgarie ou Roumanie, la richesse par habitant atteint en revanche les 76 000 en SPA au Luxembourg. Elle est également très élevée dans les régions hébergeant des métropoles comme Hambourg, Bruxelles, Londres ou Prague. L’Île-de-France est d’ailleurs, sur ce plan, la seule région française parmi les dix premières régions européennes.

Les raisons de ce positionnement tiennent en partie à la population, à la situation géographique de la région et à un chômage élevé. En effet, la faiblesse du PIB par habitant est liée notamment à la structure plutôt âgée de sa population avec une forte proportion de personnes à la retraite. De plus, un nombre important d’actifs, environ 92 000, habitent la région mais travaillent en dehors, contribuant ainsi à la création de richesse dans d’autres territoires. Ils se déplacent quotidiennement dans les grands pôles d’emplois qui bordent la région : par exemple plus de 30 000 personnes travaillent en Suisse.

Le PIB par emploi est de 60 000 en SPA en 2016 dans la région. C’est 7 000 de moins qu’en moyenne dans l’Union européenne et également en dessous de toutes les autres régions françaises.

La Bourgogne-Franche-Comté pâtit de sa moindre présence dans les activités tertiaires plus créatrices de richesse, notamment dans les services dédiés aux entreprises et les activités immobilières. Cependant, son profil historiquement industriel et marqué en fait la première région de France pour la part de l’emploi industriel dans l’emploi régional ainsi que la 45^e en Europe.

L’industrie régionale, diversifiée, bénéficie de l’implantation de cinq pôles de compétitivité favorisant des projets innovants dans l’automobile, la plasturgie, le nucléaire, l’agro-alimentaire et les micro-techniques. Ainsi, bien placée en termes de recherche et de développement, la région y consacre 1,8 % de son PIB (figure 5). Si elle se situe dans le premier tiers des régions européennes, elle est toutefois en dessous des 3 % préconisés par la Stratégie Europe 2020.

La majeure partie de la recherche, privée à 80 %, est portée par les grandes entreprises des transports et de biens d’équipements. La recherche publique est moins développée (0,4 % du PIB) que dans la plupart des autres régions françaises et très en deçà de l’objectif national fixé à 1 %. Elle s’appuie sur l’Université de Bourgogne-Franche-Comté et les établissements publics à caractère scientifique et technologique comme le CNRS ou l’Inra.

Si les infrastructures numériques performantes favorisent la croissance et la compétitivité des entreprises, le numérique entre aussi de plus en plus dans la vie quotidienne des individus. Dans la région, l’accès au très haut débit n’est pas homogène : les difficultés d’accès sont tout particulièrement concentrées dans les territoires ruraux éloignés des grandes lignes TGV et des autoroutes, et où la population est plutôt âgée. En 2018, la Bourgogne-Franche-Comté fait partie des régions européennes où le taux d’équipement des ménages est faible : avec 84 % des ménages ayant internet à domicile (ordinateur fixe, mobile ou téléphone mobile), elle se classe au 117^e rang en Europe et à la dernière position des régions françaises. Ce taux varie de 69 à 99 % dans l’Union européenne. Depuis 2015, la Stratégie de cohérence régionale d’aménagement numérique (Scoran) vise à réduire la fracture numérique par l’amélioration des couvertures fixe et mobile sur l’ensemble du territoire.