Insee Analyses Bourgogne-Franche-ComtéBourgogne-Franche-Comté : Situation géographique et économie industrielle, des atouts à valoriser

Synthèse réalisée par Christine Charton, Insee

La Bourgogne-Franche-Comté est une région peu dense qui s’étend du Bassin parisien à la frontière suisse. Située à proximité de deux grands pôles, Paris et Lyon, elle bénéficie d’une forte infrastructure de transport. Pourtant elle souffre d’un déficit d’attractivité et sa population est en baisse. Sa faible armature urbaine ne favorise guère le développement d’emplois tertiaires qualifiés. Région de tradition industrielle et agricole, elle est depuis les années 2000 sur un sentier de croissance économique ralentie, qui s’est dégradé lors de la crise de 2008. Les conditions de vie y sont cependant assez favorables, le taux de chômage comme le taux de pauvreté étant inférieurs aux moyennes nationales. Les disparités infra régionales sont marquées entre l’axe Rhin-Rhône, qui gagne de la population et des emplois, et les espaces peu denses en forte déprise démographique.

Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté
No 35
Paru le :Paru le02/07/2018
Synthèse réalisée par Christine Charton, Insee
Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté No 35- Juillet 2018

La Bourgogne-Franche-Comté compte 2 817 200 habitants au 1er janvier 2017. Elle se classe ainsi au 11e rang des régions métropolitaines, devant le Centre-Val de Loire et la Corse et au 12e rang par sa densité, 59 habitants au km2, devant la Corse.

Croissance démographique ralentie, désormais davantage de décès que de naissances

Le nombre d’habitants diminue depuis 2015 après cinq années de croissance très ralentie. Les deux moteurs de la croissance démographique sont en panne. Le solde naturel, différence entre les naissances et les décès, est désormais négatif. Comme au niveau national, la baisse du taux de fécondité se traduit par une baisse du nombre de naissances et l’arrivée des générations du baby-boom aux âges élevés par une hausse de décès. Cependant les effets du vieillissement de la population sont davantage marqués dans la région où 28 % des habitants ont plus de 60 ans contre 25 % au niveau national.

Le solde migratoire de la région, différence entre les arrivées de population et les départs, est lui aussi négatif avec un déficit d’environ 1 200 personnes en 2015 et en 2016, traduisant un manque d’attractivité de la région.

figure 1 Seules trois agglomérations dépassent les 100 000 habitantsPopulation des unités urbaines

Seules trois agglomérations dépassent les 100 000 habitants
département code unité urbaine nom unité urbaine population
25 00151 Cussey-sur-l'Ognon 2 318
25 00169 Châtenois-les-Forges 4 696
21 00259 Chagny 6 667
25 00261 Fesches-le-Châtel 6 767
25 00267 Beaucourt 8 528
70 00555 Belfort 81 605
21 21101 Selongey 2 434
21 21102 Arc-sur-Tille 2 572
21 21103 Brazey-en-Plaine 2 439
21 21104 Saulieu 2 479
21 21105 Seurre 2 892
21 21106 Saint-Jean-de-Losne 3 227
21 21107 Venarey-les-Laumes 3 497
21 21108 Saint-Julien 4 136
21 21109 Semur-en-Auxois 4 078
21 21110 Gevrey-Chambertin 4 484
21 21201 Is-sur-Tille 6 115
21 21202 Genlis 5 411
21 21203 Châtillon-sur-Seine 5 392
21 21204 Nuits-Saint-Georges 6 021
21 21205 Montbard 5 686
21 21206 Auxonne 7 835
21 21401 Beaune 21 579
21 21701 Dijon 241 591
25 25101 Arcey 2 155
25 25102 Colombier-Fontaine 2 136
25 25103 Auxon-Dessous 2 571
25 25104 Charquemont 2 599
25 25105 Montferrand-le-Château 2 456
25 25106 Montfaucon 2 848
25 25107 Saône 3 321
25 25108 L'Isle-sur-le-Doubs 3 487
25 25109 Maîche 4 233
25 25110 Ornans 4 329
25 25111 Villers-le-Lac 4 750
25 25112 Roche-lez-Beaupré 4 337
25 25113 Saint-Vit 4 803
25 25114 Valdahon 5 344
25 25201 Baume-les-Dames 5 255
25 25202 Pouilley-les-Vignes 6 292
25 25203 Pont-de-Roide 5 731
25 25204 Morteau 9 862
25 25401 Pontarlier 21 911
25 25601 Montbéliard 106 439
25 25602 Besançon 135 268
39 39101 Chaussin 2 408
39 39102 Moirans-en-Montagne 2 158
39 39103 Fraisans 2 395
39 39104 Saint-Amour 3 327
39 39105 Salins-les-Bains 3 047
39 39106 Saint-Lupicin 4 060
39 39107 Poligny 4 146
39 39108 Arbois 4 411
39 39201 Tavaux 7 373
39 39202 Hauts de Bienne 7 759
39 39301 Champagnole 9 841
39 39302 Saint-Claude 10 706
39 39401 Lons-le-Saunier 26 756
39 39402 Dole 29 833
58 58101 Château-Chinon (Ville) 2 084
58 58102 Pougues-les-Eaux 2 437
58 58103 Guérigny 2 468
58 58104 Marzy 3 656
58 58105 La Machine 3 397
58 58106 Imphy 3 482
58 58107 Clamecy 4 195
58 58201 Decize 7 579
58 58301 Cosne-Cours-sur-Loire 11 683
58 58501 Nevers 58 948
70 70101 Plancher-les-Mines 2 976
70 70102 Port-sur-Saône 3 039
70 70103 Mélisey 3 198
70 70104 Fougerolles 3 721
70 70105 Saint-Loup-sur-Semouse 3 697
70 70201 Champagney - Ronchamp 6 644
70 70301 Gray 9 483
70 70302 Lure 11 192
70 70303 Héricourt 11 094
70 70304 Luxeuil-les-Bains 12 526
70 70401 Vesoul 28 876
71 71101 Buxy 2 135
71 71102 Épinac 2 265
71 71103 Saint-Martin-Belle-Roche 2 476
71 71104 Verdun-sur-le-Doubs 2 640
71 71105 Charolles 2 757
71 71106 Ouroux-sur-Saône 3 060
71 71107 Gergy 3 074
71 71108 Sennecey-le-Grand 3 138
71 71109 Marcigny 2 983
71 71110 La Clayette 2 961
71 71111 Givry 3 657
71 71112 Cluny 4 775
71 71113 Varennes-le-Grand 4 690
71 71201 Bourbon-Lancy 5 069
71 71202 Tournus 5 764
71 71203 Montchanin 7 424
71 71204 Gueugnon 7 276
71 71205 Paray-le-Monial 9 133
71 71301 Louhans 11 860
71 71302 Autun 13 955
71 71401 Le Creusot 33 528
71 71402 Montceau-les-Mines 39 525
71 71501 Chalon-sur-Saône 74 348
89 89101 Toucy 2 748
89 89102 Saint-Julien-du-Sault 2 809
89 89103 Villeneuve-la-Guyard 3 402
89 89104 Appoigny 3 135
89 89105 Pont-sur-Yonne 3 422
89 89106 Brienon-sur-Armançon 3 145
89 89107 Saint-Florentin 4 614
89 89201 Villeneuve-sur-Yonne 5 352
89 89202 Tonnerre 5 366
89 89203 Avallon 7 025
89 89301 Joigny 9 672
89 89302 Migennes 11 887
89 89401 Sens 37 340
89 89402 Auxerre 42 154
90 90101 Roppe 2 437
90 90102 Étueffont 2 944
90 90201 Giromagny 6 042
90 90301 Delle (partie française) 10 024
  • Source : Insee, recensement de la population 2014

figure 1 Seules trois agglomérations dépassent les 100 000 habitantsPopulation des unités urbaines

  • Source : Insee, recensement de la population 2014

Proche de Paris, Lyon, Bâle et Strasbourg

Pourtant la Bourgogne-Franche-Comté est facilement accessible, traversée par de nombreuses voies de communication, notamment les autoroutes qui relient Paris au sud de la France, celles qui relient ­l’Espagne à l’Allemagne, ainsi que les lignes TGV vers Paris et en direction de l’est, vers Bâle et Strasbourg.

La région se situe aussi à proximité de deux principaux pôles urbains de la métropole : Paris et Lyon.

La faible armature urbaine de la région explique en partie son manque d’attractivité alors que partout la population tend à se concentrer dans les grandes villes ou dans leurs périphéries. La plus grande ville de la région, Dijon, compte 152 000 habitants. Avec les communes proches, elle forme une agglomération de 238 600 habitants qui vient d’accéder au statut de métropole. Deux autres unités urbaines seulement comptent plus de 100 000 habitants : ­Besançon (134 600) et Montbéliard (108 000). Une douzaine d’unités urbaines de 20 000 à 80 000 habitants complètent ce paysage urbain ; elles sont situées pour l’essentiel dans la partie est de la région.

Une industrie diversifiée

Le profil de l’économie régionale, encore très industriel et agricole, explique aussi son faible dynamisme et son manque d’attractivité dans une période où le secteur tertiaire porte la croissance économique.

La Bourgogne-Franche-Comté compte plus d’un million d’emplois dont 969 000 emplois salariés. C’est la région la plus industrielle de France : 17,6 % de ses emplois se situent dans l’industrie, une part supérieure de cinq points à la moyenne nationale. La métallurgie arrive en tête avec plus de 34 000 emplois salariés. Elle compte de grands établissements comme Areva, Aperam Stainless France, Industeel France et un tissu important d’employeurs de plus petite taille. La fabrication de matériel de transport est l’autre secteur emblématique de la région avec 27 000 emplois. Le constructeur automobile PSA Peugeot Citroën concentre à lui seul la moitié des effectifs, dont près de 10 000 dans l’établissement de Sochaux, qui fait partie des cinq plus grands établissements industriels de France. Plusieurs autres secteurs industriels sont présents dans la région : l’industrie agroalimentaire avec notamment les fromageries Bel, la fabrication de produits de caoutchouc avec un établissement de Michelin, la fabrication d’équipements électriques avec des établissements de Général Electric.

Au total, l’industrie de la région est assez diversifiée. Elle est aussi très convoitée par les groupes étrangers : un quart de ses salariés travaille dans un établissement détenu par un groupe étranger.

figure 2 L’industrie encore très présente, des établissements aux quatre coins de la régionLes 50 plus grands établissements industriels de la région, par effectif et activité

L’industrie encore très présente, des établissements aux quatre coins de la région
code commune nom commune nom entreprise activité tranche d’effectif
21171 Chevigny-Saint-Sauveur JTEKT AUTOMOTIVE DIJON SAINT ETIENNE Fabrication de matériels de transport De 500 à 999 salariés
21191 Corcelles-lès-Cîteaux CONSTR ETUDE RECHERCHES MATERIELS EMBA Fabrication de machines et équipements De 100 à 499 salariés
21425 Montbard VALINOX NUCLEAIRE Métallurgie De 100 à 499 salariés
21599 Selongey SAS SEB Fab. Mat. Électrique, électronique, informatique et optique De 500 à 999 salariés
21603 Semur-en-Auxois ATELIERS D'ARMANCON Fab. d’autres produits indus. (cuir, caoutchouc & plastique, autres indus. Manuf.) De 500 à 999 salariés
25031 Audincourt FAURECIA BLOC AVANT Fabrication de matériels de transport De 500 à 999 salariés
25048 Bavans FAURECIA SYSTEMES D'ECHAPPEMENT Fabrication de matériels de transport De 100 à 499 salariés
25056 Besançon PARKEON Fab. Mat. Électrique, électronique, informatique et optique De 100 à 499 salariés
25056 Besançon R.BOURGEOIS SA Métallurgie De 100 à 499 salariés
25367 Mandeure PEUGEOT MOTOCYCLES Fabrication de matériels de transport De 100 à 499 salariés
25462 Pontarlier SCHRADER SA Fabrication de matériels de transport De 100 à 499 salariés
25547 Sochaux PEUGEOT CITROEN AUTOMOBILE SA Fabrication de matériels de transport 1000 salariés et plus
25580 Valentigney PEUGEOT CITROEN AUTOMOBILE SA Fabrication de matériels de transport 1000 salariés et plus
39198 Dole C & K COMPONENTS SAS Fab. Mat. Électrique, électronique, informatique et optique De 100 à 499 salariés
39198 Dole FROMAGERIES BEL PRODUCTION FRANCE Industrie agro-alimentaire De 100 à 499 salariés
39199 Domblans V 33 SA Industrie chimique et pharmaceutique De 500 à 999 salariés
39411 Perrigny SKF AEROSPACE FRANCE Fabrication de matériels de transport De 100 à 499 salariés
39526 Tavaux INOVYN FRANCE Industrie chimique et pharmaceutique De 500 à 999 salariés
39526 Tavaux SOLVAY TAVAUX Industrie chimique et pharmaceutique De 500 à 999 salariés
58134 Imphy APERAM ALLOYS IMPHY Métallurgie De 500 à 999 salariés
58194 Nevers U-SHIN FRANCE Métallurgie De 500 à 999 salariés
70026 Arc-lès-Gray JOHN DEERE SAS Fabrication de machines et équipements De 100 à 499 salariés
70321 Magny-Vernois VETOQUINOL S.A Industrie chimique et pharmaceutique De 500 à 999 salariés
70467 Saint-Loup-sur-Semouse PARISOT Fab. d’autres produits indus. (cuir, caoutchouc & plastique, autres indus. Manuf.) De 500 à 999 salariés
70550 Vesoul PEUGEOT CITROEN AUTOMOBILE SA Fabrication de matériels de transport 1000 salariés et plus
71040 Blanzy MANUF FRANC PNEUMATIQ MICHELIN Fab. d’autres produits indus. (cuir, caoutchouc & plastique, autres indus. Manuf.) De 500 à 999 salariés
71047 Bourbon-Lancy FPT POWERTRAIN TECHNOLOGIES FRANCE SA Fabrication de matériels de transport 1000 salariés et plus
71056 Branges LDC BOURGOGNE Industrie agro-alimentaire De 500 à 999 salariés
71076 Chalon-sur-Saône AREVA NP Métallurgie De 500 à 999 salariés
71076 Chalon-sur-Saône SAINT GOBAIN EMBALLAGE Fab. d’autres produits indus. (cuir, caoutchouc & plastique, autres indus. Manuf.) De 100 à 499 salariés
71153 Le Creusot ALSTOM TRANSPORT SA Fabrication de matériels de transport De 500 à 999 salariés
71153 Le Creusot INDUSTEEL FRANCE Métallurgie De 500 à 999 salariés
71153 Le Creusot THERMODYN Fabrication de machines et équipements De 500 à 999 salariés
71157 Cuiseaux GROUPE BIGARD Industrie agro-alimentaire De 100 à 499 salariés
71230 Gueugnon APERAM STAINLESS FRANCE Métallurgie De 500 à 999 salariés
71270 Mâcon ITRON FRANCE Fab. Mat. Électrique, électronique, informatique et optique De 100 à 499 salariés
71270 Mâcon METSO FRANCE SAS Fabrication de machines et équipements De 100 à 499 salariés
71270 Mâcon SCHNEIDER ELECTRIC ENERGY FRANCE Fab. Mat. Électrique, électronique, informatique et optique De 100 à 499 salariés
71445 Saint-Marcel AREVA NP Métallurgie De 500 à 999 salariés
71520 Sevrey DAUNAT BOURGOGNE Industrie agro-alimentaire De 100 à 499 salariés
89025 Avallon SNC PNEU LAURENT Fab. d’autres produits indus. (cuir, caoutchouc & plastique, autres indus. Manuf.) De 500 à 999 salariés
89201 Héry DAVEY BICKFORD Industrie chimique et pharmaceutique De 100 à 499 salariés
89209 Jouy SENAGRAL Industrie agro-alimentaire De 100 à 499 salariés
89263 Monéteau HMY FRANCE Fab. d’autres produits indus. (cuir, caoutchouc & plastique, autres indus. Manuf.) De 500 à 999 salariés
89338 Saint-Clément VALEO VISION Fab. Mat. Électrique, électronique, informatique et optique De 100 à 499 salariés
89387 Sens FMC TECHNOLOGIES SA Fabrication de machines et équipements De 500 à 999 salariés
90010 Belfort ALSTOM POWER SYSTEMS Fabrication de machines et équipements De 100 à 499 salariés
90010 Belfort ALSTOM TRANSPORT SA Fabrication de matériels de transport De 500 à 999 salariés
90010 Belfort GE ENERGY PRODUCTS FRANCE SNC Fabrication de machines et équipements 1000 salariés et plus
90017 Bourogne GE ENERGY PRODUCTS FRANCE SNC Fabrication de machines et équipements De 100 à 499 salariés
  • Source : Insee, Clap 2015

figure 2 L’industrie encore très présente, des établissements aux quatre coins de la régionLes 50 plus grands établissements industriels de la région, par effectif et activité

  • Source : Insee, Clap 2015

Transformation de l’industrie

L’industrie s’est beaucoup transformée au cours des 20 dernières années. Elle a perdu un tiers de ses effectifs sous l’effet de l’automatisation des processus de production, de l’externalisation de certaines fonctions et de l’abandon d’activités comme le textile ou la sidérurgie. Cette réduction des effectifs s’est accompagnée d’une transformation des métiers, le nombre d’ouvriers non qualifiés diminuant fortement alors que les emplois d’ingénieurs ou de cadres progressaient. Cette mutation des emplois industriels se poursuit. La présence de quatre pôles de compétitivité, Vitagora, Véhicule du futur, pôle micro techniques, Plastipolis et le Pôle nucléaire bourguignon permet aussi le développement des synergies entre l’industrie et la recherche.

Les filières d’excellence de l’agriculture

L’agriculture reste très implantée dans l’économie régionale : elle représente 4 % des emplois et 4 % de la valeur ajoutée, ce qui place la Bourgogne-Franche-Comté au second rang des régions métropolitaines derrière la Nouvelle-Aquitaine. Elle est positionnée sur des filières d’excellence, vins, fromage d’appellation, broutard charolais ou encore volailles de Bresse.

Un déficit d’emplois tertiaires qualifiés

Plus agricole et industrielle que les autres régions, l’économie de la Bourgogne-Franche-Comté se retrouve moins orientée vers le secteur tertiaire, c’est-à-dire le commerce et les services. En particulier, les services à haute valeur ajoutée comme l’information-communication, les services aux entreprises, les activités scientifiques sont peu présentes dans la région, car ils ont tendance à se développer et à se concentrer sur les métropoles proches de Paris et de Lyon. Par ailleurs, le commerce et les services à la population sont peu dynamiques dans un contexte de stabilité voire de baisse du nombre d’habitants.

Croissance économique ralentie

Depuis le début des années 2000, la région décroche au plan économique.
La baisse des emplois industriels, accentuée lors de la crise de 2008, n’est pas compensée par le développement des emplois tertiaires. Comme d’autres régions, celle du Grand Est ou la Normandie, le nombre d’emplois s’est fortement réduit entre 2008 et 2016. Malgré la reprise observée depuis mi 2016, il est loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant crise.

Le décrochage de la région s’observe aussi en termes de croissance économique. Le PIB (produit intérieur brut) c’est-à-dire la valeur de la production régionale a fortement diminué de 2008 à 2010 puis de nouveau en 2011. En 2014, il retrouve tout juste son niveau d’avant-crise. La Bourgogne-Franche-Comté enregistre ainsi la plus faible croissance économique des régions métropolitaines entre 2008 et 2014.

figure 3 Le PIB régional décrocheÉvolution de l’emploi et du PIB (en base 100 en 1990)

Le PIB régional décroche
PIB Bourgogne-Franche-Comté PIB France métropolitaine Emploi Bourgogne-Franche-Comté Emploi France métropolitaine
1990 100 100 100 100
1991 100 101 100 100
1992 101 103 99 99
1993 99 102 98 98
1994 101 104 99 99
1995 104 107 100 99
1996 105 108 100 100
1997 107 110 101 101
1998 111 114 102 103
1999 114 118 104 105
2000 119 123 107 108
2001 120 125 107 109
2002 120 127 107 110
2003 120 128 107 110
2004 123 131 107 110
2005 123 133 107 111
2006 124 136 108 112
2007 127 139 108 114
2008 124 140 107 113
2009 119 136 106 112
2010 118 138 106 113
2011 121 141 106 114
2012 118 141 105 114
2013 117 142 105 115
2014 119 143 104 115
2015 119 145 104 115
  • Sources : Insee, estimations d’emploi, comptes régionaux base 2010

figure 3 Le PIB régional décrocheÉvolution de l’emploi et du PIB (en base 100 en 1990)

  • Sources : Insee, estimations d’emploi, comptes régionaux base 2010

Faibles taux de chômage et de pauvreté

Les indicateurs sociaux sont davantage favorables à la région.
Le revenu médian de 20 400 euros en 2014 classe la Bourgogne-Franche-Comté en position intermédiaire parmi les régions françaises. Surtout, elle est la troisième région la moins inégalitaire, avec un éventail de revenus davantage resserré. Les dix pour cent de la population les plus modestes disposent d’un revenu annuel inférieur à 11 200 €, quand leur revenu est inférieur à 10 700 € au niveau métropolitain. À l’inverse, les dix pour cent les plus aisées disposent d’un revenu annuel supérieur à 34 600 €, contre 37 600 € au niveau métropolitain. Avec un taux de pauvreté de 13 % la Bourgogne-Franche-Comté figure parmi les régions les moins exposées de la métropole.

Le taux de chômage est également plus faible dans la région qu’au niveau national, la faible pression démographique se traduisant par une croissance moindre de la population active.

Plusieurs territoires en bonne santé économique et démographique

Ces performances économiques et sociales mesurées à l’échelle régionale sont à nuancer par territoire pour une vision plus précise de la région.

Plusieurs territoires sont en bonne santé économique et démographique. L’axe Rhin-Rhône qui s’étire de Mâcon au sud à Belfort au nord-est, en passant par Chalon-sur-Saône, Beaune, Dijon, Besançon et Montbéliard forme un système urbain quasi continu qui concentre plus de la moitié des emplois et de la population de la région. Il concentre aussi les pouvoirs économiques, institutionnels et les métiers à forte valeur intellectuelle, technique et décisionnelle. Sa population est jeune et en croissance.

De même le nombre d’emplois progresse porté par ce dynamisme démographique et l’attractivité économique. Ainsi Dijon métropole se classe en tête pour l’attractivité économique parmi les métropoles de taille comparable qui gravitent autour de Paris. Seule l’aire urbaine de Montbéliard, fragilisée par sa forte spécialisation industrielle, perd des emplois.

C’est aussi sur ce territoire que se concentrent les revenus les plus élevés, en particulier entre Dijon et Beaune du fait des revenus viticoles.

figure 4Forte croissance démographique à l’estVariation annuelle de la densité de population entre 2006 et 2014

  • Source : Insee, recensements de la population entre 2006 et 2014

Une zone frontalière dynamique

La zone frontalière avec la Suisse est aussi un territoire où se conjuguent richesse et développement démographique. Les opportunités d’emplois en Suisse, à des niveaux de salaires élevés, rendent ce territoire très attractif pour des jeunes actifs. Depuis l’accord sur la libre circulation des personnes au début des années 2 000, le nombre de travailleurs frontaliers a doublé et dépasse les 30 000 actifs. Conséquence de la forte attractivité résidentielle de ce territoire et du fort pouvoir d’achat des travailleurs frontaliers, cet espace de montagne est confronté à des problématiques davantage constatées en milieu urbain : artificialisation croissante du territoire, pression foncière, développement des inégalités sociales, engorgement des réseaux routiers.

figure 5Forts revenus le long de la frontière suisseNiveau de vie médian par unité de consommation par commune (en euros)

  • Source : Insee, Filosofi 2014

Des pôles urbains excentrés et sous influence externe

Quatre pôles excentrés se distinguent aussi dans l’espace régional. Celui de Mâcon au sud bénéficie à la fois d’une infrastructure de transport riche et de la proximité de l’aire urbaine de Lyon. Sa population comme son nombre d’emplois augmentent. De même, Sens au nord est de la région entretient des liens fort avec le bassin parisien. Le Sénonais hérite depuis plusieurs décennies d’une attractivité résidentielle liée au desserrement francilien, même si cette attractivité tend à s’essouffler au profit des zones situées au sud et à l’ouest du Bassin parisien.

Les deux autres pôles, Auxerre et Nevers, sont confrontés à davantage de difficultés. Celui d’Auxerre perd de la population et n’a pas été épargné par les baisses d’emplois. Celui de Nevers, situé à l’ouest de la région, isolé par la barrière naturelle que constitue le Morvan, enregistre aussi une baisse de l’emploi et de la population.

figure 6 Une région sous influence externeNavettes quotidiennes sortantes d’actifs par zone d’emploi (flux > 300 actifs)

Une région sous influence externe
zone d’emploi de résidence région de travail flux
Morteau Suisse 9 648
Pontarlier Suisse 9 516
Sens Île-de-France 9 252
Belfort - Montbéliard - Héricourt Suisse 5 990
Mâcon Auvergne-Rhône-Alpes 5 874
Belfort - Montbéliard - Héricourt Grand Est 5 361
Saint-Claude Suisse 4 349
Le Charolais Auvergne-Rhône-Alpes 3 850
Auxerre Île-de-France 2 346
Saint-Claude Auvergne-Rhône-Alpes 1 921
Lons-le-Saunier Auvergne-Rhône-Alpes 1 918
Dijon Île-de-France 1 823
Cosne - Clamecy Centre-Val de Loire 1 751
Besançon Suisse 1 722
Chalon-sur-Saône Auvergne-Rhône-Alpes 1 488
Nevers Auvergne-Rhône-Alpes 1 342
Vesoul Grand Est 1 253
Dijon Auvergne-Rhône-Alpes 1 189
Dijon Grand Est 962
Auxerre Centre-Val de Loire 785
Nevers Centre-Val de Loire 785
Louhans Auvergne-Rhône-Alpes 739
Auxerre Grand Est 665
Besançon Île-de-France 658
Lons-le-Saunier Suisse 584
Chalon-sur-Saône Île-de-France 550
Le Creusot - Montceau Auvergne-Rhône-Alpes 495
Belfort - Montbéliard - Héricourt Île-de-France 481
Chatillon Grand Est 481
Besançon Grand Est 480
Sens Centre-Val de Loire 465
Sens Grand Est 446
Cosne - Clamecy Île-de-France 444
Nevers Île-de-France 437
Besançon Auvergne-Rhône-Alpes 436
Mâcon Île-de-France 328
Le Creusot - Montceau Île-de-France 311
  • Source : Insee, recensements de la population entre 2006 et 2014

figure 6 Une région sous influence externeNavettes quotidiennes sortantes d’actifs par zone d’emploi (flux > 300 actifs)

  • Source : Insee, recensements de la population entre 2006 et 2014

Des territoires peu denses

En dehors des territoires urbains et de la bande frontalière, le territoire régional est constitué d’un espace peu dense, animé par une quarantaine de petites villes qui servent à la fois de pôles d’emploi et d’équipement. Quelques-unes sont situées au cœur de zones très peu denses comme le Châtillonnais au nord de la Côte-d’Or, le massif du Morvan à l’ouest de la région, le nord de la Haute-Saône ou l’extrême sud du massif jurassien. C’est ici que la déprise démographique est la plus marquée. La population est âgée et le parc de logements, souvent anciens et potentiellement énergivores, ne favorise guère leur attractivité. L’accès aux équipements, de santé par exemple, ou à une couverture numérique en très haut débit, est un enjeu fort pour ces territoires.

La Bourgogne-Franche-Comté s’étend du Bassin parisien à la frontière suisse. Elle couvre 47 800 km2 ce qui en fait la 5e région la plus étendue des 13 régions métropolitaines, d’une superficie comparable à des pays tels que la Slovaquie, l’Estonie ou la Suisse. Elle comprend deux massifs de moyenne montagne : le Morvan situé au cœur de la région et le Jura à l’est qui fait frontière avec la Suisse, deux massifs intégrés chacun à un parc naturel régional. La Seine, la Loire, l’Yonne, le Doubs et la Saône sont les principaux cours d’eau qui bordent ou traversent la région composée de huit départements : la Côte d’Or, le Doubs, le Jura, la Nièvre, la Haute-Saône, la Saône-et-Loire, l’Yonne et le Territoire de Belfort.

 Une région très vaste, scindée en deux par le MorvanGéographie physique de la Bourgogne-Franche-Comté

  • Source : Insee, IGN

Pour en savoir plus

Chassard M., « En Bourgogne-Franche-Comté, plus de décès désormais que de naissances », Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté n° 52, janvier 2018.

Populations légales en Bourgogne-Franche-Comté : « 2 820 940 habitants au 1er janvier 2015 », Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté n° 49, décembre 2017.

Portrait de la Bourgogne-Franche-Comté, Insee Dossier Bourgogne-Franche-Comté n° 2, avril 2016.