En cinq ans, davantage de services à la population dans les grandes villes
Entre 2012 et 2017, le nombre de points d’accès à des services à la population a augmenté. C’est le cas notamment pour certains services de proximité (taxis, artisans du bâtiment, etc.). Ces évolutions modifient peu la hiérarchie entre régions, celles du Sud présentant toujours davantage de points d’accès par habitant. Rapportée à la population, l’implantation de services progresse plus vite dans les grandes agglomérations, et notamment dans les banlieues, que dans les plus petites aires urbaines.
Depuis 2012, la hiérarchie entre régions est peu modifiée en matière d’implantation de services
La présence d’équipements publics ou privés, de commerces et de services à la population constitue un enjeu central pour les politiques d’aménagement du territoire. Les évolutions démographiques, mais aussi l’apparition de nouveaux besoins, le vieillissement de la population, la création de zones commerciales ou encore la reconfiguration territoriale des services publics sont autant de facteurs qui contribuent à transformer l’offre de services dans les territoires. Pour 77 services différents, la base permanente des équipements permet de comparer leur implantation en 2012 et en 2017.
Entre 2012 et 2017, le nombre total de points d’accès aux différents services augmente, mais il évolue différemment selon les régions. Les équipements les plus fréquents, utilisés quotidiennement, regroupés dans la gamme dite « de proximité », se développent le plus fortement. Le nombre d’implantations augmente pour 20 services parmi les 24 de cette gamme, parfois dans des proportions importantes. C’est le cas pour les services de « taxi », qui comprennent aussi les voitures de transport avec chauffeur (VTC) (+ 73 %) et pour plusieurs métiers du bâtiment, notamment avec le développement du statut d’auto-entrepreneur (renommé régime de micro-entrepreneur fin 2014) (figure 1). Dans la gamme de proximité, le nombre total de points d’accès aux services rapporté au nombre d’habitants (appelé « taux d’implantation » par la suite) a progressé très rapidement en Île-de-France (+ 27 %), et, dans une moindre mesure, dans les régions du Nord de la France (Normandie, Hauts-de-France et Grand Est), ainsi qu’en Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), en Corse, en Martinique et à La Réunion. En Île-de-France, cette très forte progression est le fait des taxis (y compris VTC), des restaurants et des artisans du bâtiment.
tableauFigure 1 - Les cinq services ayant la progression la plus forte, par gamme
Service | Nombre de points d'accès aux services en 2017 | Évolution du nombre de points d'accès entre 2012 et 2017 (en %) |
---|---|---|
Gamme de proximité | ||
Taxi (y compris voiture de transport avec chauffeur) | 58 853 | 73 |
Entreprise générale du bâtiment | 46 389 | 27 |
Infirmier | 94 156 | 23 |
Réparation automobile et de matériel agricole | 90 519 | 23 |
Restaurant | 217 177 | 21 |
Gamme intermédiaire | ||
Sage-femme | 6 269 | 60 |
École de conduite | 16 976 | 19 |
Pédicure, podologue | 15 124 | 17 |
Magasin d'optique | 15 464 | 16 |
Orthophoniste | 21 091 | 16 |
Gamme supérieure | ||
Psychomotricien | 2 398 | 99 |
Audioprothésiste | 1 551 | 36 |
Spécialiste en gastro-entérologie, hépatologie | 2 816 | 27 |
Parfumerie | 9 597 | 17 |
Orthoptiste | 3 068 | 16 |
- Champ : France hors Mayotte - Sélection de 24 services de la gamme de proximité, 25 services de la gamme intermédiaire et 28 services de la gamme supérieure.
- Source : Insee, base permanente des équipements 2012 et 2017.
Au sein de la gamme « intermédiaire », la plupart des 25 services se développent également, mais dans des proportions moins importantes que pour la gamme de proximité, à l’exception des sages-femmes (+ 60 %). Les évolutions sont globalement semblables entre régions de métropole. L’augmentation du nombre de points d’accès aux services de cette gamme est plus forte en Guyane et à La Réunion, régions d’outre-mer où la population progresse. Malgré tout, dans ces deux régions, le taux d’implantation de services demeure parmi les plus faibles de France.
Pour les 28 services les plus rares, appartenant à la gamme « supérieure », les évolutions sont disparates. Dans le domaine de la santé, le nombre d’établissements de court séjour diminue, mais celui de certains professionnels libéraux augmente fortement : psychomotriciens, audioprothésistes, etc. Les points d’accès à ces services sont cependant peu fréquents. Les disparités entre régions sont plus marquées que pour la gamme intermédiaire. En PACA, en Martinique et à La Réunion, les taux d’implantation progressent plus fortement.
En définitive, quelle que soit la gamme considérée, les évolutions observées modifient assez peu la hiérarchie des régions au regard du nombre de points d’accès aux services par habitant (figures 2a et 2b). Pour les trois gammes, les régions de la moitié Sud de la France métropolitaine (Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, PACA et Corse) présentent en général un taux d’implantation supérieur à celui des régions de la moitié Nord, exception faite de l’Île-de-France. L’importance de la fréquentation touristique dans les régions du Sud contribue au maintien et au développement d’activités commerciales, artisanales et de services à la population.
tableauFigure 2a - Taux d'implantation de services de proximité en 2017 par région (en nombre de points d'accès pour 100 000 habitants)
Région | Nombre de points d'accès pour 100 000 habitants en 2017 - Gamme de proximité - |
---|---|
Auvergne-Rhône-Alpes | 2 374 |
Bourgogne-Franche-Comté | 2 052 |
Bretagne | 1 972 |
Centre-Val de Loire | 1 921 |
Corse | 4 486 |
Grand Est | 1 967 |
Hauts-de-France | 1 744 |
Île-de-France | 2 478 |
Normandie | 1 938 |
Nouvelle-Aquitaine | 2 478 |
Occitanie | 2 829 |
Pays de la Loire | 1 866 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 3 326 |
Guadeloupe | 3 968 |
Martinique | 3 344 |
Guyane | 2 088 |
La Réunion | 2 297 |
- Champ : France hors Mayotte - Sélection de 24 services de la gamme de proximité.
- Source : Insee, base permanente des équipements 2017, recensement de la population 2015.
graphiqueFigure 2a - Taux d'implantation de services de proximité en 2017 par région (en nombre de points d'accès pour 100 000 habitants)
tableauFigure 2b - Évolution du taux d'implantation de services de proximité entre 2012 et 2017 par région (en nombre de points d'accès pour 100 000 habitants)
Région | Différence entre le taux d'implantation 2017 et le taux d'implantation 2012 - Gamme de proximité - |
---|---|
Auvergne-Rhône-Alpes | 214 |
Bourgogne-Franche-Comté | 163 |
Bretagne | 80 |
Centre-Val de Loire | 115 |
Corse | 463 |
Grand Est | 212 |
Hauts-de-France | 196 |
Île-de-France | 533 |
Normandie | 196 |
Nouvelle-Aquitaine | 191 |
Occitanie | 177 |
Pays de la Loire | 123 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 349 |
Guadeloupe | 348 |
Martinique | 386 |
Guyane | 163 |
La Réunion | 281 |
- Champ : France hors Mayotte - Sélection de 24 services de la gamme de proximité.
- Source : Insee, base permanente des équipements 2012 et 2017, recensements de la population 2010 et 2015.
graphiqueFigure 2b - Évolution du taux d'implantation de services de proximité entre 2012 et 2017 par région (en nombre de points d'accès pour 100 000 habitants)
Certains services se développent davantage dans les banlieues que dans les villes-centres
Entre villes-centres, banlieues, couronnes périurbaines et communes isolées, l’implantation des services ne progresse pas non plus au même rythme (figure 3). Les dynamiques démographiques n’expliquent pas entièrement les différences d’évolution du nombre de points d’accès aux différents services.
En cinq ans, pour les trois gammes, le nombre de points d’accès aux services par habitant progresse sensiblement dans les plus grandes unités urbaines. C’est le cas notamment pour les restaurants, les artisans du bâtiment et les taxis (y compris VTC). Pour la gamme de proximité et la gamme intermédiaire, la progression est plus forte dans les banlieues que dans les villes-centres. Malgré ce rattrapage, en 2017, les banlieues disposent encore de moins d’implantations par habitant que les villes-centres. Dans les couronnes des grands pôles, le taux d'implantation progresse moins rapidement.
Dans les petites et moyennes aires urbaines, l’évolution du taux d’implantation est en retrait par rapport aux grandes agglomérations, et ce pour les trois gammes de services. Le nombre d’artisans du bâtiment, d’agences immobilières ou de taxis (y compris VTC) y progresse nettement moins. Le nombre de commerces de détail, alimentaires ou non, augmente moins vite ou diminue plus fortement.
tableauFigure 3 - Taux d'implantation de services par gamme selon le zonage en aires urbaines*, en 2017 et évolution entre 2012 et 2017 (en nombre de points d'accès pour 100 000 habitants)
Gamme de proximité | Gamme intermédiaire | Gamme supérieure | ||||
---|---|---|---|---|---|---|
Nombre en 2017 | Évolution 2012/2017 | Nombre en 2017 | Évolution 2012/2017 | Nombre en 2017 | Évolution 2012/2017 | |
Villes-centres des grands pôles | 2 542 | 304 | 808 | 15 | 265 | 12 |
Banlieues des grands pôles | 2 241 | 361 | 476 | 19 | 121 | 9 |
Couronnes et communes multipolarisées des grands pôles | 2 129 | 168 | 318 | 13 | 52 | 5 |
Petites et moyennes aires et autres communes multipolarisées | 2 423 | 163 | 563 | -1 | 115 | 4 |
Communes isolées, hors influence des pôles | 2 954 | 152 | 518 | 9 | 63 | 3 |
- * Voir définitions.
- Champ : France hors Mayotte - Sélection de 24 services de la gamme de proximité, 25 services de la gamme intermédiaire et 28 services de la gamme supérieure.
- Source : Insee, base permanente des équipements 2012 et 2017, recensements de la population 2010 et 2015.
Sources
La base permanente des équipements (BPE), gérée par l'Insee, rassemble des données sur les équipements et services à la population, localisés à un niveau géographique fin. Elle porte sur plus de 180 types de services, couvrant sept grands domaines : services aux particuliers ; commerces ; enseignement ; santé-social ; transports et déplacements ; sports, loisirs et culture ; tourisme.
Une analyse en évolution est possible pour 77 services, qui n’ont changé ni de définition ni de source entre 2012 et 2017. Ces services appartiennent à l’une des trois gammes, mais ils ne couvrent pas entièrement l’ensemble des services de chaque gamme.
Seule l’évolution du nombre de points d’accès est étudiée. En particulier, la BPE ne permet pas d’analyser la qualité de l’offre et le volume (étendue des horaires d’ouverture, nombre de professionnels présents au point d’accès…). Par ailleurs, le point d’accès correspond à l’adresse d’implantation administrative de l’entité ou du professionnel offrant ce service. Or certains professionnels se déplacent, par exemple les artisans du bâtiment ou les taxis peuvent intervenir ou venir chercher des personnes en dehors de leur commune d’implantation.
Définitions
Les gammes d’équipements réunissent des services qui présentent des logiques d'implantation voisines, en ce sens qu’ils sont souvent présents simultanément au sein des communes. La gamme dite « de proximité » regroupe des services présents dans le plus grand nombre de communes (artisans du bâtiment, boulangeries, médecins généralistes, etc.). Les services des gammes « intermédiaire » et « supérieure » sont présents dans moins de communes. Ils comprennent, par exemple, pour la gamme intermédiaire, les banques ou les laboratoires d’analyses médicales et, pour la gamme supérieure, les hypermarchés ou les services d’urgences médicales. Dans cette étude, le terme de « gamme » désigne les gammes restreintes aux services qui ont pu faire l’objet d’une étude en évolution (24 services dans la gamme de proximité, 25 dans la gamme intermédiaire et 28 dans la gamme supérieure).
Le taux d’implantation rapporte le nombre de points d’accès aux services à la population. Il est exprimé en nombre de points d’accès pour 100 000 habitants.
Le zonage en aires urbaines fournit une représentation des zones d’influence des villes, en partageant le territoire en grands types d’espaces.
Jusqu'en octobre 2011, le zonage en aires urbaines (ZAU) décline le territoire en quatre catégories. La première représente l'espace à dominante rurale qui comprend à la fois des petites unités urbaines et des communes rurales. Les trois autres constituent l'espace à dominante urbaine : ce sont les pôles urbains, les couronnes périurbaines et les communes multipolarisées.
Depuis octobre 2011, le zonage en aires urbaines de 2010 permet d'obtenir une vision des aires d'influences des villes (au sens d'unités urbaines) sur le territoire.
Il partage le territoire en quatre grands types d'espaces : espace des grandes aires urbaines, espace des autres aires, autres communes multipolarisées et communes isolées, hors influence des pôles.
Dans les espaces des grandes aires urbaines et des autres aires, on distingue les pôles et les couronnes de ceux-ci.
Le zonage en aire urbaine 2010 est basé sur les données du recensement de la population de 2008 et plus particulièrement sur celles relatives à l'emploi et aux déplacements entre le domicile et le lieu de travail.
La nomenclature complète fait ainsi apparaître 9 catégories élémentaires, elle est consultable sur le site Insee :
https://www.insee.fr/fr/information/2115011
Pour en savoir plus
Châtel F., « Dans les communes les moins dotées en services, artisans du bâtiment et restaurants sont les plus présents », Insee Focus n° 113, mai 2018.
Barbier M., Toutin G., Levy D., « L’accès aux services, une question de densité des territoires », Insee Première n° 1579, janvier 2016.
Reynard R., Vialette P., « Une approche de la qualité de vie dans les territoires », Insee Première n° 1519, octobre 2014.