Insee Analyses Hauts-de-FranceLa population active des Hauts-de-France se stabiliserait à l’horizon 2030

Cyril Gicquiaux, Laurent Lefèvre, Insee Hauts-de-France

En Hauts-de-France, si les tendances démographiques récentes se poursuivaient, la population active se stabiliserait d’ici 2030. Elle s’établirait alors à 2 743 500 actifs. Alors que la démographie portait la croissance du nombre d’actifs jusqu’à présent dans la région, son effet s’atténuerait progressivement jusqu’à devenir légèrement négatif à l’horizon 2030. En effet, les nouvelles générations qui entrent sur le marché du travail ne compensent plus depuis le début des années 2000 les départs des baby boomers. Toutefois, dans une région qui reste la plus jeune de France métropolitaine, le vieillissement de la population active serait moins marqué qu’au niveau national. Le fort déficit migratoire continuerait par ailleurs à pénaliser la croissance des actifs d’ici 2030. Seule la hausse des taux d’activité résultant des dernières réformes de retraite contribuerait à stabiliser le nombre d’actifs.

Insee Analyses Hauts-de-France
No 83
Paru le :Paru le04/09/2018
Cyril Gicquiaux, Laurent Lefèvre, Insee Hauts-de-France
Insee Analyses Hauts-de-France No 83- Septembre 2018

Population active régionale : stabilisation à l’horizon 2030

La période récente (2006-2013) se caractérise par un ralentissement de la croissance de la population active dans les Hauts-de-France comme au niveau national : + 0,44 % en rythme moyen annuel dans la région, contre 0,74 % entre 1999 et 2006. Selon le scénario central de projection, la population active des 14 ans ou plus dans la région resterait stable à l’horizon 2030. Elle ne progresserait que de l’ordre de 400 actifs en moyenne par an sur la période 2013-2030 (+ 0,01 %), contre 11 700 entre 2006 et 2013. La région compterait ainsi 2 743 500 actifs en 2030, soit une hausse du nombre d’actifs de seulement 6 500 personnes environ. En France métropolitaine, si les tendances démographiques se poursuivaient selon le même scénario, la population active augmenterait à un rythme bien supérieur de + 0,24 % en rythme annuel moyen, soit 32,3 millions d’actifs à l’horizon 2030 (figure 1).

Figure 1Une stabilisation de la population active régionale à l’horizon 2030Évolution de la population active en moyenne annuelle entre 2006 et 2013 et entre 2013 et 2030

En %
Une stabilisation de la population active régionale à l’horizon 2030 (En %)
Hauts-de-France France métropolitaine
2006-2013 0,44 0,65
2013-2030 0,01 0,23
  • Note de lecture : entre 2006 et 2013, la population active en France métropolitaine a augmenté chaque année de 0,65 % en moyenne, contre 0,44 % en Hauts-de-France.
  • Source : Insee, recensements de la population (exploitations principales), Omphale, projections de population active 2013-2030.

Figure 1Une stabilisation de la population active régionale à l’horizon 2030Évolution de la population active en moyenne annuelle entre 2006 et 2013 et entre 2013 et 2030

  • Note de lecture : entre 2006 et 2013, la population active en France métropolitaine a augmenté chaque année de 0,65 % en moyenne, contre 0,44 % en Hauts-de-France.
  • Source : Insee, recensements de la population (exploitations principales), Omphale, projections de population active 2013-2030.

Les rythmes de progression de la population active à l’horizon 2030 seraient différenciés selon les régions. Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie enregistreraient les hausses les plus fortes (respectivement + 0,53 % et + 0,52 % en rythme annuel moyen), à l’inverse de Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Normandie qui perdraient elles de la population active, respectivement de – 0,05 %, – 0,11 % et – 0,14 % en rythme annuel moyen.

La population active évolue selon trois principaux facteurs. La démographie rend ainsi compte du vieillissement de la population active présente en début de période. Sous cet effet, la population active augmente lorsque les arrivées de jeunes sur le marché du travail sont plus nombreuses que les départs de fin d’activité. L’évolution des taux d’activité reflète par ailleurs les changements de comportements vis-à-vis de l’activité. Les actifs seront mécaniquement plus nombreux si par exemple les âges légaux de la retraite sont repoussés. Enfin, l’effet des migrations résidentielles traduit l’impact des mouvements de population entre les territoires. La population active d’un territoire augmentera si les installations d’actifs provenant de l’extérieur sont plus nombreuses que les départs des actifs de ce territoire.

Un vieillissement modéré de la population active régionale

Selon le scénario central de projection, la contribution de la démographie dans l’évolution de la population active serait négative dans l’ensemble des régions de France métropolitaine, à l’exception de l’Île-de-France où elle serait très légèrement positive. Les Hauts-de-France n’échappent pas à cette évolution générale mais, avec une contribution très légèrement négative (– 0,07 point), la région se distinguerait par un effet de la démographie beaucoup moins défavorable que dans les autres régions de province (figure 2).

Figure 2Un effet démographique légèrement négatif pour les Hauts-de-FranceÉvolution de la population active en France métropolitaine et contributions de ses différentes composantes entre 2013 et 2030

Un effet démographique légèrement négatif pour les Hauts-de-France
Régions Évolution annuelle moyenne (en %) Composantes
Effet taux d’activité Effet démographique Effet des migrations résidentielles
Auvergne-Rhône-Alpes 0,53 0,28 -0,21 0,46
Occitanie 0,52 0,32 -0,44 0,64
Pays de la Loire 0,49 0,25 -0,14 0,38
Corse 0,49 0,39 -0,73 0,83
Bretagne 0,40 0,28 -0,34 0,46
Nouvelle-Aquitaine 0,35 0,32 -0,60 0,63
Île-de-France 0,23 0,26 0,03 -0,06
Provence-Alpes-Côte d'Azur 0,10 0,34 -0,44 0,20
Hauts-de-France 0,01 0,26 -0,07 -0,18
Centre-Val de Loire -0,01 0,29 -0,38 0,08
Bourgogne-Franche-Comté -0,05 0,30 -0,45 0,10
Grand Est -0,11 0,29 -0,43 0,03
Normandie -0,14 0,28 -0,31 -0,11
France métropolitaine 0,24 0,30 -0,24 0,18
  • Source : Insee, Omphale scénario central, projections de population active 2013-2030.

Figure 2Un effet démographique légèrement négatif pour les Hauts-de-FranceÉvolution de la population active en France métropolitaine et contributions de ses différentes composantes entre 2013 et 2030

  • Source : Insee, Omphale scénario central, projections de population active 2013-2030.

En effet, si les tendances démographiques récentes se poursuivaient, les régions littorales du sud (Corse, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur) seraient ainsi particulièrement marquées par le vieillissement de leur population active (contributions respectives de l’effet démographique de – 0,73 point, – 0,60 point et – 0,44 point). Il en serait de même pour les régions limitrophes à l’Île-de-France. En Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est par exemple, les contributions de l’effet démographique seraient de – 0,45 et – 0,43 point.

Les Hauts-de-France voient également sa population vieillir et le poids des actifs de 55 ans ou plus dans la région augmenterait sensiblement dans la population active à l’horizon 2030. Cette évolution est cependant moins marquée qu’au niveau national (figure 3) : + 4,6 points contre + 5,6 points. Dans les Hauts-de-France, cette part se maintiendrait au niveau le plus faible de France métropolitaine : 17 % en 2030 contre 12,4 % en 2013. À l’inverse, elle atteindrait 21 % en 2030 en Nouvelle-Aquitaine.

Figure 3Une hausse du poids des 55 ans ou plus dans la population active moins marquée qu’au niveau national d’ici 2030Pyramides des âges des actifs comparées Hauts-de-France et France métropolitaine 2013 et 2030

En %
Une hausse du poids des 55 ans ou plus dans la population active moins marquée qu’au niveau national d’ici 2030 (En %)
Âge Hommes Hauts-de-France en 2013 Femmes Hauts-de-France en 2013 Hommes Hauts-de-France en 2030 Femmes Hauts-de-France en 2030 Hommes France métropolitaine en 2030 Femmes France métropolitaine en 2030
De 14 à 19 ans 2,83 2,13 2,89 2,19 3,00 2,00
De 20 à 24 ans 9,71 9,58 9,94 9,67 9,00 9,00
De 25 à 29 ans 11,97 12,34 11,86 11,94 11,00 11,00
De 30 à 34 ans 12,41 12,57 11,58 11,45 11,00 11,00
De 35 à 39 ans 12,50 12,51 11,59 11,64 11,00 11,00
De 40 à 44 ans 13,39 13,50 12,21 12,51 -11,00 12,00
De 45 à 49 ans 12,90 13,02 12,05 12,68 12,00 13,00
De 50 à 54 ans 12,07 11,86 11,04 11,02 11,00 11,00
De 55 à 59 ans 9,38 9,39 9,86 10,08 11,00 11,00
De 60 à 64 ans 2,20 2,44 5,43 5,36 7,00 7,00
De 65 à 69 ans 0,41 0,37 0,97 0,84 2,00 1,00
70 ans ou plus 0,25 0,30 0,58 0,62 1,00 1,00
  • Source : Insee, Omphale scénario central, projections de population active 2013-2030.

Figure 3Une hausse du poids des 55 ans ou plus dans la population active moins marquée qu’au niveau national d’ici 2030Pyramides des âges des actifs comparées Hauts-de-France et France métropolitaine 2013 et 2030

  • Source : Insee, Omphale scénario central, projections de population active 2013-2030.

Dans la région, ce moindre vieillissement des actifs à l’horizon de la projection résulte de la jeunesse de la population. En 2013, les Hauts-de-France ont en effet la population la plus jeune de province ; la moitié de ses habitants ont moins de 38 ans contre 40 ans au niveau métropolitain. Cette situation s’explique par une natalité historiquement plus importante, ayant conduit à des indices conjoncturels de fécondité parmi les plus élevés des régions métropolitaines.

La part des 20-49 ans dans la population active régionale baisserait cependant de 3,6 points entre 2013 et 2030 selon le scénario de projection (contre 4,7 points au niveau national). Ce moindre vieillissement se traduirait donc in fine par une population active plus jeune qu’au niveau national : les 20-49 ans représenteraient 70 % des actifs en 2030 contre environ 67 % au niveau national. Dans les régions où l’effet démographique est le plus défavorable comme la Nouvelle-Aquitaine, cette part serait de l’ordre de 65 %.

L’effet négatif de la démographie dans les régions de France de province s’explique par deux mouvements de nature différente. D’une part, les premières générations du baby boom, puis les suivantes sortent progressivement du marché du travail à partir des années 2000. D’autre part, les dernières générations de baby boomers, qui alimentaient encore la croissance de la population active dans les années 1990, ont été progressivement remplacées au début des années 2000 par des générations plus creuses, se traduisant depuis par des entrées moins nombreuses sur le marché du travail. Ces deux mouvements ont conduit à une réduction progressive de la contribution du facteur démographique dans la hausse du nombre d’actifs en province, notamment entre 2006 et 2013 où elle a été de 0,49 point en moyenne annuelle, contre + 0,79 point entre 1999 et 2006.

L’effet migratoire le plus défavorable de France métropolitaine

Si les tendances récentes se prolongeaient, l’effet migratoire serait très défavorable à la croissance de la population active dans les Hauts-de-France. D’après le scénario central de projection, la contribution de cet effet à l’évolution annuelle moyenne de la population active régionale serait de – 0,18 point, soit la plus faible de France métropolitaine, devant celles de la Normandie (– 0,11 point) et de l’Île-de-France (– 0,06 point). En effet, les Hauts-de-France ont des échanges peu intenses avec les autres régions et restent peu attractifs pour les actifs. 32 000 s’y sont installés entre 2013 et 2014 alors que 40 800 en sont partis, soient des taux d’entrée et de sortie parmi les plus faibles de France métropolitaine.

Ce manque d’attractivité touche particulièrement les jeunes de 20 à 29 ans pour lesquels le nombre de départs est structurellement très supérieur au nombre d’arrivées. L’attractivité est également historiquement faible pour les 60 ans ou plus.

À l’inverse, les régions littorales du sud profitent d’une forte attractivité. Dans ces régions, la contribution des mouvements migratoires serait donc très largement positive à l’horizon 2030 si les tendances récentes se poursuivaient. Elle atteindrait ainsi + 0,6 point en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie (figure 2).

Seule la hausse des taux d’activité contribuerait à stabiliser la population active

Dans l’ensemble des régions métropolitaines, l’évolution des taux d’activité devrait contribuer favorablement à l’évolution de la population active d’ici 2030. Selon le scénario central de projection, la contribution de l’effet des taux d’activité à l’évolution annuelle de population active d’ici 2030 serait d’un ordre de grandeur comparable en Hauts-de-France et au niveau national (respectivement + 0,27 et + 0,30 point).

Dans la région, seul cet effet contribuerait à stabiliser la population active d’ici 2030. Si les taux d’activité observés sur la période récente restaient constants, la population active régionale baisserait d’environ 120 000 personnes à l’horizon de la projection.

Les évolutions des comportements vis-à-vis de l’activité d’ici 2030 découleront en partie des différentes réformes de retraites, notamment celles de 2010-2011 et de 2014. La première a conduit à une hausse des âges légaux de la retraite, la seconde à une hausse des durées de cotisation pour atteindre le taux plein.

À l’horizon 2030, les actifs aujourd’hui âgés de 55 ans ou plus sont les premiers concernés par ces réformes. Ainsi, les taux d’activité projetés en tiennent compte, mais la simulation repose également sur les comportements vis-à-vis de l’activité observés aujourd’hui dans la région. Les Hauts-de-France se distinguent ainsi par une activité des femmes moins fréquente qu’au niveau national (encadré). La projection suppose par ailleurs que les individus ajustent leur âge de liquidation, de manière à atteindre une cible de départ à la retraite à taux plein. En conséquence, les taux d’activité devraient fortement progresser dans la région pour ces tranches d’âge postérieures à 55 ans entre 2013 et 2030, particulièrement les 60-64 ans. D’après le scénario central de projection, des taux d’activité augmenteraient de 3,7 points pour la tranche d’âge des 55 à 59 ans, de 3,2 points pour celle des 65 à 69 ans et cette hausse atteindrait 23 points pour les 60 à 64 ans, des progressions comparables à celles attendues au niveau national.

Comment se traduirait un rattrapage des taux d’activité féminins par rapport au niveau national en termes d’évolution du nombre d’actifs ?

En 2013, les taux d’activité féminins régionaux des 14-64 ans sont inférieurs de plus de 4 points à ceux observés en France métropolitaine (64,1 % contre 68,6 %). Il s’agit des taux les plus faibles de France métropolitaine derrière ceux de la Corse. L’écart observé avec la métropole atteint un maximum pour la tranche d’âge des 55 à 59 ans, avec un différentiel de – 8,6 points. La faiblesse des taux d’activité féminins dans la région peut s’expliquer en partie par son passé industriel avec une surreprésentation de métiers occupés majoritairement par des hommes (du fait de leur pénibilité physique), ainsi que par la natalité historiquement plus marquée.

Même si les taux d’activité des femmes progressent, cet écart par rapport à la France métropolitaine se maintiendrait à l’horizon 2030 selon le scénario central (66,7 % contre 71,1 % pour les 14-64 ans, (figure 4). Un des taux féminins régionaux par rapport à ceux observés en moyenne en France métropolitaine a été toutefois envisagé à l’horizon 2050. Cet horizon temporel plus lointain permet en effet de mieux prendre en compte la relative inertie des progrès des taux féminins observée sur la période récente. Selon ce scénario alternatif, la progression de la population active régionale serait de + 0,07 % en moyenne annuelle (contre + 0,01 % selon le scénario central). La population active augmenterait alors d’environ 34 000 personnes d’ici 2030 contre 6 500 actifs dans le scénario central.

Figure 4Un relèvement des taux d’activité féminins permettrait de gagner 34 000 actifsTaux d'activité féminins en 2013 et 2030 dans les Hauts-de-France selon le scénario central et de rattrapage

En %
Un relèvement des taux d’activité féminins permettrait de gagner 34 000 actifs (En %)
Tranches d’âge 2013 2030 – scénario central 2030 – scénario de rattrapage
De 14 à 19 ans 12,15 12,14 13,14
De 20 à 24 ans 64,24 64,24 69,74
De 25 à 29 ans 84,02 84,16 85,16
De 30 à 34 ans 83,41 83,66 85,46
De 35 à 39 ans 83,79 84,37 86,97
De 40 à 44 ans 84,25 84,84 87,74
De 45 à 49 ans 82,13 84,83 88,03
De 50 à 54 ans 76,01 79,52 83,52
De 55 à 59 ans 60,94 66,93 70,63
De 60 à 64 ans 16,27 37,35 42,15
De 65 à 69 ans 3,38 5,95 6,95
70 ans ou plus 0,94 1,41 1,61
  • Note de lecture : le scénario alternatif envisage de fixer les taux féminins en 2030 à un niveau plus élevé que ce qu’ils seraient selon le scénario central. Ces hypothèses permettraient un gain de 34 000 actifs à l’horizon 2030 contre 6 500 selon les hypothèses centrales.
  • Source : Insee, Omphale scénario central et alternatif, projections de population active 2013-2030.

Figure 4Un relèvement des taux d’activité féminins permettrait de gagner 34 000 actifsTaux d'activité féminins en 2013 et 2030 dans les Hauts-de-France selon le scénario central et de rattrapage

  • Note de lecture : le scénario alternatif envisage de fixer les taux féminins en 2030 à un niveau plus élevé que ce qu’ils seraient selon le scénario central. Ces hypothèses permettraient un gain de 34 000 actifs à l’horizon 2030 contre 6 500 selon les hypothèses centrales.
  • Source : Insee, Omphale scénario central et alternatif, projections de population active 2013-2030.

Une majorité de zones d’emploi perdrait des actifs à l’horizon 2030

Si la population active des Hauts-de-France se stabilise à l’horizon 2030 d’après le scénario central de projection, les dynamiques d’évolution de la population active devraient être largement différenciées dans les zones d’emploi de la région. Portée par la dynamique de la métropole lilloise, la population active devrait augmenter sensiblement dans les zones d’emploi de Lille et de Roubaix-Tourcoing. Selon le scénario central, les zones d’emploi d’Arras et Amiens et celles du sud de la région (Beauvais, Roissy-Sud Picardie et Château-Thierry) seraient également en croissance. À l’inverse, toutes les zones d’emploi du littoral, de la Vallée de la Bresle à Dunkerque, et celles de tout le versant Est perdraient des actifs à l’horizon 2030 (figure 5).

D’après le scénario tendanciel, la composante migratoire serait défavorable dans la quasi-totalité des zones d’emploi des Hauts-de-France, à l’exception d’Arras, d’Amiens, de Beauvais et de Château-Thierry. La composante démographique aurait un impact positif dans quelques zones d’emploi : Lille, Roubaix-Tourcoing, Valenciennes (dans une moindre mesure), et Roissy-Sud Picardie. Enfin la composante « taux d’activité » jouerait un rôle favorable dans l’ensemble des zones d’emploi comme au niveau national.

Figure 5Déclin des populations actives dans les zones d’emploi des versants ouest et estÉvolution de la population active en Hauts-de-France par zone d’emploi entre 2013 et 2030

En %
Déclin des populations actives dans les zones d’emploi des versants ouest et est (En %)
Zones d’emploi Évolution annuelle moyenne
Lille 0,49
Roubaix - Tourcoing 0,41
Amiens 0,30
Arras 0,28
Beauvais 0,19
Château-Thierry 0,19
Roissy - Sud Picardie 0,14
Valenciennes 0,10
La Flandre - Lys 0,00
Béthune - Bruay 0,00
Calais -0,11
Laon -0,15
Cambrai -0,16
Compiègne -0,17
Douai -0,22
Saint-Omer -0,24
Lens - Hénin -0,29
Péronne -0,31
Maubeuge -0,41
Berck - Montreuil -0,47
Saint-Quentin -0,51
Soissons -0,52
Boulogne-sur-mer -0,54
La Thiérache -0,70
La Vallée de la Bresle - Vimeu -0,73
Abbeville -0,75
Dunkerque -0,76
Tergnier -0,79
  • Source : Insee, Omphale, projections de population active 2013-2030.

Figure 5Déclin des populations actives dans les zones d’emploi des versants ouest et estÉvolution de la population active en Hauts-de-France par zone d’emploi entre 2013 et 2030

  • Source : Insee, Omphale, projections de population active 2013-2030.

Pour comprendre

Les projections de population active analysées dans cette étude se fondent sur les projections démographiques mises en œuvre dans le scénario central du modèle Omphale auxquelles sont appliqués des taux d’activité projetés par âge et par sexe. Le modèle Omphale permet de réaliser des projections infranationales en projetant d’année en année les pyramides des âges des différents territoires. L’évolution de la population par sexe et âge repose sur des hypothèses d’évolution de trois composantes : la fécondité, la mortalité et les migrations. Le scénario central reproduit les différentes tendances observées sur le passé récent : solde migratoire régional de – 10 600 personnes par an, fécondité stable (avec un indice conjoncturel de fécondité de l’ordre de 2 en 2050) et évolution de la mortalité parallèle à la tendance nationale, soit une espérance de vie de l’ordre de 84 ans en 2050 pour les hommes contre 76 ans en 2013 et de l’ordre de 88 ans en 2050 pour les femmes contre 83 ans en 2013.

Les projections de taux d’activité prennent notamment en compte les réformes des retraites de 2010, 2011, 2012 et 2014, lesquelles sont intégrées dans la modélisation des comportements d’activité des seniors.

Définitions

Le taux d’activité au sens du recensement de la population est le rapport entre le nombre d’actifs au sens du recensement (actifs occupés au sens du recensement et chômeurs au sens du recensement) et l’ensemble de la population correspondante.

Une zone d’emploi est un espace à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent. Ce zonage est une partition du territoire adaptée pour l’analyse du fonctionnement des marchés locaux du travail.

Le scénario alternatif de rattrapage des taux féminins développé dans le premier encadré se base sur la distribution, par quartile, des taux féminins moyens de France métropolitaine, par tranche d’âge. Il consiste à appliquer, par tranche d’âge, un rattrapage des taux d’activité régionaux sur la valeur de 2050 du quartile qui leur est directement supérieur, soit :

  • un rattrapage sur la médiane 2050 pour les tranches 14-19 ans, 60-64 ans, 65-69 ans et 70 ans ou plus.
  • un rattrapage sur le 1er quartile de 2050 pour les autres tranches d’âge.

Pour en savoir plus

Koubi M., Marrakchi A., « Projections à l’horizon 2070. Une hausse moins soutenue du nombre d’actifs », Insee Première n° 1646, mai 2017.

Koubi M., Marrakchi A., « Méthodologie de projection de la population active à l’horizon 2070 », Document de travail n° F1702, mai 2017.

Bonjour V., Lecomte M., « 70 ans de dynamique de population active en Nord-Pas-de-Calais », Pages de profils n° 132, juin 2013.

Bousquié J., Delattre N., « La démographie, moteur toujours essentiel de la hausse de population active », Insee Analyses Hauts-de-France n° 82, septembre 2018.