Insee Analyses Grand EstL’artisanat dans le Grand Est: un emploi sur huit et près d’un établissement sur trois

Corinne Challand, Christiane Kuhn, Sophie Villaume, Insee

Début 2015, le Grand Est compte près de 100 000 établissements artisanaux, soit un établissement sur trois de la région. Ces établissements couvrent différentes activités (construction, industrie manufacturière, services, commerce). Artisans ou non, les salariés des établissements artisanaux sont 215 500, ce qui représente 18 % des salariés travaillant dans le Grand Est.

En termes d’emplois dans l'artisanat, le Grand Est ne se place qu’au 10e rang des 13 régions métropolitaines. Qu’ils travaillent au sein des établissements artisanaux ou en dehors, 258 000 actifs exercent un métier de type artisanal dans la région en 2014, soit 12 % des actifs. Seuls les Hauts-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et surtout l’Île-de-France comptent une part plus faible d’emplois de type artisanal. En cinq ans, le nombre de ces emplois a baissé plus rapidement que dans le reste de l’économie. Les actifs de l’artisanat sont en moyenne plus jeunes et moins qualifiés que les autres, et beaucoup sont non salariés (23 %). Les hommes sont largement majoritaires (près de trois actifs sur quatre), notamment dans les métiers du bâtiment qui représentent 43 % des emplois de type artisanal. Cette tendance se poursuit, puisqu’en 2015, sept créateurs d’une entreprise individuelle artisanale sur dix étaient des hommes.

Sur le territoire, établissements et emplois artisanaux représentent une part plus importante de l’économie dans les zones peu denses que dans les grands pôles urbains. Dans ces derniers, deux familles de métiers sont surreprésentées : les services de nettoyage et les services aux particuliers.

Corinne Challand, Christiane Kuhn, Sophie Villaume, Insee
Insee Analyses Grand Est No 63- Décembre 2017

Alimentation, fabrication, construction, services : l’artisanat couvre de nombreux secteurs et métiers, et constitue un pan transversal de l’économie. Perçu comme une forme d’organisation de proximité, à taille humaine, et disposant d’un savoir-faire spécifique, il s’oppose aux processus de production industriels. Toutefois, l’artisanat répond à une définition strictement juridique : les entreprises artisanales sont celles inscrites au répertoire des métiers, qui recense les entreprises exerçant une activité artisanale et n’excédant pas 10 salariés au moment de leur inscription (champ). Au sein de ces entreprises, les emplois ne relèvent pas tous de l’artisanat, et, à l’inverse, des métiers artisanaux peuvent être exercés en dehors de ces entreprises. Dans cette étude, 79 professions « de type artisanal » ont été identifiées à dire d’expert par l’Observatoire Régional de l’Emploi et de la Formation (OREF), et ont été regroupées en 8 familles de métiers.

Près de 100 000 établissements et 258 000 emplois de type artisanal

Début 2015, le Grand Est compte 99 940 établissements figurant au répertoire des métiers, exerçant une activité artisanale à titre principal ou secondaire, en excluant ceux faisant partie d’un groupe français de plus de 250 salariés ou d’un groupe étranger. Ils représentent 31 % des établissements de la région, soit la même proportion que dans l’ensemble de la province (métropole hors Île-de-France). La forme juridique la plus répandue dans l’artisanat est celle de l’entreprise individuelle (49 % contre 44 % hors artisanat). Les sociétés à responsabilité limitée (SARL) sont également fréquentes : au total 43 % des établissements artisanaux ont ce statut, contre 31 % des autres établissements.

La majorité des établissements artisanaux n’emploient pas de salarié (61,4 %) et un quart en emploie entre un et quatre. Seuls 5,1 % ont 10 salariés ou plus. Toutefois, dans les départements d’Alsace-Moselle, en vertu du droit local, la définition des entreprises artisanales diffère : l’effectif peut dépasser 10 salariés à l’inscription, c’est le mode de production qui importe (processus de fabrication artisanal ou qualification particulière). La part des établissements artisanaux ayant au moins 10 salariés y est donc un peu plus élevée qu’ailleurs : 6,2 % contre 4,0 %.

Au total, début 2015, 215 500 salariés (artisans ou non) travaillent dans les établissements artisanaux, soit 18,4 % des salariés de la région. Près de la moitié d’entre eux (105 000) travaillent dans des établissements de 9 salariés ou moins.

Par ailleurs, qu’ils travaillent au sein des établissements artisanaux ou en dehors, 258 000 actifs exercent un métier de type artisanal dans la région en 2014. Ils sont même 279 300 artisans à résider dans la région, mais 1,3 % exercent dans une région voisine, et 7,8 % d’entre eux travaillent à l’étranger. Le Luxembourg attire principalement des artisans originaires des zones d’emploi de Longwy et Thionville, tandis que ceux résidant dans les zones d’emploi de Forbach ou Haguenau se dirigent plutôt vers l’Allemagne, et ceux des zones d’emploi de Mulhouse et Saint-Louis, plutôt vers la Suisse.

Les 258 000 actifs exerçant un métier de type artisanal dans la région représentent 12,3 % de l’emploi total du Grand Est, soit sensiblement la même proportion que dans l’ensemble de la province (12,5 %). Le Grand Est ne se place qu’au 10e rang des 13 régions métropolitaines, devant l’Auvergne-Rhône-Alpes, les Hauts-de-France et surtout l’Île-de-France, région où les métiers de type artisanal ne représentent que 8,5 % des emplois (figure 1). Au total, le Grand Est regroupe 8,6 % des emplois de type artisanal de France métropolitaine, soit un peu plus que son poids dans l’emploi total (8,1 %).

Figure 1Le Grand Est se place en 10e position pour sa part d’emploi de type artisanal

Le Grand Est se place en 10e position pour sa part d’emploi de type artisanal
Région Nombre d'emplois de type artisanal Part de l'emploi de type artisanal (en%)
Île-de-France 485 095 8,5
Auvergne-Rhône-Alpes 385 628 12,1
Nouvelle-Aquitaine 306 307 13,2
Occitanie 271 733 12,5
Grand Est 257 953 12,3
Hauts-de-France 244 417 11,5
Provence-Alpes-Côte d'Azur 237 389 12,6
Pays de la Loire 192 958 12,8
Normandie 167 621 13,1
Bretagne 163 078 12,6
Bourgogne-Franche-Comté 137 557 12,7
Centre-Val de Loire 125 959 12,8
Corse 21 216 16,7
France métropolitaine 2 996 911 11,6
France de province 2 511 817 12,5
  • Source : Insee, recensement de la population 2014, exploitation complémentaire au lieu de travail.

Figure 1Le Grand Est se place en 10e position pour sa part d’emploi de type artisanal

  • Source : Insee, recensement de la population 2014, exploitation complémentaire au lieu de travail.

La construction, premier secteur d’activité de l’artisanat

Les métiers du bâtiment (ouvriers, maçons, peintres, plombiers, électriciens…) sont de loin les plus fréquents et regroupent 43 % des emplois de type artisanal. Viennent ensuite les métiers artisanaux de l’automobile, du travail des métaux, de la céramique et du verre (serruriers, mécaniciens, carrossiers…) qui représentent 17 % de ces emplois. Suivent les services aux particuliers (coiffeurs, esthéticiens, fleuristes…), les services de nettoyage et les métiers de bouche (boulangers, pâtissiers, bouchers, charcutiers…). Enfin, les métiers du bois, de l’ameublement, du textile (menuisiers, couturiers…), les métiers des transports (ambulanciers, taxis…) et les métiers d’art (photographes, artisans d’art…) sont les moins nombreux, chacune de ces familles regroupant moins de 5 % des emplois de type artisanal (figure 2).

L’approche par établissements offre globalement les mêmes constats : plus d’un établissement artisanal sur trois est spécialisé dans le secteur de la construction (figure 3), et un autre tiers dans l’industrie manufacturière et les « autres activités de services » (coiffure, esthétique, blanchisserie, pompes funèbres, services de réparation…). Dans ces secteurs, l’artisanat est très présent, puisque 90 % des établissements de la construction sont inscrits au répertoire des métiers, comme 75 % des établissements de l’industrie manufacturière (80 % dans l’industrie agroalimentaire) et 74 % dans les autres activités de service. Le secteur du commerce et de la réparation automobile regroupe ensuite 15 % des établissements artisanaux de la région, mais ces derniers ne représentent que 20 % des établissements spécialisés dans ces activités.

Le poids de l’artisanat par secteur d’activité est globalement le même dans le Grand Est qu’en province, mais il y a quelques spécificités régionales. Notamment, les secteurs des services administratifs et de soutien, du transport-entreposage et de l’hébergement restauration comptent proportionnellement moins d’établissements artisanaux dans le Grand Est qu’en province, alors que c’est l’inverse dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques et dans les autres activités de services. De même, en Alsace-Moselle, les supermarchés ayant une activité secondaire artisanale (boucherie, charcuterie…) sont plus souvent inscrits au répertoire des métiers, car le droit local permet de dépasser 10 salariés à l’inscription. La part d’établissements employeurs est plus élevée dans certaines activités que d’autres, c’est le cas notamment dans le commerce, l’hébergement-restauration ou encore l’industrie manufacturière (un établissement sur deux). À l’inverse, dans la construction, les services ou le transport, les établissements artisanaux emploient plus rarement des salariés (moins d’un établissement sur trois).

En 2015, 9 960 établissements artisanaux ont été créés (établissements nouvellement créés ou déjà existants mais devenant exploitants), employant 2 470 salariés. Ces établissements sont globalement spécialisés dans les mêmes secteurs d’activité que l’ensemble des établissements artisanaux : 37 % dans la construction, 16 % dans les « autres activités de services », 14 % dans l’industrie manufacturière. Deux sur trois sont des entreprises individuelles (contre un peu moins d’un établissement artisanal sur deux), dont la moitié sont des microentrepreneurs.

Figure 2Les métiers artisanaux du bâtiment rassemblent 43,5 % des emplois de type artisanalCaractéristiques des emplois de type artisanal dans le Grand Est

Les métiers artisanaux du bâtiment rassemblent 43,5 % des emplois de type artisanal - Lecture : en 2014, les métiers artisanaux du bâtiment rassemblent 43,5 % des emplois de type artisanal de la région, soit 112 090 emplois (en baisse de 8,5 % par rapport à 2009). 70,9 % de ces emplois sont situés dans les grandes aires urbaines. Dans ces métiers, les personnes de moins de 30 ans sont 2,2 fois plus nombreuses que celles de 55 ans ou plus.
Nombre d'emplois Part dans l’ensemble des emplois (en %) Évolution du nombre d'emplois entre 2009 et 2014 (en %) Part des emplois dans les grandes aires urbaines (en %) Part des non-salariés (en %) Part des emplois occupés par des femmes (en %) Rapport des moins de 30 ans / 55 ans ou plus Part des emplois occupés par des bacheliers ou des diplômés de l'enseignement supérieur (en %)
Métiers artisanaux du bâtiment 112 090 43,5 -8,5 70,9 23,0 4,8 2,2 24,6
Métiers artisanaux de l'automobile et du travail des métaux, céramique et verre, maintenance 44 280 17,2 -9,7 70,3 17,8 12,8 2,2 25,5
Services aux particuliers 34 000 13,2 +2,7 73,9 40,5 78,9 3,8 48,3
Service de nettoyage 24 410 9,5 -4,9 79,8 0,1 77,9 0,6 13,5
Métiers de bouche 20 620 8,0 -2,2 67,0 25,4 18,3 4,5 20,2
Bois, ameublement et textile 10 610 4,1 -2,3 61,9 29,1 28,8 0,9 30,3
Métiers artisanaux des transports 7 760 3,0 +10,1 66,7 20,7 33,5 1,2 39,7
Artisanat d'art et culture et réalisation graphique 4 190 1,6 -2,6 72,8 60,2 29,1 0,7 48,7
Ensemble des emplois de type artisanal 257 950 100,0 -5,7 71,3 23,2 26,2 2,1 27,5
Autres emplois (hors artisanat) 1 833 000 - -2,8 75,8 8,4 51,2 1,3 57,6
  • Lecture : en 2014, les métiers artisanaux du bâtiment rassemblent 43,5 % des emplois de type artisanal de la région, soit 112 090 emplois (en baisse de 8,5 % par rapport à 2009). 70,9 % de ces emplois sont situés dans les grandes aires urbaines. Dans ces métiers, les personnes de moins de 30 ans sont 2,2 fois plus nombreuses que celles de 55 ans ou plus.
  • Champ : Grand Est.
  • Source : Insee, recensements de la population 2009 et 2014, exploitations complémentaires au lieu de travail.

Figure 3Dans la construction, neuf établissements sur dix sont artisanauxNombre d’établissements artisanaux et non artisanaux selon le secteur dans le Grand Est

Nombre d ‘établissements
Dans la construction, neuf établissements sur dix sont artisanaux (Nombre d ‘établissements) - Lecture : dans le secteur de la construction, 36 240 établissements sur 40 360 sont artisanaux dans le Grand Est.
Établissements artisanaux Établissements non artisanaux Tous établissements
Construction 36 243 4 121 40 364
Industrie manufacturière 16 147 5 436 21 583
Autres activités de services 15 942 5 489 21 431
Commerce réparation automobile 14 556 57 811 72 367
Activ. services administratifs soutien 4 417 9 604 14 021
Hébergement et restauration 4 177 16 655 20 832
Activ. spécialisées scientif. techniques 2 931 28 182 31 113
Transports et entreposage 2 296 6 287 8 583
Santé humaine et action sociale 807 31 778 32 585
Information et communication 565 7 050 7 615
Prod distrib. eau assainiss. - Dépollution 557 1 994 2 551
Arts spectacles et activités récréatives 537 5 610 6 147
Activités immobilières 385 12 901 13 286
Enseignement 117 9 352 9 469
Activités financières et d'assurance 108 13 368 13 476
Industries extractives 91 294 385
Prod distrib élec gaz vapeur air condit. 64 3 785 3 849
Ensemble 99 940 219 717 319 657
  • Lecture : dans le secteur de la construction, 36 240 établissements sur 40 360 sont artisanaux dans le Grand Est.
  • Champ : Grand Est.
  • Source : Insee, REE au 01/01/2015, Lifi 2014.

Figure 3Dans la construction, neuf établissements sur dix sont artisanauxNombre d’établissements artisanaux et non artisanaux selon le secteur dans le Grand Est

  • Lecture : dans le secteur de la construction, 36 240 établissements sur 40 360 sont artisanaux dans le Grand Est.
  • Champ : Grand Est.
  • Source : Insee, REE au 01/01/2015, Lifi 2014.

Davantage d’établissements et d’emplois relèvent de l’artisanat dans les zones peu denses

Comme pour l’ensemble de l’économie, c’est dans les zones les plus peuplées que l’on trouve les plus forts volumes d’emplois et d’établissements artisanaux. Ainsi, 47 % des établissements artisanaux se situent dans les six zones d’emploi de Strasbourg, Nancy, Metz, Mulhouse, Reims et Troyes, et 49 % des emplois de type artisanal (figure 4 et figure 5).

Toutefois, si ces emplois sont majoritairement concentrés dans les grandes aires urbaines (71,3 %), ils le sont moins que ceux hors artisanat (75,8 %). Le poids de l’artisanat dans l’économie est ainsi plus important dans les zones peu denses que dans les zones urbaines. La part d’établissements artisanaux atteint 40 % dans les zones d’emploi de Neufchâteau ou de Commercy (figure 5), alors qu’il y est moindre dans celles des grandes agglomérations (22 % dans la zone d’emploi de Strasbourg ; 27 % et 30 % dans celles de Reims et Nancy). De même, l’emploi de type artisanal représente seulement 11 % de l’emploi total dans les grands pôles urbains, contre 14,5 % hors de ces pôles. Cette part dépasse 16 % de l’emploi total dans les zones d’emploi de Remiremont ou Neufchâteau.

Dans les grands pôles, deux familles de métiers sont surreprésentées : les services de nettoyage et les services aux particuliers. Les premiers concernent le nettoyage des bâtiments industriels, bureaux et immeubles, structures davantage localisées dans ou à proximité des pôles urbains ; les seconds s’adressent directement à la population, laquelle réside pour près de 70 % dans ces pôles ou leurs couronnes. Hors des grands pôles, ce sont surtout les emplois artisanaux du bâtiment qui sont plus fréquents.

Figure 4Le poids de l’artisanat dans l’emploi est plus faible dans les zones d’emploi urbaniséesNombre d'emplois de type artisanal par zone d'emploi et part dans l'emploi total de la zone d'emploi

Le poids de l’artisanat dans l’emploi est plus faible dans les zones d’emploi urbanisées
Zone d’emploi Emploi de type artisanal Emploi total Part de l'emploi de type artisanal (en %)
Code Libellé
4205 Strasbourg 27 953 277 590 10,1
4107 Metz 22 927 191 650 12,0
4103 Nancy 21 558 208 464 10,3
4208 Mulhouse 19 789 159 492 12,4
2105 Reims 17 661 147 213 12,0
2102 Troyes 15 474 114 826 13,5
2101 Charleville-Mézières 10 626 79 976 13,3
4207 Colmar 10 394 82 133 12,7
4201 Haguenau 10 171 69 841 14,6
4108 Forbach 9 071 65 549 13,8
4111 Thionville 8 373 62 689 13,4
4112 Épinal 7 884 60 804 13,0
4202 Molsheim - Obernai 6 730 51 238 13,1
4113 Remiremont 5 481 32 323 17,0
2104 Épernay 5 427 46 473 11,7
2106 Chaumont - Langres 5 408 44 495 12,2
2107 Vitry-le-François - Saint-Dizier 5 199 42 020 12,4
4110 Sarreguemines 4 769 37 502 12,7
4209 Saint-Louis 4 727 34 632 13,6
2103 Châlons-en-Champagne 4 485 44 357 10,1
4204 Sélestat 4 389 29 268 15,0
4114 Saint-Dié-des-Vosges 4 175 28 532 14,6
4203 Saverne 3 869 28 224 13,7
4109 Sarrebourg 3 805 25 902 14,7
4106 Verdun 3 300 24 454 13,5
4101 Longwy 3 210 22 212 14,5
4115 Neufchâteau 3 134 19 570 16,0
4104 Bar-le-Duc 3 037 23 374 13,0
4105 Commercy 1 855 13 026 14,2
4206 Wissembourg 1 612 11 489 14,0
4102 Lunéville 1 460 11 635 12,5
  • Source : Insee, recensement de la population 2014, exploitation complémentaire au lieu de travail.

Figure 4Le poids de l’artisanat dans l’emploi est plus faible dans les zones d’emploi urbanisées

  • Source : Insee, recensement de la population 2014, exploitation complémentaire au lieu de travail.

Figure 5Une faible densité d’établissements artisanaux dans les zones d’emploi les plus peuplées

Une faible densité d’établissements artisanaux dans les zones d’emploi les plus peuplées
Zone d’emploi Nombre d’établissements artisanaux Nombre d’établissements Part des établissements artisanaux (en%)
Code Libellé
4205 Strasbourg 9 575 43 146 22,2
4107 Metz 9 341 28 985 32,2
4103 Nancy 8 934 29 537 30,2
4208 Mulhouse 7 406 25 296 29,3
2102 Troyes 5 932 18 037 32,9
2105 Reims 5 801 20 906 27,7
4108 Forbach 4 199 10 875 38,6
2101 Charleville-Mézières 4 094 11 948 34,3
4201 Haguenau 4 034 11 689 34,5
4207 Colmar 3 884 13 310 29,2
4111 Thionville 3 399 9 684 35,1
4112 Épinal 3 220 9 203 35,0
4202 Molsheim - Obernai 2 881 8 820 32,7
2106 Chaumont - Langres 2 204 6 012 36,7
4110 Sarreguemines 2 201 5 795 38,0
2104 Épernay 2 199 6 539 33,6
2107 Vitry-le-François - Saint-Dizier 2 004 5 623 35,6
4113 Remiremont 1 951 5 858 33,3
4114 Saint-Dié-des-Vosges 1 918 5 176 37,1
4204 Sélestat 1 708 5 109 33,4
4209 Saint-Louis 1 667 5 665 29,4
2103 Châlons-en-Champagne 1 580 5 419 29,2
4203 Saverne 1 570 4 382 35,8
4101 Longwy 1 511 3 955 38,2
4109 Sarrebourg 1 416 3 629 39,0
4115 Neufchâteau 1 167 3 026 38,6
4106 Verdun 1 052 3 279 32,1
4104 Bar-le-Duc 1 004 2 942 34,1
4105 Commercy 853 2 161 39,5
4206 Wissembourg 672 1 941 34,6
4102 Lunéville 563 1 710 32,9
  • Source : Insee, REE au 01/01/2015, Lifi 2014.

Figure 5Une faible densité d’établissements artisanaux dans les zones d’emploi les plus peuplées

  • Source : Insee, REE au 01/01/2015, Lifi 2014.

Des emplois très masculins et plus jeunes que dans le reste de l’économie

Les métiers des services de nettoyage et des services aux particuliers sont par ailleurs les métiers les plus féminisés, avec plus de trois emplois sur quatre occupés par des femmes. Ils font figure d’exception puisque seuls 26,2 % des actifs exerçant un métier de type artisanal sont des femmes, soit 25 points de moins que la moyenne régionale de l’emploi hors artisanat. La part des femmes est particulièrement faible dans les métiers artisanaux du bâtiment, les métiers artisanaux de l’automobile et du travail des métaux, de la céramique, du verre ainsi que dans les métiers de bouche (respectivement 4,8 %, 12,8 % et 18,3 %).

Cette tendance se poursuit, puisqu’en 2015, sept créateurs d’une entreprise individuelle artisanale sur dix étaient des hommes, soit la même proportion que parmi l’ensemble des entrepreneurs individuels inscrits au répertoire des métiers. Ces créateurs d’entreprise sont en majorité âgés de moins de 40 ans (près de six sur dix, contre moins de quatre sur dix parmi l’ensemble des entrepreneurs individuels inscrits au répertoire des métiers).

Globalement, les actifs exerçant un métier artisanal sont plus jeunes que les autres : 27,1 % ont moins de 30 ans contre 19,4 % dans le reste de l’économie. Dans l’artisanat, les moins de 30 ans sont deux fois plus nombreux que les actifs de 55 ans ou plus. Ces derniers sont plus souvent présents dans les métiers d’art, les métiers du bois, ameublement et textile et dans les métiers des services de nettoyage (un emploi sur cinq). À l’inverse, les métiers de bouche et les services aux particuliers sont ceux où la part de jeunes actifs est la plus forte : quatre emplois sur dix y sont occupés par des moins de 30 ans. Ces deux derniers secteurs se distinguent par une importante proportion de contrats d’apprentissage, contrats qui sont globalement plus fréquents dans les métiers de l’artisanat que dans les autres emplois (5,9 % contre 1,7 %).

Plus d’indépendants et d’emplois peu qualifiés

Le non-salariat est particulièrement répandu dans l’artisanat : 23 % des actifs exerçant un métier de type artisanal sont non salariés, contre 8 % des autres actifs, et cette part est encore plus élevée dans l’artisanat d’art ou les services aux particuliers. Lorsqu’ils sont salariés, les artisans ont un peu moins souvent un contrat à durée indéterminée (80 % contre 85 %), en lien avec les contrats d’apprentissage plus fréquents, mais aussi à un plus fort recours à des contrats à durée limitée (dans les services de nettoyage) ou encore à l’intérim (dans le bâtiment).

Les actifs de l’artisanat sont moins qualifiés que ceux des autres secteurs : 72,5 % d’entre eux sont titulaires, au plus, d’un diplôme professionnel de type CAP ou BEP, contre 42,4 % dans les autres emplois. Les emplois peu qualifiés sont plus fréquents dans les services de nettoyage, les métiers de bouche ou encore les métiers artisanaux du bâtiment et ceux de l’automobile, du travail des métaux, céramique et verre. Seuls 28 % des actifs travaillant dans l’artisanat disposent d’un diplôme équivalent ou supérieur au baccalauréat, soit 30 points de moins que dans les autres professions. Ces derniers sont plutôt jeunes, et travaillent plus souvent dans les services aux particuliers et l’artisanat d’art, culture et réalisation graphique. Les jeunes actifs (moins de 30 ans) sont également moins diplômés dans l’artisanat que dans le reste de l’économie : seuls 37 % ont un diplôme de niveau au moins équivalent au baccalauréat, contre 70 % des autres jeunes actifs.

En cinq ans l’artisanat a perdu 15 700 emplois

Entre 2009 et 2014, l’artisanat dans le Grand Est a perdu plus de 15 700 emplois, soit une baisse de 5,7 % de ses effectifs. C’est davantage que dans les autres activités (- 2,8 %). À l’échelle de la France de province, le recul de l’emploi de type artisanal atteint toutes les régions mais est parmi les plus importants dans le Grand Est, derrière la Bourgogne-Franche-Comté et les Hauts-de-France (respectivement - 6,9 % et - 5,9 %). À l’opposé, les régions du sud, Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie enregistrent des pertes d’emploi de type artisanal plus modérées de - 0,7 % à - 1,5 %.

Ces baisses d’emplois concernent quasiment tous les secteurs de l’artisanat régional, mais sont plus marquées dans les métiers artisanaux du bâtiment et ceux de l’automobile, du travail des métaux, céramique et verre. En revanche, les métiers artisanaux des services aux particuliers, et surtout, des transports, enregistrent une hausse de leurs effectifs (respectivement + 2,7 % et + 10,1 %).

Ce sont les communes des grands pôles urbains qui sont les plus touchées avec - 7,5 % d’emploi de type artisanal en cinq ans. En revanche, les couronnes des grandes pôles et les communes multipolarisées le sont moins (respectivement - 1,2 % et - 3,3 %), en lien avec la progression des métiers des transports et des services aux particuliers. Dans les communes isolées hors influence des pôles, les services aux particuliers évoluent positivement, mais dans son ensemble l’emploi de type artisanal y recule de 6,8 %.

Sur l’ensemble du Grand Est, les zones d’emploi de Lunéville, Châlons-en-Champagne, Longwy et Saint-Dié-des-Vosges affichent une perte d’emplois de type artisanal deux à trois fois supérieure à la moyenne régionale (- 17,8 % pour la zone d’emploi de Lunéville et - 15,9 % pour celle de Châlons-en-Champagne). Strasbourg est celle qui en perd le moins (- 0,8 %). À l’inverse, Verdun et Bar-le-Duc sont les seules à en gagner quelques-uns.

Partenariat

L’étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Direction régionale de l’Insee du Grand Est et l’Observatoire Régional de l’Emploi et de la Formation (OREF) du Grand Est.

Définitions

Une unité urbaine est un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu qui compte au moins 2 000 habitants.

Une aire urbaine est un ensemble de communes constitué par un pôle urbain (unité urbaine) offrant plus de 1 500 emplois, et par des communes non agglomérées ou unités urbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci. On distingue les « grandes aires urbaines » autour de pôles comptant plus de 10 000 emplois, les « moyennes aires » (5 000 à 10 000 emplois) et les « petites aires » (1 500 à 5 000 emplois).

Une commune multipolarisée est une commune située hors des aires, dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans plusieurs aires urbaines, sans atteindre ce seuil avec une seule d’entre elles.

Les communes isolées hors de l’influence des pôles sont les communes n’appartenant pas à une aire et non multipolarisées.

Champ

Champ de l’artisanat

Dans cette étude, deux approches de l’artisanat sont utilisées :

  • L’approche juridique : une entreprise artisanale est une entreprise figurant au répertoire des métiers et de l’artisanat. Selon la loi du 5 juillet 1996, doit être inscrite dans ce répertoire « toute personne physique ou morale qui n’emploie pas plus de 10 salariés au moment de son inscription et qui exerce à titre principal ou secondaire une activité professionnelle indépendante de production, de transformation, de réparation ou de prestation de services figurant sur une liste établie par le Conseil d’État. ».
    Par la suite, les entreprises qui le souhaitent peuvent rester immatriculées au répertoire des métiers si leur effectif dépasse 10 salariés (on parle de « droit de suite »). Dans les départements d’Alsace-Moselle, en vertu du droit local, la définition des entreprises artisanales diffère : l’effectif peut dépasser 10 salariés à l’inscription, c’est le mode de production qui importe (processus de fabrication artisanal ou qualification particulière).
    Le champ retenu est celui des établissements figurant au répertoire des métiers, à l’exception de ceux faisant partie d’un groupe français de plus de 250 salariés ou d’un groupe étranger (conformément aux préconisations du rapport du CNIS de 2004).
  • L’approche « métiers » : notre partenaire, l’Observatoire Régional de l’Emploi et de la Formation (OREF) a identifié 79 professions « de type artisanal », regroupées en 8 familles de métiers (cf. données complémentaires).

Ces deux approches sont complémentaires : les métiers de type artisanal peuvent être exercés dans les établissements artisanaux ou dans d’autres établissements. Inversement, les emplois exercés dans les établissements artisanaux ne correspondent pas tous à des métiers de type artisanal, d’autant que l’activité artisanale peut n’être qu’une activité secondaire.

Pour en savoir plus

Direction Générale des Entreprises, Ouvrir dans un nouvel ongletchiffres clés de l’artisanat, édition 2016.

Beaumont B., Lavergne H., «  Auvergne-Rhône-Alpes : première région de France dans l’artisanat de fabrication », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes n° 15, juin 2016.

Danielou F., Leroy L., Lecomte M. & co, «  Artisanat : une situation difficile mais quelques marges de progrès », Insee Analyses Nord-Pas-de-Calais n° 17, juillet 2015.

Blazévic B., Delamare J., Levouin C., «  Apprentis et indépendants : deux caractéristiques fortes des métiers de l’artisanat », Insee Analyses Haute-Normandie n° 6, janvier 2015.

CNIS, rapport du «  groupe technique sur les statistiques régionales et locales » de l’artisanat, juin 2004.