Insee Flash Bourgogne-Franche-ComtéMeilleure pérennité des entreprises créées en 2010 dans les transports et l’hébergement-restauration que dans le commerce

Odile Thirion, Benoît Leseur, Insee

En Bourgogne-Franche-Comté, plus de 1 300 entreprises ont été créées dans les activités de commerce, transport-logistique et hébergement- restauration au premier semestre 2010. Parmi elles, 54 % sont toujours en activité cinq ans plus tard, un taux de pérennité inférieur de six points à la moyenne régionale. Cette moindre robustesse de ces entreprises dans le temps résulte en premier lieu du faible niveau de diplôme et du manque d’expérience du créateur. En cinq ans, l’emploi dégagé par ces entreprises s’est tassé. En effet, le développement de l’emploi dans les entreprises pérennes n’a pas compensé les suppressions de postes liées à la cessation de près de la moitié des jeunes entreprises.

Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté
No 45
Paru le :Paru le30/10/2017
Odile Thirion, Benoît Leseur, Insee
Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté No 45- Octobre 2017

Au premier semestre 2010, plus de 1 300 entreprises (hors auto-entreprises) ont été créées dans les activités de commerce, transports-logistique et hébergement-restauration en Bourgogne-Franche-Comté. Elles représentent 38 % des créations régionales de l’économie marchande non agricole, une part légèrement plus élevée qu’en moyenne de France de Province (36 %). Dans ce regroupement d’activités, le commerce, qui rassemble le commerce de détail, le commerce de gros et le commerce et la réparation d’automobiles et de motocycles, est de loin le secteur où la création d’entreprise est la plus soutenue : sept entreprises créées sur dix relèvent de cette activité. L’hébergement-restauration ne représente que 22 % de ces jeunes entreprises et le transport-logistique 7 %. Dans ce dernier secteur, les moyens de production nécessaires lors de la constitution d’une entreprise sont en effet plus importants.

Faible pérennité des entreprises du commerce

Les entreprises nouvellement créées du commerce, du transport-logistique et de l’hébergement-restauration rencontrent davantage de difficultés dans les premières années de leur existence que celles des autres secteurs. Cinq ans après leur création, 54 % sont encore actives, soit un taux de pérennité inférieur de six points à la moyenne régionale (figure 1). Les secteurs dans lesquels les créations sont nombreuses sont aussi ceux où les fermetures définitives sont importantes. Ainsi, dans le commerce, une entreprise sur deux passe le cap des cinq ans dans la région. Dans les activités de transport-logistique et d’hébergement-restauration, le taux de pérennité est plus élevé.

Figure 1La moitié des entreprises du commerce a résisté après cinq ans d'activitéTaux de survie à 5 ans des entreprises créées au premier semestre 2010 (en %)

La moitié des entreprises du commerce a résisté après cinq ans d'activité
Bourgogne-Franche-Comté Province
Nombre d'entreprises Taux de survie Taux de survie
Commerce 955 53 53
Transports 90 58 65
Hébergement restauration 295 58 57
Commerce, Transports, Hébergement restauration 1339 54 54
Ensemble des secteurs 3547 60 60
  • Source : Insee, Enquête Sine 2010 (Interrogations 2010 et 2015)

La moitié des créateurs manquent d’expérience

Deux caractéristiques du créateur ont un effet bénéfique sur les chances de survie d’une entreprise : l’expérience précédemment acquise et le niveau de diplôme du créateur. Or, ces facteurs jouent de façon défavorable dans le cas des activités de commerce, transport-logistique et hébergement-restauration. Ainsi, la moitié seulement de ces créateurs lance leur entreprise dans la continuité de leur métier contre 61 % pour l’ensemble des secteurs et 40 % étaient auparavant au chômage, soit cinq points de plus qu’en moyenne régionale. Ces créateurs ont aussi un niveau d’études moins élevé : 30 % seulement sont diplômés du supérieur contre 38 % pour l’ensemble des secteurs (figure 2).

Figure 2Profils de créateurs différents entre industrie et constructionÉcart en points par rapport à l'ensemble des créations

Profils de créateurs différents entre industrie et construction - Note de lecture : 37 % des entreprises de l'hébergement-restauration ont démarré avec des financements supérieurs à 40 000 €, contre 24 % pour l'ensemble des entreprises créées, l'écart en points est donc de + 13
Commerce Transports Hébergement Restauration
Femmes 0,1 -3,7 6,7
Entreprises individuelles -2,5 -3,8 -4,4
Artisans -19,1 -9,8 -13,3
- de 30 ans -1,4 -6,9 -0,9
+ de 50 ans -1,0 6,2 0,2
Sans diplôme 3,9 9,4 5,8
CAP, BEP, Bac pro 1,1 7,5 2,6
Enseignement supérieur -5,1 -17,3 -14,5
Chômeurs 5,5 -5,8 4,7
Expérience métier -13,6 -5,4 -9,9
Créer son emploi 0,6 2,9 -11,1
Moins de 8 000 € -9,7 -16,6 -17,3
Plus de 40 000 € 4,1 11,9 13,0
  • Note de lecture : 37 % des entreprises de l'hébergement-restauration ont démarré avec des financements supérieurs à 40 000 €, contre 24 % pour l'ensemble des entreprises créées, l'écart en points est donc de + 13
  • Source : Insee, Enquête Sine 2010 (Interrogation 2010)

Figure 2Profils de créateurs différents entre industrie et constructionÉcart en points par rapport à l'ensemble des créations

  • Note de lecture : 37 % des entreprises de l'hébergement-restauration ont démarré avec des financements supérieurs à 40 000 €, contre 24 % pour l'ensemble des entreprises créées, l'écart en points est donc de + 13
  • Source : Insee, Enquête Sine 2010 (Interrogation 2010)

Des moyens investis importants pour une pérennité faible

Par ailleurs, les caractéristiques de ces nouvelles entreprises pourtant favorables à leur pérennité ne produisent pas pleinement leurs effets. Ainsi, même si ces jeunes entreprises optent pour 57 % d’entre elles pour la forme sociétaire, statut juridique qui assure une plus grande pérennité que celui de l’entreprise individuelle, elles passent moins souvent le cap des cinq ans d’activité que tous secteurs d’activités confondus (66 % contre 70 %). De la même façon, même si les moyens financiers engagés au démarrage de ces entreprises sont plus importants, elles sont tout autant moins pérennes. Pour un financement initial compris entre 8 000 et 40 000 euros, 40 % de ces entreprises sont toujours actives cinq ans plus tard contre 60 % pour l’ensemble des secteurs. Pour des montants investis supérieurs à 40 000 euros, l’écart se resserre (65 % contre 72 %) mais reste encore en défaveur des entreprises créées dans les activités de commerce, transport-logistique et hébergement-restauration.

Un dixième des emplois détruits en cinq ans

À leur création au premier semestre 2010, les entreprises ont créé près de 2 500 emplois, soit 41 % des embauches des nouvelles entreprises de la région (figure 3). Cinq ans plus tard, il ne subsiste que 2 200 postes de travail, soit une baisse de 10 % bien supérieure à celle des autres secteurs. Pour autant, les jeunes entreprises du commerce, transport-logistique et de l’hébergement-restauration résistent mieux dans la région qu’en moyenne en France de province, où la diminution de l’emploi s’élève à 14 %.

Cette baisse des effectifs est due aux cessations d’activité et aux suppressions d’emploi qui en résultent. Elle n’est pas compensée par la hausse de 50 % des effectifs employés dans les entreprises pérennes.

Figure 3L'emploi en baisse non compensé par les embauchesÉvolution de l'emploi entre la création et décembre 2015

L'emploi en baisse non compensé par les embauches
Pérennes 5 ans Pérennes 3 ans Non pérennes
effectif démarrage 1481 212 779
Décembre 2013 1955 269
Décembre 2015 2225
  • Champ : Entreprises du champ Sine actives en septembre 2010
  • Source : Insee, Enquête Sine 2010 (Interrogations 2010, 2013 et 2015)

Figure 3L'emploi en baisse non compensé par les embauchesÉvolution de l'emploi entre la création et décembre 2015

  • Champ : Entreprises du champ Sine actives en septembre 2010
  • Source : Insee, Enquête Sine 2010 (Interrogations 2010, 2013 et 2015)

Moins de défaillances, plus de créations

Les entreprises créées en 2010 et toujours actives cinq ans après leur naissance alimentent le stock des 41 000 entreprises, auto-entrepreneurs compris, en activité dans le secteur du commerce, transport-logistique, hébergement-restauration début 2015. Les créations d’entreprises dites « classiques » participent au renouvellement du tissu productif. D’autres mouvements interviennent chaque année : création d’auto-entreprises, reprises, cessations et cessions, mais aussi transferts d’établissement. La crise économique de 2008 a durement touché ce secteur entraînant de nombreuses cessations d’entreprises. Depuis 2012, ses effets se sont atténués. Les défaillances d’entreprises ont reculé, tandis que les entrées progressent, signe d’une reprise. Depuis 2013, signe d’une conjoncture économique meilleure, le nombre d’entrées d’établissements est supérieur aux sorties (figure 4).

Figure 4Reprise lente dans le secteurEntrées et sorties du répertoire Sirene (base 100 entrées 2006)

Nombre d’entreprises (base 100 Entrées 2006)
Reprise lente dans le secteur (Nombre d’entreprises (base 100 Entrées 2006))
Entrées Commerce, transport, hébergement-restauration Entrées Tous secteurs Sorties Commerce, transport, hébergement-restauration Sorties Tous secteurs
2006 100 100 93,8 86,3
2007 106 111,7 93,4 85,4
2008 107,8 111,2 99 96
2009 150,6 163,6 111,9 114,2
2010 159,8 176,4 142,6 143,1
2011 144,4 159,4 147,9 162,8
2012 153,4 168,3 167,4 179,6
2013 161,4 182,9 162,1 176,9
2014 163,3 180,3 145,9 161
  • Source : Insee, Répertoire des entreprises et des établissements

Figure 4Reprise lente dans le secteurEntrées et sorties du répertoire Sirene (base 100 entrées 2006)

  • Source : Insee, Répertoire des entreprises et des établissements

Pour comprendre

L’étude de la survie des entreprises créées au premier semestre 2010 est réalisée à partir du système d’information sur les nouvelles entreprises (Sine). Ces dernières ont été enquêtées à trois reprises, à la fin des années 2010, 2013 et 2015. Le champ de l’enquête Sine couvre l’ensemble des entreprises qui ont vécu plus d’un mois dans l’ensemble des activités économiques marchandes, hors activités agricoles et auto-entreprises. Est considérée comme une création d'entreprise, la mise en œuvre de nouveaux moyens de production : créations pures, réactivations d’entreprise après une interruption de plus d’un an et reprises d’entreprise sans continuité entre la situation du cédant et celle du repreneur, en termes d’activité et de localisation.

Pour en savoir plus

Lèbre PS., Leseur B., Brion D., « En Bourgogne-Franche-Comté, six entreprises sur dix passent le cap des cinq ans », Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté, n° 24, octobre 2017.

Adrover S., Vivas É., «  Faible pérennité des entreprises créées dans le commerce en 2010 », Insee Flash Franche-Comté n° 20, octobre 2015.

Béziau J., Bignon N., « Les entreprises créées en 2010 plus pérennes que celles créées en 2006, touchées par la crise », Insee Première n° 1639, mars 2017.