Insee FocusDes échéances électorales légèrement moins mobilisatrices qu'en 2012

Chantal Villette, Cyril Hervy, département de la Démographie, Insee

Au 15 février 2017, selon les données provisoires, 45,7 millions de Français sont inscrits sur les listes électorales en France. Au cours de l'année 2016, le nombre d'électeurs a progressé dans toutes les régions avec une évolution moyenne nationale de 1,8 %. La perspective de l'élection présidentielle de 2017 a fortement incité les Français à s'inscrire ou se réinscrire sur les listes, à l'instar de ce qui s'était passé en 2011 avant l'élection présidentielle de 2012. L'ampleur de la mobilisation est néanmoins légèrement plus faible qu'en 2011.

Insee Focus
No 79
Paru le :Paru le06/03/2017
Chantal Villette, Cyril Hervy, département de la Démographie, Insee
Insee Focus No 79- Mars 2017

45,7 millions de Français inscrits sur les listes électorales en France

Au 15 février 2017, selon des données provisoires, 45,7 millions de Français sont inscrits sur les listes électorales en France (figure 1). L'électorat susceptible de participer aux élections présidentielle et législatives de 2017 intègre de plus 1,3 million de Français de l'étranger inscrits sur une liste consulaire. Cette étude porte sur le seul champ des électeurs inscrits sur les listes communales en France.

L'électorat présente des caractéristiques très proches de la population de nationalité française de 18 ans ou plus quant à sa répartition par sexe, par âge ou sa localisation dans des territoires urbains ou ruraux.

Ainsi, l'électorat est composé de 52,4 % de femmes et de 47,6 % d'hommes. Dans toutes les régions, la part des femmes dans l'électorat est supérieure à celle des hommes, sauf à Mayotte où l'électorat comprend autant de femmes que d'hommes. C'est en Martinique (54,5 %), en Guadeloupe (54,2 %) et à Paris (53,9 %) que cette part est la plus importante.

Un tiers des électeurs est âgé de 60 ans ou plus, un tiers a entre 40 et 59 ans et le dernier tiers a moins de 40 ans. Les électeurs âgés de 18 à 25 ans représentent un peu plus d'un électeur sur dix (11,7 %). Dans les départements d'outre-mer, où les populations sont plus jeunes que la moyenne nationale, la part des jeunes électeurs est logiquement plus élevée : à Mayotte et en Guyane, les électeurs âgés de 18 à 39 ans représentent respectivement 56,7 % et 47,0 % de l'ensemble des électeurs.

Par ailleurs, 75,6 % des électeurs sont inscrits dans une unité urbaine et 24,4 % dans une commune rurale alors que les unités urbaines concentrent 77 % de la population française âgée de 18 ans ou plus et les communes rurales, 23 %. Au sein des unités urbaines, les banlieues regroupent en moyenne 36,4 % des électeurs. Cette part est plus élevée dans les régions les plus urbanisées : 70,4 % de l'électorat d'Île-de-France est inscrit dans une commune de banlieue. La proportion est de 48,5 % en Provence-Alpes-Côte d'Azur et de 43,7 % en Hauts-de-France. Au contraire, en Bourgogne-Franche-Comté, 47,1 % des électeurs sont inscrits dans une commune rurale.

Figure 1Bilan de la révision électorale 2016 - 2017

  • * Électeurs stables : électeurs n'ayant pas changé de lieu d'inscription entre le 1er mars 2016 et le 15 février 2017.
  • ** Il s'agit d'électeurs radiés à l'initiative des communes, principalement des électeurs ayant déménagé sans s'être réinscrits ailleurs.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, fichier électoral.

824 000 électeurs de plus suite à la révision électorale

Au cours de l’année 2016, le nombre d’électeurs inscrits sur les listes électorales a augmenté de 824 000 personnes, soit une progression de 1,8 % (figure 1), alors que chaque année la population croît d'environ 0,5 %. La révision des listes électorales a conduit à l'inscription de 1 562 000 nouveaux électeurs et à la radiation de près de 738 000 électeurs.

Parmi les nouveaux inscrits, les jeunes atteignant l’âge électoral, qui sont de ce fait inscrits d'office sur les listes, représentent 716 000 inscriptions. Le nombre d'inscriptions de jeunes atteignant l'âge électoral fluctue selon les révisions en fonction du calendrier électoral. En effet, lorsque la révision précède une année sans élection nationale, seuls les jeunes atteignant l'âge de 18 ans avant le dernier jour de février peuvent être inscrits d'office. Par contre, lorsqu'un scrutin national est programmé, l'inscription d'office concerne les jeunes qui atteindront l'âge de 18 ans au plus tard la veille du premier tour du scrutin.

Par ailleurs, le nombre d’électeurs ayant fait une démarche pour s’inscrire en 2016 pour la première fois (383 000 électeurs) ou après une période de non-inscription (463 000 électeurs) est en forte hausse par rapport à 2015. Cette progression s'explique par l'effet mobilisateur des scrutins de 2017, après une année 2016 sans élection nationale qui avait conduit à une évolution modérée de l’électorat (+ 0,5 %). Cet effet mobilisateur se traduit également par la hausse du nombre d’électeurs qui se sont inscrits dans une nouvelle commune à la suite d'un déménagement : ils sont plus de 2,5 millions alors qu'ils étaient 940 000 lors de la révision de l'année précédente. Ces réinscriptions compensent ainsi l’augmentation du nombre de radiations à l’initiative des communes, qui constatent que l'électeur n'a plus d'attache avec la commune (+ 28 % par rapport à la révision précédente).

Le nombre d’électeurs augmente dans toutes les régions (figure 2). Pour certaines, l’évolution est toutefois modeste : + 0,5 % dans la région Grand Est et + 0,6 % en Hauts-de-France et Normandie. À l’opposé, l’électorat d’Île-de-France progresse de plus de 3 %, et en particulier de près de 8 % à Paris.

Figure2Évolution du nombre d'électeurs par région entre le 1er mars 2016 et le 15 février 2017

Évolution du nombre d'électeurs par région entre le 1er mars 2016 et le 15 février 2017
Nombre d'électeurs au 15 février 2017 Évolution du 01/03/2016 au 15/02/2017
En nombre En %
Auvergne-Rhône-Alpes 5 362 000 132 000 2,5
Bourgogne-Franche-Comté 1 988 000 14 000 0,7
Bretagne 2 450 000 48 000 2,0
Centre-Val de Loire 1 813 000 19 000 1,1
Corse 224 000 4 000 1,8
Antilles-Guyane 667 000 9 000 1,4
dont : Martinique 297 000 1 000 0,3
Guadeloupe 288 000 4 000 1,4
Guyane 82 000 4 000 5,1
Grand Est 3 871 000 19 000 0,5
Hauts-de-France 4 251 000 25 000 0,6
Île-de-France 7 208 000 215 000 3,1
dont : Paris 1 359 000 100 000 7,9
Normandie 2 396 000 15 000 0,6
Nouvelle-Aquitaine 4 315 000 85 000 2,0
Occitanie 4 171 000 92 000 2,3
Pays de la Loire 2 692 000 57 000 2,2
Provence-Alpes-Côte d'Azur 3 605 000 77 000 2,2
La Réunion et Mayotte 665 000 13 000 2,0
dont : Mayotte 68 000 1 000 1,5
La Réunion 597 000 12 000 2,1
France entière 45 678 000 824 000 1,8
  • Note : les données de la révision 2016-2017 sont provisoires.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, fichier électoral.

Figure2Évolution du nombre d'électeurs par région entre le 1er mars 2016 et le 15 février 2017

  • Note : les données de la révision 2016-2017 sont provisoires.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, fichier électoral.

Une révision d'ampleur légèrement plus faible qu'en 2011

La révision de 2016, qui prépare l'élection présidentielle de 2017, est d'ampleur légèrement plus faible que celle de 2011, qui précédait la dernière élection présidentielle. L'électorat avait alors progressé de 2,3 % en 2011 avec plus d'un million d'électeurs supplémentaires. En particulier, le nombre d'électeurs s'inscrivant pour la première fois ou se réinscrivant après une période de non-inscription était plus élevé qu'en 2016 (998 000 électeurs au total pour 846 000 en 2016). À l'inverse, en 2016, le nombre de radiations est un peu plus élevé, du fait des radiations opérées à l'initiative des communes. Le nombre d'électeurs se réinscrivant sur une liste après un déménagement est élevé (2,5 millions), confirmant l’intérêt marqué des électeurs pour ce type de scrutin, il est toutefois moins important qu'en 2011 (2,7 millions).

Au total, le nombre d'électeurs inscrits a progressé de + 2,7 % entre 2012 et 2017, sensiblement au même rythme que la population résidant en France de nationalité française et âgée de 18 ans et plus ; par conséquent, le taux d'inscription sur les listes électorales est à l'issue de la révision électorale de 2016 quasi-identique à celui observé lors des élections présidentielles de 2012 (Durier et Touré, 2017). L'immense majorité des non-inscrits en 2016 sont restés non-inscrits à l'issue de cette révision, comme il y a cinq ans.

Sources

Conformément à la loi n° 46-1889 du 28 août 1946, reprise dans l'article L37 du code électoral, l'Insee est chargé de la tenue du fichier électoral. C'est à partir de ce fichier que sont assurés la mise à jour et le contrôle des listes électorales tenues par les communes. L'Insee assure ce contrôle en veillant à l'unicité d'inscription des électeurs dans un centre de vote et en communiquant aux communes des informations relatives aux pertes de capacités électorales qu'il reçoit des organismes compétents.

L'étude porte sur les Français inscrits dans le fichier électoral d'une commune française, hors collectivités d'outre-mer. Les électeurs européens qui peuvent participer aux élections municipales et européennes sont exclus de cette étude.

Définitions

Unité urbaine / Agglomération / Agglomération multicommunale / Agglomération urbaine :

La notion d’unité urbaine repose sur la continuité du bâti et le nombre d’habitants. Les unités urbaines sont construites en France métropolitaine et dans les DOM d’après la définition suivante : une commune ou un ensemble de communes présentant une zone de bâti continu (pas de coupure de plus de 200 mètres entre deux constructions) qui compte au moins 2 000 habitants.

Si l’unité urbaine se situe sur une seule commune, elle est dénommée ville isolée.

Si l’unité urbaine s’étend sur plusieurs communes, et si chacune de ces communes concentre plus de la moitié de sa population dans la zone de bâti continu, elle est dénommée agglomération multicommunale.

Si une de ces communes concentre moins de la moitié de sa population dans la zone de bâti continu mais qu’elle y concentre 2 000 habitants ou plus alors elle constituera une unité urbaine isolée. L’agglomération de Paris désigne l’agglomération multicommunale contenant Paris. Enfin, on désigne par « commune hors unité urbaine », les communes non affectées à une unité urbaine.

Remarque :

Ces seuils, 200 mètres pour la continuité du bâti et 2 000 habitants pour la population des zones bâties, résultent de recommandations adoptées au niveau international. À titre d’exemple, dans le règlement européen encadrant le recensement de la population, des statistiques de population basées sur le zonage en unités urbaines sont attendues.

Le calcul de l’espace entre deux constructions est réalisé par l’analyse des bases de données sur le bâti de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN). Il tient compte des coupures du tissu urbain telles que cours d’eau en l’absence de ponts, gravières, dénivelés importants.

Depuis le découpage de 2010, certains espaces publics (cimetières, stades, aérodromes, parcs de stationnement…), terrains industriels ou commerciaux (usines, zones d’activités, centres commerciaux…) ont été traités comme des bâtis avec la règle des 200 mètres pour relier des zones de construction habitées, à la différence des découpages précédents où ces espaces étaient seulement annulés dans le calcul des distances entre bâtis.

Les unités urbaines sont redéfinies périodiquement. L’actuel zonage, daté de 2020, est établi en référence à la population connue au recensement de 2017 et sur la géographie administrative du territoire au 1er janvier 2020. L’exercice précédent, daté de 2010, reposait sur le recensement de 2007 et la géographie administrative du territoire au 1er janvier 2010.

Une première délimitation des villes et agglomérations avait été réalisée à l’occasion du recensement de 1954. De nouvelles unités urbaines ont ensuite été constituées lors des recensements de 1962, 1968, 1975, 1982, 1990 et 1999.

Les unités urbaines peuvent s’étendre sur plusieurs départements, voire traverser les frontières nationales (voir unité urbaine internationale).

Le découpage en unités urbaines concerne toutes les communes de France métropolitaine et des départements d’outre-mer.

Commune rurale :

Une commune rurale est une commune peu dense au sens de la grille communale de densité à 3 niveaux. Les communes denses ou de densité intermédiaire sont dites urbaines.

Remarque :

Cette définition des communes rurales remplace depuis novembre 2020 une définition basée sur les unités urbaines, qui considérait que les communes rurales étaient celles n'appartenant pas à une unité urbaine.

Pour en savoir plus sur la grille communale de densité : https://www.insee.fr/fr/information/2114627

Banlieue :

Les communes qui ne sont pas villes-centres constituent la banlieue de l'unité urbaine.

Pour en savoir plus

Durier S., Touré G., « Élections de 2017 : 6,5 % des citoyens ont fait une démarche volontaire pour s'inscrire », Insee Focus n° 80, mars 2017.

Escapa C., Hervy C., Merlen R., « Bilan d'une révision électorale 2015-2016 en deux étapes », Insee Focus n° 57, mars 2016.

Merlen R., « Le nombre d'électeurs reste quasiment stable entre les 1er mars 2014 et 2015 », Insee Focus n° 23, mars 2015.

Des données complémentaires sont disponibles dans le fichier Excel joint à cette publication, en haut de page.