Les sociétés technologiquement innovantes : majoritairement engagées en recherche et développement
Entre 2010 et 2012, 37 % des sociétés d’au moins dix salariés de l’industrie, du commerce de gros, des transports, de l’information-communication, des activités scientifiques et techniques ou financières, ont entrepris des innovations technologiques. Parmi elles, 71 % sont engagées dans des activités de recherche et développement (R&D). Par ailleurs, 14 % ont développé un partenariat avec la recherche publique. Ces entreprises investissent massivement en R&D : elles ont contribué pour 70 % aux dépenses de R&D réalisées en interne par les sociétés technologiquement innovantes en 2012.
- Sept sociétés technologiquement innovantes sur dix font de la R&D
- Les dépenses de R&D en interne : d’abord le fait des grandes entreprises et de l’industrie
- 14 % des sociétés technologiquement innovantes sont partenaires de la recherche publique
- Les partenaires de la recherche publique : 70 % des dépenses en R&D interne
Sept sociétés technologiquement innovantes sur dix font de la R&D
Au cours des années 2010 à 2012, dans les secteurs interrogés dans l’enquête sur l’innovation (sources), 37 % des sociétés (au sens d'unité légale) marchandes de 10 salariés ou plus implantées en France ont entrepris des innovations technologiques (figure 1).
71 % des sociétés ayant entrepris des innovations technologiques sont engagées dans des activités de recherche et développement (R&D). L’information-communication et les activités scientifiques et techniques, qui regroupent les services de recherche et développement scientifique, sont les secteurs qui entreprennent le plus de R&D (plus de 80 % des sociétés), suivis de l’industrie manufacturière (75 %). Plus de la moitié de ces sociétés développent en interne toutes leurs activités de R&D (sources) ; moins de 10 % les confient complètement à d’autres sociétés, y compris une autre société du même groupe ; les autres les engagent tantôt au sein de l’entreprise, tantôt à l’extérieur. De fait, en 2012, les dépenses de R&D interne sont 2,7 fois plus importantes que celles de R&D externe ; elles atteignent 28 milliards d’euros.
tableauFigure 1 – Sociétés technologiquement innovantes et activités de recherche et développement (R&D) entre 2010 et 2012
Taux de sociétés technologiquement innovantes | Sociétés innovantes faisant de la recherche et développement | Sociétés innovantes sans activité de R&D1 | Ensemble des sociétés innovantes | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
R&D1 toujours réalisée au sein de l'entreprise | R&D1 toujours réalisée par d'autres entreprises | R&D1 réalisée au sein de l'entreprise et par d'autres entreprises | Ensemble des sociétés innovantes faisant de la R&D1 | ||||
en % du nombre de sociétés | en % du nombre de sociétés innovantes | ||||||
Secteur d'activité | |||||||
Industrie manufacturière, industries extractives et autres | 42 | 40 | 5 | 30 | 75 | 25 | 100 |
Commerce de gros | 28 | 23 | 14 | 23 | 60 | 40 | 100 |
Transports et entreposage | 18 | 11 | 7 | 9 | 27 | 73 | 100 |
Information et communication | 54 | 53 | 4 | 26 | 83 | 17 | 100 |
Activités financières et d'assurance | 48 | 19 | 9 | 32 | 60 | 40 | 100 |
Activités scientifiques et techniques | 42 | 39 | 3 | 40 | 82 | 18 | 100 |
Effectifs salariés | |||||||
De 10 à 49 salariés | 32 | 38 | 6 | 22 | 66 | 34 | 100 |
De 50 à 249 salariés | 50 | 36 | 6 | 37 | 79 | 21 | 100 |
250 salariés ou plus | 70 | 25 | 6 | 54 | 85 | 15 | 100 |
Ensemble | 37 | 37 | 6 | 28 | 71 | 29 | 100 |
- 1. Recherche et développement.
- Lecture : entre 2010 et 2012, 37 % des sociétés de 10 salariés ou plus étaient technologiquement innovantes ; 71 % d'entre elles ont été engagées dans des activités de recherche et développement.
- Champ : sociétés de 10 salariés ou plus implantées en France, sections B à E, division 46, sections H, J, K et divisions 71 à 73 de la NAF rév. 2.
- Source : Insee, enquête Innovation CIS 2012.
Les dépenses de R&D en interne : d’abord le fait des grandes entreprises et de l’industrie
Les sociétés de 250 salariés ou plus réalisent 77 % des dépenses de R&D interne alors qu’elles ne représentent que 8 % des sociétés technologiquement innovantes. L’industrie est le secteur le plus contributeur avec 60 % des dépenses de R&D interne (figure 2), notamment la fabrication de matériel de transport (21 %) et la fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques (10 %). La contribution des activités scientifiques et techniques (18 %) est également importante, les sociétés de ce secteur consacrant en moyenne à la R&D des montants plus élevés que celles de la plupart des autres secteurs. Enfin, la contribution de l’information-communication dépasse également 10 %.
tableauFigure 2 – Répartition des dépenses de Recherche et développement (R&D) interne par secteur
Secteur d'activité | Pourcentage |
---|---|
Activités scientifiques et techniques | 18 % |
Industrie manufacturière, industries extractives et autres | 60 % |
Activités financières et d'assurance | 4 % |
Commerce de gros | 6 % |
Information et communication | 12 % |
- Note : le secteur « Transports et entreposage », contribuant pour moins de 0,5 % au total, n'apparaît donc pas dans la figure.
- Champ : sociétés technologiquement innovantes de 10 salariés ou plus implantées en France, sections B à E, division 46, sections H, J, K et divisions 71 à 73 de la NAF rév. 2.
- Lecture : les activités scientifiques et techniques contribuent pour 18 % aux dépenses de R&D réalisée en interne par les sociétés technologiquement innovantes.
- Source : Insee, enquête Innovation CIS 2012.
graphiqueFigure 2 – Répartition des dépenses de Recherche et développement (R&D) interne par secteur
14 % des sociétés technologiquement innovantes sont partenaires de la recherche publique
Entre 2010 et 2012, 14 % des sociétés technologiquement innovantes ont développé un partenariat avec la recherche publique dans le cadre de ces innovations : 12 % avec un établissement d’enseignement supérieur, 8 % avec un organisme public (ou une institution privée à but non lucratif) de R&D, sachant que, dans ce décompte, 6 % ont contracté avec les deux types d’institutions (figure 3).
tableauFigure 3 – Proportion de sociétés technologiquement innovantes ayant un partenariat avec la recherche publique
Partenaire de la recherche publique | |||
---|---|---|---|
Ensemble des partenariats avec la recherche publique | Partenariats avec un établissement d'enseignement supérieur | Partenariats avec un organisme public ou privé à but non lucratif de recherche et développement | |
Secteur d'activité | |||
Activités scientifiques et techniques | 29 | 26 | 19 |
Activités financières et d'assurance | 12 | 9 | 7 |
Information et communication | 14 | 11 | 7 |
Transports et entreposage | 2 | 2 | 2 |
Commerce de gros | 8 | 6 | 6 |
Industrie manufacturière, industries extractives et autres | 15 | 12 | 9 |
Effectifs salariés | |||
250 salariés ou plus | 36 | 32 | 23 |
De 50 à 249 salariés | 18 | 15 | 10 |
De 10 à 49 salariés | 10 | 8 | 6 |
Ensemble | 14 | 12 | 8 |
- Champ : sociétés technologiquement innovantes de 10 salariés ou plus implantées en France, sections B à E, division 46, sections H, J, K et divisions 71 à 73 de la NAF rév. 2.
- Lecture : entre 2010 et 2012, 12% des sociétés de 10 salariés ou plus technologiquement innovantes ont développé un partenariat avec un établissement d'enseignement supérieur dans le cadre de ce type d'innovation, et 8% avec un organisme public ou privé à but non lucratif de recherche et développement. Au total 14 % ont eu un partenariat avec la recherche publique, 6 % des sociétés ayant eu un partenariat avec les deux types d'organisme.
- Source : Insee, enquête Innovation CIS 2012.
graphiqueFigure 3 – Proportion de sociétés technologiquement innovantes ayant un partenariat avec la recherche publique
Un partenariat avec la recherche publique est plus fréquent dans les activités scientifiques et techniques (29 %), plus rare dans le commerce de gros (8 %) et très rare dans le transport et l’entreposage (2 %) ; ce dernier secteur est celui où les activités de R&D sont les moins fréquentes. Ce partenariat est aussi nettement plus fréquent qu’en moyenne pour les sociétés de 250 salariés ou plus (36 %).
À secteur et taille identiques, les sociétés innovantes présentes à l’international développent plus souvent un partenariat avec la recherche publique, en particulier celles qui ont innové dans un produit nouveau sur le marché mondial ; si ces dernières sont assez rares (14 % de sociétés technologiquement innovantes pesant 28 % en termes de chiffre d’affaires), 36 % d’entre elles ont un partenariat public.
Presque toutes les sociétés concernées par un partenariat avec la recherche publique (97 %) coopèrent avec la recherche publique française, mais pas toujours exclusivement : 20 % d’entre elles affichent un partenariat avec un autre pays d’Europe et 7 % avec un pays non européen. Les sociétés partenaires de la recherche publique bénéficient presque toujours, et nettement plus souvent que les autres, d’un soutien financier public pour leurs activités d’innovation (90 %, contre 43 %). Elles mènent quasiment toutes des activités de R&D alors que ce n’est le cas que de deux tiers des autres sociétés.
Les partenaires de la recherche publique : 70 % des dépenses en R&D interne
Les 14 % de sociétés technologiquement innovantes ayant eu un partenariat avec la recherche publique entre 2010 et 2012 constituent 20 % des sociétés technologiquement innovantes ayant fait de la R&D entre 2010 et 2012. Elles contribuent pour 71 % aux dépenses de R&D interne réalisées en 2012 par ces sociétés (figure 4). L’essentiel (88 %) de cette contribution est porté par des sociétés de 250 salariés ou plus. Le ratio des dépenses de R&D interne par rapport aux dépenses de R&D externe est plus élevé pour ces sociétés que pour celles qui n’ont pas de partenariat avec la recherche publique (3,1 contre 2,1).
tableauFigure 4 – Répartition des dépenses de recherche et développement (R&D) interne des sociétés technologiquement innovantes
Sociétés ayant un partenariat avec la recherche publique | Sociétés sans partenariat avec la recherche publique | ||
---|---|---|---|
Secteur d'activité | |||
Activités scientifiques et techniques | 80 | 20 | |
Activités financières et d'assurance | 16 | 84 | |
Information et communication | 50 | 50 | |
Transports et entreposage | 63 | 37 | |
Commerce de gros | 47 | 53 | |
Industrie manufacturière, industries extractives et autres | 78 | 22 | |
Effectifs salariés | |||
250 salariés ou plus | 81 | 19 | |
De 50 à 249 salariés | 42 | 58 | |
De 10 à 49 salariés | 30 | 70 | |
Ensemble | 71 | 29 |
- Champ : sociétés technologiquement innovantes de 10 salariés ou plus implantées en France, sections B à E, division 46, sections H, J, K et divisions 71 à 73 de la NAF rév. 2.
- Lecture : les dépenses de R&D réalisée en interne par les sociétés technologiquement innovantes ayant eu un partenariat avec la recherche publique entre 2010 et 2012 représentent 71 % de l'ensemble des dépenses de R&D interne de l'année 2012 des sociétés technologiquement innovantes.
- Source : Insee, enquête Innovation CIS 2012.
graphiqueFigure 4 – Répartition des dépenses de recherche et développement (R&D) interne des sociétés technologiquement innovantes
Sources
Les résultats présentés ici proviennent de l’enquête communautaire sur l’innovation (CIS 2012). Les sociétés implantées en France technologiquement innovantes entre 2010 et 2012 ont été interrogées sur la nature des activités qu’elles ont déployées sur cette période pour réaliser leurs innovations de produits et de procédés, ainsi que sur les dépenses que ces activités ont engendrées en 2012, dont la R&D constitue une grand part.
Les dépenses de R&D interne analysées ici correspondent aux activités de recherche réalisées au sein des sociétés enquêtées pour leur propre compte ou celui d’autres sociétés ; celles liées aux activités de recherche externalisées dans d’autres sociétés ne sont pas retenues dans une évaluation globale pour éviter les doubles comptes. De fait le montant des dépenses de R&D interne estimé à partir de l’enquête innovation est proche de l’évaluation de la DIRDE (dépense intérieure de recherche et développement des entreprises) faite par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche à partir de l’enquête annuelle sur les moyens consacrés à la R&D dans les entreprises en 2012 (30 milliards d’euros en données provisoires).
Définitions
L'unité légale est une entité juridique de droit public ou privé. Cette entité juridique peut être :
- une personne morale, dont l'existence est reconnue par la loi indépendamment des personnes ou des institutions qui la possèdent ou qui en sont membres ;
- une personne physique, qui, en tant qu'indépendant, peut exercer une activité économique.
Elle est obligatoirement déclarée aux administrations compétentes (greffes des tribunaux de commerce, Sécurité sociale, DGFiP...) pour exister. L'existence d'une telle unité dépend du choix des propriétaires ou de ses créateurs (pour des raisons organisationnelles, juridiques ou fiscales). L'unité légale est l'unité principale enregistrée dans Sirene.
Cette définition de l'unité légale ne doit pas être confondue avec celle de l'entreprise, considérée comme unité statistique.
L'innovation technologique correspond à une innovation en produits (biens ou prestation de services) ou en procédés, ou à des activités d’innovation dans ces domaines, que celles-ci aient conduit ou non à une innovation. Sa définition précise relève du manuel D’Oslo.
La recherche et le développement expérimental (R&D) englobent les activités créatives et systématiques entreprises en vue d’accroître la somme des connaissances et de concevoir de nouvelles applications à partir des connaissances disponibles. Elle englobe la recherche fondamentale, la recherche appliquée et le développement expérimental.
Pour être considérée comme relevant de la R&D, une activité doit remplir cinq critères de base. Elle doit comporter un élément :
- de nouveauté
- de créativité
- d’incertitude
et être :
- systématique
- transférable et/ou reproductible
Même exécutées par différents acteurs, les activités de R&D présentent un ensemble de caractéristiques communes. Que ses objectifs soient spécifiques ou généraux, la R&D vise toujours à obtenir des résultats nouveaux à partir de concepts (et de leur interprétation) ou d’hypothèses présentant un caractère original. On ignore pour une grande part à quoi elle aboutira (ou tout au moins le temps et le volume de ressources nécessaires pour obtenir un résultat) ; son exécution est planifiée et les modalités de son financement établies (même quand les exécutants sont des individus) et ses résultats sont censés pouvoir être librement transférés ou négociés sur un marché.
Le Manuel d'Oslo est la principale source internationale de principes directeurs en matière de collecte et d'utilisation d'informations sur les activités d'innovation.
La troisième édition (2005) tient compte des progrès réalisés dans la compréhension du processus de l'innovation et de son impact économique. Elle prend également en compte l'expérience acquise lors des dernières vagues d'enquêtes sur l'innovation dans les pays de l'OCDE ainsi que dans les pays non-membres. Pour la première fois, le Manuel analyse l'innovation non technologique (innovation organisationnelle et de marketing) et les liens entre les différents types d'innovation. Il contient en outre une annexe sur la mise en œuvre des enquêtes portant sur ce thème dans les pays en voie de développement.
Le Manuel d'Oslo sert de base à l'élaboration des enquêtes communautaires sur l'innovation (CIS).
Pour en savoir plus
Besnard X. « Les sociétés exportatrices sont plus innovantes que les autres », Insee Première n° 1521, octobre 2014.
« Ouvrir dans un nouvel ongletLa DIRDE en hausse de 2,7 % en 2012 », Note Flash Enseignement supérieur & Recherche n° 1, mars 2014.